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14 août 2020 5 14 /08 /août /2020 10:26

Embourbé pour prévarication et inculpé dans trois affaires différentes, naviguant dangereusement sur les vagues du Covid-19 (pas reconnu quand les choses vont bien, vilipendé dès que les menaces reviennent), annonçant une annexion de territoires à laquelle toute la planète et sa mère s’oppose – aurais-je oublié quelque chose ? le voilà qui sort de son chapeau non pas un lapin mais un clapier entier. Vous vous demandez quoi ?

Rien d’autre que de faire écrouler les fondements de la politique de l’Europe (et de la France) vis-à-vis du Proche Orient. Depuis, bientôt, 30 ans (accords d’Oslo) l’Europe et les Etats Unis (essentiellement) ont versé plus de 30 milliards de $ dans le tonneau des Danaïdes des pauvres palestiniens. Via un processus de paix qui, en réalité, reste processus mais sans que la paix y arrive. On le sait, sans vouloir le reconnaître, que le paradigme sur lequel on a voulu construire une paix entre Israël et un éventuel, futur, état palestinien est vicié dans son origine.

Depuis, bientôt, trente années on essaye (pourquoi n'a-t-on pas réussi ?) de convaincre le monde que pour faire la paix entre Israël et les pays arabes il faut, préalablement, régler le conflit d’Israël avec les palestiniens. Fondement de la diplomatie européenne, française et, en partie, arabe. Un homme, seul au départ, s’évertue depuis trente ans à démontrer le contraire. Son raisonnement est simple : tant que les palestiniens (avec la complicité de grandes nations, comme la France) poseront comme préalable à toute négociation leurs deux « NON » (non à la reconnaissance d’Israël comme état juif, non au non-retour des réfugiés de 1948 -et des leurs descendants des quatre générations) rien ne se passera. Et rien ne se passe depuis trente années sauf que… les palestiniens ont opéré une scission, une partie veut détruire Israël tout de suite (Hamas, Gaza) et une partie est disposée d’attendre et d’utiliser, éventuellement, des moyens pacifiques pour parvenir au même but. La veulerie de l’Europe (pour ne pas parler de l’antisémitisme du Quai d’Orsay – lire Un siècle de trahison: La diplomatie française et les Juifs, 1894-2007) combinée, pour des raisons géopolitiques, avec ses intérêts du côté du monde arabe sont, pour l’essentiel, responsables du processus sans fin et sans perspectives. Tant et si bien que l’arrivée d’un nouveau shérif (DJT, Etats Unis 2016) permettait à la première puissance mondiale de dire  qu’elle aller penser la chose «out of the box»

Elle a commencé par présenter un plan de paix accordant ceci à Israël et cela aux palestiniens. Qui l’ont rejeté même avant d’en connaître les termes et ont traité, avec leur gentillesse coutumière, le Président DJT de chien (insulte majeure, s’il en est, dans la culture arabe). Israël, s’est rendu compte que ce qui était essentiel dans le plan (à part d’annexer quelques pans de terrains qu’elle gouvernait déjà) c’était l’ouverture vers le monde arabe : si celui-ci ou au moins une partie, considérait le plan un bon projet de négociation ceci allait ouvrir les perspectives recherchées par Israël depuis que Ben Gourion a proclamé l’indépendance d’Israël.

Sacré Bibi ! Il a fait, presque, tout ce que la Maison Blanche lui a demandé de faire et le résultat est là : Les Emirats Arabes Réunis (Abu Dhabi, Dubaï et cinq autres) viennent d’annoncer, de conserve, avec les Etats Unis et Israël la conclusion d’un accord de normalisation de leurs relations qui comportera tous les chapitres diplomatiques usuels. Accord de normalisation et non pas traité de paix car les deux pays n’ont jamais été en état de guerre, l’un contre l’autre. C’est en cela qu’il s’agit d’une événement majeur car les traités de paix avec l’Egypte et la Jordanie consacraient la fin d’un état de guerre. Tandis que l’accord de normalisation est tout à fait autre chose. En effet, la paix avec l’Egypte et la Jordanie sont des paix «froides» car les peuples égyptien et jordanien se tiennent à une distance aucunement réduite depuis des dizaines d’années tandis que l’accord de normalisation laisse entrevoir des relations normales entre deux pays qui se respectent, s’admirent et pensent qu’ils viennent de faire du «gagnant-gagnant. Et ce qui ne doit pas nous échapper quand on regarde la chose, c’est qu’il s’agit d’un accord de paix sans aucune concession de la part d’Israël. Ce que toutes les bonnes âmes lui demandaient, rien que cela, rien que cela, mais faites une concession … Israël savait qu’accepter de céder qqchose veut dire qu’on est prêt à accepter de céder tout car on reviendra demander plusexactement ce que les palestiniens ont fait chaque fois qu’ils obtenaient qqchose. Israël “occupe” toujours la Cisjordanie, Israël (comme l’accord le stipule) suspend, seulement, les annexions espérées par la droite religieuse du pays.

 

Autant le dire clairement : BN (avec l’aide essentielle de DJT) vient de faire voler en éclats le paradigme fondateur de la politique européenne (et française) au Proche Orient. C’est un évènement majeur à tel point que le Quai d’Orsay, comme le sieur Borrelli en charge des affaires extérieurs de l’Europe, sont restés sans voix : aucun mot, jusqu’ici. C’est mesquin… Même la campagne de Joe Biden s’en félicite tout en mettant en exergue (le ridicule ne tue plus) «les efforts de l'administration Obama-Biden pour appuyer  l'Initiative de paix arabe». Ridicule, car on a encore souvenir de l’animosité profonde et déclarée de BHO à l'égard d'Israël en général et de BN en particulier.

Pas besoin de sortir de Saint Cyr pour comprendre la teneur de ce mini tremblement de terre. On le sait, rien ne se fait dans le Golfe sans l’accord de l’Arabie Saoudite. Cela laisse entrevoir, pour l’avenir immédiat, d’autres accords analogues, il semblerait que le deuxième sur la liste est le Bahreïn. Arabie Saoudite qui, via une demande de la Jordanie, devient membre du Waqf (organisme qui gère la troisième grande mosquée de l’Islam, sur le Mont du Temple). Déjà l’accord de normalisation identifie, comme possibilité à mettre en place, la visite de pèlerins musulmans en partant des Emirats à Jérusalem. On est entre musulmans et juifs, il ne faut pas oublier le business…

Et les palestiniens, me diriez-vous ? Ils restent gros Jean comme devant, le temps qu’ils comprennent que leur fenêtre pour la réalisation de leurs rêves irréalisables s’est fermée encore un peu plus. Et que face à la dynamique évidente qui se met en place ni l’Europe, ni la France (leurs grands protecteurs) ne pourront rien faire. Et que de l’autre côté du Golfe, l’Iran voit se concrétiser ce dont il avait peur, une sorte d’union entre Israël et ses ennemis arabes.

Sacré Bibi !

 

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