Il y a cinquante ans, André Malraux, Ministre de la Culture du Général disait «Entre les communistes et nous, il n’y a rien ! Depuis ce dernier dimanche notre Président a la possibilité de paraphraser Malraux en disant «entre l’extrême droite et nous il n’y a rien».
Certes, les résultats des élections européennes doivent être pris avec des pincettes : une offre trop abondante (34 listes…), participation de 50,2% (les présidentielles touchent, peu ou prou, 70%), influence étrangère non nulle, etc., Cependant deux chiffres doivent être comparés, rien de plus simple : la liste du Président (qui s’est mis en avant pendant la campagne prenant le risque d’une comparaison) a réuni les suffrages d’env. 5,3 millions de citoyens (47,1 millions d’électeurs inscrits, participation 50,2%, LREM 22,4% - La Voix du Nord, 25.05.19) que l’on doit comparer avec le nombre d’électeurs au premier tour de la présidentielle de 2017 (le deuxième tour, compte tenu de la participation de Mme Le Pen n’a pas valeur de référence) quand M. Macron a réuni sur son nom les votes d'environ 8,8 millions de citoyens. Cela saute aux yeux, presque la moitié des électeurs du premier tour de la présidentielle de 2017 ont tourné le dos à M. Macron. Qu’on dise ce que l’on veut, il y a là, d’évidence, un fait majeur : la moitié des électeurs de M. Macron qui l’ont quitté ont manifesté leur désaccord avec sa politique.
M. Macron qui, dans les derniers jours de la campagne pour les élections européennes «suppliait», presque, le pays de ne pas donner à «l’extrême droite» la première place s’est vu infliger un désaveu que peu de gens considèrent comme négligeable. A la moitié de son mandat, Gilets Jaunes aidant, notre Président qui, de plus se voyait le principal «progressiste» capable de devenir le leader de l’Europe contre les populistes et autres représentants d’une peste «nationaliste» vient de subir un sérieux échec. Si au moins les choses s’arrangeaient pour le pays… Mais ce n’est pas le cas. Encore deux chiffres : la croissance de l’économie du pays pendant le premier trimestre de 2019 n’a été que de 0,3%, à comparer avec la croissance de l’économie américaine qui, elle, a été de 3,2% soit dix fois plus pour une assiette qui est, elle aussi, dix fois plus grande ! Faites le calcul – l’économie américaine (peu ou prou, PIB 21.500 milliards de $) a crée quelques 700 milliards de $ - si annualisés, un peu plus que toute l’économie de la France. Et notre Président qui s’est engagé à faire sortir le pays des ornières de la stagnation chiraco-hollandaise est obligé de constater son échec. Tout en martelant, à chaque occasion, sa volonté de défendre le «modèle social français». Modèle qui va se trouver en rupture de ban et qui n’a comme soutien que la dette financière qui continue à grossir (au moins 50 milliards € depuis l’élection de M. Macron).
Bon, ça ne va pas très fort économiquement. Mais politiquement ?
Ce qui a sous-tendu «l’aventure» macronienne qui, en moins d’un an, avait fait d’un inconnu le Président de la sixième puissance mondiale, a été la stratégie de destruction du système politique français tel qu’il se perpétuait depuis le Général. En clair, détruire tous partis de gauche ou de droite pour créer la vraie dichotomie, celle qui opposerait un centre droite/droite à une droite dure (baptisée «extrême» pour que l’aspect rébarbatif soit mis en exergue).
On voit les gazettes bla-blater sur l’échec politique du Président. Je crois qu’elles se trompent, le clivage LREM – Front National est le résultat de la stratégie politique de notre Président car, cela marquera comme avec un fer rouge, de manière indélébile, la vie politique française. Chapeau, l'artiste ! Ce qui est advenu, c'est ce qu'il espérait. Il ne va pas, dès lors, déplorer le résultat car il ferait rire Dieu lui-même (aurait dit Bossuet). Depuis ce dernier dimanche notre Président a la possibilité de paraphraser Malraux en disant « entre l’extrême droite et nous il n’y a rien ».
Et maintenant ? L’Europe ? Il faut bien se rendre compte qu’il n’y a pas beaucoup d’espoir qu’elle aille mieux que dans le passé récent. Le clivage Est-Ouest est de plus en plus présent, le clivage «progressistes - conservateurs» de plus en plus important et son opposition aux Etats Unis (collusion avec l’Iran, acceptation de la maitrise par la Russie de sa consommation d’énergie, changement d’une partie des ses valeurs consubstantiel aux changements migratoires acceptés ou subis, etc.,) ne peuvent conduire qu’à son « déclassement » comme puissance mondiale face au mastodontes chinois ou indien. Oui, elle continue à faire semblant que le partenariat « EURABIA » lui permettra d’être toujours à la table des puissants. Partenariat qui ne l’a pas poussée à se révolter contre les massacres de plus de 500.000 êtres en Syrie et aux alentours. Partenariat qui la pousse à se distancer, à condamner et à s’opposer à tout ce qui touche à Israël.
Mais, dans ce qui précède, l’essentiel s’est son opposition aux Etats Unis. Au plan économique –population plus grande (presque 500 millions vs Etats Unis 330 millions), un PIB seulement 70% de celui des Etats Unis dont la croissance économique induite par l’innovation technologique est «explosive», elle ne devrait que s’efforcer pour améliorer les relations existantes (presque 200 milliards de $ de solde positif venant d’un commerce favorable à l’Europe). Mais ce n’est pas ce qu’elle fait car dirigée par des sociaux-démocrates qui croient encore au socialisme, à l’Europe protectrice, aux droits de l’homme pour tous (mais avec des nuances …) elle s’est trouvé un bouc émissaire idéal, le Président des Etats Unis, M. Trump.
Que n’a-t’on dit sur ce bonhomme ? Escroc, inculte, sexiste, homophobe, raciste, j’en passe et des meilleurs. Remarquez, tous les épithètes ne sont pas tous, probablement, entièrement faux. Mais, les prendre à son compte en le faisant savoir (M. Junker, par exemple) et attendre avec impatience sa destitution ou la non reconduction de son mandat c’était, probablement, un peu trop. On espérait qu’une enquête diligentée par la justice américaine allait démontrer qu’en plus de tout ce qui était dit de mal de ce bonhomme, il n’était qu’un pantin de la Russie de M. Poutine qui l’aurait aidé, et comment, à devenir le Président des Etats Unis. Manque de bol, ladite enquête (un procureur spécialement désigné – R. Mueller, 19 avocats assistés d’une équipe d'environ 40 agents du FBI, analystes du renseignement, juri-comptables et autres professionnels ; plus de 2 800 assignations à comparaître, près de 500 mandats de perquisition, plus de 230 ordonnances de communication, près de 50 ordonnances autorisant l’utilisation de registres divers, 13 demandes de preuves à des gouvernements étrangers et interrogation d’environ 500 témoins) n’a rien pu trouver. Oui, bien sûr, on n’a pas trop parlé de cette partie-là dans la presse française (ou européenne) car cela n’allait pas dans le sens espéré. Une remarque dit mieux que tout sur ce qui s’est passé : «Tant de personnes dans notre métier s'attendaient à ce qu'il y ait une réunion secrète ou un enregistrement sur bande montrant la collusion avec la Russie … Et vous savez, Mueller n’ai rien pu trouver» (Bob Woodward -24.04.19).
Bon, dans le pot-pourri, voilà la France, voilà l’Europe, voilà
les Etats Unis. Un mot aussi pour Israël.
Classé 2ème pays au monde quant aux innovations (https://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-6787391), affichant une croissance effrontée (taux et pérennité), disposant d’un PNB/habitant équivalent à celui de plusieurs pays de l’Europe, sorti victorieux de toutes les épreuves militaires auxquelles il a été confronté il continue à être un îlot de démocratie dans un océan d’intolérance, de violence et de terreur. J’ai évoqué le clivage Est-Ouest en Europe il jette son ombre sur les relations avec Israël : de plus en plus amicales avec l’Est, de moins en moins amicales avec l’Ouest. Notre pays fait partie de l’Ouest. Et l’attitude, clairement antisioniste (pour ne pas dire antisémite) du Quai d’Orsay commande ses décisions quand il s’agit de prendre position, habituellement, contre Israël. Un exemple : dernière réunion (22.05.19) de l’Organisation Mondiale de la Santé, 21 sujets à l’ordre du jour, naturellement, le 21ème sujet « L’examen des conditions de la santé dans les territoires palestiniens « occupés» Trois pays européens, seulement, on voté avec la majorité pour condamner Israël : la Suède, la Belgique et la France. La France ? Pourtant il n’y a pas si longtemps que M. Macron déclarait que l'antisionisme était une forme d'antisémitisme. Déclaration courageuse et justifiée, car ce que l'antisémitisme a fait aux juifs est ce que l'antisionisme fait à Israël. Alors ?
De nouvelles élections viennent s’y dérouler, les partis de «droite» (équivalents des radicaux-socialistes chez nous …) ont obtenu la majorité des sièges à la Knesset. Mais un système électoral à nul autre pareil dans un pays développé (proportionnelle intégrale) rend la formation des gouvernements très, très difficile, parfois impossible. Le résultat des élections du mois d’avril a été une victoire pour le paradigme que Netanyahu a énoncé depuis des années. Les électeurs israéliens ont adopté son point de vue selon lequel les concessions territoriales et un processus de paix ne sont pas la clé pour renforcer Israël. Au contraire. Mais … proportionnelle intégrale … un parti «nationaliste» (5 mandats sur 65) empêche depuis six semaines la formation d’un gouvernement. Parti « nationaliste » qui s’oppose à une revendication d’un parti «religieux» C’est Israël, il est fort possible que de nouvelles élections aient lieu en septembre.
Où va le monde ? On ne sait pas mais … il y va vite et avec
conviction !