Donc… mea culpa !
Pourquoi ? Eh bien, je m’étais trompé en démontrant que l’on n’avait pas la possibilité de vacciner 1.000.000 de personnes avant le 31 janvier car le taux moyen de vaccination était de 41.000 vaccinations/jour. L’entrée en jeu de la vaccination des EHPAD (le vaccin vient aux patients, non pas les patients au vaccin) a permis l’obtention d’un taux moyen entre le 17 et le 23 janvier de 96.312/jour et à permis d’atteindre le million bien avant la fin du mois. D’où le communiqué (un peu triomphateur et un peu abscons) du Premier Ministre voulant dire « nous sommes en bonne voie, on va rattraper le retard ». Bigre !
Essayons de « level the field » comme disent les anglais. Trois éléments me semblent nécessaires à prendre en compte : la disponibilité de doses, le taux journalier de vaccination et « l’immunité collective » (herd immunity).
Pour ce qui est du nombre de doses, après une (petite) fausse alarme quant à une certaine pénurie, on constate que jusqu’ici la fourniture suit les prévisions et, d’aucune manière, n’empêche la vaccination (prévue) :
Pour ce qui est du taux de vaccination, il s’agit, naturellement, d’une moyenne (tous les jours ne sont pas identiques…), la preuve : après avoir tenu un taux élevé pendant six jours, patati, patata, ce taux est descendu au cinquième du précédent :
Cela étant, accordons le bénéfice de l’hypothèse au discours officiel et considérons, dorénavant, que le taux journalier sera de 100.000 vaccinations.
Reste la grande question, « quelle part de la population devra être vaccinée pour que l’on atteigne l’immunité collective » considérée par les savants depuis le commencement de la pandémie à 60 %. Pourquoi 60% ? Eh bien, on sait que chaque personne infectée peut, par ses contacts, en infecter un certain nombre. Des statistiques mondiales on permis de choisir comme Ro moyen la valeur de 2,5 : chaque personne infectée va infecter env. 2,5 autres. Dès lors, on peut déterminer le pourcentage de la population à vacciner pour que le virus ne trouve plus (ou de moins en moins, jusqu’à la disparition) de personnes à infecter : P≧(1-1/Ro) soit (1-1/2,5)= 0,6 soit 60% de la population. En réalité, la formule est un peu plus compliquée car (a) l’efficience du vaccin n’étant pas de 100% ceci veut dire que toutes les personnes vaccinées ne seront pas sorties d’auberge et (b) les personnes ayant été infectées n’auront pas à être vaccinées : avec un vaccin efficace à 90% on ne pourrait atteindre l’immunité collective qu’à 67% de la population mais si 10% de la population (ce qui semblerait être le cas pour une éventuelle fin de la pandémie) a été infectée on atteindrait l’immunité collective en vaccinant 55% de la population. (Covid Tracker – une bonne référence pour approfondir ce que j’écris). Le Ro en France varie, depuis quelques mois (suite aux mesures de barrière mises en place) entre 1 et 1,5 :
Bon… 55%, 67%… restons sur l’approximation généralement convenue, il faut vacciner 60% de la population. Ce qui pour les 67.826.000 habitants du pays veut dire 40.695.600 personnes. Avec le taux convenu de 100.000/jour nous atteindrons l’immunité collective dans… 407 jours.
Mais… nos gouvernants ont le chic de donner des verges pour se faire battre : « L'objectif de 15 à 20 millions de Français vaccinés à la fin du premier semestre sera tenu, a assuré jeudi le député LREM Roland Lescure ». Disons 17.500.000 en 150 jours (fin juin) ce qui demanderait un taux moyen de 116.600 vaccinations/jour en moyenne… espérons-le. Je ne dis plus que ce serait impossible, je tirerai mon chapeau si on le fait !
On devrait revenir, un peu, à la disponibilité des doses. Il semblerait qu’autant Pfizer que Moderna (seuls vaccins approuvés en Europe) rencontreraient des difficultés pour fournir les quantités prévues. On est en France… (mais pas seulement) donc, on va faire un peu de bricolage en jouant sur l’espacement des doses indiqué par les fabricants : « Si la France, le Danemark ou le Royaume-Uni, qui autorise l’espacement entre les deux doses jusqu’à douze semaines, ont fait le choix d’adopter cette stratégie, le laboratoire BioNTech rappelait le 5 janvier que l’efficacité maximale de son vaccin contre le Covid-19 – revendiquée à 95 % – n’était pas garantie si la deuxième injection était retardée : « L’efficacité et la sécurité du vaccin n’ont pas été évaluées pour d’autres calendriers de dosage » que les deux injections espacées de vingt et un jours appliquées lors de l’essai clinique » (HungtingtonPost 05.01.21). Chez nous, la Haute Autorité Sanitaire (le mot important c’est « Haute ») vient de proposer au gouvernement d’augmenter l’espacement à 42 jours, soit six semaines (Le Figaro, 24.01.21). Pas de commentaires.
Allez, on va s’en sortir (je l’espère) car on a été capable d’avoir un vaccin en moins de neuf mois : « Le 15 mai, DJT lançait l'opération Warp Speed. Dès l'annonce de sa création, l'administration Trump visait «à mettre à la disposition des Américains des quantités substantielles d'un vaccin sûr et efficace d'ici janvier 2021». Au moment d'écrire ces lignes, deux vaccins ont été autorisés par la Food and Drug Administration pour une utilisation d'urgence, et plus de 64 millions de vaccins ont déjà été administrés dans le monde dans les semaines qui ont suivi le début de l'effort. (Washington Examiner 24.01.21)
On devrait, quand même, avoir un mot gentil pour DJT, vous ne trouvez pas ?