Israël ne dispose pas d’une constitution : plusieurs explications, mais la plus visible est constituée par l’impossibilité de déterminer son territoire car ses frontières (sauf pour l’Egypte) pour ce qui est du Liban et de la Syrie (et en partie pour la Jordanie) ne sont que de lignes de cessez-le-feu. La déclaration de l’indépendance qui a suivi le partage, (par l’ONU, du territoire de la Palestine en prévoyant la constitution de deux états, un JUIF et l’autre ARABE) a constitué une loi fondamentale (« basic law » - selon le rituel juridique anglo-saxon. Le Parlement israélien vient d’adopter une nouvelle loi fondamentale qui, dans son premier article, dit :
L'état d'Israël
A. La Terre d’Israël est la patrie historique du peuple juif, dans laquelle l’Etat d’Israël a été créé.
B. L’Etat d’Israël est le foyer national du peuple juif, dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, religieux et historique à l’autodétermination.
C. Le droit d’exercer l’autodétermination nationale dans l’Etat d’Israël est propre au peuple juif.
La capitale de l’état Jérusalem, entière et unifiée, est la capitale d’Israël.
La langue de l’état est l’hébreu.
Dès que la Knesset a adopté (62/55 – 3 absents) la loi en question, même pas 24 heures après, une condamnation et une « préoccupation » ont été émises par les « usual suspects » coryphées de la paix et de la justice, amis indéfectibles des palestiniens et adversaires aussi indéfectibles d’Israël :
La Turquie dénonce la loi définissant Israël comme l’Etat-Nation du peuple juif comme raciste ;
Et Madame Mogherini, inquiète des droits des minorités en Israël (déclaration du 19.07.18)… va recevoir en urgence une délégation des députés arabes à la Knesset !
Le cœur des pleureuses s’est tout de suite mis en action et, quelques temps après, l’Arabie Saoudite et l’Egypte, le Venezuela et Cuba en attendant la Ligue Arabe et l’organisation musulmane mondiale, tous, se sont senti obligés (ou vont l’être) de condamner le galleux, le pelé, je veux dire Israël. Pourquoi ?
Deux tares majeures sont reprochés à Israël : la loi est raciste et consacre un régime d’apartheid.
Remarquez, il y a plus de cent ans, la Déclaration Balfour venant après la dislocation de l’Empire Ottoman et avant le partage du Proche Orient entre la France et l’Angleterre (les accords Sykes-Picot) confirmait « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple Juif ; le mandat accordé à la Grande Bretagne pour gouverner la Palestine (Société des Nations, 1922), reprenant à son compte la Déclaration Balfour, ajoutait « Considérant que la reconnaissance a ainsi été donnée au lien historique du peuple juif avec la Palestine et aux raisons de reconstituer leur foyer national dans ce pays … » ; et, in fine, la résolution 181 de l’Assemblée Générale de l’ONU approuvait « le partage de la Palestine en faveur de deux états, Etat ARABE et Etat JUIF » Le représentant soviétique à l’ONU déclarait « Les souffrances subies par les Juifs au cours de la dernière guerre doivent constituer un élément important dans la décision de l’Assemblée. Les Juifs luttent pour un État qui leur soit propre, et il serait injuste de leur refuser le droit d’atteindre cet objectif »
En clair, depuis au moins 70 ans (1948) la communauté internationale, l’ONU et tutti quanti, savaient bien qu’Israël est l’Etat-Nation du peuple JUIF. C‘est vrai, l’Etat ARABE n’a pas vu le jour car les pays arabes ont rejeté la résolution de l’ONU et cinq d’entre eux se sont lancés dans une guerre pour détruire Israël, ce qu’ils n’ont pas réussi de faire. Tant et si bien que tout en occupant, la Jordanie la Cisjordanie et l’Egypte Gaza pendant 19 ans (jusqu’à la guerre de six jours) ce deux pays n’ont pas voulu créer un état arabe (palestinien si l’on veut). Ensuite … on sait ce qui s’est passé.
Mais, que reproche-t-on vraiment à cette nouvelle loi ? Prenons quelques exemples :
- La constitution espagnole, «repose sur l'unité indissoluble de la nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols» et déclare que «la souveraineté nationale appartient au peuple espagnol».
- La Constitution turque (1982 modifiée en 2017) : « La présente Constitution, reconnaît l’existence éternelle de la patrie et de la nation turque et l’intégrité indivisible du grand État turc, conformément au concept de nationalisme et aux principes et aux …
- La Constitution roumaine : « la Roumanie est un État national, souverain et indépendant, unitaire et indivisible. + La souveraineté nationale appartient au peuple roumain, qui l'exerce par ses organes représentatifs et par le référendum. Aucun groupe ni aucune personne ne peut exercer la souveraineté en son propre nom. » + (article 13) - « En Roumanie, la langue officielle est la langue roumaine »
- La Constitution de Pologne (préambule) « Soucieux de l'existence et de l'avenir de notre Patrie, … nous, Nation polonaise - tous les citoyens de la République, tant ceux qui croient en Dieu, source de la vérité, de la justice, de la bonté et de la beauté, que ceux qui ne partagent pas cette foi et qui puisent ces valeurs universelles dans d'autres sources, reconnaissants à nos ancêtres de leur travail… »
A l’aune de ces exemples peut-on dire en quoi le texte de la loi israélienne est-il différent ? Scélérat ? Raciste ?
Il semblerait que les « critiques » étrangers s’en prennent, surtout, à la stipulation concernant la langue (hébreu) et au fait que l’arabe n’est qu’une langue ne disposant que d’un statut spécial. Ils n’ont, cependant, jamais critiqué la France dont la constitution de 1958 stipule «La langue de la République est le français » (Article 2) tout en ajoutant (article 75-1) « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. » Et remarquons, en passant, que la langue kurde (20% de la population) ne dispose pas d’un statut spécial et que la langue des « tziganes » (10% de la population) n’est même pas reconnue en Roumanie. Et les Corses (c’est vrai, 0,5% de la population française voudraient voir leur langue reconnue par la Constitution de la France.
Convenons, qu’en réalité, la nouvelle loi n’est pour rien dans le nouveau prurit de condamnations d’Israël. Que l’on justifie, essentiellement, par la politique de B. Netanyahou. Mais, souvenons-nous, les diplomaties d’Europe (oublions les arabes…), des universitaires et la presse bien-pensante qui condamnent l’Israël de Netanyahu, le condamnaient aussi sous Ehud Olmert - qui proposait en 2008 qu’Israël se retire de 90% de la Cisjordanie) ou sous Ariel Sharon (qui s'est retiré de Gaza en 2005) ou sous Ehud Barak (qui a offert, en 2000, de donner aux Palestiniens 96% de la Cisjordanie, toute la bande de Gaza et trois pour cent d'Israël).
Alors … les chiens … la caravane ...