Le bon, la brute et le truand.
Ils n’étaient que deux jusqu’à hier.
Le bon ? Un remarquable virtuose du non dit (pour n’avoir pas en suite à répondre du décalage avec ce qu’il fera), héritier de FH et, à ce titre, le candidat évident du statu quo, avocat de la « globalisation » et de « l’immigration est une chance » j’en passe et de meilleurs. Non, j’avais oublié que, pour lui, « il n’y a pas de culture française » (mais « des cultures en France ») et qu’il s’est senti obligé de dire en Algérie (?) que « la colonisation était constitutive d’un crime contre l’humanité » en évoquant la « barbarie » supposée de l’armée française quand la France a quitté ce pays. Mais, comme il faut parler d’avenir, il explique que ce dont la France a besoin est plus d’Europe et plus de brassage multiculturel. Et que les valeurs anciennes du pays (la supériorité intégrée de la culture française, l’idéal républicain qui ne peut pas s’accommoder du communautarisme, la laïcité qui ne peut pas s’accommoder de l’existence d’une religion dominante) ne sont plus de mise dans un monde ouvert. Et qui doit admettre en son sein, au moins en raison du droit d’asile, tous ceux qui quittent des univers fermés, incultes, économiquement incapables et dont les préjugés empêchent d’imaginer un avenir autre que là où coule le lait et le miel …. Car « Le boeuf mironton et le droit d’asile sont deux névroses typiquement françaises. » (Michel Audiard)
Bref, un ectoplasme fabriqué de toutes pièces par les medias sous l’influence évidente de tous ceux qui ont, encore, leur mot à dire quand il s’agit de la conduite des affaires du pays : François Hollande et ses maîtres à penser (Jacques Attali, Alain Minc et autres ejusdem farine).
C’était le bon. Et puisque nous sommes dans un pays à nul autre pareil, en obtenant au premier tour de l’élection présidentielle 24% des voix soit seulement 2 points de plus qu’un de ses concurrents, les sondages ont décidé, depuis une semaine (certains même auparavant …) qu’il sera élu Président.
La brute ? Une héritière d’une famille de mauvaise réputation, historiquement dépréciée par les positions prises face aux évènements majeurs de dernier siècle, handicapée par « un quarteron » de dirigeants dont les sympathies allaient vers ce qu’il y avait de plus autoritaire en Europe ou ailleurs. Mais, avec un talent qui doit lui être reconnu, elle a réussi à se défaire des feuilles de l’artichaut en restant, sans doute, au cœur ce qu’elle était. Je sais, procès d’intention … Mais ce qu’elle n’a pas réussi c’est d’entraîner son parti (les militants) dans la même voie. Dès lors, on continue à se demander s’il s’agit d’un parti républicain ou d’un parti d’obédience fascisante. Naturellement, ceux qui se posent la question sont ceux qui les ont accompagnés vers les fonts baptismaux du « politiquement correcte ». «Cette étrange perversion qui consiste à nourrir le monstre Le Pen qu'on prétend combattre» Michel Onfray – Le Figaro, 24.04.17. Et puisque la France s’est laissée entrainer dans une spirale descendante par des partis irresponsables et des représentants syndicaux au moins autant, on a réussi en moins de quarante années à détruire le tissu industriel du pays qui était la deuxième puissance industrielle de l’Europe. Et on a transformé une classe ouvrière dont les traditions de travail remontaient au 19ème siècle en chômeurs (plus ou moins) assistés. Auxquels se sont joints plusieurs millions de membres de la « diversité » Avec le même talent, l’héritière a su surfer sur une vague qui n’a fait que gonfler pour devenir un petit tsunami : si en 2002 «le parrain » de la famille avait réuni deux millions de voix, au premier tour de l’élection présidentielle, l’héritière à réussi avoir presque quatre fois plus. Son message principal était (est) d’une simplicité remarquable et d’une efficacité sans rival : « tous nos maux viennent de l’étranger (immigration, Europe, Euro), les partis qui ont présidé au déclin du pays ne sont pas capables d’assurer l’avenir du pays, il faut prendre la chance de faire mieux avec nous » Et les mineurs du Nord dont les mines sont fermées, les travailleurs des hauts fourneaux dont les fourneaux ont été éteints, les viticulteurs du midi concurrencés par les vins de d’Espagne ou du Chili, les bretons éleveurs de porcs qui disparaissent car on produit plus et moins cher en Allemagne (un autre succès de la PAC voulue, imposée par la France), bref, une très grande partie de la force vive du pays s’est retrouvée sans emploi. De plus, en concurrence avec d’autres pauvres qui, sans être invités, peuplent les terroirs français. L’héritière a réussi à faire croire à tout ce beau monde qu’elle dispose des recettes idoines pour redonner du lustre au pays. Et, une très grande partie l’a cru, le croit. Et si les sondages seront près des résultats, au deuxième tour elle réunira entre 14 et 15 millions de voix soit deux fois plus qu’au premier tour. Chapeau !
Et le truand ? Un énarque distingué, passé par plein de cabinets ministériels, élu député d’un parti qui a dirigé la France pendant des dizaines d’années, fils d’un des rares français qui ont participé à la bataille de Narvik contre les allemands, fait prisonnier mais ayant réussi son évasion. Il a participé au premier tour de l’élection présidentielle animé par une logique simple : prendre des voix au candidat de son parti pour peser ensuite sur les choix de ce dernier qui était sensé être en tête au premier tour de l’élection. Il a réussi à faire perdre l’élection au candidat investi par la primaire de la droite. Et le voilà qu’il s’acoquine avec l’héritière dont il avait dit pis que pendre avant et pendant le préparation du premier tour … Son père doit se retourner dans sa tombe en apprenant le ralliement de son fils non pas au parti de fusillés mais à celui qui avait (a ?) encensé le Maréchal. Mais l’héritière lui a promis de le nommer premier ministre. Faut-il être totalement stupide d’imaginer une telle perspective quand aucun sondage ne donne l’héritière gagnante et quand les bookmakers de Londres indiquent un taux de 7 à 2 pour ce qui la concerne. L’ENA n’enseigne pas tout …
Et nous voilà Gros Jean comme devant … En 2002, au deuxième tour, on a eu le choix entre un « fasciste » et un escroc. 82% de nos concitoyens on choisi l’escroc. En 2017 nous avons le choix entre un ectoplasme, produit de marketing « qui a séduit tous les incultes, ça fait du monde » (M. Onfray, Le Figaro) et un imposteur qui fait croire à la moitié de la France (ou presque) que tout ce qui vole est comestible … Pauvre France, on ne s’en sortira pas !