L’Europe. Une population de 512 millions d’habitants, un taux de mortalité de 0,97% et un taux de natalité de 1,01 %. Et un PNB de 21.000 milliards de $ (Libé, 26.07.2017). Le plus grand ensemble d’États souverains (population et PNB supérieurs aux États Unis). Ensemble qui, pourtant, doute de son avenir car les prolégomènes du déclin sont déjà là. Pour la première fois, en 2015, le nombre de décès a été supérieur à celui des naissances. Cela continue depuis trois ans et on constate que seule l’immigration assure la constance de la population européenne : plus de 2 millions en 2015, plus de 1,5 million en 2016.
Devant cet ensemble, l’Afrique avec ses 1,2 milliards d’êtres qui auront doublé en 2050 et, probablement, 4,5 milliards à la fin du siècle (Le Monde, 20.09.2017). Par delà les rodomontades de Mme Merkel et par-delà ses décisions de montagnes russes concernant l’acceptation et/ou l’arrêt de l’acceptation d’immigrants, l’avenir est écrit sur les murs : vu l’impossibilité de développer le continent africain au rythme de la croissance de sa population[1] personne n’est capable d’affirmer qu’un « trop plein » structurel ne viendra pas se déverser en Europe. C’est la toile de fond devant laquelle le continent, frappé d’une sorte d’épilepsie, se convulsionne de plus en plus, tout en voulant faire croire qu’il s’agit d’un mauvais moment à passer. En occultant le fait qu’à la fin de ce siècle la première religion du continent sera l’islam et que les concitoyens dont au moins un parent est musulman représenteront entre 20 et 40% de la population du continent (selon les scenarii envisageables). « Loin de conduire à la fusion, la crise migratoire européenne conduit à la fission. Je crois de plus en plus que la question de la migration sera considérée par les futurs historiens comme le solvant fatal de l'UE » (N. Ferguson, Stanford University – Mass Migration : the fatal solvent of the EU – G. Meotti Gatstone Institute 16.07.18). PEW + l’OBS 16.07.18).
L’Europe devra s’appeler Eurafrique.
Mais, puisque les gnomes de Bruxelles n’ont rien à faire de ce qui se passera en Europe, vu qu’ils s’occupent essentiellement du maintien des structures qui leur permettent d’imposer aux centaines de millions d’habitants des normes, des standards, des « valeurs morales » et tout ce que pourrait rendre leur vie plus difficile. Quand les Etats Unis de M. Trump « dé régularisent » l’économie à tour de bras et affichent depuis deux ans des taux de croissance impudents (voisins de 4% l’an), l’Europe applaudit les pays qui dépassent 1,6%… Bruxelles semble vivre sur une planète différente : l’existence du « groupe de Višegrad » (Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie), les changements intervenus en Autriche (qui s’approche du groupe de Višegrad) et en Italie, les déplacements politiques vers la droite au Danemark et en Suède ne semblent pas leur donner des maux de tête. Et pourtant…
Sebastien Kurz (Autriche) et le groupe de Višegrad
Prise en étau entre une Russie autoritaire (dont l’ambition évidente est la renaissance de l’empire soviétique) et l’Amérique de M. Trump qui, à tort ou à raison, considère que le moment est venu pour que les Etats Unis arrêtent de dépenser en pure perte des centaines de milliards de $ pour la défendre, cette Europe ne sait plus où donner de la tête. Et on assiste à des décisions irrationnelles prises, souvent, sous l’impulsion de la première puissance du continent, l’Allemagne. Exemple :
- La Russie envahit et intègre la Crimée et occupe une partie de l’Ukraine ;
- L’Europe décide l’application de sanctions dures qui affectent, sérieusement, l’économie russe lui interdisant le lancement de projets importants ;
- L’Allemagne, cliente de la Russie pour env. 50% de ses besoins énergétiques en gaz, décide d’aider la Russie pour construire un gazoduc qui (i) augmentera à env. 70% la part du gaz russe dans sa consommation et (ii) court-circuitera les pays par lesquels le gaz arrivait en Allemagne (Ukraine, surtout, mais aussi la Pologne et les pays Baltiques) en réduisant leurs revenus (transit gaz) ; et ce tout en « vitupérant » la Russie et la menace qu’elle présente pour l’Europe ;
- Conclusion : l’Europe applique des sanctions à la Russie lui faisant perdre d’importants revenus, l’Allemagne aide la Russie tout en devenant (à terme) son client-otage.
Et l’ancien Chancelier de l’Allemagne, M. Gerhard Schröder, ami de M. Poutine, est le commis-commercial du Gazprom et de Rosneft qui démarche les pays de l’Europe pour le compte des monopoles russes, propriétés des oligarques amis de M. Poutine. Mais que ne ferait-on pour 1.500.000 € de salaire annuel…
Vous avez dit « absurde » ?
Attendez. Depuis 2014 les pays de l’OTAN se sont engagés à dépenser pour leur défense (et, par ricochet, celle de l’Europe) 2% de leur PNB. L’Allemagne, trois ans après, est toujours à 1% ce qui fait que pendant les trois dernières années elle n’a pas « dépensé » disons, 3% de son PNB soit env. 120 milliards d’euros. Vint M. Trump qui tout en rappelant l’engagement de 2% constate que le commerce entre les Etats Unis et l’Europe (quelques 750 milliards de $) laisse à cette dernière 151 milliards de $ d’excédent dont la moitié va à l'Allemagne. On ne devrait pas être étonné, dès lors, de le voir dire à l’Allemagne (et, par extension, à l’Europe) « les Etats Unis assurent la défense de l’Europe (de l’Allemagne) contre la Russie, vous ne supportez pas une partie normale du coût mais vous (l’Allemagne, par extension, l’Europe) vous donnez des sous à la Russie ». En rappelant, à l’occasion qu’il y a d’autres sources de gaz disponibles (Etats Unis, Israël, etc.,). Convenons qu’autant du point de vue économique que du géopolitique, il s’agit d’un théâtre de l’absurde !
Mais il y a mieux.
M. Obama -pour des raisons idéologiques- a entrainé les européens (+ la Russie, la Chine et le Japon), qui n’attendaient que cela, dans la conclusion d’un « plan d’action » donnant le droit aux iraniens d’avoir accès à la bombe dans une quinzaine d’années et pour obtenir cela l’on a procédé à l’annulation des sanctions économiques qui ont mis à terre l’économie iranienne. Ce n’était pas un traité, pas un accord, aucune signature sur une page quelconque, bref, un cadeau fait aux mollahs avec l’espoir qu’ils allaient se comporter ensuite raisonnablement. Manque de bol… deux choses se sont produites en parallèle : d’un côté, l’Iran est devenu le principal sponsor de toutes les formes de terrorisme jusqu’à l’intervention directe dans des pays comme la Syrie et le Yémen et, de l’autre, les pays de l’Europe (essentiellement l’Allemagne, la France et l’Italie) se sont lancés dans la conclusion de contrats mirifiques avec l’Iran. Vint M. Trump qui pendant toute sa campagne présidentielle avait prévenu que, choisi président, il allait dénoncer le « plan d’action » tant il le considérait nocif pour les Etats Unis (et pour le monde) et ce avec l’assentiment de deux principales puissances du Proche Orient, Israël et l’Arabie Saoudite (les deux ouvertement, l’Egypte et les pays du Golfe, un peu moins).
Chose promise, chose due. M. Trump retire les États Unis du « plan d’action » et réinstalle les sanctions qui vont, sans doute, ramener l’Iran à sa situation précédente. Et trois pays européens prennent la tête de l’opposition à M. Trump : les revenus escomptés de l’Iran ne seront plus au rendez-vous. Ils lui demandent, quand même, que ces pays européens soient exempts de l’application des sanctions ce qui leur est refusé. Et les voilà s’arcboutant, en collusion avec l’Iran, pour tenter de trouver des moyens détournés pour faire échapper ce dernier à la rigueur des sanctions réinstallées. Certes, il s’agit de leurs intérêts économiques qui sont respectables. Ce qui n’est pas respectable c’est leur irresponsabilité quant aux aspects géopolitiques : ils voient bien ce que l’Iran fait en Syrie, ils voient bien l’ardente volonté de l’Iran (marquée sur le frontispice de sa république islamique) de faire disparaître Israël de la carte. Pauvre Europe, demain, ou après-demain, elle sera obligée de choisir entre le marché américain (750 milliards de $ de commerce dans chaque sens) et le marché iranien. De toute manière le « plan d’action » est mort, reste à être enterré. Les grandes sociétés Total, Peugeot, Airbus, Boeing, Siemens et plein d’autres se sont déjà retirées ou sont en train de se retirer du marché iranien. Ce qui est poignant c’est de voir l’Iran –qui depuis des lustres jure qu’il n’a pas de programme nucléaire autre que pacifique- menaçant les européens de l’accélérer (pourquoi faire ?) s’ils n’obtiennent pas tous les avantages prévus par le « plan d’action ». Cela étant, voir Mme Mogherini et les ministres d’affaires étrangères des trois premières puissances européennes, quelques jours avant de l’arrivée de M. Trump pour le sommet de l’OTAN, se réunir en urgence à Vienne avec l'Iran pour essayer de trouver des moyens détournés pour contourner les sanctions que les Etats Unis remettent en place en dit long sur leur position réelle : ils se fichent éperdument du mal que l’Iran fait et/ou pourra faire à Israël ou à l’Arabie Saoudite ou de qui il tue en Syrie, au Yémen ou ailleurs. Peu leur chaut ce que les mollahs font en Iran ou partout où ils essayent de s’installer pourvu que l’on ne touche pas à leurs intérêts. Ce que l’Europe essaye de faire avec l’Iran c’est de l’apaisement : « donnons-leur ce qu’ils demandent, comme cela ils ne feront pas ce qu’ils menacent de faire ». Comme s’ils avaient oublié le passé. Francis Fukuyama a eu raison de dire, « nous sommes à la fin de l’histoire quand le passé n’a plus de valeur pour le présent ».
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Voilà l’Europe de Bruxelles aujourd’hui. Inconsciente et irresponsable pour les décisions à caractère démographique, schizophrène par rapport à une Russie qui ne cherche qu’à retrouver sa puissance d’antan pour peser sur la destinée de l’Europe, incapable de résister à l’allié américain tout en essayant de lui faire supporter le coût de sa propre défense. Quo vadis Europe ?
[1] En 2010 (Moyen Orient, Afrique du Nord, Afrique sub-Saharienne) env. 600 millions de musulmans pour une population totale de 1,05 Milliards (PEW Research Center) qui devraient être en 2017, peu ou prou, 750 millions. Multipliez par 2 pour 2050, par 4 pour 2100. L’appartenance religieuse est importante car l’islam étant ce qu’il est, on ne voit pas qui pourrait imposer une politique « enfant unique », politique qui a arrêté la croissance de la population chinoise depuis une vingtaine d’années en la stabilisant à env. 1,35 milliards d’êtres.