On n’arrête pas de nous le dire, à la radio, à la télé, sur les pages de Facebook et via les réseaux Twitter et autres, demain ce sera la fin du monde. 89.000 policiers, gendarmes, CRS, (dont 9.000 sur Paris), des voitures « canons à eau », des véhicules conçus pour faire face efficacement aux mouvements de masse, bref, on se prépare à ce que l’on n’avait plus vu depuis mai 68. 50 ans et l’histoire se répète, selon l’adage la première fois cela a été un drame, maintenant c’est une tragicomédie !
Quèsaco ? J’avais écrit « le gouvernement se trouve, en ce moment, devant une alternative dont les deux branches sont également nocives pour le sort du pays. Soit il reste « droit dans ses bottes » et, il est presque certain, les échauffourées qui prennent un air de guerre civile se superposeront sur les actions des gilets jaunes, soit il plie face aux demandes (multiples et variées) de la rue érigée au rang d’interlocuteur qualifié et il abandonne, ainsi, une part de la souveraineté de l’État aux « séditieux » (qualificatif utilisé par le Ministre de l’Intérieur).
Ce qui s’est passé laisse rêveur l’observateur : le gouvernement a choisi de prendre les deux branches de l’alternative à la fois ! En commençant par céder devant la rue (je ne discute pas ses revendications, ni leur justesse ni leur naïveté, ni leur impéritie) avec un manque de savoir qui ne peut qu’étonner. Comment qualifier autrement une déclaration solennelle du Premier Ministre devant l’Assemblée Nationale, qui, pour l’essentiel, est intégralement contredite par « l’Elysée » le soir même. Si on avait voulu donner raison aux « séditieux » (M. Castaner a eu raison d’appeler « séditieux » une –grande- partie de ceux qui s’étaient transformés en bêtes furieuses prêtes à tout détruire « au nom du peuple »… comme s’ils avaient, seuls, le droit de parler en son nom ; j’ai eu tort récemment de juger le propos inconvenant) on n’aurait pas procédé autrement. Et ensuite, en prévision de nouvelles attaques contre la République et ses institutions, mobiliser le ban et l’arrière ban des forces d’ordre pour faire face aux quelques milliers de casseurs, d’extrême droite et d’extrême gauche, des groupes venant des « cités » (on occulte passablement leur origine) ou des « Antifa » (qui ont changé de nom pour devenir « black block).
En cumulant les inconvénients des deux branches de l’alternative le gouvernement va se trouver, maintenant devant le résultat de son manque d’intelligence :
a. renoncer aux taxes prévues, geler le prix de l’électricité, parler de primes pour améliorer le pouvoir d’achat a comme résultat de se trouver devant un inexorable mouvement « toujours plus » sans qu’il ait aucune échappatoire ; parce que s’il a cédé une fois… il pourra encore le faire…
b. transformer Paris en camp retranché dont les défenseurs seront soit totalement inactifs (si rien ne se passe) ou obligés à « casser » des casseurs sous le regard attentif des chaines de TV qui, irresponsables, se feront un devoir que de montrer surtout cela et, un peu moins, les actions des « séditieux ».
Devant la « chienlit » le Général, en 1968, après trois jours d’absence, à utilisé la radio pour dire « ça suffit » et a procédé à la dissolution de l’Assemblée Nationale pour provoquer de nouvelles élections. On connaît la suite.
Se taisant depuis trois semaines, absent de Paris car des voyages de très grande importance l’appelaient ailleurs, notre Président s’est montré égal à Marie Antoinette : « si le peuple ne peut pas acheter du Diesel, on va les aider pour acheter des Tesla » (Matt Ridley, Twitter, 06.12.18). On exagère … il y a aussi des Toyota ou même des Renault électriques. Quant au fait qu’à la « prime de conversion » il faudra ajouter au moins une année de SMIC … les cerveaux d’acier qui conseillent le Président ont oublié de lui déconseiller, vu son inanité, une telle suggestion.
Que faire ? Il me souvient que l’Amiral Sanguinetti (le frère d’Alexandre) auquel on demandait comment mettre fin au « problème corse » (au moment d’une situation plus que tendue créée par des « nationalistes) avait répondu « le jour où le Gouvernement aura le courage de sortir dans les rues les mitrailleuses lourdes le « problème corse » sera résolu ». Notre Gouvernement actuel, responsable de la pérennité de la République a laissé pendant trois semaines la « chienlit » prendre le dessus sur les forces de l’ordre car … démocratie, droits de l’homme, liberté de la parole … doivent prévaloir chaque fois que les ennemis de la démocratie l’attaque. Arrêter des casseurs ? Les Policiers ne le peuvent pas, arrêter des casseurs car il faut qu’un officier de police judiciaire soit présent, fasse un constat écrit, signé, contresigné car autrement n’importe quel juge libère instantanément le casseur.
Ce qui est incompréhensible c’est de voir un gouvernement issu d’une majorité pléthorique à l’Assemblée Nationale se montrer incapable de résister à la « pression » de la rue. D’aucuns expliquent la chose par « l’arrogance » de notre Président, Jupiter au petit pied, qui s’est mis dans la tête qu’il pourra faire tout ce que ses convictions le poussaient à faire. Entendons-nous bien, comme pour le Gilets Jaunes, je ne nie pas l’absolue nécessité de faire ce qu’il a annoncé vouloir faire pendant sa campagne électorale. La France a de moins en moins de chances d'inverser le sens de la spirale descendante qu’elle parcourt depuis une quarantaine d’années. Changer de sens veut dire passer par un « point d’inflexion » ce qui –tous les physiciens et tous les mathématiciens vous le diront- nécessite une énergie (ou un coût) immense car il s’agit, en géométrie différentielle, de changer la concavité d’une courbe. Il suffit de regarder ce que les « hommes providentiels » auxquels la France a dû faire appel (de Bonaparte à de Gaulle, en passant par Boulanger, Clemenceau, Mendès France) ont fait subir au pays pour qu’ils le sortent des ornières de la décadence où il se trouvait. Souvenons-nous comment le Général a tenu tête aux mineurs, au PC et à la CGT pendant six semaines en 1963. Et il faisait froid…
Bon, on verra demain. On a mobilisé les troupes, ils ne manquent que les hélicoptères et les forces spéciales. Pauvre France… elle montre au monde entier son état de déliquescence, son incapacité de se reformer pour assurer à ses enfants et aux enfants de ceux-ci un avenir digne du passé laissé par nos anciens. Certes, ce n’est pas ça qui l’empêche de donner des leçons sur ceci et sur cela au monde entier, de se chamailler avec le nouveau sheriff qui se trouve à la Maison Blanche, ni de prétendre prendre la tête de l’Europe pour y imposer les vulgates que son intelligentsia produit, à jet continu, depuis des lustres.
En fait, ce n’est pas la France, ce vieux pays qui a donné tant au monde. C’est simplement son nouveau roi, un peu trop arrogant et peu enclin à faire siens les avis de ceux qui ne font pas partie du « premier cercle ». Dans un pays où on a déjà coupé la tête d’un roi… C’est vraiment dommage.