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5 décembre 2022 1 05 /12 /décembre /2022 19:01

 

Certains lecteurs fidèles ont manifesté leur surprise devant le peu que j’écris sur Israël, surtout en cette période de changement profond (selon les uns) du trajet du pays. C’est vrai, j’ai pensé qu’il fallait attendre que la poussière retombe avant d’essayer de comprendre ce qui se passe dans ce tout petit pays qui est l’objet de l’attention du très grand monde.

Mais deux événements d’inégale importance sont à signaler : l’interdiction, par l’Europe à partir d’aujourd’hui, de l’achat de gaz/pétrole russe venant par bateaux couplée à la fixation d’un prix seuil maximum et -intéressant- la publication par Le Figaro d’un texte « En Arabie Saoudite l’extraordinaire site archéologique de Kaybar révélé au monde » - Exclusif : Le Figaro a pu découvrir l’ancien royaume juif et l’occupation juive de Kaybar. Déjà… un clin d’œil pour l’occupation juive de la Judée et de la Samarie… »

 

Certains lecteurs fidèles ont manifesté leur surprise devant le peu que j’écris sur Israël, surtout en cette période de changement profond (selon les uns) du trajet du pays. C’est vrai, j’ai pensé qu’il fallait attendre que la poussière retombe avant d’essayer de comprendre ce qui se passe dans ce tout petit pays qui est l’objet de l’attention du très grand monde.  J’y viens.

Aujourd’hui l’Europe (et l’Australie) inaugurent l’interdiction d’achat de pétrole/gaz russe transporté par bateaux. Aussi, la fixation d’un prix seuil au delà du quel les sociétés de transport et d’assurances seront pénalisées si elles se chargent de le commercialiser. Deux mots donc sur ce qui se passe à l’Est de l’Europe avant d’arriver à Israël.

Résumons. En décembre 2021 la Russie faisait savoir qu’elle souffrirait « existentiellement » si l’OTAN arrivait à ses frontières via l’intégration de l’Ukraine. Ce qui, pour elle (et pour ses idiots utiles), justifiait son agression. On laisse de côté, les autres contrevérités grossières – l’Ukraine dirigée par des juifs nazis drogués, militarisée et interdisant l’utilisation de la langue russe à une partie de sa population. Le réalisme politique n’a eu besoin que d’un mois pour réfuter la vulgate principale : la Finlande et la Suède, neutres depuis des lustres, effrayées par l’agression russe ont décidé de rejoindre l’OTAN. Avec leur adhésion, l’OTAN est maintenant beaucoup plus proche des centres vitaux de la Russie qu’elle ne l’aurait été si l’Ukraine avait réussi à adhérer à l’OTAN. Cette chaîne d’événements est un excellent exemple d’idiotie politique : Monsieur Poutine avait tellement peur de l’OTAN qu’il l’a amené aux portes de sa ville natale de Saint-Pétersbourg. Mais comme la bêtise est multiforme, les deux pipe-lines censés transporter du gaz et/ou du pétrole vers l’Europe ont été sabotés et le seul canal qui fonctionne encore est celui qui passe par l’Ukraine. Et la Russie lui paye des droits de passage. Mais les Ukrainiens ont été tellement vaillants sur le champ de bataille et tellement habiles en diplomatie qu’ils ont réuni, pour les aider « autant de temps qu’il faudra » (dernière promesse de MM Biden et Macron), pratiquement, la totalité des pays occidentaux. Tant et si bien qu’après neuf mois de guerre l’armée russe semble déboussolée, réduite à des positions défensives après avoir cédé env. 40% des territoires qu’elle avait conquis pendant le premier mois de la guerre. Quant à l’économie russe et/ou à la réputation de la Russie comme pays-puissance… Accessoirement, Monsieur Poutine a réussi de faire d’un pays qui n’existait pas (pour lui) le centre du monde (à l’exception de tous les autres foyers de guerre). Oui, j’oubliais : épuisé par sa guerre en Ukraine, Monsieur Poutine a accepté l’expansion de l’OTAN sans protester ni menacer.

Donc, Israël. Cinquième élection en moins de quatre années (conséquence d’un système électoral à nul autre pareil – la proportionnelle intégrale), cette fois-ci la coalition majoritaire comporte le traditionnel parti de droite (Likud) et trois petits partis de droite extrême, religieux de surcroît. Ce serait déjà suffisant pour mettre le feu aux poudres et commencer (continuer avec plus de force) à vouer Israël aux gémonies. La communauté internationale a condamné illico l’inclusion de MM. Smotrich et Ben-Gvir dans la coalition gouvernementale conduite par le Likud et son premier élu, Benjamin Netanyahou. M. Ben-Gvir, car dans un passé aujourd’hui lointain, avait été condamné pour avoir tenu des propos racistes tels que Tsahal n’a pas voulu de lui pour faire son service (dans un pays où la conscription est obligatoire). N’empêche que pour se présenter aux élections en 2022 sa candidature a été validée par la Cour Suprême d’Israël.

Mais après trois retours d’une mort politique, le corrompu, le proscrit, l’inculpé attendant plusieurs procès – je veux dire Benjamin Netanyahou, va présider le gouvernement en train d’être formé par la coalition sortant victorieuse des élections et disposant de 64 mandats dans une Knesset de 120.

Il faudra, donc, à la gauche (pratiquement presque disparue) israélienne et aux donneurs de leçons (qui veulent le bien d’Israël, n’est-ce-pas ?) du monde entier qu’ils se fassent une raison : BN est premier ministre pour la quatrième fois. Il l’a été de 1996 à 1999, de 2009 à 2015 et de 2015 à 2021. 15 ans c’est déjà une performance inégalée mais devenir Premier Ministre quatre fois c’est suffisamment rare pour pouvoir se demander de quel bois il est fait.

« Benjamin Netanyahu - ou Bibi, comme il est connu de presque tout le monde - est un personnage polarisant. Pour certains, il est le défenseur ultime de l’État d’Israël, un homme qui a été disposé à être impopulaire pour faire les choix nécessaires pour protéger sa nation vulnérable. Pour d’autres, Bibi symbolise tout ce qui ne va pas avec Israël au 21ème siècle : l’Etat est de plus en plus tourné vers la droite et son conflit sans fin avec les Palestiniens est toujours là. Les partisans de Bibi chantent « Bibi King of Israël » lors de rassemblements, tandis que ses ennemis l’appellent « ministre du crime » (RCP, interview BW – 02.12.22).

Personnage hors du commun, soldat-commando-officier forces spéciales, études de math, physique, architecture, employé un temps par Boston Consulting Group (un des, si non le principal, cabinet de gestion aux Etats Uns), diplomate – ambassadeur d’Israël aux Nations Unies (nommé par un Shimon Peres de gauche sachant qu’il était de droite) et trois fois premier ministre (lire BIBI, My Story). Toutes tendances politiques en Israël confondues, à chaque enquête d’opinion, à la question « quel homme politique serait le meilleur Premier Ministre » la réponse de 40/45% des sondés – BN. Viennent ensuite à env. 20/25% plusieurs autres. Pas commun.

Homme de droite, mais chaque fois qu’il a formé un gouvernement il a eu avec lui des gens plus à droite que lui et, aussi, un parti/des gens moins à droite que lui. Son rôle modérateur, son peu d’enthousiasme de « va-t-en-guerre », sa constance dans ce qu’il professe et ce qu’il fait, expliquent sa longévité politique et sa capacité d’approche, pratiquement, de tous les dirigeants internationaux qui comptent. Que ce soit l’indien Modi, le chinois Xi Jinping, les présidents américains de Reagan à Biden (en passant par Clinton, Bush, Trump), Poutine ou les européens (pas tous …) et même les dirigeants du Golfe, il semble avoir leurs numéros de portable.

Mais, alors, pourquoi le rejet d’une partie de la population israélienne ? BN ne peut compter sur le centre et la gauche -qui sont en lambeaux à cause de sa victoire électorale décisive- pour assurer l’équilibre, la retenue et la modération. BN, lui-même sera, donc, le seul équilibreur/modérateur du gouvernement qu’il formera. Et la question à 64.000$ est de savoir si BN – aimé par beaucoup de gens de droite et détesté par beaucoup de gens de gauche – assurera à Israël la sécurité, la stabilité et la prospérité qu’il promet ou sera le poison, comme ses détracteurs le croient fermement, qui détruira la démocratie israélienne.

Ce qui est vrai c’est que l’Etat Israélien (le peuple …) vire à droite depuis pas mal d’années (la gauche s’est dissoute d’elle même essentiellement à cause du rejet par les palestiniens de toutes les offres qui leurs ont été faites) et que le conflit avec les Palestiniens subsiste. Aussi parce qu’entretenu de pas mal d’états (amis … ou ennemis). Reprocher à BN le virage à droite c’est, d’évidence, absurde. Quant au conflit avec les Palestiniens… Il a été remplacé comme Premier Ministre plusieurs fois : Shimon Peres, Ariel Sharon, Ehud Olmert, Ehud Barak qui, eux non plus n’ont pu régler le conflit. Pourquoi ? Tout simplement parce que les palestiniens ne veulent pas une paix avec Israël mais une paix sans Israël.

Mais ce n’est pas tout. La nouvelle coalition veut procéder à un changement du système juridique : donner la voix ultime à la Knesset non pas à la Cour Suprême. Il faut savoir que pour la sélection des juges de la Cour suprême par une commission composée de 15 membres NOMMÉS par le Président d’Israël, la décision est obtenue avec 8 voix sur 7. Mais 6 voix appartiennent à des associations d’avocats. Les représentants de la Knesset + Gouvernement NE PEUVENT JAMAIS être en majorité. Ainsi, les lois décidées par les représentants du peuple peuvent être révoquées par des gens qui n’ont pas été élus ni (comme le Sénat aux Etats-Unis) acceptés par eux. Et ce n’est pas la démocratie que de laisser la Cour suprême à la dérive à gauche ou à droite, ce qui a été déjà le cas. Le changement voulu par la droite (dernier mot à la Knesset non pas à la Cour Suprême) est contesté par la gauche car il pourrait conduire au blanchissement de BN de tous ses pêchés. Mais si la modification ne pourra pas lui bénéficier, ce qu’il a indiqué clairement, c’est EXACTEMENT ce qu’il y a aux Etats Unis. Dernier exemple, ô combien important : la Cour Suprême a rendu le droit à chaque état (donc au PEUPLE via ses représentants) de décider pour l’IVG. L’équilibre des pouvoirs a été compromis à bien des égards en Israël par la montée du pouvoir judiciaire. Corriger ne détruit pas la démocratie, il la protège.

BN est à l’origine des dernières grandes réalisations qui sont les accords de paix avec quatre pays arabes (Accords Abraham) et la constitution ex-nihilo d’une industrie gaz/pétrole qui - vu ce qui se passe en Europe - est un train de devenir un acteur important du marché mondial de l’énergie. C’est dans l’économie de marché dont il a été le promoteur que sont apparues les start-ups. Vous utilisez un IPhone ? La moitié du logiciel est conçue en Israël. Vous utilisez votre guidage par satellite Waze ? Il est conçu en Israël et a été racheté par Google pour un milliard de $. La conduite automatique des voitures ? Mobil Eye a été racheté par Intel pour 15 milliards de $. Vous utilisez des médicaments génériques Teva ? Ils viennent d’Israël. Vous dessalez de l’eau ou la produisez à partir d’air propre ? Israël. On peut continuer pendant des pages entières.

Mais Israël - seul pays au monde menacé de destruction par un membre des Nations Unies sans que cela gêne les grandes puissances du Conseil de Sécurité - est entouré de centaines de millions de gens autrefois hostiles, auxquels est venu s’ajouter l’Iran qui a mis sur le frontispice de sa constitution l’obligation ardente de son anéantissement. Évidemment, la sécurité est la priorité des israéliens. C’est peut-être pour cela aussi que deux tiers du pays (ceux qui ont voté pour le Likud et ceux qui ont voté pour les partis religieux) ont voté pour BN parce qu’ils savent qu’il sera capable de protéger Israël. Ils savent qu’il n’a jamais gaspillé de vies parce qu’il en connaît le prix.

Cependant, on lui prépare une situation comparable à celle qu’a eu à subir M. Trump : un ancien chef d’état majeur appelle un million de gens dans la rue, le ministre des finances actuel annonce que « l’état sombre » de Netanyahou tente de détruire l’Israël sioniste et libéral » (ToI, 05.12.22) et le premier ministre actuel, au lieu de préparer une transition paisible lui promet une révolte comme il n’a jamais vu. Et l’hystérie ne fait que commencer.

« J’ai maintenu la nature démocratique d’Israël. J’ai maintenu les traditions d’Israël. Israël ne sera pas régi par la loi talmudique. Nous n’allons pas interdire les forums LGBT. Comme vous le savez, mon point de vue à ce sujet est très différent, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous allons demeurer un Etat de droit. Je vais gouverner en suivant les principes auxquels je crois » (BN-RCP, interview BW – 02.12.22).

 

 

 

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