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26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 20:15

Le temps passe, tout passe mais les sujets sont toujours les mêmes - la France, Israël, Ukraine. Faisons un point à la fin d’un parcours de plus de huit mois pour la guerre en Ukraine, de plus de cinq mois pour le nouveau mandat du Président Macron et de plus de quatre mois pour le gouvernement Borne. Et une semaine avant la 5ème élection pour la Knesset d’Israël.

 

Une remarque faite par plusieurs lecteurs m’appelle au devoir : les trois sujets, d’importance, sur lesquels j’écris depuis le commencement de cette année – la France, l’Ukraine, Israël – méritent que l’on fasse le point sur ce qui se passe en cette fin d’automne, surprenante aussi par le climat d’été indien.

Sans majorité à l’Assemblée Nationale (situation inédite dans la cinquième république) le gouvernement donne l’impression de naviguer « à la godille » avant de se résoudre au « nucléaire », je veux dire le 49-3. Notre pays, pour des raisons multiples car différentes, est en train de vivre un épisode pour le moins curieux. Sans objectif/projet majeur (où sont les Centrales Nucléaires, le Super Phénix, l’Airbus, les autoroutes des années 70/80 ?), sans un « guide » pour nous faire traverser des terrains marécageux (De Gaulle, Pompidou ou même Mitterrand) il semble se complaire dans une tragédie annoncée (depuis belle lurette), une sorte de déclin sur un triple plan : économique, culturel, identitaire. A tel point que tout dont on s’en occupe ce sont des faits divers : Lola, la gamine de 6 ans de Roanne, la dame violée de Nantes, je pourrais rappeler la litanie dont les chaines d’information (radio, télé, réseaux sociaux) nous abreuvent du matin au soir

Le tout comme si être délogée de la place de 5ème puissance mondiale en 2000 pour se trouver 7ème vingt ans après ne touche personne. Le tout comme si l’incapacité de l’école de transmettre des connaissances induit un grand pourcentage de jeunes à devenir des assistés ou des membres d’un nouveau « lumpenproletariat » (prolétariat en haillons, en allemand) ne touche personne. Le tout, comme si la déconstruction de la langue à laquelle on assiste – prolégomène de la destruction d’une culture nationale sans équivalent mondial, ne touche personne. Le tout, comme si l’installation d’un autre peuple (avec sa culture, ses normes, son modus vivendi) au départ dans des territoires aujourd’hui perdus par la république et demain destiné à peupler les campagnes, ne touche personne.

Et c’est sur ce fonds de plus en plus sombre que l’on voit, que l’on réalise, que nous sommes incapables de réagir comme le pays l’a fait moult fois dans son passé. Pourquoi ? Il me semble qu’une des grandes raisons pour tout ce qui précède a été (est) l’abandon de la souveraineté de la France en faveur d’une construction - intellectuellement justifiable - absurde dans le temps présent car elle se veut créatrice d’un nouvel empire, l’Europe. Empire géré par une trentaine de fonctionnaires non élus, représentant 27 peuples aussi différents que puissent être un Marseillais et un Suédois. Mais l’âge des empires est passé, il n’y a plus que le potentat paranoïaque du Kremlin qui voudrait voir renaître celui de la Russie (tzariste ou stalinienne – au fond, parfaitement équivalentes pour le système de gouvernement). On a tous cru que l’avenir de la France s’appelait Europe. On comprend, de plus en plus, que si la France veut avoir encore un avenir elle devra se libérer de plusieurs contraintes consubstantielles à l’appartenance à l’empire européen. Les fissures prémonitoires abondent : le clivage Est-Ouest, le glissement vers des gouvernements « de droite » appelés « populistes » par manque de vocabulaire (Suède, Pays Bas, Italie…), la « débandade » du « couple » franco-allemand (que les allemands ont toujours appelé « duo »). La dernière fissure est particulièrement dure et difficile à supporter pour la France : sa politique énergétique est en lambeaux (résultat du suivi de l’Allemagne pour le nucléaire), son industrie d’armement se trouve sans partenaire ni client (suite au choix de l’Allemagne des avions américains et/ou d’une couverture aérienne pour la moitié du continent, d’origine américano-israélienne), ses ressources financières à sec (vu sa dette publique énorme – plus de 4.000 milliards d’euros) pendant que l’Allemagne a refusé que l’on reconstitue un plan d’endettement (comme celui pour la Covid) pour traverser la période d’énergie chère pendant la guerre d’agression de la Russie. Ce n’est pas le « en même temps », période absurde pendant laquelle aucune réforme de fond n’est possible, pendant laquelle « tout fout le camp » qui sortira le pays du marasme actuel et du déclin vers lequel il se dirige. Pauvre France.

Israël. Je viens d’y passer une semaine, comme souvent par le passé, un bol de jouvence. Tout fonctionne, de nouvelles routes, des gratte-ciel partout, une économie florissante – taux du chômage 3,4% (population salariée env. 4.0 millions, 130.000 personnes au chômage, 158.000 offres d’emploi non satisfaites), salaire minimum 1.528€ (M. Mélenchon serait content), PIB/habitant 51.300$ (Allemagne 50.800, France 43.518), en train de devenir un des (ou le premier) plus grands fournisseurs de gaz de l’Europe (!), le tout en se souvenant que l’essentiel est (aussi) ailleurs.

Selon le rapport de l’OCDE de 2022 sur l’enseignement supérieur, les dix principaux pays du monde ayant la population la plus instruite et leur part de citoyens ayant fait des études supérieures sont les suivants :

1. Canada - 59,96 %

2. Japon - 52,68 %

3. Luxembourg 51, %

4. Corée du Sud - 50,71 %

5. Israël - 50,12 %

6. États-Unis - 50,06 %

7. Irlande - 49,94 %

8. Royaume-Uni - 49,39 %

9. Australie - 49,34 %

10. Finlande - 47,87 %

Ne cherchez pas la France, elle ne se trouve pas parmi les 20 premiers pays.

Pays dont la population fait preuve d’un énorme optimisme. Si chaque femme (indigène) occidentale de l’Union européenne enfante, en moyenne, 1,4 enfant, chaque femme musulmane de ces mêmes pays enfante 3,5 enfants, d’ici 2050, 30% de la population européenne sera musulmane... (https://www.fourmilab.ch/documents/reading_list/indices/book_526.html).

En Israël le taux de fécondité des femmes juives augmente depuis trois ans (Wikipédia) :

tant et si bien que la population totale se trouvera entre 15 et 17 millions en 2050 avec le même pourcentage Juifs/arabes -78% (Times of Israël, 21.11.21). Démographie en progrès a toujours dit confiance dans l’avenir (sauf pour des pays de l’Afrique noire ou entièrement musulmans où les raisons d’une démographie galopante sont d’une nature précise). Tout va bien en Israël ? Non, bien sûr. L’avenir, est conditionné aussi par l’insupportable idiotie d’un système électoral a proportionnelle intégrale, donnant au parti le plus petit le plus grand pouvoir pour constituer une coalition. Qui se veut « égalitaire » en cela que tout un chacun doit avoir le droit à la parole. Dans deux semaines, de nouvelles élections : les cinquièmes en trois ans pour un mandat de 4 ans. Ce qui est, cependant, époustouflant c’est que d’une élection à l’autre le clivage gauche-droite reste identique : 60 mandats (la Knesset =120 mandats) pour la droite, 52 pour le « centregauchedroite » et 8 pour deux partis arabes (dont un a participé au dernier gouvernement). Paradis pour les LGBT+, 40.000 émigrés venant de Russie et Ukraine, ouvert aux collaborations diverses avec des états arabes l’ayant reconnu (six pour l’instant, dont les « accords Abraham » que l’Europe - et la France - ont accepté en se pinçant le nez), parmi les plus grands fournisseurs mondiaux de moyens de défense (inventeurs des drones, actuellement parmi les quatre premiers fournisseurs au monde), naturellement, considéré comme pestiféré - car juif - par la moitié de l’humanité, faute de ne pas accepter de se suicider pour faire place à un 24ème état arabe, musulman, vu que son territoire aurait été destiné par Allah aux seuls musulmans. Pays auquel l’Europe civilisée conseille, pour assurer sa pérennité, de céder des territoires aux palestiniens. Comme disait le Chancelier Bismarck, de commettre un suicide par peur de la mort.

 

Et puis, l’Ukraine. Deux angles de vue différents, côté russe, côté ukrainien. Regardez la carte indiquant (points rouges) les endroits où, aujourd’hui, ont lieu des actions militaires (les plus importantes) et, en gris, les endroits où ils ont eu lieu par le passé. La ligne noire est la ligne de séparations des armées.

D’évidence, les ukrainiens ont réussi à repousser les russes vers la frontière qui les départageait depuis 2014 et que ces derniers avaient bougés jusque vers Kiev en semblant occuper un tiers de l’Ukraine.

Par delà la bravoure d’un peuple, par delà l’acceptation de la souffrance face aux barbaries des troupes russes (on les croirait héritiers des mongols musulmans ou des troupes d’Attila) on voit, on sait que l’Ukraine ne perdra pas cette guerre. Certes, aussi parce que l’Occident, mesurant la mise en question, a accepté d’aider l’Ukraine à la mesure de ses besoins, au mieux de ses possibilités. Là, les choses se compliquent un peu car les grands de l’Europe tout en soulignant à gros trait que la guerre est, en réalité, une confrontation entre les Etats Unis et la Russie laissent la première supporter l’essentiel de l’effort bien que cette guerre se passe à quelques heures de Berlin ou de Paris. Le Monde nous apprend (12.10.22) :

  • Les Etats-Unis arrivent largement en tête avec des engagements à hauteur de 27,6 milliards d’euros au 3 octobre, dont 15,2 milliards d’euros en armes.
  • Le Royaume-Uni les suit avec 3,74 milliards d’euros de promesses, dont 1,5 milliard en armes et en équipements.
  • La Pologne est le troisième pays ayant promis le plus d’assistance, pour un montant de 1,82 milliard d’euros, exclusivement destinés aux armes et aux équipements.
  • La France est loin derrière, avec 220 millions d’euros d’armes et d’équipements militaires promis.

         Quant aux livraisons d’armes :

  • Les Etats-Unis sont le premier fournisseur, avec 2,55 milliards d’euros d’armes livrées, soit 16,74 % de ce qui a été promis.
  • La Pologne suit, avec des livraisons estimées à 1,82 milliard d’euros (100 % de ses engagements).

Les « spécialistes » nous apprennent que ce n’est plus « si » mais « quand » les ukrainiens repousseront les russes au delà de la frontière des deux pays.

Pour ce qui est de la Russie de M. Poutine, ce qui est parfaitement visible (au fait, depuis longtemps), c’est non seulement qu’elle ne peut pas gagner cette guerre mais qu’elle l’a perdu déjà. Souvenons-nous, les buts de guerre annoncés par M. Poutine le 23 février étaient trois « Kiev en trois jours - déloger le gouvernement, occuper un tiers de l’Ukraine et démilitariser/dénazifier le pays pour le bien de sa population en général et russophone en particulier » Après plus de 80.000 soldats (morts et blessés grave) et plus de 2.000 tanks perdus, M. Poutine est obligé (a) de commencer à parler, à mots couverts, pour faire peur, de l’utilisation d’une arme nucléaire et (b) lancer la mobilisation de 300.000 réservistes, vraie chair à canon car envoyés sur le front sans (ou peu) d’équipements, sans entrainement et, surtout, sans leur consentement. Personne ne voit comment l’armée russe pourrait se sortir victorieuse du magma de boue et de sang dans lequel on l’oblige à patauger.

                   L’enthousiasme des recrues est parfaitement visible

Mais il y a pire, à l’intérieur des frontières de l’empire russe. M. Poutine a privé les jeunes de leurs droits en répondant presque exclusivement aux besoins psychologiques de la génération plus âgée de la Russie. M. Poutine a toujours été négatif quant à l’effondrement de l’Union Soviétique dont les jeunes (18-35 ans) ne gardent de mémoire aucune. Le rappel fréquent de M. Poutine autour de l’inventaire des trahisons occidentales dans les « terribles années 1990 » ne trouve pas écho chez ceux qui n’ont pas de mémoire active de l’époque et dont l’expérience de l’Occident est déterminée par leurs rencontres réelles plutôt que par des dystopies imaginaires.

C’est ceci qui explique que bien avant que la guerre contre l’Ukraine ait commencé de nombreux jeunes ont décidé de franchir les frontières de la Russie et que l’étoile de M. Poutine avait décliné parmi ce segment de la population. Segment qui n’a fait qu’augmenter, on évalue à plus d’un million de jeunes (hautement qualifiés) l’émigration russe après le commencement de la guerre. Pas besoin de revenir sur ce que la Russie est (déjà) en train de souffrir sur le plan économique ni sur le fait que la guerre terminée (car elle se terminera un jour) elle se trouvera ramenée plusieurs dizaines d’années en arrière.

Cela étant posé on devrait admettre (Elliot Cohen, a Professor at The Johns Hopkins University School of Advanced International Studies, The Atlantic 14.10.22) « La lutte de l’Ukraine pour la liberté et pour son existence même est la lutte pour un ordre beaucoup plus vaste, non seulement en Europe, mais dans le monde entier, et même de l’esprit humain. Elle doit être comprise non seulement dans les rythmes somnolents du choix bureaucratique ou de l’analyse académique, mais dans un langage qui chante. La situation exige une politique saine, sans doute ; elle exige aussi une éloquence qui monte en flèche. Il y a un discours épique à faire ici ; espérons qu’il y ait quelqu’un qui puisse le faire. »

Ce n’est pas, malheureusement, notre Président qui le fera. Après avoir, pendant des mois, cherché à trouver une porte de sortie « honorable » à Monsieur Poutine (pendant que la télévision russe n’arrêtait pas de s’en moquer), après avoir changé de chemise en se déclarant solidaire de l’Ukraine, il n’a rien fait d’autre que « faire semblant ». Il vient de déclarer à Rome « Une paix est possible quand les Ukrainiens le décideront » ... Faut-il ne pas comprendre le français pour ne pas comprendre que ce qu’il veut dire, sans avoir le courage de le dire, c’est « les ukrainiens devraient arrêter la guerre et accepter que M. Poutine obtienne satisfaction, en tout ou en partie ». L’esprit de Munich est toujours là, la France de M. Macron est en train de vouloir ressembler à celle de M. Daladier, avec l’assentiment de l’extrême gauche de M. Mélenchon et celui de la droite extrême de Mme Le Pen. C’est le moment de se demander Pour qui sonne le glas ? E. Hemingway me le pardonnera.

 

 

 

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