Un mot, tout d’abord : pour une fois, je n’ai pas attendu les réactions de certains de mes lecteurs aux 27 minutes de fariboles de notre Président : il n’est pas possible de rester de glace devant ce qui, osons le mot, est une pantalonnade. Il se prenait, déjà, pour Jupiter, mais, au lieu de tonner pour que le pays se redresse et se répare, il nous a raconté des cracks que personne, un tant soit peu réveillé hier soir, n’a pu avaler sans s’étouffer !
J’essaye, donc, de précéder ce qui me sera, sans doute, demandé par certains de mes lecteurs : un commentaire sur le dernier discours (ou premier de campagne) de notre Président.
On nous a fait savoir, il y a plus de dix jours, que le Président allait parler au pays hier soir. Il l’a fait.
Bon Dieu de b….l de m…e ! Dans quel pays ce bonhomme vit-il ? Comment peut-il nous assener des mensonges au kilo (ou à la tonne) ? De Sirius on a pu croire, absolument, si on a écouté le Président, que tout va bien en France, Madame la Marquise. Et cela parce que nous sommes restés unis. Ensemble.
Où était-il pendant les six derniers mois pour ne pas savoir que, pratiquement, chaque semaine, son Ministre de l’Intérieur allait en France et en Navarre pour consoler, ici un policier, là plusieurs, ici un point deal attaqué à la Kalash, là un quidam attaqué au couteau par un illuminé se référant au prophète ou criant Allah Akbar. Ne sait-il pas ce qui se passe dans les 600 (ou 750) territoires perdus de la République (Le Salon Beige, 10.05.21) ? Rambouillet, Trappes, Avignon, Marseille, Cannes, cela ne lui dit rien ? Et le silence, assourdissant, du 93 contrôlé et géré par les caïds de la drogue et/ou par les relations serrées de clientélisme, le laisse froid ? Est-il allé récemment à Montfermeil ou à Aulnay-sous-Bois ? Nous raconter que la violence est partout dans le monde ? De qui se moque-t-il ?
Bon, restons calmes et regardons deux ou trois aspects particuliers qui méritent qu’on s’y arrête dans ce qui nous a été dit (ou pas) hier soir.
Tout d’abord, nous apprenons que nous nous sommes mieux sortis que tous nos partenaires européens de ces deux années horribilis marquées, essentiellement, par la pandémie Covid. Et, le summum : notre déficit budgétaire n’est « que » de 5% ! Comme si on avait effacé la mémoire de nos concitoyens dans laquelle l’obligation « Mastricht » nous imposait 3%. D’où a-t-il sorti son 5% ? Regardez le déficit public dans l’Union Européenne au 1er trimestre de 2021 :
Six pays se trouvent en deçà de 3% et, donc au moins ceux-ci font mieux que la France. La France dépasse, même, la moyenne de la zone euro.
Et quand on regarde l’Allemagne, au 2ème trimestre 21 son déficit public est de 6% tandis que le nôtre est de 9,6%. Et n’oublions pas l’endettement du pays (que notre Président avait promis pendant sa campagne de 2016/7 de réduire significativement) en le comparant avec les autres pays de l’Union Européenne : la moyenne européenne est de 93% du PIB, la France se trouve à 125% et l’Allemagne … à 75%
Et quand je dis Bon Dieu de... Je veux dire pourquoi, diable, nous nous laissons prendre pour des jeanfoutres incapables de lui dire ses quatre vérités.
Ensuite, la sortie de la dernière vague de Covid -19. Nous avons fait mieux que tous les autres, nous a-t-il dit hier soir. Sans blague ?
Regardons le nombre de décès par 100.000 habitants (Covid Tracker) : notre pays a fait mieux que l’Angleterre et l’Italie mais moins bien que la Suède, l’Allemagne (1,5 fois moins bien !), les Pays Bas pour ne pas parler d’Israël (deux fois moins bien) ou le Danemark (quatre fois moins bien).
Et puis il nous a dit, dans le registre des performances, « nous avons injecté 100 millions de doses ». Peut-être, mais puisque seulement 3,3 millions de nos concitoyens ont eu le rappel (3ème dose) il faudrait se souvenir qu’il y a en France quelques 17 millions de gens au-dessus de 65 ans et que la cinquième vague qui se précise n’est pas du tout maîtrisée pour l’instant. Autant dire que, si nous avons fait ce que les autres ont fait aussi (mais moins bien que les « champions ») il n’y a pas de quoi pavoiser.
Et quand je dis Bon Dieu de... Je veux dire pourquoi, diable, nous nous laissons prendre pour des jeanfoutres incapables de lui dire ses quatre vérités.
Mais il y mieux, dans ce qu’il nous a dit hier soir. Au détour d’une phrase, faisant partie d’un programme de réalisations futures, il nous apprend que l’on commencera à construire des centrales nucléaires ! L’homme qui a arrêté Fessenheim et qui s’est engagé, en 2020 (?!) à réduire le nucléaire à 50% de ce qu’il fournit en électricité en 2035 (Ministère de le Transition Ecologique et Solidaire), sans crier gare, nous fait savoir que pour « décarbonner» notre énergie on revient au nucléaire. Après avoir abandonné [le projet de réacteur à neutrons] ASTRID qui s’inspirait du Superphénix arrêté en 1997 et qui était, déjà, à la pointe de ce que seule la France savait faire. Après avoir fait des plans pour l’arrêt de centrales actuelles, après avoir accepté la demande de Bruxelles (?!) de « démanteler » l’EDF, après avoir fait disparaître FRAMATOME, AREVA et laisser les ingénieurs qui ont construit les centrales des années 70/80 quitter la filière nucléaire, notre pays revient au nucléaire. Sans un mot d’explication pour ce revirement faramineux. Que, personnellement, j’approuve en totalité. Tout en me sentant frustré par tout ce qui nous a menés là, et par le fait que l’on soit gouvernés par des girouettes inconsistantes qui se permettent de jouer aux dés (so to speak) l’avenir du pays car sachant, malheureusement, qu’ils sont certains de garder le pouvoir pendant encore un quinquennat.
Et quand je dis Bon Dieu de... Je veux dire pourquoi, diable, nous nous laissons prendre pour des jeanfoutres incapables de lui dire ses quatre vérités.
Et puis, la cerise sur le gâteau : la reforme des retraites. Que nous a-t-il dit depuis sa campagne électorale de 2016/7 ? Qu’il s’agissait de « la mère de toutes les réformes » car elle englobait tous ceux qui travaillaient ou avaient travaillé : les 25,4 millions de salariés et les 1,5 million d’artisans. Et, pour nous faire comprendre qu’il sera toujours aux manettes, sans une explication pour l’abandon de ce qui aurait dû être le point d’orgue de son quinquennat, il nous annonce que l’on s’en occupera en 2022.
Alors, que reste-t-il de ses promesses de 2016/7 ? Les grandes reformes (retraite, chômage) repoussées à plus tard, la réduction de la dette (pharamineuse) de la France oubliée, la réduction du nombre de fonctionnaires abandonnée… j’en passe et de plus importantes. Mais il a fait passer la PMA et le Congé de Paternité doublé, une loi sur le séparatisme…
Voulez-vous que j’ajoute ce qui se passe au Mali ? Que l'Algérie (à laquelle il a pu dire que "la colonisation a été un crime contre l'humanité") ne laisse plus passer les avions militaires français dans son ciel ? Evoquer nos soucis pour ce qui se passe en Libye ? Ou les escarmouches (pour l’instant verbales) avec le sultan du Bosphore ? Savez-vous que des Rafales se trouvent à Chypre et que la Royale a en permanence un bateau dans l’Est de la Méditerranée ? Qu’une frégate française a été « illuminée » (procédé laser/radar précédant un tir) par un bateau du Sultan ?
La France va bien, nous a-t-il dit hier soir. 27 minutes pendant lesquelles il n’a pas arrêté de mentir (réellement ou par omission). Et nous faire comprendre qu’il est tellement certain de recommencer un quinquennat en 2022 que nous aurions tort de penser (d’espérer) autre chose.
Et quand je dis Bon Dieu de …. je veux dire pourquoi, diable, nous nous laissons prendre pour des jeanfoutres incapables de lui dire ses quatre vérités. Comment ? Au mois de mai 2022 …