Bon. Incapable d’arrêter la tragicomédie des Gilets Jaunes notre gouvernement (et M. Macron) passe son temps à parler de choses et d’autres, cela s’appelle « grand débat ». Car, chez nous, tout doit être grand : « une grande commission », « un grand projet », « un grand TGV » et tant d’autres quand, bien entendu, nous avons « une petite maison », « une petite fortune », « une petite auto ». Un mot sur la tragicomédie dont personne n’a l’air d’admettre qu’elle a assez duré. Personne n’ose dire, clairement, que la redistribution que les Gilets Jaunes réclament commence par prendre aux autres. Ce qui ne serait pas grave si la chose n’avait pas été déjà faite. S’il n’y avait pas deux catégories sociales, celle qui paye des impôts et celle qui ne paye pas, en dépit de toute raison normale pour la relation du citoyen à l’état qui assure, à celui-ci, ses prérogatives régaliennes. Personne n’ose dire aux GJ qui s’excitent sur les hauts salaires de certains, en les comparant aux leurs, que cela tient (pas seulement, mais essentiellement) aux qualités et aux efforts qui justifient la réussite individuelle. Surtout dans un pays où l’éducation de la maternelle au doctorat est gratuite (ou presque). Personne n’ose dire aux GJ que l’on ne devrait pas montrer de la compassion à l’imbécile qui ramasse une grenade (qui lui arrache les doigts) pour l’envoyer contre les policiers, qu’il aurait commis un acte criminel pénalement punissable. Et pourquoi personne n’ose-t-elle dire clairement aux GJ qu’après la satisfaction (partielle, certes) de certaines revendications économiques tout le reste se trouve dans la sphère politique citoyenne pour laquelle seules les élections comptent ? Pourquoi ? Parce que ceux qui nous gouvernent n’ont pas le courage qui a fallu à un De Gaulle pour tenir des mois (d’hiver) contre une grève des mineurs ou à une Mme Thatcher qui a tenu des mois et des mois contre une grève d’autres mineurs ou un Reagan qui a licencié, du jour au lendemain, 11 .000 contrôleurs aériens en grève. Alors… on temporise, on dit « ça va s’arrêter » « les gens en auront assez » et autres fredaines. Mais cela ne s’arrête pas, treize samedis noirs déjà, des pans de villes avec des commerces ou des équipements urbains détruits et… une image du pays à l’étranger qui se dégrade chaque jour qui passe.
Il n’est donc pas surprenant que le gouvernement (et M. Macron) essaye de redorer son blason en jouant les matamores « à l’international ». Deux exemples parlent plus que d’autres. Des digressions, quoi, on oublie un peu les GJ … tout en montrant combien on es fort…
La France a rappelé son ambassadeur en Italie, Deux semaines après il est toujours à Paris. Pourquoi ? Un politicien italien est venu soutenir les GJ. De plus, un de ceux que notre président abhorre car nationaliste. Vous en souvenez-vous ? Peu après la formation du dernier gouvernement italien notre président a averti l’Europe, avec une finesse absolument remarquable, contre « la lèpre nationaliste renaissante ». Pourtant il était (il est) évident que c‘est une bêtise que de croire que l’Europe allait « rendre la question nationale obsolète ou la relativiser », écrivait Etienne Balibar (!) “Chaque pays a peur d'être exploité par un voisin.” A. Alemano (HEC).
C’est vrai, le pays de Beneddeto Croce et d’Antonio Gramsci est maintenant celui de Mateo Salvini et de Di Maio.
Ce n’est pourtant pas une raison suffisante pour faire montre d’un chauvinisme de grande nation vis-à-vis d’une Italie liée à la France depuis le Moyen Age, et à qui elle a donné des personnages (politiques ou pas) qui ont participé à la construction du royaume et à son éclat (Pétrarque, Leonardo Da Vinci, Catherine de Médicis, Mazarin et tant d’autres). Il n’est pas suffisant d’être impertinent pour se permettre un dialogue diplomatique comme celui qui suit (diplomatie.gouv.fr – 11.02.19) :
Q - Concernant le rappel de l’ambassadeur Christian Masset, qui je pense devait être à Paris cette semaine de toute façon, y a-t-il une façon de raisonner quant à la durée de son maintien à Paris ?
R - Nous menons actuellement avec notre ambassadeur les consultations pour lesquelles nous l’avons rappelé.
Il retournera à Rome le moment venu.
Et il n’est pas suffisant de se montrer méprisant vis-à-vis d’un état de droit quand on a refusé, pendant des années, d’extrader un terroriste d’extrême gauche (César Battisti) ayant du sang sur les mains -et condamné en Italie à la prison à perpétuité- en vertu de la « doctrine Mitterrand » - « souveraineté, indépendance, stratégie active ».
En se mettant à dos l’Italie, tout ce que nous avons obtenu c’est le ricanement satisfait de la moitié des pays de l’Union Européenne. Qui ne se gêneront pas de nous le rappeler.
Le deuxième exemple, Israël. J’ai déjà mentionné l’histoire du « Tombeau des Rois ». Un très bon ami, ami de la famille Pereire, me permet de rendre la dispute franco-israélienne concernant les Tombeaux des Rois d’Israël plus intelligible :
Le Tombeau des Rois (Joseph Flavius le cataloguait parmi les 7 merveilles du monde) a été identifié par Chateaubriand en 1811 tandis que Louis-Félicien Caignart de Saulcy, dit Félix de Saulcy, archéologue, le considérait au milieu du 19ème siècle comme abritant les tombes des rois David et Salomon. Il fut acquis sous l’empire Ottoman en 1874, par Mme Bertha Bertrand Pereire, (famille de banquiers juifs d’origine portugaise) qui en a fait don au Consistoire Central. Onze ans après, Henri Pereire, héritier, en fait don à la France pour conservation, à la seule condition que celui-ci fut ouvert sans réserve aux juifs. (Voir Terre Promise « L’étonnante saga du Tombeau des Rois » 06.05.15)
Ce contrat n’a pas été respecté par la France ni de 1948 à 1967 (Jérusalem Est sous contrôle jordanien mais le territoire se voulait français !) ni après et encore moins aujourd’hui (sauf très, très partiellement). Il se pourrait même qu’il soit, juridiquement, caduc. Ce qui n’empêche pas la France de demander à Israël qu’il reconnaisse sa souveraineté sur le lieu et de renoncer à toute réclamation ultérieure. Et cela comme condition sine qua non pour ouvrir le site entièrement, intégralement, aux juifs aussi. La France dispose à Jérusalem de quatre territoires – l’Eglise Sainte Anne, le Monastère d’Abou Gosh, le Monastère d’Eléona sur le Mont des Oliviers et le Tombeau des Rois. Les trois premiers ont été confiés à des représentants des cultes catholiques mais le Tombeau des Rois (juifs) a été confié à une famille musulmane qui transmet la charge de père en fils. Cherchez l’erreur.
Pendant que notre pays est à feu et à sang (j’exagère un brin…) qu’avons-nous besoin de nous mettre à mal avec les habitants de ces deux pays qui ont tant contribué à la renommée de la France ? On dirait, vraiment, que l'on cherche les e........s comme si on n'avait rien d'autre à faire !