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6 septembre 2021 1 06 /09 /septembre /2021 21:20

On pourrait dire qu'il n'y a pas grand-chose à ajouter à ce que le monde entier a vu de la pagaille apocalyptique du départ des États-Unis d'Afghanistan. Départ qui s’est fait sans prévenir les autres présences militaires et/ou civiles alliées des Etats Unis et ni même les premiers intéressés, les Afghans. En restant courtois et poli, on pourrait dire que n’importe quel idiot saurait que lorsqu’une évacuation est prévue, les personnes vulnérables, les civils, les personnes à charge et les collaborateurs locaux devraient tous être évacués en premier. Bénéficiant ainsi de la protection des forces armées qui devraient partir en dernier. Naturellement, de manière ordonnée et selon un protocole défini préalablement. Le seul aspect potentiellement positif de cette horrible débâcle a été la révélation, incontestable, que le Président Biden (l’âge ? l’état cognitif ?) n'est pas à la hauteur de son poste. La débâcle à laquelle nous avons assisté, de loin, n’a fait que démontrer la justesse de ce que la première armée du monde aurait dû faire et n’a pas fait soit par incapacité (difficile de croire) soit parce que les ordres qui lui avaient été donnés étaient d’une irresponsabilité sans égale.

Je ne puis pas ne pas reproduire un paragraphe d’un livre (La Guerre de 20 ans, M. Hecker & E. Tennebaum, p. 329) paru en avril 2021, quatre mois avant l’événement qui a éberlué le monde entier : « En 2013 celui qui n’était même pas encore candidat avait tweeté « Nous devrions quitter l’Afghanistan tout de suite. Assez de vies gâchées. Si on doit y revenir nous le feront vite et fort mais reconstruisons les États-Unis d’abord » Lorsqu’il arrive au pouvoir début 2017 les perspectives afghanes semblent toutefois tellement lugubres que ses conseillers parviennent à le convaincre que tout retrait rapide serait assimilé à une défaite en bonne et due forme de l’Amérique avec l’effondrement prévisible du gouvernement de Kaboul et la prise de pouvoir des talibans fortement présents dans un tiers du pays. Il paraît clair que si elle était laissée à elle même, l’armée nationale afghane ne ferait pas le poids. »

Depuis le 15 août on a essayé de justifier la sortie précipitée (et ses conséquences) par l’accord conclu par l’Administration précédente avec les talibans en février 2020. En oubliant qu’il s’agissait d’un accord conditionnel et que les talibans ont commencé à ne plus respecter dès l’arrivée à la Présidence de M. Biden. Résumons : accord conditionnel avec les talibans en février 2020 pour une sortie mai 2021 : suffisamment de temps pour préparer la sortie (sur la base des conditions de l’accord) : transition Administrations du 15.11.20 au 20.01.21, soit 9 mois au 15.08.21 = suffisamment de temps pour préparer la sortie si ce qui était prévu ne convenait pas à la nouvelle Administration ; JB + généraux (“tout va bien” chaque fois que le sujet était abordé) n’ont rien fait – résultat = pire que Saïgon 1975, cette fois-ci, des gens accrochés aux portes des avions et qui tomberont du ciel….

Saigon ? Vietnam ? Un autre grand succès de l’Amérique. Auquel M. Biden n’a pas voulu penser, jusqu’à déclarer, en conférence de presse, le 8 juillet : QUESTION : Monsieur le Président, certains vétérans vietnamiens voient des échos de leur expérience dans ce retrait en Afghanistan. Voyez-vous des parallèles entre ce retrait et ce qui s'est passé au Vietnam, certaines personnes se sentant... Le PRESIDENT : Aucune. Zéro. Ce que vous aviez, - vous avez eu des brigades entières qui ont franchi les portes de notre ambassade - six, si je ne me trompe pas. Les talibans ne sont pas l'armée nord-vietnamienne. Ils ne le sont pas – ils ne sont pas comparables, et de loin, en termes, de capacité. Il n'y aura aucune circonstance où vous verrez des gens partir du toit d'une ambassade des États-Unis depuis l'Afghanistan. Ce n'est pas du tout comparable.

Bon, des ponts aériens mis en place ont réussi de faire partir plus de la moitié des gens qui voulaient partir (nombre évalué à 250.000 disposant de passeports et visas). Six avions remplis de candidats au départ sont gardés en otages depuis deux jours (nous sommes le 06.09.21) : leur sort n’est, certes, pas enviable mais l’espoir les fait vivre…

Quand on regarde ce qui s’est passé, sous la responsabilité directe de M. Biden (« the buck stops with me ») la seule conclusion positive que les alliés de l’Amérique doivent tirer de l’innommable échec, c’est que M. Biden ne devrait pas occuper le fauteuil de Président des Etats Unis. Encore que… comme disait Otto von Bismark déjà (pendant le 19ème siècle) « Dieu a une prévoyance spéciale pour les fous, les ivrognes et les États-Unis d'Amérique »

Donc ils sont partis. Tous les autres (français, allemands, divers pays de l’Europe, Australiens, Canadiens, Japonais, etc.,) aussi. Mais… en prenant avec eux, bien sûr les gens dont ils étaient responsables mais aussi les armes et bagages qui leur appartenaient. Pas les américains !

On l’a déjà dit et écrit, le coût de « l’aventure » pour les Etats Unis est approximé à 2.216 milliards de $  dont 978 milliards de $ uniquement pour la partie militaire. Qui comprend quelques 90 milliards de $ de «prise de guerre » (inverse !) laissés aux talibans. Les chiffres qui comportent tant de zéros ne disent, peut-être pas grande chose, regardez un résumé plus parlant :

Au hasard du détail – 22.000 Humvees, 42.000 voitures pick-up, 170 chars d’assaut, 142 hélicoptères, 55 avions, 358.000 M-13 (comme les AK-47, Kalashnikov), 8 drones de combat Boeing Scan Eagle (plus de 3 millions de $ pièce), 64.000 mitrailleuses. Les talibans ? Une milice (considérée terroriste à tel point que l’on les a délogés et occupé l’Afghanistan pendant 20 ans) disposant aujourd’hui d’un armement (quantité et qualité) sans égal. Et probablement disposée à céder, en détail, une partie à tous les djihadistes et/ou aux voisins russes ou chinois pour qu’ils fassent du « retro-engineering ». Tout cela pour qu’après les avoir délogés en 2001 on  rende, aux mêmes, un pays que personne n’a pu amener au concert des nations. Pays de l’islam.

Naturellement, les deux puissances adversaires des Etats Unis ne peuvent que se féliciter des déconvenues des Etats Unis. M. Poutine déclare que les Etats Unis n’ont que ce qu’ils méritent car « l’occupation n’a servi à rien. Zéro » Et la Chine qui, en sous-main, veut toujours ramener Taiwan sous la coupe de Beijing, « dans un éditorial publié lundi, le PCC (Parti Communiste Chinois) a adressé un message dur au Parti démocrate progressiste (DPP), le parti au pouvoir de la République de Chine sur l'île de Taïwan : « Les autorités du DPP doivent garder la tête froide, et les forces sécessionnistes devraient se réserver la possibilité de se réveiller de leurs rêves. D'après ce qui s'est passé en Afghanistan, ils devraient percevoir qu'une fois qu'une guerre éclatera dans le détroit, la défense de l'île s'effondrera en quelques heures et l'armée américaine ne viendra pas en aide. (Global Times 16.08.21). Autant pour la crédibilité actuelle des Etats Unis.

Et l’Europe ? M. Johnson essaye de joindre M. Biden pendant 36 heures, sans succès (NYP – 19.08.21), Tony Blair qualifie  le départ « d’imbécile » Mme Merkel le considère « en deçà de qu’on pouvait espérer » et M. Macron se tait. Pourtant les répercussions sur l’Europe commencent à se faire jour. Un des derniers dictateurs, qui faisait pourtant des mamours à l’Europe mais qui, finalement s’est rallié à M. Poutine, a trouvé un moyen pour faire du chantage. Comme l’autre « autoritaire » musulman d’Ankara : « Le nombre de personnes entrant illégalement dans l'UE depuis la Biélorussie a fortement augmenté après que M. Loukachenko ait signé un décret le 1er juillet qui permet aux citoyens de plus de 70 pays de se rendre en Biélorussie sans visa et de rester jusqu'à cinq jours, apparemment pour se faire vacciner contre le Covid-19 (https://invest.srnola.com/06.09.21» Personnes (y compris des afghans) qui sont véhiculées vers les frontières de la Biélorussie avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie. Ce qui veut dire quoi ?

Eh bien, quand on sait qu’à la dernière enquête Pew en Afghanistan la conviction que la charia est supérieure aux lois du pays était partagée par 99% de la population (29% en France – Institut Montaigne O9/2016) cela nous oblige à réfléchir à ce qui est en train de se passer en Europe. En se souvenant de Poitiers 732, de 1098 (première croisade suite à la conquête musulmane de Jérusalem), de Constantinople 1453, du siège de Vienne 1650 et jusqu’au million et demi arrivés par terre et/ou par mer pour s’abriter dans les bras ouverts de Mme Merkel (so to speak). Avec les concepts religieux et les habitudes sociales de leurs lieux de naissance, gardés sur leur dos comme les coquilles des escargots. « Pour que nous nous étonnions ensuite que loin de diminuer, la menace islamique à travers l'Afrique s'accroît. Rien que cette année, plus de 700 civils ont été tués par les affiliés d'Al-Qaïda et d'Isis au Sahel. En Somalie, al-Shabaab, affilié à al-Qaïda, est responsable d'effusions de sang massives depuis 20 ans. Depuis 2017, les militants islamiques du nord du Mozambique ont tué 2.600 personnes, déplacé 700.000 personnes et stoppé un projet gazier de Total de 20 milliards de dollars » (Financial Times 02.09.21).

Et puisque nous parlons de répercussions il faut songer que l’aventure afghane pourrait être prise comme exemple par M. Poutine pour annexer une république Balte, par l’Iran le Yémen, par la Chine Taiwan … on peut continuer, avec la conviction que ce qui était fondamental (la crédibilité des Etats Unis et leur capacité d’intervenir) est parti en fumée sur l’aéroport de Kaboul il y a deux semaines.

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