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9 mai 2018 3 09 /05 /mai /2018 20:47

 

M. Trump vient d’annoncer la sortie des Etats Unis du JCPOA (l’accord avec l’Iran concernant ses programmes nucléaires).

L'administration vient de dire : « Écoutez, nous vous avons dit tout au long de la campagne et pendant une année et demi depuis, quelle est notre position et devinez quoi ? C'est là où nous en sommes », a déclaré l'ancien président de la Chambre des Députés, (Newt Gingrich, WAPO 08.05 18).

Certes, c’est de plus en plus rare de voir un dirigeant élu faire ce qu’il promet pendant sa campagne électorale. Même chez nous une partie du « peuple» est surpris de voir M. Macron faire (presque tout) ce qu’il a dit avant son élection.

M. Trump, pendant sa campagne, a fait trois promesses importantes : Obamacare, Accord Iran (JCPOA), transfert de l’Ambassade à Jérusalem. L’une (Obamacare) nécessitait l’accord du Congrès (car il s’agissait d’une loi votée) et les deux autres, en tant qu’actes de l’Administration ne nécessitaient que la décision du Président. Il n’est pas superflu de rappeler que M. Obama n’a pas signé un “Traité” avec les « 5+1 » et l’Iran (car il eut fallu que le Congres soit d’accord et comme il savait qu’une majorité de républicains et démocrates était contre…) mais, en trichant, un “Executive Act”. Il savait, alors, qu’un autre Président pouvait décider de l’annuler.

Presque tous les analystes (et, même les signataires de l’accord) savaient que trois domaines n’étaient pas couverts par l’accord, soit (a) le programme iranien pour la construction de missiles balistiques (pouvant être dotées de têtes nucléaires, ayant fait l’objet d’une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU), (b) la permissivité de la « sunset clause » (capacité de l’Iran à la fin de l’accord -2025- d’accéder par l’enrichissement rapide d’Uranium à la fabrication d’une bombe ce qui faisait dire à d’aucuns que l’accord n’interdisait pas l’accès à la bombe mais, au contraire, constituait une voie royale vers la bombe) et (c) les activités déstabilisantes de l’Iran au Proche Orient (et même plus loin, par exemple en Amérique Latine).

Mais l’accord a été signé. Pourquoi ? Il me semble que deux raisons majeures ont contribué à cela. D’un coté, M. Obama, tout en faisant (presque) allégeance au Roi d’Arabie Saoudite considérait que l’avenir se trouvait du côté de l’Iran qui devait devenir la puissance dominante au Proche Orient quitte à créer des menaces importantes pour Israël, la Turquie et les pays du Golfe.

M. Obama s’inclinant pour baiser la main du Roi de l’Arabie Saoudite

D’un autre côté, l’Europe (en réalité la France, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie mais pas seulement) supputaient l’ouverture d’un Eldorado pour leurs entreprises dès que les sanctions auxquelles l’Iran était soumis allaient être révoquées.

Cela étant, pour que l’accord soit conclu il fallait (condition sine qua non) que l’Iran « came clean », en clair déclarer tout ce qu’ils avaient fait dans le cadre d’un programme nucléaire militaire qu’ils avaient entrepris depuis plus de 20 ans. L’Iran ayant juré et dit haut et fort, par les voix du « Guide suprême » et de ses acolytes qu’il n’avait jamais entrepris de programme militaire et qu’il n’a jamais voulu et ne voudra jamais se doter d’une arme nucléaire, l’accord a été signé.

John Kerry auquel on faisait remarquer que, peut-être, l’Iran « didn’t come clean » déclarait « Les agences américaines (NB. CIA, NSA, etc.,) avaient une connaissance absolue des efforts nucléaires passés du régime.

Pour l’Europe Mme Mogherini a déclaré « Cet accord est un accord qui va améliorer la sécurité de cette région, un accord solide, un bon accord. Cela nous donne le potentiel de construire dessus » (Téhéran, 28.07.15)

                       L’Europe à la mode de Téhéran.

Tout aurait pu se passer comme dans le meilleur des mondes car on attendait l’élection de Mme Clinton comme présidente des Etats Unis mais, patatras, les « déplorables » (les pauvres types qui allaient voter pour M. Trump, selon Mme Clinton) avaient fourni autant de votes que nécessaires pour que le Conseil des Grands   Electeurs, à la surprise générale,   proclame  la victoire de M. Trump.

Qui avait dit, entre autres, qu’il allait dénoncer l’accord avec l’Iran qui était, selon lui, un mauvais accord. Et voilà Ce pelé, ce galleux d’où venait tout leur mal (La Fontaine) dire aux « 5+1 » que les Etats Unis allaient sortir de l’accord JCPOA.
On se souvient, deux promesses fortes tenues : la décision d’installer l’Ambassade des Etats Unis à Jérusalem, reconnue comme capitale d’Israël (sera fait le 14 mai 2015) et la sortie du JCPOA (fait le 08.05.18). Pour la première on avait annoncé des mouvements de foules frisant les émeutes ou la révolution dans les 50 pays musulmans – rien ne s’est passé depuis le mois de décembre 2017. Pour la deuxième, d’un côté, on met en doute sa justification et de l’autre on annonce l’apocalypse.

Ce qui s’est passé pour les trois domaines qui n’étaient pas couverts par l’accord a justifié la décision que M. Trump avait clairement dit qu’il allait prendre.

Les missiles balistiques : l’Iran avance à grands pas vers leur construction et n’entend, d’aucune manière, à respecter la résolution idoine du Conseil de Sécurité de l’ONU. Pourquoi aurait-il besoin de ces fusées qui peuvent être dotées de têtes nucléaires s’ils n’auront jamais (comme ils le disent) d’armes nucléaires ? « Nous avons construit des missiles, nous en construisons et nous allons en construire car cela ne viole aucune règle internationale pas même la résolution 2231 du Conseil de  sécurité  de  l'ONU »,  (M. Rohan,  Le Temps,    27.10. 17).
Le programme nucléaire militaire vs « Sunset clause » – nonobstant l’affirmation catégorique de M. Kerry (les Agences …savaient tout…), Israël -par une action d’une prouesse et d’une efficacité inouïe- vient d’apporter une preuve décisive que l’Iran avait menti quant à ses ambitions nucléaires militaires. 500 kg de documents, partie de l’archive secrète du programme nucléaire militaire indiquant tout ce avait était fait, tout ce qui restait à faire et comment, que l’Iran aurait dû donner à l’AIEA pour être « clean » Mais si l’AIEA n’a pas eu l’idée de les demander… cela en dit long sur la « surveillance tatillonne » qu’elle dit avoir mis en place et, aussi peut-être sur les contrôles qui justifient les rapports indiquant le respect par l’Iran de l’accord.

L’activité déstabilisante au Proche Orient – complice du dictateur local en participant à la destruction de la Syrie, ayant comme conséquence la liquidation de plus de 500.000 êtres humains, en essayant de constituer des bases d’attaque contre Israël en utilisant son supplétif – le Hezbollah- et en installant en Syrie quelques 80.000 soldats de nationalités diverses (iraniens, irakiens, afghans, pakistanais, etc.,) l’Iran déstabilise le Proche Orient comme il le fait au Yémen et/ou au Bahreïn (en voilà pour les certitudes de Mme Mogherini).

Et que dit le « cœur des pleureuses » ?
Après avoir tenté de convaincre M. Trump de changer sa décision il la condamne en cœur en utilisant trois arguments : (i) on savait que l’Iran mentait MAIS depuis la signature ce pays a respecté l’accord (pourquoi ne l’auraient-ils pas respecté quand il leur avait donné ce qu’ils voulaient -de l’argent, levée des sanctions et tranquillité jusqu’à la fin de l’accord quand ils auront la voie libre vers la bombe ?), (ii) les Etats Unis ne peuvent pas renier leur signature car leur crédibilité se réduit (mais l’accord n’a aucune valeur car la preuve est apportée que l’Iran a menti donc les 5+1 ne peuvent pas se prévaloir de leurs propres turpitudes… « Nemo auditur turpitudinem allegans » (iii) s’il n’y a plus l’accord l’Iran reprendra son programme nucléaire  sans contrôle aucun (mais l’Iran est signataire du Traité de Non-Prolifération… ou alors on pense qu’ils vont tricher avec comme avant le 2003 -selon certains- ou 2015 –selon d’autres).
Certes, la France, l’Allemagne et l’Angleterre (il ne faut pas oublier l’Italie) ne peuvent pas oublier les contrats que leurs sociétés ont déjà signés (Total, Peugeot, Renault, Airbus, Shell, Siemens, Ferrovio del Stato, des banques, et tant d’autres) contrats qui représentent des dizaines de milliards d’euros. Et si une partie de ce pactole est utilisé par l’Iran pour construire des missiles balistiques, pour s’installer au Liban et en Syrie, pour attaquer Israël et/ou l’Arabie Saoudite, bon, ce ne sont que des inconvénients collatéraux…

L’Europe pense que la probabilité d’être attaquée par des missiles iraniens est quasiment nulle pour les vingt années à venir. Alors…

Les États Unis ont annoncé aussi la remise en place des sanctions pré-accord après un préavis de 90 ou 180 jours. Sanctions qui s’appliqueront aussi à ceux qui aideraient l’Iran.
A ce moment-là les partenaires commerciaux de l’Iran devront décider s’ils veulent faire du business avec ce pays ou avec les Etats Unis. Gageons qu’ils en décideront bien avant…

 

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