J’ai lancé un déluge qui exclut l’éventualité d’une arche…
B. Erofeev, « Mon Lénine de poche »
Tout se mélange. Dernière préoccupation à la mode, dernière alerte du microcosme de gôche, le danger de la destruction de la démocratie en Israël.
Une famine qui s’annonce, inéluctable, car les prix des denrées alimentaires sont en train de flamber (l’agression russe en Ukraine diminue d’un gros quart les disponibilités de blé, maïs, engrais et autres). Et les émeutes dans des pays d’Afrique noire où les "pacificateurs blancs" -français, allemands, etc., sont remplacés par des hordes de mercenaires armés par la Russie (subrepticement, appelés Wagner), pays aidés à survivre, sans contrepartie aucune, depuis toujours par les « pays riches » ne font que commencer, en parallèle avec l’assassinat de chrétiens un peu partout sous les mêmes latitudes, et ce, dans un continent qui compte 1,4 milliard d’êtres (400 millions il y a 50 ans).
Un exemple qui semblerait ne rien avoir avec ce qui précède : à mon premier voyage en 1972 en Afrique du Sud il y avait une population totale de 23,7 millions d’habitants (pour l’essentiel 4 millions de blancs et 19 millions de noirs) ; aujourd’hui il y en a 60,2 millions dont moins de 2 millions de blancs et plus de 58 millions de noirs. Pays dont les dirigeants (N. Mandela, en particulier) sont universellement vénérés mais où la ministre de la Santé préconisait aux malades du sida, comme traitement, de consommer des légumes. Depuis quelques années ce pays, déjà importateur de denrées alimentaires, croissance débridée de la population aidant, se trouve dans la situation du Zimbabwe : anciennement grenier de l’Afrique subéquatoriale, en trente années d’une dictature sanguinaire, ayant fait fuir, après les avoir spoliés, plus de 200.000 fermiers blancs, il vit maintenant de l’aide humanitaire. Le Monde (04.02.23) nous apprend que « L’Afrique du Sud est paralysée par des coupures d’électricité record depuis un an. Le redémarrage constant des machines endommage désormais les infrastructures de l’eau ». Parlez-leur de la guerre en Ukraine.
Et personne ne veut se souvenir de Malthus qui, vers la fin du 19ème siècle, annonçait ce qui allait arriver, en expliquant que les ressources de la planète ne peuvent croître que selon une progression arithmétique tandis que la population, elle, croit selon une progression géométrique. Et Malthus ne soupçonnait pas les avancées scientifiques qui ont éradiqués des maladies endémiques qui toutes constituaient des facteurs de correction atténuant la croissance naturelle des populations.
Mais pourquoi parler de la famine dans le monde quand je me prépare à parler d’Israël ? C’est parce que cette année, dans quelques mois, on va fêter un autre événement, probablement la plus grande invention humaine des cent dernières années, qui nous donne la possibilité de voir qu’il ne s’agit pas de fatalités. Vous l’avez déjà compris, il s’agit de la renaissance d’Israël, dont le soixante-quinzième anniversaire sera l’événement marquant du mois de mai prochain. Carlo de Benedetti avait dit un jour « vous creusez dans les pays arabes du Proche Orient, vous trouvez du pétrole ; vous creusez en Israël vous trouvez de l’intelligence » Et du pétrole, ajouterais-je, car creusant dans la Méditerranée Israël est devenu un des grands fournisseurs de gaz et du pétrole.
Le partage par l’ONU de l’ancien territoire de l’empire ottoman pour créer un Etat Juif et un Etat Arabe (la Russie, les gauches du monde et les islamo-fascistes n’avaient pas encore créé « le peuple palestinien ») a affecté à Israël des terres soient marécageuses soit se trouvant dans un désert non cultivable. Soixante-quinze ans après, ce pays de 9,0 Millions d’habitants est entièrement auto-suffisant pour toutes les denrées alimentaires et se trouve parmi les grands exportateurs de fruits et légumes, fleurs et plantes vertes ou aliments conditionnés.
Deux exemples, certes, un peu exotiques, mais qui illustrent le sujet. Le premier : Israël est le seul pays au monde qui est entré dans le 21ème siècle avec un solde net positif pour son nombre d'arbres. Fait d’autant plus remarquable que ceci a été obtenu sur des territoires principalement désertiques. Le deuxième : les palmiers dattiers existent depuis des siècles au Moyen Orient. L'arbre moyen est d’une hauteur d’environ 5 à 6 mètres et produit environ 19 kg de dates annuellement. Les dattiers israéliens, modifiés génétiquement, produisent environ 200 kg de dattes annuellement et sont d’une hauteur minime pour que les récoltes soient faites pratiquement à hauteur d’homme.
Le nombre d’exploits scientifiques/techniques/économiques de ce pays laisse rêveur tout observateur. On le sait, le téléphone portable a été développé par la filiale israélienne de Motorola. Les processeurs Pentium d’Intel et la technologie Centrino (wifi – ordinateurs portables) ont été entièrement conçus et développés en Israël. Il faudrait peut-être le dire à tous ceux qui utilisent des téléphones et ordinateurs portables pour vilipender ce pays. 80% de l’eau potable consommée en Israël est fournie par cinq usines de dessalement de l’eau de mer. Dans un pays autrefois désertique on dispose d’un cheptel inouï : les vaches produisent plus de 12.000 litres de lait par an en moyenne et les brebis jusqu'à 600 litres (www.reussir.fr 01.07.20). Plus que dans les pays réputés pour, Pays-Bas par exemple. La liste des performances exceptionnelles est plus longue que ce qu’on peut imaginer.
Ce pays, affiche un PIB/habitant qui a dépassé celui de l’Allemagne et/ou de la France :
Israël 2021 52.170,7$
Allemagne 2021 51.203,6
France 2021 43.659,0
Son PIB d'env. 500 milliards de $ dépasse celui d’Egypte (401 milliards pour 109 millions d’habitants), de la Jordanie (47,5 – population 11,2 millions) et du Liban (23 – population 5,6 millions) réunis (Banque Mondiale) : plus que les trois pays limitrophes. Il faut se souvenir qu’Israël a accepté 552.000 immigrants depuis 2000 et 3.266.506 depuis 1948 (Israel Virtual Library). Parmi les explications de ces performances, le ratio le plus grand au monde de diplômés universitaires par rapport à la population, qui obtiennent leurs diplômes en passant sous les fourches Caudines d’une sélection impitoyable. Mais peut-on envisager une économie de marché, synonyme de concurrence, sans sélection ? Si, on peut, chez nous, où il y a 2.969.000 Millions d’étudiants (2021, 250.000 avant la première réforme de l’université faite par Edgar Faure, «sélection» étant un mot obscène depuis) dont 400.000 étrangers. Et où ceux qui ont contribué à mettre en place un système absurde constituent aujourd’hui un groupe (lobby) social qui empêche toute réforme d’un enseignement qui conduit le pays à la ruine. Chez nous, où les coryphées des sciences naturelles genre José Bové et alea ont empêché que des recherches scientifiques concernant les OGM puissent se dérouler sans la peur des « faucheurs volontaires ». On a continué comme cela tandis que Israël produit plus de publications scientifiques per capita que n’importe quelle autre nation au monde :
Publications scientifiques/10.000 habitants ATLASOCIO.com 2018
Israël 25,52
Allemagne 21,21
France 19,37
Etats Unis 15,17
Japon 13,11
Mais nous avons un modèle social jalousé par le monde entier : il suffit de dépenser, avoir 59 langues possibles au bac (sans compter le surf ou autres sports très honorables), vivre sur le dos de l’euro (sans lequel on aurait eu droit a plusieurs dévaluations), et laisser nos dettes à nos descendants jusqu’à la septième génération fussent-ils mineurs ou incapables, comme dit la Bible. Ah, oui, j’étais sur le point d’oublier que pendant ses soixante-quinze années d’existence Israël a fait face à 7 guerres et, depuis plusieurs années grâce à l’aide du monde entier et des frères arabes aux pauvres palestiniens, à plusieurs conflits asymétriques.
Cette invention fantastique, la renaissance d’un peuple, d’une terre, d’une langue, a de quoi laisser les gens rêveurs. Selon les classements de l’ONU, Israël se positionne aujourd’hui à la 22ème place pour ce qui est du “développement humain” devant la France, l’Italie, l’Espagne et à la 5ème place pour ce qui est de l’épisode Covid 19 (devant, pratiquement, tous les premiers pays du monde – Rapport Bloomberg). Et pour la première fois depuis la deuxième diaspora (occupation et expulsion par Rome) la majorité du peuple juif vit en Israël. Mais des puissances voisines ou éloignées affichent des intentions implacables visant la disparition de cet état et, à fortiori, de son peuple. Le tout à l’encontre de la Charte de l’ONU mais ce n’est pas l’Europe qui s’en émeut. Elle aussi a essayé, sans succès, par nazis et allemands interposés, de détruire ce peuple. Aujourd’hui elle laisse faire tandis que la Russie des anciens pogromes tsaristes et/ou des persécutions staliniennes a décidé d’envahir l’Ukraine et y opérer un génocide au vu et au su du monde entier.
Bon, après ce rappel (bref et non exhaustif) arrivons à ce qui s’y passe aujourd’hui. Une élection (5ème en trois ans) vient de donner le pouvoir à une coalition, expression de la majorité des votants : 64 mandats contre 56 sur les 120 de la Knesset. Soit une différence (faites-moi confiance) d’environ 313.600 votes sur les 4,7 millions exprimés. Cette élection a été une sorte de référendum pour M. Netanyahu (le slogan du centre/gauche + les voix arabes = « tout sauf Bibi ») et pour ce qu’il a eu (ensemble avec ses associés de droite et religieux) comme principal fanion : changer le système judiciaire dont la dérive pendant les 25 dernières années a fait de la démocratie israélienne un cas à part. Naturellement, le centre/gauche a utilisé l’argument « BN veut changer le judiciaire car il a quatre procès pour corruption en cours » ; la majorité qui a gagné les élections, qu’on le veuille ou pas, a fait plus qu’acquitter B. Netanyahou dans le tribunal de l’opinion publique : cette majorité d’électeurs israéliens a clairement indiqué qu’ils ne supporteront plus l’érosion de la démocratie par l’État administratif — juges, agents d’application de la loi, avocats, les conseillers et la bureaucratie, en général, comme la Cour Suprême, en particulier, qui devront cesser d’utiliser leurs propres préférences et leurs diktats à la place de ceux des électeurs
Une sorte de « tyrannie » de la minorité – la Cour Suprême, le Procureur Général, les Conseillers légaux des ministères, des responsables de branches importantes de l’administration, tous tirent leur légitimité des choix de la Cour Suprême. Dont les nouveaux membres sont cooptés et mais trois des restants ont un droit de véto sur leur choix. C’est ce qui fait, probablement, que l’index des pays démocratiques (Economist, 2022) classe Israël, comme la Belgique, l’Espagne, l’Italie, les Etats-Unis – entre autres - comme démocraties imparfaites avant que le nouveau gouvernement fasse quoi que ce soit !
Diable. On le sait, la composition ethnique de la population israélienne est partagée entre 75% de juifs, 20% d’arabes (chrétiens ou musulmans), 3% de chrétiens et 2% divers. Les 64 mandats de la nouvelle coalition représentent 65% de la population juive. Dont la moitié est d’origine sépharade et se considère, depuis les années 60, comme démunie de ce qui fait la prédominance de la composante ashkénaze du pays, les 35% autres (centre/gauche) qui fourni depuis de lustres (1977) l’essentiel des détenteurs de pouvoir du pays. Exemple : la Cour Suprême contient 15 juges : 13 d’origine ashkénaze, un sépharade et un arabe. Difficile d’empêcher la moitié de la population (un tiers du total sépharade, 20% arabe) de penser que le pouvoir absolu (pas de « check&balance, aucun recours contre ses décisions) détenu par la Cour ne laisse pas les élus du peuple gouverner comme ils l’entendent. Un exemple : la Cour Suprême qui peut décider de tout a, pratiquement, empêché pendant plus de cinq ans l’éclosion de l’industrie gazière d’Israël car jugeant, chaque fois que l’occasion se présentait ou délayant dans le temps, des décisions en faveur de partisans écologiques. Car, en Israël, tout un chacun peut s’adresser à la Cour Suprême sans passer par les Cours de première instance et/ou d’appel. Tant et si bien qu’elle se trouve tous les ans face à plus de 10.000 affaires dont elle choisit s’en occuper celles qui correspond à ses « valeurs » ou a ce qu’elle considère comme « raisonnable » Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’elle puisse être biaisée avec une probabilité non nulle. Que veut changer le nouveau gouvernement ? Le ministre de la justice (bon à savoir, il travaille depuis plus de 12 ans sur ce sujet) l’a indiqué clairement - des changements dans quatre domaines essentiels : restreindre la capacité de la Haute Cour d’invalider les lois et les décisions du gouvernement, en exigeant qu’un panel de tous les 15 juges de la Cour et une « majorité spéciale » le fassent ; inclure une « clause dérogatoire » permettant à la Knesset de légiférer de telles lois; modifier le processus de sélection des juges afin de donner au gouvernement du jour le contrôle effectif du comité de sélection ; empêcher la Cour Suprême d’utiliser un critère de « raisonnabilité » pour juger des lois et des décisions du gouvernement ; permettre aux ministres de nommer leurs propres conseillers juridiques, au lieu d’obtenir des conseils de conseillers relevant du ministère de la Justice et indirectement de la Cour Suprême.
Néanmoins, avec la complète assurance que leur confère leur non moins totale ignorance du sujet, toutes les gauches du monde se sont donné la main pour affirmer, haut et fort, que la démocratie israélienne est train d’être détruite par le nouveau gouvernement élu par la majorité du peuple. Naturellement, on nous rappelle que les nazis et Hitler, eux aussi ont eu le pouvoir d’une manière démocratique. Et tout un chacun, l’Amérique partagée moitié/moitié entre les démocrates et les républicains, la France incapable, pour l’instant, d’unité, l’Union Européenne qui ne sait si elle est fédérative ou impériale, bref, tout ce qui compte dans le monde est en train d’avertir Israël que, au cas où, elle risque de sortir du club fermé de pays démocratiques. Quant aux israéliens, ils sont abreuvés par les prévisions apocalyptiques relatives à leur économie, à leurs relations avec le monde (de gauche, naturellement) et on se dispute le rôle de celui qui dirait la plus grande idiotie : le PM qui a perdu les élections pérore : « Bien que légalement élu, les actions du gouvernement lui enlèvent sa légitimité; lorsque des millions de personnes descendent dans les rues pour protester contre le gouvernement corrompu dirigé par des menteurs en série, il s’effondrera », un ancien PM, général, soldat le plus décoré, compare la Président d’Israël (qui veut apaiser les esprits) avec Chamberlain et, par ricochet, B. Netanyahou avec Hitler. La vraie démocratie en marche. Et pendant que B. Netanyahou se trouve en France on le somme (tweet de M.M – parti Meretz, extrême gauche israélienne sans un député à la Knesset) : @MeravMichaeli « Le coup d’Etat que vous projetez n’est pas une réforme du système judiciaire. Il retirera l’État d’Israël des États démocratiques, avec toutes les implications que cela comporte. Si vous avez une once de responsabilité pour l’État, vous devez immédiatement arrêter le Blitz et revenir à la législation légale. (trad. MB).
Notre Président, diplomatie oblige, semble-t-il, a eu quelque chose à lui dire :
EM : La France est un pays démocratique et laïc - BN : Israël n’est déjà pas ni ceci, ni cela !
Cela étant, et c’est appréciable, le communiqué de l’Elysée sur le dîner de travail avec M. Netanyahou ne dit pas un mot d’une éventuelle leçon sur la démocratie que notre Président s’est bien abstenu de lui donner (https://urlz.fr/kFnA).
Je dirais, en guise de conclusion temporaire, que la droite israélienne a parlé de la nécessité d’une réforme juridique depuis près de 30 ans. Et pas seulement la droite, mais aussi la gauche et le centre – comme les Yitzhak Rabin, Yosef Lapid et son fils Yair Lapid, Avigdor Lieberman, Tzipi Livni, Reuven Rivlin, Ehud Olmert et Gideon Sa’ar – ils ont tous, également, soutenu des réformes juridiques dans l’esprit de celle actuellement proposée. Leur opposition à cette mesure actuellement n’est rien d’autre qu’un jeu politique imposé par la perte de la dernière élection et la forte probabilité de la perte de futures élections. Tous les ténors qui donnent de la voix contre ce que le gouvernement de M. Netanyahou veut faire devraient se souvenir des mots de leur idole d’antan, M. Obama, qui en rejetant toutes les suggestions/offres/propositions venant des Républicains a précisé que « les élections ont des conséquences ».
Comme chez nous, car l’impossibilité de disposer d’une majorité à l’Assemblée Nationale, d’un côté, et l’opposition de la rue à une réforme des retraites, d’un autre côté, [nécessaire -pour assurer la survie d’un système, urgente -car les conséquences (poids d’une dette dépassant, largement, le PIB du pays) sont et onéreuses et dangereuses, incontournable -car les conséquences d’une démographie laissée à l’abandon imposent leurs conséquences] viennent de créer la peur d’un avenir incompatible avec ce que le pays a représenté pour ses citoyens et pour le monde.
La faible quantité d’heures travail par habitant explique nos problèmes de financement des retraites, savoir, la base sur laquelle sont prélevées les cotisations, c’est-à-dire la quantité de travail, n’est pas assez grande. Et ça explique notre dette publique : la quantité de travail fournie, de richesses créées, n’est pas suffisante pour financer le niveau de vie de tous les Français sans recourir au déficit, c’est-à-dire à l’emprunt. Souvenons-nous, le pays a une dette de plus de 8.000 milliards € (dette publique + engagements hors bilan) soit plus de 3 fois son PIB (2022) ! Mais nos gouvernants sont incapables de trouver les mots pour expliquer à la rue pourquoi votre fille est muette. Ceux qui battent le pavé chaque week-end pour manifester contre ladite reforme ont leur cerveau lavé par ceux qui sont arrivés à les convaincre que ladite reforme n’est ni urgente, ni nécessaire (car les comptes sont « presque » équilibrés, disent-ils) et surtout pas juste. Parce que personne ne leur explique que c’est le contribuable, qui intervient chaque année pour injecter 30 milliards d'euros de subventions dont personne ne parle. Oui en 2022, après compensation des dépenses et recettes, le solde est proche de l’équilibre : mais en excluant les aides publiques, une perte nette constante de 30 milliards se profile à l'horizon. La démographie, en berne, ne fera qu’amplifier cette tendance.
On se perd en explications du genre « la guerre en Ukraine » pour expliquer notre situation difficile actuelle quand en réalité il s’agit de notre incapacité, depuis plus de 30 ans, à reformer l’état boursouflé (J. Quatremer, tweet, 19.06.20) : nombre de fonctionnaires, mille-feuille administratif, incapacité (ou manque de volonté) de déroger à des oukases bruxellois (marché énergie, politique immigration, « état de droit », etc.,), aventures militaires sans buts et résultats clairs, j’en passe et des meilleurs. Mais l’Ukraine accapare toutes possibilités de juger, froidement, ce qui se passe là-bas et une fois que l’on a essayé, de manière risible (notre Président) de ménager « la chèvre et le chou » on se trouve dans une situation pour le moins curieuse. On voudrait la défaite de l’Ukraine que l’on ne procéderait pas autrement : pendant que la Russie détruit, d’une manière barbare, un pays, un peuple, une culture (définition du génocide – Rafael Lemkin, 1943) on a trainé les pieds pour l’aider en lui donnant les moyens pour se défendre. Et ce n’est qu’au bout d’une année de demandes pressantes que le gnome de Berlin a accepté de livrer des chars d’assaut (il y en a plus de 3.000 en Europe, l’Ukraine demandait 300). Et notre pays pendant la même année n’arrête pas de parler des 18 canons Caesar qu’on a fourni à l’Ukraine. Pourtant, l’agression barbare de la Russie a permis à l’UE de se libérer complètement du chantage à l’énergie de la Russie, d’accentuer la fédéralisation de l’UE, d’augmenter la force militaire de l’OTAN européenne, de rapprocher la Moldavie et l’Ukraine le plus possible de l’UE, de réarmer l’Allemagne et toute l’Europe, d’augmenter le pourcentage du PIB pour financer l’OTAN. Remarquez, pratiquement tout ce que M. Trump a suggéré à l’Europe en 2018 en s’attirant les quolibets de Mme Merkel particulièrement et de l’UE en général. Mais M. Scholz va livrer des tanks sous le parapluie des Etats Unis qui viennent en aide à l’Ukraine pour un montant, actuel, de plus de 100 milliards de $. M. Macron et l’Europe, quel beau couple.
M. Poutine a déclenché un déluge. Il n’y aura pas d’arche, dit-on. Vogue la galère et vaya con dios.