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30 avril 2022 6 30 /04 /avril /2022 20:03

Nous voilà au troisième mois de la guerre en Ukraine, en train d’observer une situation totalement différente de ce que M. Poutine annonçait le 24 février en lançant son « opération militaire spéciale » visant à libérer le peuple frère ukrainien de la main mise sur son destin d’une bande de toxicomanes nazis, certains juifs de surcroît, en 3 ou 4 jours. Nous avons eu droit à tout : de la paranoïa, de la folie furieuse, du manque d’informations réelles, pour l’impétrant - une certaine culpabilité de l’Occident/OTAN pour nos bien-pensants et dernièrement « une affaire entre les Etats Unis et la Russie en Ukraine interposée » à laquelle l’Europe devrait faire attention et trouver une solution qui convienne à M. Poutine. En clair, lui donner ce qu’il demande et faire taire l’Ukraine dont le PIB aura été réduit de moitié cette année et dont les structures industrielles, immobilières, de transport ont été systématiquement détruites par une armée russe dont le plan de bataille se résume à « raser les villes, torturer, violer, tuer les habitants et occuper ensuite » Et comme plusieurs fois le siècle dernier, les Etats Unis habitués à venir en aide à l’Europe, tout en étant ceux qui vont accorder une aide pratiquement illimité à l’Ukraine, sont, déjà, accusés d’être en train de se livrer - somme toute – à une confrontation avec la Russie dont l’Ukraine et l’Europe auront à supporter les conséquences.

 

Il me semble que l’on devrait regarder de plus près les tenants et aboutissants de ce à quoi nous assistons. Au moins pour le moment.

 

On vient d’entrer dans le troisième mois d’une guerre qui aurait dû durer, selon son initiateur, « 3 à 4 jours ». Les commentateurs des radios et des TV commencent à nous fatiguer à force de dire les mêmes choses car clairement leur connaissance de la chose guerrière ou de la situation réelle du champ de bataille est nulle. Cela, surtout après qu’avec une unanimité, que personne n’avait mis en cause, pendant les trois mois avant le déclenchement de la guerre, ils avaient contesté la réalité de la menace formulée avec assiduité par M. Poutine. Unanimité ? Non, seuls les Etats Unis s'évertuaient à dire le contraire au grand dam des « sachants » qui les traitaient de va-t-en-guerre. Pas seulement les commentateurs mais aussi des dirigeants éclairés de l’Europe. Je ne citerai pas de noms…

Les historiens, si toutefois la planète restera ce qu’elle est, étudieront le comment, le pourquoi, le quand de ce à quoi nous assistons. Entre temps, les « influenceurs » en répétant ce qu’ils disent depuis que l’on a constaté qu’ils se sont trompés, avec la même unanimité instillent deux idées de force : (a) Poutine est coupable mais il faut trouver une solution pour qu’il s’en sorte honorablement et (b) il ne faut pas oublier que l’OTAN (donc l’Ouest) y est pour quelque chose dans la « réaction » de la Russie. Et avec cela, une conclusion qui s’est déjà installée : l’Ukraine c’est une confrontation entre la Russie et les Etats Unis, et cela nous dépasse. Je laisse de coté, tout en le rappelant, que chaque fois qu’il y a eu une guerre en Europe (pas civile) on a eu besoin de faire venir l’Amérique : 14-18, 39-45 et la dernière fois en 1999 en Serbie.

Pour ce qui est de (a) on voit « l’esprit de Munich » à l’œuvre. C’est dommage, surtout en France, notre pays ayant oublié qu’il y a belle lurette qu’il n’a plus gagné une guerre, la dernière qui ne disait pas son nom, au Mali, ne faisant pas exception. Quant à la 2ème guerre mondiale c’est le génie du Général qui, avec l’aide de Churchill qui aimait la France comme son pays, et la complicité de Roosevelt, nous avait persuadés d’avoir été parmi les gagnants. Pour ce qui est de (b) ce n’est que l’ignorance de ceux qui promeuvent un mensonge qui, répété ad nauseam depuis vingt ans devrait devenir vérité d’Evangile. Car à aucun moment, aucun Président des Etats Unis ou de France ou Premier Ministre Anglais, Canadien ou autre n’a fait une déclaration/promesse y correspondant. En revanche, le fameux Mémorandum de Budapest, signé en 1994, qui garantissait la sécurité de l’Ukraine qui renonçait à son armement nucléaire est violé, d’évidence, par la Russie. Avez-vous déjà entendu Poutine ou l’Occident le mentionner ? Bien sûr que non. La raison ? Pour Poutine qui ment comme il respire, aucune raison de l’évoquer. Pour les Biden, Johnson, Macron, Borell, Scholz - le mentionner demanderait soit la solidarité économique/militaire avec l’Ukraine soit l’admission de leur irresponsable couardise complice de Poutine (MB). Mais, les deux idées devenues les vulgates du moment ont, en réalité, volens nolens, une raison majeure : occulter le fait que ce qui arrive est, principalement, la faute de l’Europe, et surtout celle de l’Allemagne.

Suivez ma logique :

La deuxième guerre mondiale avait comme objectif, pour le Reich d’obtenir un Lebensraum et il a donné la priorité à l’Est avec le succès que l’on connaît. Fast forward – l’Allemagne, avec l’argent des Etats Unis et à l’abri de tout danger venant de l’Est, devient 40/50 ans après la 2ème guerre mondiale le pays le plus puissant de l’Europe. Elle accepte, comme partenaire, la France pour « diriger » l’Europe mais a aucun moment elle ne dévie de ce que ses intérêts lui commandent : le Lebensraum est toujours nécessaire pour le développement implacable de l’industrie allemande et le seul possible (à l’époque) c’est l’Est, la Russie. Deux Chanceliers (M.Schröder devenu VP de Gazprom et Mme Merkel) sont pendant 22 ans les meilleurs partenaires de la Russie et de M. Poutine. Si j’osais, je dirais que Mme Merkel a été le meilleur soldat de M. Poutine car, à cause d’elle, aucune action sérieuse n’a jamais été entreprise contre celui-ci pendant ses multiples écarts par rapport, par exemple, au principe de l’inviolabilité des frontières (Géorgie, Abkhasie, Ossetie, Crimée, etc.,). Malheureusement, avec la complicité de la France qui - probablement- pour garder son « rôle » de primum inter pares en Europe, nonobstant son déclin économique, social, culturel des 40 dernières années, a accepté tout ce que l’Allemagne voulait. Y compris, après 2005, le renoncement à sa souveraineté en faveur du « machin » de Bruxelles (que le Général me pardonne le plagiat). Comme tous les pays de l’Europe SAUF l’Allemagne car sa Cour Constitutionnelle a le droit à la parole et donc s’opposer à ce que Bruxelles peut décider.

Si vous avez suivi ma logique vous ne pouvez pas ne pas admettre que ce que M. Poutine a fait, il a pu le faire par la volonté de l’Allemagne : (i) l’Europe n’était personne politiquement/stratégiquement, (ii) l’OTAN en « état de mort cérébrale » aucun état ne lui payant pas 2% de son PIB, (iii) entièrement sous la mainmise de la Russie pour son énergie (50% de sa consommation de gaz, 60% pour l’Allemagne). En clair, sachant ce qui précède, M. Poutine (après le désengagement ubuesque des Etats Unis de l’Afghanistan) a, raisonnablement, considéré qu’il pouvait, sans risque, lancer son opération phare de reconstruction de l’empire russe (la Russie, disait-il, « c’est un pays et une civilisation »). En clair, il a fondé sa décision sur trois hypothèses - l’Ukraine (dirigée par « une bande de toxicomanes qui ont nazifié le pays ») ne pourra pas résister plus de 3 ou 4 jours, les pays de l’Europe ne seront pas solidaires entre eux et par rapport à l’Ukraine, des sanctions économiques n’auront que des effets mineurs (vu la prépartion russe à une telle éventualité). Et, de plus, l’Amérique du « vieillard cacochime » élu en 2020, occupée comme elle est avec le wokisme, la théorie du genre et autres ejusdem farinae se tiendra à l’écart pour s’occuper, essentiellement, de son pivot vers l’Asie, vers la Chine.

Mais la guerre c’est comme l’amour, on sait quand ça commence… et nous voilà au troisième mois quand on constate que les hypothèses de M. Poutine ont été infirmées par les faits. La Russie (x) a fait montre d’un premier échec au bout de six semaines (ne pouvant pas conquérir Kiev, retraite du Nord de l’Ukraine), (y) elle essaye (l’issue n’est pas certaine) de conquérir rapidement, complètement, les deux républiques fantoches du Donbass et (z) elle prépare des actions en vue de conquérir la totalité d’une bande de terrain au Sud, jusqu’à Odessa pour interdire à l’Ukraine l’accès à la mer Noire (interdire tout export au pays qui assure 20/25% des besoins mondiaux de céréales – blé, maïs, orge, etc.,). Et selon des informations récentes elles préparerait le terrain pour arriver en Moldavie, pays limitrophe de la Roumanie qui fait partie de l’OTAN : ayant justifié sa guerre, entre autres, par le fait que l’OTAN pouvait arriver à la frontière de la Russie, le voilà qu’il essaye, lui, d’arriver à la frontière de l’OTAN ! Comprendre qui peut.

Bon, pendant tout cela une autre discussion a lieu : l’Amérique a tort, dit-on, de prévoir des aides de 20 milliards de $ d’armement. Remarquez, la Pologne (le mal aimé de Bruxelles) a fourni pour 1,6 milliards d’euros – la France pour 100 millions d’euros (?!) et l’Allemagne des équipements et des munitions de l’Allemagne de l’Est (fabriqués des années 70 jusqu’à l’unification). Mais ce que les Etats Unis font, disent certains, en donnant la possibilité à l’Ukraine de combattre et de ne pas laisser la Russie gagner, ne fera que prolonger le conflit au désavantage du monde entier. Capito ? De nouveau l’esprit de Munich qui s’instille, insidieusement, et vas-y, il faut trouver une solution pour sauver la face de M. Poutine. Car pour l’instant, sur le champ de bataille il est plutôt mal parti.

Regardez : depuis le 24 février les russes auraient perdu 1.008 tanks, 2.445 véhicules blindés, 155 hélicoptères, 232 drones, 190 avions, 8 bateaux (dont un « amiral », joyau de la flotte russe), 27 systemes missiles sol-air. Et 2300 soldats ces dix derniers jours faisant monter leurs pertes à 23.200 morts (et, probablement au moins le double de blessés). Mais ce qui est remarquable (pas souvent remarqué) c'est que le premier fournisseur d’armement de l’Ukraine est la Russie : son armée à abandonné ou laissé l’armée ukrainienne capturer ces 10 derniers jours :

Les 20 milliards des Etats Unis ? Avant que les armements en question n’arrivent sur le front, la Russie fournit, gratuitement, à l’Ukraine, une partie de ce dont elle a besoin pour se voir interdire de gagner la guerre qu’elle a, d’une manière irresponsable, lancé le 24 février 2022.

Triste conclusion quant à l’intelligence de l’espèce humaine, non ?

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