C’est curieux. C’est vrai, on ne dit pas du mal des morts. Car ils sont tous des braves types (G. Brassens). Bon, mais quand on fait l’éloge panégyrique d’un ancien homme politique on devrait, n’est-ce-pas, regarder s’il n’y avait pas aussi des pans d’ombre dans son apport à la vie du pays. Car ce qu’il avait fait, de bien ou de mal, a dû laisser des traces, plus ou moins profondes, qui ont dû influencer la marche du pays. Je ne m’associe pas aux thuriféraires payés à l’heure pour leurs «piges» qui, à longueur d’heures d’émission radio et/ou télé racontent au peuple combien il faut respecter la mémoire du défunt Jacques Chirac.
Naturellement, ils mettent en exergue les trois actions les plus importantes de ses douze années de présidence du pays : la reconnaissance de la responsabilité de la France pour ce qui s ’est passé pendant l’occupation, son opposition de principe à toute relation avec le Front National et, bien sûr, son opposition à la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein. Certes, pour cette dernière, il avait ses raisons…
Car, on a du mal à oublier qu’il s’agissait d’un ami de vingt ans (Libé, 10.05.95) auquel il a ouvert le portes du nucléaire français en lui vendant un réacteur nucléaire : Saddam Hussein - «L'accord avec la France est le premier pas concret vers la production de l'arme atomique arabe» (Wikipédia, OSIRAK). Ce n’est pas de la science fiction que de crayonner ce qu’il serait advenu d’un Irak envahisseur du Koweït s’il avait disposé d’une arme nucléaire. Heureusement (pour tout le monde, la France y compris) l’aviation israélienne a détruit ledit réacteur. Oublier cela ?
Il ne faut pas oublier. Comme il ne faut pas oublier ses excellentes relations avec le Colonel Kadhafi ou avec le premier sponsor du terrorisme palestinien, Arafat. Ou avec Rafik Hariri (Premier Ministre du Liban qui disait Chirac est mon meilleur ami (https://www.francetvinfo.fr) et, à ce titre, probablement, lui a permis d’occuper, sans bourse délier, un appartement sur un quai de Seine pendant des années.
Oublier tout cela ? Il ne faut pas oublier.
On lui a associé un sobriquet : le roi fainéant. C’est vrai, ses douze années de présidence n’ont été qu’un long voyage vers nulle part : aucune réforme économique dont le pays avait besoin après le septennat de F. Mitterrand, abandon en rase campagne de la réforme des retraites (dont on souffre encore aujourd’hui) en laissant le pays vivre au dessus de ses moyens et en l’endettant. Regardez l’évolution de la dette du pays pendant son règne :
1995, première année présidence Chirac, dette publique de la France env. 28% du PIB ; 2007 dernière année de la présidence Chirac dette publique de la France 58% du PIB, soit deux fois plus en pourcentage et un peu plus en milliards d’euros (1.200 vs 550). Oublier cela ? Il ne faut pas oublier car la «stagnation» (qui rappelle la période pré-Gorbatchev en Russie) qui a caractérisé ses douze années de présidence a coûté à la France le décrochage de son économie par rapport à celle de son principal partenaire européen, l’Allemagne. Allez, c’était un brave type, il savait flatter les culs des vaches dans sa Corrèze d’adoption.
Des vaches… il y en a même en Israël. Même qu’en 2014 elles détenaient le record mondial de production de lait par vache (12.083 litres/an-Silicon Wadi, 08.09.2015 ; 6.665 litres/vache/an en France- https://www.planetoscope.com).
Après cette transition (remarquable, n’est-ce pas ?) on va voir ce qui se passe en Israël. Rappelons, cependant, quelques chiffres concernant ce pays : croissance économique moyenne sur les deux décennies dernières de 3%, dette publique du pays 60% du PIB, taux du chômage actuel 3,7% (Trading Economics). Le PIB israélien par habitant devrait dépasser les 43 000 dollars cette année. Comparez avec la France (43,5K$) et le Royaume-Uni (43,5K$). Et avec les revenus du gaz naturel qui commencent à affluer dans les coffres de l'État, il atteindra bientôt 50.000 $, ce qui est proche de celui de l’Allemagne, 50.200$ (Wikipedia, PIB/habitant).
Rappeler ces chiffres c’est, implicitement, tirer un coup de chapeau à celui qui a été à l’origine de la transformation de l’économie d’un état «socialiste» en économie de marché, libérale (comme on dit) : B. Natanyahou, Premier Ministre et Ministre des Finances en 1996 qui, envers et contre tous (classe politique, syndicats, bureaucratie) à imposé les réformes nécessaires. Et qui a marqué la vie politique israélienne et, en partie, mondiale pendant les dix ans depuis qu’il est, de nouveau, Premier Ministre. Oublier cela ? Il ne faut pas oublier cela.
Mais… il s’agit d’un pays où ce qui est difficile ce n’est pas de croire aux miracles, c’est de les éviter (propos attribué à Ben Gourion). Ce qui fait que ce pays se place actuellement parmi les premiers de l’OCDE, en bonne position sur la liste des pays les plus heureux (dixième ou onzième) et, horribilis, est le sixième (ou le septième) fournisseur d’armes au monde. Tout cela en dépensant plus de 5% de son PIB pour sa défense (aucun pays européen ne dépense plus de 2%) et ayant eu à subir six guerres depuis 1948. Mais… miracles… à l’occasion des agissements du premier sponsor mondial du terrorisme (l’Iran) Israël est en train de nouer des alliances (plus ou moins ouvertement) avec moult pays arabes. Là encore, le mérite de B. Netanyahou est reconnu par ses partisans et par ses adversaires. Mais on est en Israël : un Premier Ministre (I. Rabin) a du démissionner parce que sa femme a conservé, de son passage aux États-Unis où son mari occupait le poste d'ambassadeur à Washington, un compte d'environ 1.500 dollars ce que la loi israélienne ne permettait pas (Le Point, 05.11.2015). Mais on est en Israël… et le même B. Netanyahou doit avoir affaire à la justice car : (1) il aurait reçu plein de champagne (rosé !) et des cigares d’un magnat américain, (2) il aurait demandé au propriétaire d’un grand média que l’on lui réserve un traitement favorable (sans quid pro quo) et (3) son cousin (?!) aurait acheté des actions dans une société allemande qui construit des sous-marins pour Israël. Faisons court, des élections en avril et en septembre de cette année n’ont pas réussi à créer une coalition d’au moins 61 membres de la Knesset pour pouvoir constituer un gouvernement. Il faut dire que le système électoral israélien est le pire au monde : proportionnelle intégrale avec les corollaires implicites : beaucoup de partis et les plus petits disposant de moyens de pression hors de proportion car indispensables pour créer une coalition. Tant et si bien qu’actuellement, en l’absence d’une coalition pouvant gouverner, Israël sera obligé de procéder à de nouvelles élections (troisième fois en moins d’un an). Bien que «les amis» d’Israël et une partie des médias locaux prônent la création d‘un « gouvernement d’union nationale» Certes, les résultats macroéconomiques du pays sont impressionnants, en particulier par rapport à la période (1984) ou il était gouverné par une « union nationale » (Peres et Begin). Cependant, l’histoire montre que de telles coalitions ont arrêté la mise en œuvre de changements de politique (et ou économiques) absolument nécessaires. Ni Shamir ni Peres n'ont été en mesure de faire avancer des questions majeures au cours de leur gouvernement d'union nationale, car chacun d'eux a été immédiatement sabordé par l'autre. Pour des millions d’Israéliens, un gouvernement de paralysie nationale n’est pas actuellement une option viable car elle conduira à une «stagnation» prolongée dont le coût pourrait être trop élevé. L’Iran qui annonce tous les jours sa volonté de détruire Israël, le Hezbollah et la Syrie sur la frontière Nord, le Hamas au Sud, d’autre ennemis (ou presque) à l’Est… la maison risque de bruler mais les politiques israéliens s’adonnent aux joies des élections.
Et puis les Etats Unis. Naturellement, il faut toujours commencer par dire (reconnaître ?) que DJT est comme-ci et comme-ça et que, bien entendu, il n’est pas fait pour être président, c’est un imposteur et… Bon, on a dit tout cela. Mais il ne faut pas oublier que depuis qu’il a gagné des élections où 63 millions d’américains et 306 grand-électeurs (sur 538) l’ont choisi il a réussi en deux ans et demi, économiquement, mieux que le trois derniers présidents (Clinton, Bush, Obama) pendant 24 années. Mais c’est un intrus : il ne fait pas partie de l’establishment et il n’est même pas membre d’Ivy League. Conclusion : depuis le premier jour de son mandat ceux qui ont perdu les élections (le parti démocrate) n’ont eu de hâte que d’annoncer qu’il sera destitué (impeached). Pendant deux ans et demi un procureur spécial secondé d’une armée d’avocats et fonctionnaires divers ont dépensé plus de 30 millions de $ pour trouver si l’accusation à laquelle il devait faire face (collusion avec la Russie pour gagner l’élection) correspondait à la réalité. En attendant, 95% des média américains ont couvert M. Trump d’une manière négative (Heat Street sous le titre Harvard Study Reveals Huge Extent of Anti-Trump Media Bias) pendant que l’on déversait sur le bonhomme des tombereaux d’immondices (c’est une métaphore…). Et comme la «collusion» n’a pas été trouvée, on s’est mis à le traiter de raciste et d’antisémite (une de ses filles est convertie au judaïsme, son gendre est juif et ses petits enfants élevés comme tels – c’est quand même rare pour un antisémite, vous ne croyez pas ? Mais on est aux États Unis – rule of Law, check and balances, Chambre de Représentants, majorité démocrates, presse et chaînes TV anti-Trump, on trouve encore une «grande affaire», il aurait demandé à l’Ukraine de l’aide qui pourrait lui être utile pour gagner la prochaine élection présidentielle. Et cette fois-ci, pas d’enquête ni de procureur spécial, cette fois-ci la Chambre des Représentants annonce qu’elle entame le processus visant la destitution du Président (impeachment). Qui n’aucune chance de réussir car la deuxième chambre (le Sénat) qui a une majorité républicaine devrait voter à 67% pour approuver la destitution ce qui, selon tous les avis de ceux qui savent est irréalisable. Mais tout cela donne matière aux «pisseurs de copie» américains et fait saliver d’impatience les nôtres – regardez Le Monde et/ou Le Figaro. Plus tous les bien-pensants du monde.
Oublier cela ? Les 63 millions d’américains qui ont choisi DJT ne l’oublieront pas. Surtout parce que depuis deux ans et demi le chômage (toutes catégories de population) se trouve à un taux bas record, que les salaires de toutes les catégories sociales ont augmenté plus que pendant les trois dernières présidences et que la bourse a crée plus de 8.000 milliards $ de valeurs. Ainsi va le monde…