Nous étions presque 31 millions mercredi soir pour entendre notre Président nous expliquer ce que nos avions bien fait pendant la pandémie Covid-19 et pourquoi il faudra refaire, en partie, la même chose. 12 mois et trois semaines après son allocution du 12 mars 2020 quand nous n’étions que 22,6 millions à l’écouter. Un tiers de plus témoigne non pas de l’intérêt mais de l’inquiétude de nos concitoyens quant à ce que l’on considère comme un échec patent intervenu dans le cadre de l’abandon de notre souveraineté sanitaire entre les mains de l’entité (qui s’est révélée) incompétente et irresponsable qu’est « Bruxelles ».
Sa première phrase partageait le monde entre « nous » et « vous ». « Nous » (à moins qu’il ait pu s’agir du pluriel de majesté…) c’étaient les élites qui nous gouvernent et « vous » c’était nous, les sujets qui cherchent auprès d’elles protection et bienveillance, le tout pour notre bien. Et pour que nous soyons rassurés, dès l’année dernière il nous a assené le fameux « quoi qu’il en coûte » assorti de promesses (plusieurs fois répétées, comme par exemple passer de 5.000 lits de réanimation à 12.000 voir 15.000 -O. Véran, 20.07.2020). Pas besoin de le rappeler, il n’en a rien été.
Bon, ce qui m’a été demandé c’est de jeter un coup d’œil à ce qui semble commencer à passionner le « microcosme » soit « la France est-elle en train de vivre un déclin ?» Je vais, donc laisser de côté le Covid-19 mais non sans mettre, avant, en exergue, quelques données qui pourraient nous faire penser que ce que notre Président nous a dit mercredi soir ne correspond pas au réel vécu par nos concitoyens. Mais qui, en essence pourrait être un marqueur important pour le sujet « déclin ».
Allons-y. Tout d’abord l’objectif qui a été clairement défini : vacciner l'ensemble de la population adulte (52 millions de personnes) d'ici à août 2021. Covid Tracker a fait le calcul (le 30.03.21), pour cela il faudrait injecter 567.678 doses chaque jour. Au rythme actuel (moyenne des 7 derniers jours env. 140.000), l'objectif de vacciner l'ensemble de la population adulte serait atteint le 30 mars 2022. Ce qui est pour moi inexplicable c’est de voir notre Président utiliser des chiffres que n’importe lequel d’entre nous peut vérifier et à partir de là… Pourquoi sommes-nous loin des performances d’autres pays ?
Selon Bloomberg, le déploiement aléatoire et lent de l’Europe n’a permis de couvrir jusqu’ici qu’environ 10,8% de la population, contre 44% au Royaume-Uni, 38% aux Etats Unis et/ou plus de 60% en Israël. Cela a érodé l’avantage supposé de l'obtention précoce de près de 2 milliards de doses dans des contrats commerciaux, et provoque la montée des instincts protectionnistes : l'Italie a bloqué une expédition de vaccins vers l'Australie en mars, tandis que les dirigeants de l'UE étaient sur le point d’utiliser des pouvoirs d'urgence pour saisir le contrôle de la production et de la distribution et cela, dans un système que l’on veut ouvert, globaliste, universaliste. Depuis le début de la crise Covid-19 on a constaté que notre pays n’était pas préparé, loin s’en faut, à supporter une pandémie : pas de masques, aucun moyen pour tester en masse, pas de moyens pour isoler les malades, absence (criminelle ?) de moyens de réanimation. Soit. Mais ce que notre Président a occulté, en utilisant des phrases qui ne voulaient rien dire, c’est que quinze mois après le début de la pandémie, pour l’essentiel, nous sommes toujours en manque. Mais avec (presque) 100.000 morts comptés, une propagation du virus qui défie l’entendement (positivité de ceux qui sont testés 10 fois plus grande qu’aujourd’hui en Israël – 0,9%) et des services de réanimation en train d’exploser par manque de lits :
Je sais. On va me dire « faut pas tirer sur une ambulance » Soit. Mais il faut bien que l’on ait conscience de ce dont il est question : chez nous, 1.426 décès par million d’habitants, Israël à réussi de descendre, à l’heure actuelle, à 60 décès/million d’habitants.
Conclusion ? Notre Président peut nous dire ce que bon lui semble, utile, pour nous faire dormir tranquilles, 31 millions de français ne dorment pas bien depuis mercredi soir. Mais on leur a enjoint d’être unis, solidaires et… « Parce que l’irresponsabilité de quelques-uns ne doit pas ruiner les efforts de tous, les contrôles, les sanctions seront renforcées sur la voie publique pour limiter les rassemblements, parce que c’est là que le danger existe, et pour encadrer la consommation d’alcool. ». Non, je n’invente pas, c’est vrai - (dernière phrase de l’allocution) le Président de la cinquième économie du monde, détenteur d’une force nucléaire, demande à ses sujets de limiter la consommation d’alcool. Pas de bière sur la plage ! Pathétique.
Mais revenons à notre sujet principal. Le Point vient de publier (29.03.21) les résultats d’une (simili) enquête d’opinion :
et publie sous la signature de FOG (Frantz-Olivier Giesbert) un texte qui voit Jacques de Larosière (ancien Gouverneur de la Banque de France) souligner le déclin du pays.
Certes, ce n’est, probablement, pas un échantillon statistiquement valide ni par le nombre ni par l’inconnue de sa composition. N’empêche, que le ratio entre ceux qui disent OUI et ceux qui disent NON soit de 8 à 1, cela veut signaler quelque chose. Plusieurs classements, certains ayant une valeur statistique difficilement contestable, nous décrivent une France qui n’est plus ce qu’elle était. Il est intéressant de regarder de plus près quelques unes de ces statistiques. Vu d’avion, le sentiment de bonheur d’y vivre pourrait nous donner une idée, en tant qu’indicateur synthétique, de ce à quoi nous assistons aujourd’hui :
Vingtième place dans ce classement synthétique devrait nous faire réfléchir, non ?
La période que nous traversons (pandémie Covid-19) est propice a « mesurer » la capacité de résilience du pays :
Se trouvant en 25ème position, parmi les pays dont le nombre de morts par million d’habitant dépasse, significativement, le seuil de 1.000, notre pays a perdu 5 places depuis l’année dernière.
Le niveau des élèves de 15 ans en France continue à stagner en 2019. Avec une note globale de 493 points à l'enquête-PISA 2018, comparé à 487 points pour la moyenne des 36 pays de l'OCDE, la France se classe cette année 23e sur 79 pays évalués. Une des raisons du mauvais classement ses élèves de la France tient, sans doute, à l’implication de leurs maîtres : quand 90% des enseignants hollandais dans le premier cycle du secondaire (pour ne pas parler de ceux qui tiennent le haut du pavé – Australie, Autriche…) participent à des actions de formation continue, ils ne sont que 10% en France. Pourquoi ? On a l’habitude d’invoquer tout de suite « l’absence de moyens » Pourtant, en 2019 notre pays a consacré 161 milliards d'euros à son système éducatif, soit 6,7 % du PIB (https://education.gouv.fr.) et le budget du Ministère de l’éducation (plus de 70 milliards d’euros en 2019) continue à être depuis le Gouvernement Jospin -1997 soit 24 ans- le premier poste de dépenses annuelles.
Moyens ? On dépense en France plus pour les écoles (moins bien administrées qu’en Allemagne, par exemple), plus pour les enseignants (bien que moins bien payés que la moyenne de l’Union Européenne), plus pour les institutions de recherche (le CNRS est un exemple de fossilisation prouvé par le maigre résultat - inexistant, diraient certains - de ses programmes de recherche) et ainsi de suite. Déclin ? Vu la dégringolade, année après année, de la position du pays dans les classements, OCDE ou mondiaux, on doit bien admettre qu’il s’agit d’un indice de déclin.
Comme pour le reste de l’éducation, la France occupe les dernières places dans des classements qui veulent dire quelque chose. Et on ne se gène plus que de dire qu’un quart (ou un cinquième) des enfants qui sortent de l’école élémentaire ne savent ni écrire ni calculer ce qui conditionne, d’évidence, leurs résultats dans les lycées ou les collèges où ils sont admis. Comme on ne se gène plus de dire, avec un sourire, que les examinateurs ne corrigent plus les fautes d’orthographe, de syntaxe ou de grammaire des licenciés qui présentent une thèse de troisième cycle (doctorat).
Et puis les medias. Que dire ? En totalité (ou presque) ce ne sont plus des canaux d’apport d’informations mais des officines de distribution d’une pensée unique teintée d’une coloration politique unique aussi. Le tout en utilisant dans l’indifférence générale, un volapük de bas étage qui se veut le français courant.
Façonnée pendant des siècles, ciselée comme un objet d’art, enrichie non par des barbarismes mais surtout par des concepts, la langue française constitue la première richesse de la communauté culturelle à laquelle on se rattache. Comment imaginer créer, d’abord en France, un foisonnement culturel de nature à enrichir ceux qui s’y associent sans un outil de qualité première, la langue. Cette exigence a été jetée aux cochons par l’incapacité de ceux qui sont devenus des fonctionnaires de l’éducation, presque toujours plus préoccupés de leur bonheur personnel que de l’avenir de ceux qui leurs étaient confiés. Et si on n’utilise aujourd’hui, dans les medias, qu’un maximum de 250 mots c’est une cause et l’effet d’une dégradation constante du niveau intellectuel du pays. On a beau incriminer les conditions matérielles, le modèle social, que sais-je encore, sans vouloir admettre que c’est la tolérance inadmissible vis-à-vis des masses d’immigrés de cultures différentes qui a permis la bâtardise de la langue. Quand l’école disparaît d’un paysage borné par le chômage (rémunéré) de père en fils, une contrainte religieuse exogène et le foot devenu le panem et circenses de notre temps, l’évolution de la langue nous apporte le rap. Non pas pour l’enrichir mais comme preuve de l’incapacité de manier la langue de Bossuet ou Stendhal, de Proust ou Malraux ou celle de De Gaulle, François Mauriac ou Raymond Aron.
Déclin ? Population vieillissante (60 ans et plus – env. 20%, moins de 15 ans – env. 15%), économie dégradée (industrie contractée, seulement 12,4 % du PIB (un peu plus que le tourisme…), pour 20,3% en Allemagne - www.lemagdeleconomie.com), rayonnement européen/mondial en berne (le français n’est plus la première langue dans la diplomatie mondiale même pas dans l’européenne), état boursouflé et impotent, incapacité de réformer, non respect des contraintes sociales (championne incontestée du nombre de jours de grève ou des « jacqueries » comme les Gilets Jaunes), voilà un résumé rapide des indices (concordants ?) qui indiqueraient le déclin actuel de notre pays.
Notre pays traverse une période difficile avec la pandémie de la Covid-19 et la lutte contre le terrorisme. Devant l’impuissance des autorités à endiguer ces deux crises majeures, on peut se demander si la perte d’autorité et l’impuissance de l’État ne sont des signes du déclin de la France. https://www.7x7.press ›