Il y a moins d’une semaine, un représentant du Qatar (avec la permission d’Israël) achemine vers Gaza une valise contenant 15 millions de $. La promesse explicite de l’organisation terroriste « du calme sur la frontière avec Israël » incluait la demande du « cash pour du calme».
Trois jours après, vendredi dernier, plus de 10.000 gazaouis ont attaqué la barrière de séparation, ont envoyé des cerfs-volants incendiaires ou explosifs qui continuent de détruire des champs cultivés ou des forêts (plus de 4.000 ha pour l’instant) et ont tenté de s’introduire en Israël (un qui a réussi a fait comme exploit l’incendie d’une serre). Une semaine après, hier, le Hamas et ses supplétifs ont tiré plus de 400 fusées sur le Sud d’Israël.
Le Qatar a payé aussi du pétrole et des processions de camion-citerne chargés en Israël ont passé, avec la permission d’Israël, par un des points de passage entre Israël et Gaza. Le Hamas a eu ce qu’il a voulu et il a repris ce qu’il faisait auparavant. Pourquoi ne continueront-ils pas de faire la même chose à l’avenir ?
Comme tant de fois auparavant, l’Europe (la France en particulier), l’ONU, la Russie ont élevé la voix pour demander « à toutes les parties en présence d’arrêter l’escalade ». Examples: « The escalation in the past 24 hrs is EXTREMELY dangerous and reckless. Rockets must STOP, restraint must be shown by all » (N. Mladenov, Envoyé ONU Proche Orient, 12.11.18) ; « Elle demande la cessation immédiate de ces actions inacceptables et injustifiables et appelle les parties à éviter un nouveau cycle de violences dont les populations civiles seraient les premières victimes. » (Déclaration du Porte-Parole Adjoint du Ministre d'Europe et Affaires Étrangères, 12.11.18). Se souvient-on encore de la condamnation du « massacre » de palestiniens par M. Macron et de la déclaration du même Quai d’Orsay en mai 2018 «La France rappelle également le droit des Palestiniens à manifester pacifiquement » Comme d’habitude, on met sur un pied d’égalité une organisation terroriste et un état légitime défendant ses populations. Mais cela n’embarrasse personne. Comme d’habitude, le sultan mafieux d’Ankara a condamné, sans nuances et sans appel, Israël. Quelle surprise !
Ce qui va suivre est écrit sur les murs : Israël détruira une partie de Gaza, elle sera accusée d’avoir utilisé « une force disproportionnée » et un cessez-le-feu organisé par l’Egypte remettra les choses selon le statu quo ante. Quant à Israël, bordé au Sud par le Hamas et ses (plus de) 20.000 fusées et au Nord par le Hezbollah, vrai patron du Liban et ses (plus de) 100.000 fusées de toutes natures, fournies par l’Iran qui poursuit sa quête du Graal atomique, elle devrait accepter le « plan du siècle » que les Etats Unis sont censés proposer. Ou, à défaut, celui que la France menace de présenter. D’évidence, aucun ne semble prendre en considération la réalité : aucune solution n’existe pour un conflit qui, loin d’être territorial, s’inscrit dans une guerre de religion qui ne veut pas dire son nom. Le but poursuivi par le Hamas, par l’Iran et par quelques pays arabes reste toujours le même : éradiquer l’Etat Juif. Et les pays de l’Europe de l’Ouest, à des degrés divers (voir Irlande vs Allemagne ou Suède vs Danemark) font du « wait and see » car cette fois-ci si l’on réussit un nouvel génocide, eh bien, il ne sera pas le fait de l’Europe.
Et l’Europe ? L’Europe où le couple franco-allemand édictait les objectifs d’une marche en avant est en train de disparaître. Sous les coups de butoir venant, d’un côté, des pays de l’Est et, d’un autre côté, de la tentative de M. Macron d’imposer à tous les pays (l’Allemagne, par la faute de la défection de Mme Merkel est « aux abonnés absents ») sa vision dite pluraliste, multi-culturaliste.
Ce qui me paraît le plus grave, le plus dangereux, c’est la posture de M. Macron, leader auto-proclamé décidant de mettre sur le frontispice de la construction européenne la nouvelle idée : les nations ne devraient plus exister, l’intégration ethnique des pays de l’Europe devrait devenir le principal objectif de l’Union Européenne. Une idée ? « En elle-même, toute idée est neutre, ou devrait l'être ; mais l'homme l'anime, y projette ses flammes et ses démences ; impure, transformée en croyance, elle s'insère dans le temps, prend figure d'événement : le passage de la logique à l'épilepsie est consommé... Ainsi naissent les idéologies, les doctrines et les farces sanglantes ». E. Cioran, Précis de décomposition, 1949.
C’est grave parce que les deux parties de l’Europe n’ont pas eu la même histoire pendant les 100 dernières années. Après la deuxième guerre mondiale l’Europe de l’Ouest a vu son union comme seule capable de résister à une éventuelle pression de la Russie Soviétique. La disparition de l’Union Soviétique a donné la possibilité aux pays de l’Est de joindre l’Union Européenne qu’ils ont considéré comme une garantie contre un éventuel retour de la vassalité russe. Car ils avaient connu le joug communiste pendant 45 ans. Mais que sait Monsieur Macron du joug communiste ? Lui, pas grand chose mais les masses européennes… En rejetant l’Europe des Nations (que les pays de l’Est pensaient trouver en accédant à l’Union), en voulant leur imposer des valeurs qui sont discutables à des pays récalcitrants (pour de raisons venant d’un atavisme historique), en vilipendant le « nationalisme » comme la raison de tous les maux actuels, en poussant l’idée de « l’égalité de tous » à des sociétés qui ont connu, voulu et maintenu une hiérarchie ethnique, M. Macron sème les germes d’une discorde qui pourrait se transformer en conflit ouvert. La question qui vient à l’esprit est d’évidence « une nouvelle guerre est-elle possible en Europe ? ». D’autres se la sont posée, regardez le résultat sur un échantillon de 51.000 français (par hypothèse échantillon statistiquement probablement valable -bien que non constitué par la méthode des quotas- vu le nombre) :
Deux tiers des français ne trouvent pas la question farfelue et cela après plus de 70 ans de paix, de coopération économique et politique et après le « plus jamais ça » relatif à la deuxième guerre mondiale. J’ai évoqué la hiérarchie ethnique : viser sa disparition en faveur de « nous sommes tous égaux » et « la diversité est une chance » en parallèle avec un mouvement migratoire d’ampleur inédite pourrait conduire à de nouvelles « nuit de Saint Barthélémy » dans des pays comme le nôtre. « Il est presque certain que les tensions et les frictions sociales augmenteront dans les pays accueillant différents groupes ethniques; et le recours sporadique à l'émeute et même aux homicides est probable ». (Poly-ethnicity and National Unity in World History. William McNeill, 1985).
Mais aussi, ayons le courage de le dire, assister à une dispute guerrière entre l’Est et l’Ouest de l’Europe n’est plus inimaginable. Le drame, l’ironie du sort, des pays de l’Est cherchent, en promouvant d’excellentes relations avec, sinon la protection au moins la compréhension de M. Poutine. Et le comble … l’Italie, pays fondateur de l’Union Européenne se rapproche de plus en plus des pays de l’Est, ceux dont M. Macron voue les dirigeants aux gémonies.
M. Macron et Mme Merkel peuvent fulminer autant qu’ils veulent contre le nationalisme, les peuples de l’Europe de l’Ouest -après ceux de l’Europe de l’Est- semblent les suivre de moins en moins. Le premier résultat apparaîtra aux élections européennes de mai 2019.
Ensuite ? Faudra essayer d’éviter « les farces sanglantes » …