Devant les 66 627 602 français le Président Hollande a déclaré « Ca va mieux » et « Nous avons bien redressés les comptes de la nation ». Certes, c’était le mensonge minimum à faire à une population médusée avant de lui faire savoir, implicitement, qu’il va tenter de se représenter aux élections présidentielles de mai 2017.
Mais, parmi les 66 millions de français il doit bien en avoir quelques uns qui se sont dit avoir un doute. Quelques-uns qui, croyant encore ce que dit le Président (il a bien 13% d’appréciations positives dans l’opinion …) se sont dit qu’il y aurait comme un doute quant aux affirmations péremptoires que 86% de l’opinion réfute. Mais comment mettre en doute la parole du Président ? Il est étonnant que parmi tous les énarques qui l’entourent (un grand nombre de la promotion Voltaire, la même que celle du Président) on n’en ait pas trouvé un pour lui dire qu’il serait sage de vérifier ses affirmations avant de les rendre publiques.
Alors, pour couper le nœud gordien … je me suis proposé de vérifier (avec l’aide des bases de données INSEE ou Eurostat) l’essentiel des affirmations du futur candidat à l’élection présidentielle 2017.
Commençons par le commencement, par ce qui -Monsieur Hollande dixit- constituera une des conditions pour la prise de sa décision de candidature, l’évolution du chômage en France de 2012 à ce jour. L’évolution du nombre d’inscrits au Pôle emploi (en milliers) a été :
soit une augmentation de 1.329.000 personnes entre fin 2011 et mars 2016. Il s’agit, donc, d’un premier constat : le chômage non seulement ne s’est pas réduit, au contraire, il a cru dans des proportions supérieures à ce qui s’est passé pendant le quinquennat précédent : la France de Monsieur Hollande a créé en 3,5 ans plus de chômeurs que celle de Monsieur Sarkozy en cinq années de mandat. Non, la France ne va pas mieux pour ce qui est de nos compatriotes chômeurs.
Pour ce qui est du IRPP, une des recettes importantes, on constate que de fin 2011 à fin 2016 (prévision) cette recette a laissé dans les caisses de la nation un supplément d’environ 75 Milliards d’euros. Autant d’argent qui a été obtenu par des accroissements d’impôts, taxes et autres moyens.
Montant annuel IRPP
Naturellement, l’argent ainsi obtenu a été pris aux foyers fiscaux qui payent l’impôt sur le revenu. En clair, cela veut dire une réduction du pouvoir d’achat pour une grande parie de la population. Et comme notre Président avait déclaré qu’il « n’aime pas les riches » non seulement il leur a pris plus d’argent mais il a exempté de l’IRPP plus de la moitié des foyers fiscaux. Tant et si bien que l’on est arrivé à exempter de l’IRPP 19,5 Millions de foyers fiscaux en laissant une charge augmentée au 17,6 millions de foyers fiscaux qui payent l’IRPP. En faisant de la France le seul pays en Europe qui prend de plus en plus à un nombre de moins en moins important. Regardez qui et combien assurent le paiement de l’IRPP :
En clair, 1 pour mille des foyers fiscaux payent 10,2% du total de IRPP, 1 pour cent payent 30% et 10% payent 67%. Ou autrement, 10% des foyers payent 67% du IRPP et 90% seulement un tiers du total de l’IRPP. Tout observateur de bonne foi conclurait que les départs à l’étranger (en Europe surtout) d’une partie de la classe moyenne supérieure trouve sa raison principale dans ce qui est devenu une absurdité : ne pas payer l’impôt -aussi faible soit-il- veut dire rompre la relation du « citoyen » avec l’état « régalien » qui lui assure l’éducation, la santé et la sécurité. Non, la France ne va pas mieux pour ce qui est de la relation"citoyen-état" qui doit être appuyée par une contribution de chacun aux besoins de l'état.
Naturellement, l’IRPP ne peut assurer, seul, les besoins de l’état. D’autres recettes viennent à la rescousse, la TVA, le TIPP (carburants), impôts sur les sociétés, etc. Et tout aussi naturellement, puisque la France n’a pas montré un budget à l’équilibre pendant plus de 40 ans, elle a besoin de s’endetter (en se créant une fragilité importante via les taux d’intérêt qui sont prépondérants dans la service de la dette).
La dette de la France a été augmentée (va être augmentée) pendant le mandat de Monsieur Hollande d’environ 7% du PIB : se souvient-on qu’un des critères de Maastricht (imposé par la France …) interdisait que la dette d’un pays qui adhère à l’euro dépasse 60% ? Quoi qu’il en soit, la France montre un accroissement de la dette pendant le mandat de Monsieur Hollande d’environ 145 Milliards d’euros (PIB France 2015 – 2085 Milliards d’euros). Et si l’on tient compte seulement de l’accroissement de la recette IRPP, la France a dépensé (dépense) 220 Milliards d’euros supplémentaires, milliards dont elle ne dispose pas. Et, ainsi, le service de la dette (coût de la dette) est devenu le principal poste de dépenses du budget du pays. Et la fragilité évoquée avant est évidente : avec un montant du service de la dette d’environ 45 Milliards d’euros, une augmentation du taux moyen de l’argent emprunté de 1% créera un surcroit de plus de 20 Milliards d’euros. Non, la France ne va pas mieux et ses comptes non seulement n’ont pas été redressés mais comportent un élément de fragilité important dans la mesure où plus de 65% de la dette est détenue par des non résidents.
Mais pourquoi la France n’a-t-elle pas pu redresser ses comptes? Pourquoi traîne-t-elle un déficit structurel entre 4 et 3% de son PIB quant tous les autres pays de l’Union Européenne auront des budgets en équilibre en 2017 (sauf le Portugal) ? Et qu’a-t-elle fait de tout l’argent évoqué plus haut ? Tout d’abord elle n’a fait aucune des réformes urgentes qui auraient pu changer la face des choses. De plus elle s’est mise à distribuer des sous car « les comptes ont été redressés ». Aucun lien, bien sûr, avec Monsieur Hollande candidat supputé à l’élection présidentielle de 2017. Ce qu’elle a fait avec l’argent ? 200.000 d’emplois aidés pour « inverser la courbe du chômage » dont on n’a pas encore vu le point d’inflexion. Augmentation des salaires des fonctionnaires sans se souvenir que notre pays dispose de 5,6 millions de fonctionnaires, soit 20% du nombre total de salariés, quand la moyenne européenne (et OCDE) est de 15%. 600 millions d’euros aux agriculteurs, environ 1 Milliard d’euros pour augmenter les fonctionnaires, environ 100 millions d’euros annuellement (directement ou via l’Europe ou via UNRWA) à l’Autorité Palestinienne … Non, la France ne va pas mieux et pendant le mandat de Monsieur Hollande elle n’a réglé aucun de ses éléments structurels.
Et, cerise sur le gâteau, des éléments « phares » dont l’initiative appartient à Monsieur Hollande ont vu leur sort « going down the drain » : la modification de la constitution ? Annoncée solennellement à Versailles en novembre 2015, mise de côté le 30 mars 2016 – pour la première fois dans l’histoire de la Vème République une telle palinodie a vu le jour. La Loi Macron ? Emasculée entre le projet annoncé et ce qui a été voté. La Loi Khomri ? 3 mois de discussions pendant lesquelles le Gouvernement a raboté le texte initial : pas de primauté (réelle) des accords d’entreprise, le Code actuel si pas d’accord d’entreprise (?!) mais mandatement obligatoire par un Syndicat si pas de syndicat dans l’entreprise, licenciement économique si soumis au juge (!), barème indicatif au lieu du plafonnement des indemnités décidées par les prud’hommes, Compte Personnel d’activité (embauches de gens avec les droits anciens dont ils disposent) et a été quand même obligé d’utiliser un passage en force via l’article 49-3 de la constitution vu qu’il ne disposait pas d’une majorité à l’Assemblée Nationale pour approuver un texte qui n’avait plus grande chose à voir avec le texte initial. Non, la France ne va pas mieux car pendant le mandat de Monsieur Hollande il n’y a eu aucune ligne directrice stable et aucun projet d’envergure pour justifier les efforts d’un peuple n’ont été proposés par un gouvernement dont le seul souci, actuellement, c’est de refaire élire Monsieur Hollande. Si toutefois Monsieur Macron ne fait pas défection …