Oui, c’est vrai, on savait -presque- dès son élection qu’il n’allait pas faire ce qu’il nous a promis pendant sa campagne présidentielle. Pas seulement parce que la France n’est pas réformable motto de portée générale pour tout politicien qui s’absout d’avance pour ce qu’il ne fera pas. Essentiellement à cause de l’incapacité de la classe dirigeante de faire pièce devant la violence (verbale ou physique) de catégories socio-professionnelles diverses mais aussi à cause de leur volonté de rester en place après les élections qui suivraient. Les grèves à répétition, les Gilets Jaunes et d’autres ejusdem farinae sont là pour soutenir le propos.
Mais, crédules comme nous sommes, on a fait confiance au sieur Macron et à la cohorte d’inconnus qui se sont réclamés de lui et de l’idée prometteuse d’une République en Marche.
Trois exemples pour mesurer l’ampleur du dédain implicite à l’écart entre les promesses faites et leur réalisation.
- Réduire le nombre de fonctionnaires de 120.000 pendant la durée du mandat. L’économie y relative (à affecter à la réduction de la dette pharamineuse du pays) devait être de quelques 2 à 3 milliards d’euros (INSEE - salaire moyen 2017=2.208€/mois, charges sociales 45%, réduction 24.000 postes/an). Certes, par rapport à la dette du pays (entre 2.400 et 3.400 milliards d’euros – selon que l’on ajoute ou pas la dette relative aux retraites des 5,7 millions de fonctionnaires) il s’agissait d’une larme mai.… cela allait dans le bon sens. On vient d’apprendre que (si tout va bien…) la réduction du nombre de postes ne dépassera pas 15.000 (https://www.la-croix.com 25.07.19). Soit huit fois moins que promis et en valeur autant que l’épaisseur du trait d’une ligne du budget.
- La réduction de la dette publique. A la fin du premier trimestre de l'année 2017, elle était de 2.209,6 milliards, d'après des chiffres dévoilés vendredi 30 juin et de 2.358 fin T12019 –probablement 2.400 fin septembre soit env. 200 milliards de plus qu’à l’arrivée du nouveau Président. De plus, elle semble augmenter d’environ 2% l’an ce qui peut nous fait croire qu’elle atteindra, peu ou prou, 2.500 - 2.550 milliards d’euros à la fin du mandat en 202 Elle est, déjà, équivalente (presque – 99,8%) au PIB de notre pays vers lequel elle a progressé de manière asymptotique. Mais, semble-t-il, si notre pays ne fait rien, s’il laisse les choses aller d’elles-mêmes, il n’est pas exclu que la dette dépasse le PIB qui, lui, n’évolue que de 1,5/1,8%l’an.
Si tout se passe bien… non seulement elle n’aura pas diminué mais elle aura augmenté de plus de 300 milliards d’euros. Si tout va bien… Mais si le taux de l’argent (aujourd’hui nul ou négatif) augmente seulement de 1% (comme il est probable, selon les prévisions les plus sérieuses) le coût de notre dette explosera par rapport aux promesses de notre Président. Ce qui précède n’est qu’une des indications qui montrent que l’incapacité de faire d’économies est responsable de l’augmentation des charges qui obéreront les éventuels résultats positifs espérés pour l’économie française dans l’avenir à moyen terme. Oui, la promesse de M.Macron ne s’est pas réalisé. Pourquoi ? Parce que l’état français est boursoufflé et incapable de se réformer. Quand il coûte 100 pour la France il ne coûte que 80 pour l’Allemagne qui, on peut le croire, n’est pas moins bien administrée que la France. De tout ce que l’on peut reprocher au Président pour ce que n’a pas été fait pour le pays, l’irresponsabilité de la gestion de l’Etat se révèle, se révélera, comme l’aspect le plus pernicieux. Vous ne croyez pas ? Regardez le différentiel entre la dette de la France et celle de l’Allemagne :
- La réforme des retraites et des régimes spéciaux. Faisons court, par peur d’une réédition de l’épisode Gilets Jaunes rien n’a été fait pendant la première partie de l’année. Si, l’entrée au gouvernement du responsable de la négociation avec les partenaires sociaux. Et, on vient de l’apprendre, on abandonne en rase campagne (pour l’instant seulement, dixit…) en faveur d’une «concertation citoyenne» qui devrait prendre six à douze mois. Vous y croyez ? Avec les élections municipales en mars 2020 ? Ajouter des manifs sans nombre contre ceci ou cela (se souvient-on des deux millions de personnes dans les rues en 1995 quand M. Juppé a voulu, lui aussi, faire une réforme des régimes spéciaux ?). Des manifs dans un Paris ou se battent déjà deux alliés du gouvernement contre la socialiste qui veut garder sa place et, éventuellement, un candidat de la droite ?
Bon, les résultats du gouvernement Macron pour les affaires intérieures ne sont pas, vraiment, à mettre sur un piédestal. Serait-ce parce que notre Président se serait trop occupé des affaires du monde et pas assez de celles de son pays ? Peut-être. Essayons voir, l’Europe et le Monde.
L’Europe. Ses incantations, appuyées par de voyages multiples et par des rencontres pour vilipender et faire peur aux récalcitrants d’Europe Centrale (mais pas seulement) n’ont pas eu beaucoup de résultats pour les dernières élections en Europe. Au contraire. Le couple franco-allemand n’est plus ce qu’il était (aussi à cause de la perte relative de pouvoir de Mme Merkel). Il a fallu presque trois mois pour qu’ils s’accordent sur la distribution des postes de responsabilité et… on a fini avec un(une) responsable allemand(e) comme Président du Conseil de l’Europe. Je sais, nous sommes tous européens, et nous sommes soixante-quinze ans après la dernière guerre mais, si la France (vu la collaboration…) peut avaler (même si de travers …) ce n’est pas le cas pour la Pologne, par exemple, ni pour les pays de l’Est ayant vécu sous le joug soviétique/russe. Aussi à cause du rapprochement évident (Ostpolitik) de l’Allemagne avec la Russie qui fait une peur bleue aux mêmes. Et puis, la France a envoyé un message subliminal à ses partenaires pour leur montrer en quelle (grande) estime elle les tient. Sylvie Goulard, cela ne vous dit rien ? Nommé ministre de la Défense en 2017 elle démissionne trois mois après car impliquée dans une procédure de justice (européenne) de fraude concernant les rémunérations d’assistants parlementaires du MODEM. Elle justifie sa démission par le besoin de se défendre dans ladite procédure. Qui est toujours en cours, active. Et notre Président la propose comme Commissaire (pour remplacer Pierre Moscovici) : pas bonne pour le Gouvernement Français mais … pour l’Europe… Je mets en exergue cet exemple, pour ce qu’il vaut, tout en sachant qu’il s’agit d’une femme remarquable, polyglotte et énarque, naturellement.
Quant au monde … Regardons de plus près ce qui s’est passé récemment. D’un côté le G7 à Biarritz (des dizaines de millions d’euros pour un week-end offert aux grands de ce monde tous venus avec moult avions, voitures et accompagnateurs divers, le tout représentant, sans doute plus d’une année d’empreinte CO2 pour un pays de taille moyenne) qui devait s’occuper du changement climatique, des feux dans la forêt amazonienne et du commerce mondial (que les Etats Unis considèrent comme vicié). En laissant de côté les insultes brésiliennes (qui a commencé ?) notre Président rappelant que la France est «puissance amazonienne» (la Guyane y est mitoyenne) a laissé toute diplomatie de côté pour faire, ouvertement, du chantage : le Brésil obtempérait aux injonctions qu’il a proféré ou la France retirait son accord concernant le traité MERCOSUR (négocié pendant 20 ans et finalisé cette année). Le couple franco-allemand était déjà désuni… Mme Merkel a dit, urbi et orbi, qu’elle ne partageait pas la position de la France. Ridicule.
Mais il a fait mieux. Comme la France (mais pas seulement) veut sauver, coûte que coûte, le fameux JCPOA et donner à l’Iran un os à ronger, il a fait venir à Biarritz le ministre iranien des affaires étrangères et négocié avec lui (?!) une formule pour convaincre M.Trump d’accepter une rencontre Etats Unis – Iran.
Et entre autres, lui promettant ce que l’Iran demande, des crédits de 15 milliards de $ pour que son pays ne sorte pas, du fameux accord. Bon, la France n’a pas les 15 milliards… on va les demander aux américains ! On croit rêver. Mais le comble, il n’a rien demandé à l’Iran (arrêter la guerre au Yémen, quitter la Syrie après les 500.000 morts et les millions de réfugiés, arrêter le transfert de missiles de précision au Hezbollah qui veut les utiliser contre Israël, j’en passe et des meilleurs). Vous imaginez le bonheur de l’Arabie Saoudite et/ou d’Israël en voyant la France faire ami-ami avec leur ennemi existentiel. Pour l’aider à sortir de la situation inextricable dans laquelle il a été plongé par des sanctions américaines de plus en plus fortes. Tout cela pendant que le mollahs font du chantage et rendent caduques obligation après obligation acceptées dans le fameux JCPOA. Si notre Président réussit il y a gros à parier que ni les pays du Golf ni Israël ne lui pardonneront la courte vue. Car l’Iran restera ce qu’il est, le plus grand sponsor du terrorisme islamique, le principal perturbateur du monde que ce soit en Asie ou en Amérique Latine ou ailleurs et candidat à la possession de la bombe d’ici cinq à sept ans.
Et puis il y a Israël.
(De la Guerre Moderne J.A. Lionson – octobre 2018 – FNAC).
C’est dire que, vraiment, quelque soient les agissements de la France et son parti-pris en faveur de ses ennemis, Israël assure elle-même la sécurité de son existence et sait se défendre face à un ennemi, comme l’Iran, qui a mis sur le frontispice de sa Constitution l’ardente obligation de le détruire. Ce qui fait mal à ce pays c’est la position de la France par rapport au conflit israélo-arabe (palestinien). La France a beau dire qu’elle soutient la solution de deux états pour que les israéliens «vivent en paix dans des frontières sures et reconnues» tout en faisant semblant d’oublier que cela est en opposition directe avec la volonté de la majorité des palestiniens (et de leurs alliés - l’Iran, le Hamas, le Hezbollah, etc.,) qui affichent ouvertement leur objectif, l’éradication d’Israël. Faut-il être obtus au point de pas comprendre que les deux objectifs politiques sont irrémédiablement incompatibles ? Mais cela ne date pas d’aujourd’hui : lisez « Un siècle de trahison » de David Price-Jones (Denoël- 2007).