Si déclin il y a, il est naturel d’essayer d’identifier les causes pour -qui sait- essayer de changer la donne. On a regardé l’économie, on a regardé le déchirement du tissu national, on est obligé de regarder « l’éducation ». Car il faudrait se souvenir qu’il s’agit d’un des trois facteurs principaux qui avaient permis pendant presqu’un siècle l’intégration des populations d’immigrés dans notre pays (les deux autres, l’église et l’armée). Et pour les autochtones, du principal « ascenseur social ». Qu’il s’agisse des immigrés ou des autochtones, ceux qui ont fait de leurs intérêts l’objet principal de leurs préoccupations, ont la responsabilité du déclin non seulement de l’éducation nationale mais aussi du sens civique. Avec les effets que l’on connaît pour le pays. Quitte à être appelé « déclinologue » j’essaye de faire comprendre pourquoi notre pays suit une spirale descendante à l’inverse des principaux pays du monde occidental.
Regardons, d’abord, quelques données pour avoir une idée des « moyens ».
Le nombre total d’enseignants (premier et deuxième cycle, public et privé) est (2014) de 925.783 (INSEE). 74,3% des enseignants sont femmes – rien d’anormal sauf pour des endroits où la composante « diversité » est importante et où, malheureusement, le respect de la femme ne fait pas partie du minimum culturel acquis avant d’entrer à l’école. Et on compte, comme moyenne, 9,9 élèves par enseignant – il y en a 13,7 en Allemagne, 13 en Italie, 16,7 en Finlande et 17,1 au Royaume Uni. La comparaison est encore plus défavorable à la France pour le nombre d’établissements, leur taille, leur composante administrative (effectifs et coûts, voir EUROSTAT). On devrait se dire que « les moyens » ne sont pas, peut-être, ce qui manque le plus. Par contre, la France, est seule en Europe, a disposer d’un ministère de l’éducation qui emploie plus de 1,2 millions de personnes (deuxième ou troisième employeur mondial après les armées russe et chinoise …). Qui depuis des dizaines d’années est dirigé « en cogestion » par le ministre (de droite ou de gauche) et des syndicats, de gauche, naturellement : dont les intérêts à défendre sont d’abord ceux des personnels employés, non pas ceux des élèves dont l’éducation leur est confiée. Et c’est ainsi que depuis 1984 (première majoration très importante «Chevènement») la part de l’éducation nationale dans le budget de l’état est passée de moins de 2% à 6,8 % du PIB soit 146 milliards € en 2014 (education.gouv.fr). Il est difficile de soutenir la thèse du manque de moyens … Mais on doit se demander ce que l‘on a fait avec l’argent : 75% est consacré aux salaires, 8% à l’investissement et le reste aux dépenses administratives. Pour obtenir quoi ? Environ 15% des élèves sortent, prématurément, des cycles de l’enseignement ; on compte, à l’entrée en sixième ou au collège, entre 20 et 30% des élèves « en difficulté » pour la lecture ou le calcul (France, Portrait Social, INSEE). Et quand on regarde l’enseignement supérieur on apprend que la France dépense 13.873€ par étudiant. La France dispose de 1 enseignant pour 11,02 étudiants tandis que l’Allemagne se contente de 1 enseignant pour 15 étudiants … 300.000 étudiants sont entrés à l’université en 2013/14 (education.gouv.fr) mais seulement 43,8% se retrouvent en deuxième année : le coût induit par ce « rendement » est (faites le calcul) d’environ 2,4 Milliards €/l’an. C’est le prix de l’interdiction de la « sélection », posture idéologique de gauche car … tout le monde, tout de suite … avatar de l’état providence.
Pour en finir avec « les moyens » on doit se dire qu’une des raisons, qui contribue au déclin du pays, ou tout au moins à sa difficulté de se maintenir sur une ligne de flottaison acceptable, vient des deux systèmes de l’éducation, un qui produit des « élèves en difficulté » et l’autre qui produit des « déchets » : que dirait-on d’une entreprise qui se permettrait de tels « rendements » ? Mais, souvenez-vous de la promesse de FH avant son élection : 60.000 enseignants de plus pendant le quinquennat.
La France a dilapidé des moyens matériels énormes pour des résultats indignes de ses traditions. Cela s’est fait, aussi, via les multiples « réformes » de l’enseignement. Depuis Edgar Faure (1968) pratiquement chaque ministre a fait « sa réforme ». Et quand ce n’était pas le ministre c’était un comité ou une commission : exemple -les maths modernes qui ont produit plusieurs classes d’âge ne sachant pas faire du calcul mental ni … manipuler les concepts de la théorie des ensembles … Jusqu’à la dernière à occuper le poste, qui trouve urgent de liquider l’accent circonflexe et apostrophe la Secrétaire Perpétuelle de l’Académie qui n’est pas partante ! Et qui met en place une reforme qui réduit le nombre d’heures consacrées au français à 3,5 par semaine – c’était le double en 1947. Sans doute, en espérant que si l’on tire le niveau de tous vers le bas … on atténuera les inégalités sociales
Une certaine forme de schizophrénie a été présente depuis des lustres dans notre pays : les élites propagateurs de la vulgate « socialiste » qui ne voulaient pas rompre avec les vieilles lunes marxistes mais qui se complaisent dans « l’économie de marché ». Elle a contribué, oh combien, à la dégringolade économique et culturelle à laquelle on assiste. Le drame c’est que l’avenir du pays à moyen terme sera affecté et que ce que l’on voit aujourd’hui – économie en perdition, outil industriel détruit depuis 30 ou 40 ans, des classes d’âge non instruites et qui ne transmettent pas l’héritage laissé par les anciens, se traduira au plan externe par la réduction de l’influence de la France sur les affaires du monde et au plan interne par la disparition de « l’ascenseur social » et de son ancien accompagnateur « l’instituteur » (souvent radical-socialiste mais toujours républicain). Le classement PISA (2013) enregistre la France comme la championne des inégalités (pour l’éducation) mais souligne que « les élèves issues de l’immigration sont au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi les élèves en difficulté. … ils sont 43% en France pour tirer son classement vers le bas » Parmi les pays les plus riches le notre se place au 22ème rang pour le niveau de connaissances des gens de 25 à 34 ans (l’âge le plus prometteur pour la créativité). Israël se place en 8ème position (OCDE 2015)!
J’avais noté que l’éducation était un des trois instruments de l’intégration de populations différentes venant de pays divers. Ce que « la gauche » en a fait a, comme conséquence visible, déjà, la non assimilation des derniers immigrés, les quelques 4-6 millions (primo-arrivants et première génération) dont une partie importante (majorité ?) ne dispose pas des outils de connaissance nécessaires pour être créateurs de PIB, pas seulement des consommateurs. D’évidence, le manque d’éducation contribue à accélérer la descente du pays sur la spirale du déclin.
Qui peut faire quelque chose pour « inverser la courbe » (non pas du chômage, FH s’en occupe …) ? Qui peut faire quelque chose pour qu’au moins économiquement l’état fasse mieux ? L'Assemblée Nationale en charge des lois à édicter et à faire appliquer ?
De gauche à droite et de droite à gauche la société française a dérivé vers une organisation absurde : sur les 577 députés il y au moins 297 enseignants, fonctionnaires (comme si les enseignants ne l’étaient pas …), retraités publics et cadres techniques de l’Etat. Comment croire que plus de la moitié de l’Assemblée Générale prendrait une initiative ou accepterait de voir rogner ses privilèges ? Le père Marx disait « aucun groupe social ne renonce de son propre gré à une parcelle de son pouvoir » Alors, comme cette catégorie s’oppose, jusqu’ici avec succès, à tout changement profond de la société française, il n’est que normal de voir toutes les autres en faire autant : régimes de retraite particuliers, exonérations multiples et diverses, niches fiscales de toute nature, rien n’est épargné à cette société qui croule sous ses propres turpitudes en attendant que d’aucuns commencent à faire des efforts. Entre temps … le déclin !