Certes, pour nous montrer qu’il travaille même quand il est en vacances à Brégançon notre Président y a reçu Mme May qui a de plus en plus de mal à faire sortir l’Angleterre de l’Europe sans que cela conduise à un changement de régime : Jeremy Corbyn, le patron du Labour, antisémite notoire et « frère et ami » du Hezbollah, du Hamas et d’autres, est en embuscade. Et comme, marginalement, dans plein d’endroits en Angleterre, le vote musulman peut faire la différence… On a vu le film, on a lu Soumission (Michel Houellebecq). Mais recevoir Mme May c’est une chose, lui faire la leçon c’en est une autre. Fort de son attachement à l’Europe il lui a, clairement, dit ce que dans son temps De Gaulle avait dit pour l’entrée de l’Angleterre dans l’Union Européenne « L’Angleterre je la veux nue »! En clair, si Brexit il y a, l’Angleterre se trouvera nue. En lui soulignant le fait que « l’Europe qui protège est forte ».
Hein ?
Protège ? Et les plus de 3 millions de « réfugiés » arrivés depuis 2015, tout va bien ? Et se débattre d’une manière convulsive dans la cadre des sanctions américaines faisant suite à la mise à mort du fameux JCPOA ? Et, patatras, la crise turque avec son potentiel de conséquences à nul autre égal !
Pour ce qui est des réfugiés… tout ce que l’on a voulu faire (centres de tri, acceptation provisoire avant de…, quotas par pays, etc.,) s’est perdu dans les arcanes de la bureaucratie de Bruxelles en se voyant rejetés par au moins une dizaine de pays. Mais, la nouvelle Espagne socialiste (depuis quelques mois…) a montré qu’elle voulait bien prendre tous ceux qui sont transportés en Méditerranée d’un port à un autre. Mme Merkel qui voulait garder ouvertes les portes de l’Allemagne (et celles de l’Europe) a été sur le point de perdre le pouvoir, il a été bien écorné… On y reviendra, souvenons-nous qu’il y a 3,9 millions de réfugiés syriens en Turquie (Commission Européenne, Protection Civile et Opérations d’Aide Humanitaire Européennes, 20.07.18). M. Erdogan, si on ne lui donne pas les milliards d’euros que Mme Merkel a négocié avec lui, va ouvrir un peu plus le robinet (car il laisse déjà des islamistes de bonne souche aller vers l’Europe : lui, il le sait pourquoi, c’est seulement l’Europe qui fait semblant de ne pas comprendre). Bon, on vient de lui libérer une deuxième tranche de 3 milliards d’euros, cela en fait 6 pour le moment.
Pour ce qui est des sanctions américaines, quelque soit le point de vue du lecteur sur leur justesse, force est de reconnaître qu’il s’agit d’une bagarre « pot de fer contre pot de terre ». Oui, l’Europe a mis en vigueur une loi datant de 1996 qui se propose d’annuler l’effet des premières sanctions américaines appliquées à des entreprises européennes. D’un autre côté, elle vient d’annoncer une mesure spectaculaire : les entreprises européennes qui travaillent en Iran devront, sous peine de pénalités, demander la permission pour un désengagement. Ces deux mesures considérées comme une panacée pour faire face au vilain américain, malheureusement, n’ont jusqu’ici, fait peur à personne. Une longue litanie d’entreprises de premier plan et des banques viennent annoncer (sans la permission de Bruxelles, na !) qu’elles se désengagent de l’Iran. Parmi elles PSA, TOTAL, MERCEDES, AIRBUS et des banques et non des moindres. Mais en novembre (c’est demain) un nouveau train de sanctions verra le jour, regardez (Actualités – Suisse- 09.08.18) :
- « Sanctions sur les opérateurs des ports iraniens, et des secteurs du transport et de la construction navale… ;
- sanctions sur des transactions relatives au pétrole y compris l’achat de pétrole, de produits pétroliers ou de produits pétrochimiques originaires d’Iran;
- sanctions sur des transactions par des institutions financières étrangères avec la Banque centrale d’Iran… ;
- sanctions sur la fourniture de services de messagerie financière…;
- sanctions sur la fourniture de services de souscription, d’assurance ou de réassurance; et
- sanctions sur le secteur énergétique iranien...»
Bon courage à Mme Mogherini qui clame partout que « l’Europe se défendra » quand on sait que toutes (ou presque) les transactions internationales, financières, d’assurance, et de transport se font en $… Croire que Maersk, MSC ou CMA CGM (français, troisième au monde) ou les autres grands transporteurs maritimes ou des assureurs comme Lloyd risqueraient l’arrêt de leur accès aux ports américaines… c'est prendre des vessies pour des lanternes !
L’Europe, pour justifier sa position -contraire à celle des Etats Unis- se cache derrière le paravent du « JCPOA – l’Iran respecte ses engagements » et fait semblant de ne pas être au courant de l’action déstabilisatrice de l’Iran au Proche Orient (Syrie), au Yémen, ou en Amérique Latine. Come elle fait semblant de croire que les menaces de destruction que ce pays adresse, jour après jour, à Israël ne sont que des paroles verbales… Pauvre Europe…
La crise turque nous est présentée depuis une dizaine de jours comme ayant été engendrée par les sanctions que M. Trump (encore lui…) a décidé d’appliquer à des produits turcs. Pourquoi ? Depuis 18 mois le ci-devant Sultan a décidé de faire un procès à un pasteur évangéliste, installé à Izmir depuis plus d’une vingtaine d’années. En réalité, avec la mentalité du vendeur de bazar, qu’il a été avant de devenir homme politique, il a voulu obliger les Etats Unis à un troc : il veut obtenir l’extradition d’un ancien associé qui s’est exilé aux Etats Unis en justifiant la demande par la soi disant participation de celui-ci au (faux ?) « coup d’état » de juillet 2016 contre celle du pasteur qui est menacé de 35 ans de prison. Les Etats Unis étant un pays de droit, les « preuves » apportées par la justice turque ont reçu une fin de non recevoir.
Si l’on cherche les raisons de la crise, il est impossible de ne pas prendre en compte son déroulement : crise économique au départ, institutionnelle ensuite, financière aujourd’hui et qui devient diplomatique avec son principal allié, les Etats Unis. M. Erdogan s’est fait promoteur de la croissance à tout va pour assurer à la Turquie une expansion économique. Ce faisant, par des élections et référendums, ses compatriotes lui ont concédé un pouvoir de plus en plus grandissant. Tant et si bien qu’aujourd’hui il a tous les pouvoirs qu’aucun régime démocratique ne confie à un seul homme : chef du parti majoritaire, de l’armée, de la justice, de la police, de tous les ministères, de la Banque Centrale (j’en oublie certains, surement). En clair, il a amené son pays sur la voie de l’islamisme et de la tyrannie, et a rompu irrémédiablement ses liens avec l’Occident. Le fait est que la Turquie est maintenant l’ennemi de l’Occident démocratique. Faut-il que la veulerie de l’Europe soit à son zénith pour qu’elle ne s’aperçoive pas de cela.
Mais allons voir l’évolution de la lire turque depuis deux ans :
On peut distinguer trois périodes : la première depuis le début de 2016 (référendum 16.04.17) quand M. Erdogan a annoncé des élections pour un mandat « présidentiel » qui ont eu lieu le 24.06.18. Ensuite depuis le référendum qui annonçait la marche vers plein de pouvoirs pour le nouveau Sultan et jusqu’aux élections quand la lire turque s’est dépréciée d’environ 60% : peur des indigènes, peur des investisseurs étrangers, peur des acteurs commerciaux locaux et étrangers. Surtout parce que la Banque Centrale allait perdre son indépendance. Et la troisième, du 24 juin au 10 août quand la lire perdait encore 10%. Viennent les sanctions de M. Trump qui provoquent un saut d’environ 30%. C’est beaucoup mais elles ont bon dos quant à la dépréciations de la lire pendant les deux dernières années : il en fallait 3,30 pour un euro, il en faut (aujourd’hui) presque 8 (deux fois et demi plus…). Les rodomontades du Sultan + la nomination de son gendre comme ministre des finances et la perte, évidente, de l’indépendance de la Banque Centrale expliquent le tout. « Aujourd’hui, la Turquie est une économie de marché émergente avec une dette extérieure de 466 milliards de dollars (environ 78% en dollars américains et environ 18% en euros)… Les paiements imminents prévus pour la dette sont l’une des principales raisons de la fragilité (crise), car une lire plus faible rend cette dette plus coûteuse à rembourser. Ajoutez que l’endettement en livres turques s’envole, au point d’approcher, aux dernières nouvelles, les 220% du PIB ! [Avec une inflation de 16% car le Sultan (voir l’islam- prêts avec intérêts) ne veut pas laisser la Banque Centrale augmenter les taux]. Cette situation a conduit la Banque Centrale Européenne à sonner l'alarme, avertissant que les problèmes de change de la Turquie pourraient infecter les banques européennes... (L’économie turque dégringole. Et après? Stratfor, 10.08.18)» Banques européennes ? Trois d’entre elles (BBVA-Espagne, UniCredit-Italie, BNP-France) ont des créances de 133 milliards d’euros ! Il est probable qu’elles ont commencé à inscrire des provisions dans leurs bilans car elles ne récupéreront pas ce qu’elles ont prêté…
Turquie ? ça pend au nez de l’Europe… A peu de choses près, l’Europe exporte vers la Turquie annuellement pour env. 90 milliards d’euros et importe quelques 70 milliards d’euros (Perspectives Monde, OCDE, données 2015 a actualiser avec env. 15%). Et l’Allemagne se taille la part du lion pour les produits envoyés en Turquie : presque 25% du total exporté par l’Europe, disons 1 euro sur 4. Sans compter les ventes d’armes : « Un des plus gros clients de l’Allemagne est la Turquie, qui est passée de la 25ème place à la 8ème place dans la liste des acheteurs. Au total, Berlin a vendu à Ankara (depuis 2003 ?) 76,4 milliards d’euros d’armes, dont des composants aéronautiques, des drones et des équipements de soutien au sol » (EURACTIV 26.10.16) On comprend, dès lors, pourquoi Mme Merkel est le premier dirigeant européen a se prononcer contre les sanctions de M. Trump qui s’appliquent à la Turquie…
Turquie ? On le voit tous les jours, l'Europe devient de plus en plus laïque tandis que la Turquie se déplace vers l’islam. Tout en se voulant démocratique. Mais souvenons-nous du mot du Sultan « La démocratie c'est comme un tramway, une fois arrivé au terminus on en descend » (1996). L’Union européenne s’est montrée réticente à admettre la Turquie en tant que membre pour des raisons culturelles, politiques et liées à l’immigration, mais s’est montrée totalement disposée à intégrer la Turquie économiquement et financièrement. Et, pas seulement à Bruxelles, on est en train de se demander si le « tramway n’est pas arrivé au terminus » Mais… le drame nous attend : j’avais dit vouloir revenir sur les réfugiés.
L’Europe commence à se poser des questions car elle dépend de la Turquie pour limiter le flux de migrants issus des conflits au Moyen-Orient. Et a payé pour cela 6 milliards de € jusqu’ici. A voir le chantage qu’il essaye d’exercer sur les Etats Unis pour obtenir l’extradition d’un ancien associé… il est judicieux de se demander ce qui se passera quand la Turquie sera, économiquement, dans la situation du Venezuela et si à ce moment-là M. Erdogan ne fera pas du chantage. D’évidence, toute reprise du flux de migrants en provenance de Turquie deviendrait un problème politique majeur en Europe où l’opposition à l’immigration a provoqué la montée des partis de droite. Mme Merkel doit s’en souvenir…
Ceux qui regardent de près la situation actuelle de la Turquie n’ont pas de difficulté de conclure « Les problèmes économiques de la Turquie, selon les analystes, sont en grande partie dus aux décisions de M. Erdogan. Ils ont moins à voir avec son différend avec les États-Unis et la perspective de sanctions plus lourdes qu'avec l’aggravation de l’ingérence économique de M. Erdogan alors qu’il tente de plier la logique de la politique monétaire et des marchés financiers mondiaux à ses objectifs politiques. » New York Times -14.08.18
Qu’à cela ne tienne, dit-il, le 12.08.18 « Eux ils ont les dollars, nous avons Allah » Ce n’est pas du mauvais esprit que de dire, vu la dégringolade de la lire turque, qu’Allah mise sur le dollar !