When planning his invasion of Ukraine, Putin could count on many known facts. He knew that militarily Russia dwarfs Ukraine. He knew that NATO would not send troops to help Ukraine. He knew that European dependence on Russian oil and gas would make countries like Germany hesitate about imposing stiff sanctions. Based on these known facts, his plan was to hit Ukraine hard and fast, decapitate its government, establish a puppet regime in Kyiv, and ride out the western sanctions. But there was one big unknown about this plan. As the Americans learned in Iraq and the Soviets learned in Afghanistan, it is much easier to conquer a country than to hold it. (Yuval Harari –Sapiens- Guardian, 28.02.22). Et, j’ajoute – il n’imaginait pas “l’énorme” réaction de l’Europe et du monde entier.
Notre Président qui cause toujours au Dr. Folamour vient de lui parler encore pour une heure et demie, hier. Sa conclusion : « le pire est à venir ».
Peu importe le déroulement de la guerre en Ukraine, Poutine perd. Même si les forces russes prévalent sur le terrain et dans les airs, il perd. Même s’il prend Kiev demain, il perd. La Russie n’a pas les forces (et peut-être la volonté) pour occuper l’Ukraine face à une société civile et à un mouvement de guérilla. Et cela s’ajouterait au fait d’avoir déjà renforcé l’OTAN, réveillé l’Europe, isolé son pays, ruiné son économie et aliéné de nombreux Russes, y compris ses « amis ». La suite des choses dépend moins de l’issue militaire du conflit que d’autres facteurs qu’il a déjà mis en branle et qui l’affecteront davantage. (Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, War on Rocks 02.03.22).
Dans mon dernier texte j’ai utilisé l’anaphore « Oui, Mister Poutine a perdu son pari ». C’est manifestement vrai, mais il reste Dr. Folamour. J’y reviendrai.
Vous avez, peut-être, remarqué qu’il est impossible d’ouvrir la télé (les chaînes d’information) sans trouver des « stratèges en fauteuil, des journalistes « spécialisés » en géopolitique, commentateurs et politologues » (dont la moitié ou les trois quarts sont incapables de vous montrer où se trouve le Donbass sur une carte de l’Europe) qui, insidieusement, promeuvent une vulgate qui laisse rêveur. Naturellement, avec la totale assurance que leur confère leur (presque) complète ignorance du sujet. Certes, ils commencent par dire que, bien sûr, Poutine est coupable, c’est un criminel. Mais (il y a toujours un MAIS) il faut savoir comment on est arrivé à la guerre d’aujourd’hui. Rassurez-vous, si vous ne le savez pas ils vous diront en insistant sur deux « vérités ». La première, dit que les Ukrainiens ont bombardé depuis 2008 les russophones du Donbass et Luhansk en faisant 14.000 morts. Sans noter que les russophones faisaient de même et que les morts étaient et russes et ukrainiens. Ni que les russophones étaient « épaulés » par les troupes russes. Et ils semblent oublier les deux missiles tirés par une unité de l’armée russe qui ont détruit en vol le MH370 avec 239 personnes à bord au dessus de l’Ukraine. Ensuite, « le responsable c’est l’Occident - Américains surtout - qui n’a pas respecté la promesse faite à M. Gorbatchev au moment de la prise de décision concernant la réunification de l’Allemagne » Quelle promesse ? L’OTAN ne se développera pas vers l’Est. Qui ? Jim Baker (Secrétaire d’Etat de M. Bush-père) en 1989. À force de répétition, le mythe d’une promesse violée en ce qui concerne l’élargissement de l’OTAN est devenu un mythe fondateur de la politique étrangère de la Fédération russe actuelle. (Mark Kramer, Le Mythe d’une promesse de non-élargissement de l’OTAN – CAIRN 02.03.22). Jim Baker a lui-même définitivement démenti avoir fait une telle promesse. D’ailleurs, M. Gorbatchev lui-même a levé ses réserves à l’égard d’un élargissement de l’OTAN pour donner son accord à l’intégration d’une Allemagne unifiée au sein de l’OTAN ( [11] Asmus, Opening NATO’s Door)
Qu’importe, la Russie prétend justifier ses demandes concernant l’adhésion des pays de l’ancien Pacte de Varsovie à l’OTAN par ce mensonge répété tant de fois qu’elle en arrive elle-même à y croire. Et, donc, puisque l’Occident n’a pas respecté sa promesse, la Russie se croit en droit de faire une guerre pour « démilitariser » (accessoirement « dénazifier » un gouvernement dont le Président est juif) l’Ukraine qui pourrait avoir envie de joindre un jour l’OTAN.
Alors ? Nos spécialistes en géopolitique ne peuvent-ils faire un peu de travail de recherche pour commencer à comprendre qu’ils se trompent ? Non, ils ne le feront pas car il y a en France toujours une propension, sorte de volonté de se reprocher (surtout reprocher aux américains) les pêchés d’Israël (so to speak).
Bon revenons à ce qui se passe aujourd’hui. Dr Folamour continue son aventure et ses actions laissent la Russie politiquement isolée, économiquement dévastée et militairement contestée par une armée (ukrainienne) qui, paraît-il n’en est pas une. Confirmé par l’Angleterre, les forces armées ukrainiennes ont affirmé jeudi 03.03.22 avoir tué environ 9.000 soldats russes et détruit 217 chars d’assaut, 11 systèmes antiaériens, 30 avions, 31 hélicoptères et trois UAV. Et la Croix Rouge, avec le sens de la litote habituel, vient de déclarer « Le Comité international de la Croix-Rouge dit être au courant des demandes de l’ambassadeur de l’Ukraine à l’ONU et d’autres pour rapatrier des milliers de corps des soldats russes tués au combat » Les cercueils plombés commenceront à gagner Moscou et autres villes russes et, peut-être, comme pendant la guerre d’Afghanistan, les mères russes commenceront à se faire entendre par Dr Folamour.
• L’invasion de Vladimir Poutine en Ukraine ne se déroule pas comme prévu en raison de l’excès de confiance du Kremlin à l’égard des objectifs de guerre.
• Le chef du MI6 a transmis à ses 130.000 followers samedi dernier un article (Lawrence Freedman, A Reckless Gamble, King’s College London) affirmant que la guerre de la Russie est "impossible à gagner" en raison de la résilience de l’Ukraine et des erreurs du Dr Folamour ;
Nous assistons, médusés, à ce qui se passe en essayant d’imaginer ce qui pourrait se passer. Pendant ce temps, Dr Folamour qui, d’un côté, considère que l’Ukraine est une fiction en tant que nation, car russe, (en oubliant que Kiev existait en 988 – christianisation- quand Moscou n’était pas encore un village) continue, d’un autre côté, a détruire, méthodiquement, des villes ukrainiennes en faisant des milliers de morts russes et ukrainiens, également. Au vu et au su du monde entier qui, pour la première fois depuis que l’ONU existe, vient de condamner la Russie pour son agression (141 voix contre cinq). Et je paraphrase Cicérone (que diable !) Quousque tandem abutere, Poutine, patientia nostra?