Des lecteurs se sont étonnés de mon silence devant les éructations de la gauche de partout quant à l’avènement d’un gouvernement de droite (« d’extrême droite » selon certains, ayant un caractère « fascisant » selon d’autres) en Israël : rien à dire ? Je vais essayer de prendre à brousse-poil certaines des « vérités » véhiculées par la bien-pensance du monde, l’israélienne et/ou occidentale.
Tout d’abord un mot sur ce que l’on devrait appeler « La barbarie sans visage humain » (que B-H.L me pardonne de paraphraser son titre). Jour après jour, les barbares russes génocidaires lancent des dizaines, voire des centaines de missiles de croisière ou d’autre type sur les infrastructures civiles de l’Ukraine. Sur un peuple considéré comme frère jusqu’à il n’y a pas si longtemps et un territoire qui aurait dû être rattaché à la mère Russie après une « opération spéciale » de 3 jours. Que l’armée russe, aux ordres d’un maniaque paranoïaque, montre sa vraie face (que l’on avait oubliée) en croyant - à l’inverse de toutes les guerres connues qui n’ont jamais été gagnées par des bombardements furent-ils massifs - que détruire systématiquement ce qui existe en Ukraine lui assurera la conquête du pays, soit. On en a vu pire. Mais que le monde entier, en grande partie civilisé, puisse assister, veulement, à ce qui se passe aux confins de l’Europe sans réagir autrement que par des paroles verbales, cela dépasse l’entendement. On me dira, pourtant, que l’Occident compense l’infériorité militaire de l’Ukraine par des transferts massifs d’armes et munitions, ce qui est vrai. Au moins pour trois pays (USA, UK et Pologne). L’apport de la France ? 18 canons CESAR cités à chaque occasion par nos dirigeants. L’apport de l’Allemagne ? Au départ, des casques de protection et, au bout de moult réflexions « pour ou contre » des fusées anti-char datant des années 60 et des véhicules blindés sortis des dépôts « hors-service » mais des promesses pour 2023. Où sont les partisans de la paix ? Où sont les manifestants contre la guerre au Vietnam ? Chez nous on est désespérés par la grève de la SNCF qui nous empêche de partir en vacances, par l’incapacité de réformer le pays et par les discours du Président qui nous assure que tout ira bien car nous avançons… Il me souvient un bref poème de Guillaume Apollinaire que je paraphrase (il me le pardonnera de là où il se trouve…)
Incertitude, ô mes délices
On nous dit que nous avançons,
Comme s’en vont les écrevisses,
À reculons, à reculons.
Mais revenons au sujet principal : Israël.
Les dernières élections ont donné une majorité de 64 députés (sur les 120 de la Knesset) à des partis de droite, qualifiés pour l’occasion d’extrême droite, face à une minorité de 51 députés de gauche/centre gauche et à un parti (arabe) de 5 députés.
En général, un régime démocratique est caractérisé par la volonté de la partie perdante d’accepter la décision de la majorité. C’est ce qui s’est passé depuis des lustres en Israël car des alternances ont eu lieu sans que le caractère démocratique du pays soit menacé ou changé.
Mais pas cette fois-ci. Ironiquement, les mêmes médias, groupes et dirigeants de gauche qui parlent de "démocratie" et de "respect des élections" refusent de respecter les résultats des élections démocratiques en Israël, et ce, en Israël et dans une partie du monde occidental, naturellement en Europe, par exemple. Faisons simple, la coalition sortante et les bien-pensants de par le monde affirment que les vainqueurs des élections démocratiques du pays ont l’intention de détruire la démocratie. Bigre.
Tout aussi naturellement le grand quotidien américain NYT et son clone Le Monde (que certains appellent l’Immonde) s’en font l’écho car on peut toujours compter sur eux pour dépeindre l’État juif sous le pire jour possible, quand on ne le diabolise pas.
Pour ceux qui ne lisent plus l’Immonde, qu’ils sachent qu’il vient de publier un éditorial « Israël, une démocratie devenue illusoire » dont le titre annonce la couleur. Mais, soit parce que les auteurs sont ignares soit parce qu’ils ont un agenda politique à suivre, ils énoncent, j’en ai choisi, trois affirmations péremptoires et mensongères (le cumul est permis) :
- Plus de cinquante ans après la conquête par la force de Gaza et la Cisjordanie – l’ignominie n’a plus de limites : les territoires ont été conquis au terme d’une guerre déclenchée par plusieurs pays arabes en 1967 – guerre de défense, considérée juste à l’époque, car Israël se défendait ;
- Le retrait de Gaza n’a d’ailleurs jamais empêché Israël d’exercer sur ses habitants une pression impitoyable, - tellement impitoyable que la population du territoire est passée de 356.261 en 1967 à 1.022.207 en 1997 à 1.416.966 en 2007 (abandon du territoire par Israël en 2005) à 2.047.969 (Gaza Strip – 2020 est.) et à plus de 2.200.000 en 2022 (Levy Economics Institute of Bard College) ; sans remarquer que l’Égypte est partie prenante dans le sort de Gaza
- Les 5 millions de Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie subissent en effet un régime qui gouverne leur vie dans ses moindres détails ; l’ignominie n’a plus de limites : ne rien dire du Hamas et/ou de l’Autorité Palestinienne qui ont utilisé les mille milliards de $ gracieusement offerts par, essentiellement les USA et l’Europe, un pour s’armer de plus de 10.000 de fusées et l’autre pour remplir les poches de dirigeants corrompus dépasse les bornes ; écrire, noir sur blanc, qu’Israël gouverne la vie des habitants de Gaza dans ses moindres détails…
Bon, mais que reproche-t-on au nouveau gouvernement sorti des urnes israéliennes ? Le plus important, la constitution de la Cour Suprême.
Le nouveau gouvernement tentera de modifier le processus de sélection des juges de la Cour suprême. Jusqu’à présent, dans la commission qui choisit les juges suprêmes les existants ont un droit de veto sur le choix de leurs successeurs, garantissant ainsi que la cour reste homogène, penchant à gauche actuellement. Le judicaire israélien se voulant calqué sur le judiciaire américain, on voit l’énorme différence : pas un Américain, de droite ou de gauche, ne tolérerait que des juges, plutôt que des représentants élus par le peuple, choisissent leurs successeurs ; d’évidence, le système actuel est anti-démocratique, c’est la pratique même défendue par ceux qui prétendent que la modifier serait antidémocratique, la nouvelle coalition voulant que la décision appartienne à la Knesset qui représente le peuple.
Mais pas seulement. Le gouvernement de droite n’est que l’expression du déplacement vers la droite de la majorité du peuple israélien : essentiellement parce que toutes les tentatives de la gauche (Oslo, offres Barak, offre Olmert, etc.,) pour obtenir un accord avec les palestiniens se sont révélées être des anémies pernicieuses qui ont coûté la vie de milliers d’israéliens face au terrorisme ou à l’agression permanente du Hamas de Gaza.
L’avènement d’un gouvernement de droite en Israël n’est pas l’œuvre de B. Netanyahou, ou des proscrits de la droite religieuse, Itamar Ben-Gvir ou Bezalel Smotrich. Beaucoup de pages ont été noircies tant en Israël que dans le monde fustigeant ces deux-là. Ils ont été injuriés comme étant d’extrême droite, voire fascistes. Quand on regarde de plus près, on constate que M. Ben-Gvir est un nationaliste populiste. M. Smotrich est le pendant juif des responsables politiques chrétiens évangéliques américains. Mais leurs contempteurs savent que MM. Smotrich et Ben-Gvir acceptent les deux caractéristiques principales d’Israël : un État juif et une démocratie. Ils comprennent que la détermination de la politique et de l’avenir d’Israël revient au peuple d’Israël. Ils essaient de convaincre leurs concitoyens de voter pour eux et de les appuyer. Lorsqu’ils perdent, comme la droite l’a fait lors de dernières d’élections, MM. Smotrich et Ben-Gvir se sont trouvés dans l’opposition. Pendant le mandat du gouvernement sortant, ils ne sont pas allés à l’étranger pour diaboliser le gouvernement ou faire cause commune avec les ennemis d’Israël et travailler à la destruction du pays. Ils n’ont même pas agi comme MM. Lapid, Lieberman et le ministre sortant de la Défense Benny Gantz, qui appellent les Israéliens à descendre dans la rue, à se rebeller ou à cesser de payer des impôts.
C’est la volonté des électeurs exprimée démocratiquement le 1er novembre 2022 qui a amené au pouvoir B. Netanyahu et ses alliés. Et tandis que l’opposition de gauche et avec elle les bien-pensants de gauche du monde, déplorent ce qu’elle appelle absurdement « la fin de la démocratie », ou comme l'Immonde "une démocratie illusoire" l’écrasante majorité des Israéliens ne les suivent pas, et le million de citoyens espérés par les sortants de prendre les rues reste encore à trouver. Period.
B. Natanyahu, pour la quatrième fois premier ministre, réussira sans doute (puisqu’il l’a déjà fait trois fois par le passé) à pousser l’évolution du pays vers un statut de puissance mondiale majeure. "The Economist" vient de classer Israël comme la quatrième économie la plus performante en 2022. Le classement des 34 pays de l’OCDE est fondé sur cinq indicateurs macroéconomiques : croissance du PIB, inflation annuelle, ampleur de l’inflation, cours des actions et dette publique. "Globes" a rapporté la semaine dernière que le ratio dette/ PIB a chuté de 68% à 60% cette année. L’inflation au cours des 12 derniers mois s’est tenue à 5,3%, soit environ la moitié du niveau d’inflation dans la plupart des économies occidentales. Les exportations de biens et de services d’Israël ont constamment augmenté au cours de la dernière décennie, à l’exception de 2020 (pandémie de COVID-19). Les exportations de biens et services d’Israël (Administration du Commerce Extérieur) s’élèvent à env. 160 milliards de dollars en 2022, un nouveau record et une hausse de plus de 10 % par rapport à l’an dernier, lorsque les exportations de biens et de services ont atteint le chiffre record de 144 milliards de dollars. Selon le taux de croissance des exportations au cours des neuf premiers mois de 2022 cela fait 40 % du PIB – France 29,9 % – (https://www.macrotrends.ne). Eytan Sheshinski, professeur émérite en finances publiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, a déclaré qu’en 2022, « Israël s’en est très bien tiré, avec un taux de croissance de 6,3 %, ce qui est sans précédent. Il ajoute qu’en 2021 et 2022, le PIB d’Israël a augmenté en moyenne d’environ 4,3 % par an et qu’il s’agit de la moyenne la plus élevée de l’OCDE. « C’est un très bon bilan », note-t-il.
B. Netanyahu ? Le mal aimé de la gauche : elle devrait, pourtant, comprendre que dans sa tentative de diaboliser Bibi, ils infligent un préjudice potentiellement irrévocable à Israël. Quelles qu’en soient ses péchés propres car, comme tout un chacun, il doit bien en avoir quelques-uns.