La description sommaire de l’état d’Israël à la fin de 2021 a conduit certains des lecteurs du blog à suggérer que j’en fasse autant pour la France, en ce début d’année 2022. Début d’année différent de tant d’autres car l’élection présidentielle forme, déjà, la ligne bleue des Vosges – limite de l’horizon pour le réel actuel, le reste (l’avenir) n’étant fait que des supputations prétentieuses des différents candidats, chacun se distançant des autres par la teneur de promesses impossibles de tenir. Mais ce n’est pas la première fois que cela nous arrive, j’ai vu le film huit fois ces 40 dernières années.
Tout indique malheureusement que la France est en train de décrocher des pays cœur de la zone euro. Notre pays est engagé dans une sorte de fuite en avant. Il est devenu celui qui dépense le plus, taxe le plus, emprunte le plus sans pour autant parvenir à faire baisser durablement la pauvreté, le chômage ou encore le sentiment d’insécurité qui mine le quotidien des Français - Agnès Verdier-Molinié - Le Figaro 15.01.22 (interview avant la sortie du livre Le vrai état de la France).
Naturellement, si l’on accepte le constat de l’auteurE (!) - sévère, mais incontestable, tout ce qui nous reste, si l’on veut échapper à l’inéluctable déclin, il faut essayer de comprendre où le bât blesse. Bref, on va faire l’inventaire de ce qui est occulté soit pour de ne pas désespérer Billancourt (J-P. Sartre serait surpris d’entendre qu’il n’y a plus d’ouvriers, depuis longtemps, à Billancourt…) soit parce que nos dirigeants, vivant dans leur monde à eux, se convainquent eux-mêmes du contraire. Certes, un quidam quelconque qui paye la baguette 1,15 € (soit en francs d’il y a vingt ans 7,54 Francs - le double de ce qu’elle coutait jadis) et les entend dire (comme notre Président pendant deux heures il y a deux semaines) que tout va bien et que nous faisons, tout, mieux que nos voisins proches ou lointains… a du mal à les croire. Il n’est pas le seul, c’est pour cela, sans doute, que 68% des français (dont 5% d’indécis) ne sont pas contents de leur Président (dont la cote de popularité baisse en accéléré, étant maintenant de 32%).
Pour ce qui est du Président, vu que dans la 5ème république tout découle de ses décisions, monarque républicain, il y a la forme et le fond, comme d’habitude. La forme, exemplaire avec « l’envie d’emmerder les non vaccinés » Entendons-nous bien, ce n’est pas l’utilisation d’un mot couramment présent dans le langage des français, encore que « un Président de ne devrait pas dire ça » qui pose problème. Selon moi, ce qui pose problème c’est d’avoir parlé de l’envie de faire quelque chose : son bon plaisir. En oubliant que nul ne peut être puni (emmerdé) s’il ne transgresse pas une loi. Pour la loi, il a craint de rendre la vaccination obligatoire pour le Covid-19 comme elle est pour onze maladies pour les enfants à leur naissance ! Pour la forme aussi, il a en réalité souligné - ce que l’on savait déjà- qu’il n’y a que deux personnes qui ont le pouvoir absolu dans notre pays : lui et le Secrétaire Général de l’Élysée, Alexis Kohler.
Et il y a le fond : essentiellement des mensonges, par omission ou directs, un quinquennat pendant lequel rien (ou presque) de ce pourquoi il a été élu n’a été réalisé. Ce qui ne l’a jamais empêché de discourir sur les succès obtenus, sur le fait que chez nous c’est mieux que chez les voisins et que l’avenir sera rose car conduit d’une main de maître par lui-même. Mais il n’a jamais tenté d’expliquer sa décision « quoi qu’il en coûte » tout en sachant que sa gestion avant la pandémie et celle y relative ont ajouté à la dette du pays plus de 650 milliards d’euros (presque 500 milliards à fin 2020) – on (il) a oublié une des promesses phares de la campagne de 2016 de réduire la dette du pays :
Et quand lui (ou son Ministre des finances) nous abreuve de moult mensonges selon lesquels, chez nous c’est mieux que chez les autres, regardez quatre aspects fondamentaux pour l’avenir immédiat du pays :
- la balance commerciale d’une partie des pays de l’Europe :
notre pays, encore la 6ème puissance économique mondiale, qui avait un solde positif de sa balance commerciale en 2002 (plus de 2 Milliards €) est devenu la lanterne rouge de l’Union Européenne : 83 milliards de déficit commercial quand l’Allemagne affiche un solde positif de 183 milliards €. En n’avoir rien fait pour une (modeste, même) réindustrialisation du pays, le quinquennat de M. Macron n’a fait que prolonger l’incapacité de réagir de son prédécesseur : résultat direct de l’approche idéologique de cette nouvelle gauche « un pays sans usines » Et, accessoirement, de plus, sans (ou avec moins d’) ouvriers-classe populaire (l’ancien prolétariat) qui ne font plus bien dans le paysage car, de toute manière, ils ne correspondaient pas au profil nécessaire pour les grandes transformations (homme-femme, procréation, « wokisme » et écriture inclusive et autre ejusdem farinae) qui se dessinaient à l’horizon.
- et le PIB brut par habitant :
puisque le blog s’appelle « France-Israël » j’ai ajouté les données pour ce pays aussi : pourrait-il nous expliquer pourquoi le PIB/ habitant israélien était (à fin 2020) supérieur de 12% à celui français quand dix ans auparavant il était inférieur de 25% ? D’une certaine manière (encore que) ce sont les évolutions qui sont plus importantes que les valeurs absolues : à part un échec majeur de gestion du pays que peut-on retenir du quinquennat de M. Macron ?
- et l’éducation – la France est le pays européen qui dépense le plus pour l’éducation (en valeur absolue et en pourcentage du PIB) ; pourtant, on le sait via tous les classements PISA ou OCDE, que nous nous classons derniers ou avant derniers dans l’Union Européenne pour ce qui est des résultats des dépenses consentis - selon les statistiques de l’armée (Service National Universel) seulement 3/4 des jeunes de 15 à 17 ans qui se présentent sont des lecteurs efficaces et un sur quatre (env. 25%) ... médiocres, très faibles ou ayant des difficultés sévères :
Pays avec le plus grand ministère de l’éducation du monde (plus d’un million de personnes employées), qui paye ses enseignants (en moyenne) moitié que l’Allemagne, est incapable d’assurer une éducation correcte à sa jeunesse. En créant ainsi un handicap insurmontable pour son développement positif au cours de leur vie. Pourtant, souvenez-vous, l’éducation a été un des objectifs principaux -vantés comme tels- des promesses de M. Macron en 2016.
- et je reprends la phrase « notre pays est devenu celui qui dépense le plus, taxe le plus, emprunte le plus». Emprunte le plus : la dette actuelle est de 2.950 milliards d’euros (il faudrait ajouter la dette de l’Etat "hors bilan" pour les retraites à verser aux fonctionnaires, soit encore, env. 1.000 milliards…). On peut gloser sur la chose en suggérant que cette dette ne sera jamais acquittée mais si le taux d’intérêt à 10 ans des Emprunts d’État se retrouve à 4% l’an, le service de la dette atteindrait en 8 ans environ 80 milliards d’euros en devenant proprement in-finançable. (Le Figaro, idem)
Cela étant, en laissant de côté la situation réelle du pays et même les visées européennes de notre Président il me semble que l’on doit se poser la seule question qui vaille : y a-t-il une possibilité réelle pour notre pays de retrouver son aura d’antan ? On s’évertue à nous convaincre que cela sera possible uniquement dans le cadre Européen. Peut-être. Ce que l’on voit de l’Europe (depuis pas mal de temps déjà) conduit quand même à un questionnement essentiel : Vladimir Boukovski (ancien dissident de l’URSS) nous a avertit en 2005 (après le tour de passe-passe du référendum constitutionnel de l’Europe) d’une manière prémonitoire de ce qui se voit, déjà, au jour le jour : J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. Lisez son texte et réfléchissez à la future élection présidentielle.
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L’Union européenne : la nouvelle Union soviétique
Il est étonnant qu’après avoir enterré un monstre, l’URSS, on en construise un tout autre semblable, l’Union Européenne. Qu’est-ce, au juste, que l’Union Européenne ? Nous le saurons peut-être en examinant sa version soviétique.
L’URSS était gouvernée par quinze personnes non-élues qui se cooptaient mutuellement et n’avaient à répondre à personne. L’Union Européenne est gouvernée par deux douzaines de gens cooptés qui se réunissent à huis clos, ne répondent à personne et ne sont pas limogeables. On pourrait dire que l’UE a un parlement élu.
L’URSS aussi avait une espèce de parlement, le Soviet Suprême. Nous avalisions sans discussion les décisions du Politburo, tout comme le Parlement Européen, où le temps de parole de chaque groupe est rationné et souvent se limite à une minute par intervention. À l’UE, il y a des centaines de milliers d’eurocrates, avec leurs émoluments énormes, leur personnel, leurs larbins, leurs bonus, leurs privilèges, leur immunité judiciaire à vie, simplement transférés d’un poste à un autre, quoi qu’ils fassent, bien ou mal. N’est-ce pas l’URSS tout crachée ?
L’URSS fut créée par la contrainte, très souvent avec occupation armée. On est en train de créer l’UE, pas par la force armée, non, mais par la contrainte et la terreur économique. Pour continuer d’exister, l’URSS s’est étendue toujours plus loin. Dès qu’elle a cessé de s’étendre, elle a commencé à s’écrouler. Je soupçonne qu’il en sera de même pour l’UE.
On nous avait dit que le but de l’URSS était de créer une nouvelle entité historique, le Peuple Soviétique. Il fallait oublier nos nationalités, nos traditions et nos coutumes. Même chose avec l’UE, semble-t-il. Ils ne veulent pas que vous soyez anglais ou français, ils veulent faire de vous tous une nouvelle entité, des européens, réprimer vos sentiments nationaux, vous forcer à vivre en communauté multinationale. 73 ans de ce système en URSS se sont soldés par plus de conflits ethniques que nulle part ailleurs au monde.
Un des buts grandioses de l’URSS était de détruire les états-nations. C’est exactement ce que nous voyons en Europe aujourd’hui. Bruxelles a l’intention de phagocyter les états-nations pour qu’ils cessent d’exister.
Le système soviétique était corrompu du haut jusqu’en bas. C’est la même chose pour l’UE. Les activités antidémocratiques que nous voyions en URSS, fleurissent en Union Européenne. Ceux qui s’y opposent ou les dénoncent sont bâillonnés ou punis.
Rien n’a changé.
En URSS nous avions le goulag. Je crois qu’on l’a aussi dans l’UE. Un goulag intellectuel, nommé « politiquement correct ». Essayez de dire ce que vous pensez sur des questions de race ou de sexualité, et si vos opinions ne sont pas bonnes, vous serez ostracisés. C’est le commencement du goulag. C’est le commencement de la perte de votre liberté.
En URSS, on pensait que seul un état fédéral éviterait la guerre. On vous raconte exactement la même chose dans l’UE.
Bref, c’est la même idéologie dans les deux systèmes. L’UE est le vieux modèle soviétique habillé à l’occidentale. Mais, comme l’URSS, l’Union Européenne porte en elle les germes de sa propre perte. Hélas, quand elle s’écroulera, car elle s’écroulera, elle laissera derrière elle une immense destruction et de gigantesques problèmes économiques et ethniques. l’ancien système soviétique était irréformable. De même, l’Union Européenne.
Mais il y a une alternative à être gouvernés par deux douzaines de ronds-de-cuir à Bruxelles. L’indépendance. Vous n’êtes pas forcés d’accepter ce qu’ils vous réservent. On ne vous a jamais demandé si vous vouliez vous joindre à eux.
J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. Vladimir Boukovski (2005)