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8 juillet 2023 6 08 /07 /juillet /2023 19:05
Une pause (pas encore estivale …) a fait quelques lecteurs  (se) poser la question idoine «est-il encore là ?». Je les rassure, les rumeurs qui auraient pu circuler à ce sujet étaient largement exagérées … (Mark Twain).
Bref, 500 jours après le début de l’agression de la Russie, un constat de mi-parcours s’impose. Mi-parcours car cette guerre, telle qu’on la voit aujourd’hui, durera au moins 1.000. Heureusement, moins que celle de sept ans ou celle de 30 ans (prophétisée par un des séides de M. Poutine).

Une sorte de léthargie ou endormissement complet…. Des lecteurs viennent de me réveiller, bruyamment, pour me rappeler à l’ordre : aujourd’hui, cela fait exactement 500 jours depuis que le stratège sans rival, l’homme auquel tout réussissait (l’incompétence, le goût du lucre, le « kowtow » -courber l’échine- de l’Occident libre y étaient aussi pour quelque chose) se révélait n’être qu’un maniaque  apocalyptique lançant 180.000 de ses sujets dans ce qui devait se révéler une agression gratuite, génocidaire (voir la définition du terme).  Qui aurait dû être conclue en trois jours par l’occupation d’un tiers de l’Ukraine, le démembrement de sa gouvernance et, cerise sur le gâteau, par la dénazification du pays et, surtout, par la disparition de quelques juifs nazis dirigeant son gouvernement.

Que nenni. 500 jours après le voilà embourbé dans un paysage de guerre statique à la Verdun, aux frontières de l’Europe, sur un front d’une longueur de plus de 1.200 km. Auquel il a assigné, encore aujourd’hui plus de 200.000 conscrits et personnels contractuels. Après avoir perdu plus de 100.000 soldats morts et, selon des évaluations diverses, plus de 150.000 blessés graves, inopérants.

Selon les autorités ukrainiennes (informations corroborées  par la Ministère de la Défense de UK et, en partie, par le portail ORYX) M. Poutine aurait perdu, au 07.07.2023

 

Ajouter, autres : Radars, équipements transmissions, armement de combat (mitrailleuses, fusils d’assaut, etc.,) + munitions (plus de 50.000 obus/jour, TDG Monde, 08.07.22, 6.000€/unité !), postes commandement +++, bref,  l’addition pour équipements militaires devrait dépasser les 100 Milliards de $.

Forbes évaluait les dépenses militaires principales de la Russie pour la guerre à fin novembre 2022 à quelques 82 milliards de $ et à environ 109 milliards de $ à fin Février 2023 avant de compter les autres coûts – fonctionnement appareil défense, conséquences des sanctions, pertes TVA, impôts des plus de 1,5 million russes ayant quitté la Russie (les mieux payés dans le pays) et les pertes sur les ventes (quantités et prix de vente) pour le gaz et le pétrole. Le tout devant ajouter, selon des données déduites des informations statistiques existantes, quelques 350/400 milliards avec un coût total pour l’économie russe de 450/500 milliards de $.

Selon des données russes, le PIB de la Russie était de 1.779 Milliards $ en 2021, de 1.725 en 2022 et de 1690 en 2023 (base premier trimestre). Pour ceux qui (en Occident) pensent que la résilience peut permettre à M. Poutine de continuer la guerre pendant longtemps il serait utile qu’ils regardent l’évolution budgétaire du pays :

Avec des dépenses supérieures aux rentrées de plus de 40% le déficit est devenu systémique et ce n’est pas la dévaluation du rouble (80 pour un  euro en 2021, 101 aujourd’hui) qui pourrait le réduire vue la dépendance du  pays aux importations de  produits manufacturés.

Nous voilà, donc, au 500ème jour depuis que « le magicien du Kremlin » a lancé ce que tous les observateurs sont convenus de considérer comme la plus grande bêtise possible : une guerre pour envahir un pays de plus de 600.000 km2 et subjuguer les 44 millions d’habitants dont presque 8 millions parlent la même langue que l’envahisseur. Et cela avec une armée de 180.000 soldats, réputée (alors) une des premières du monde et qui faisait peur à toute la planète. Pays agresseur – la Russie (140 millions d’habitants, PIB =1.800 Milliards $ - 2021) pays agressé Ukraine (PIB = 200 milliards $).

Ces chiffres justifiaient aux yeux du monde entier la fanfaronnade de celui qui a décidé de la chose : « Il s’agit d’une opération spéciale de police, elle prendra trois jours et on pourra ensuite démilitariser et dénazifier le pays dont le gouvernement se compose de drogués » Aussi parce que le pays agresseur, la Russie, dispose de 5.997 de têtes nucléaires dont une partie (2.400) lui avaient été rendues par l’Ukraine en échange d’un accord lui garantissant l’inviolabilité des frontières et la souveraineté.

Certes, il a changé plusieurs fois d’explication pour son aventure. Il a expliqué la guerre de nombreuses façons différentes  - avec beaucoup de beaux discours sur le destin historique, l’identité ethnique et l’autonomie civilisationnelle de la Russie, mais ses justifications se confondent, peu à peu, dans un récit apocalyptique unique. L’Occident, dit M. Poutine, cherche à «détruire» la Russie elle-même. Et ce qu’il a en tête va bien au-delà : la concurrence quotidienne pour des avantages militaires et économiques. Les élites occidentales, dit-il, « ont toujours rêvé  de démembrer la Russie en entités séparées, mettant ses peuples les uns contre les autres, et les condamnant  à la pauvreté et à l’extinction ». Rien de moins, donc apocalypse now !

500 jours et quelques 500 milliards de $ de dépenses plus tard (soit env. 28% du PIB annuel !), la Russie a perdu la moitié des territoires ukrainiens conquis pendant les premières semaines de la guerre et se trouve, depuis des mois, en face d’une guerre d’attrition pendant laquelle le pays agressé reçoit une aide inimaginable de la part de deux acteurs principaux, dont les PIB cumulés représentent 38.000 milliards de $, soit 25 fois plus que la Russie. Autant dire que lorsque l’on entend les Etats Unis et/ou l’Europe dire « nous soutiendrons l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire » la Russie devrait comprendre qu’elle n’a pas les moyens de sa politique. Jusqu’ici l’Ukraine a reçu  des aides d’environ 150 milliards de $ (100 des Etats Unis et 50 de l’Europe) soit env. 0,4% de leur  PIB. La résilience de la Russie ? Quand elle dépense 25/30% de son PIB face à un adversaire  dont les partenaires ne dépensent que 0,4% de leur PIB soit 60/70 fois MOINS ? Certes, tous ceux qui veulent que l’Ukraine vive ont mis la main au portefeuille. Dommage que notre pays n’ait consenti (Kiel Institute) qu’une aide 7 fois moindre que celle de l’Angleterre et 100 fois (!) moindre que celle consentie par les Etats Unis. Mais, cela permet aux « spécialistes » et « commentateurs » qui pullulent dans les médias français de dire, avec un clin d’œil qui en dit long « c’est une guerre des Etats Unis par ukrainiens interposés ».

Mais halte aux chiffres.

La Russie a perdu non seulement plus de 250.000 soldats mis hors combat mais ce qui est plus grave plus d’un million et demi de ses cadres  techniques les plus qualifiés qui l’ont quittée pour trouver leur bonheur sous des cieux plus cléments. Comment compter les pertes futures de la Russie, de plus en plus isolée, avec une industrie privée de la technologie occidentale et de ses produits et qu’une partie de sa jeunesse - instruite, cultivée, productive - a quitté pour vivre ailleurs ? Les tendances qui se profilent sont sombres. Privée d’investissements occidentaux et de technologies d’extraction de pointe  en plus de l’exclusion du marché européen, les meilleurs jours de l’industrie l’énergie russe sont derrière. Selon les projections de l’Agence Internationale de l’énergie, la Russie se privera  de plus de mille milliards de dollars en revenus pétroliers et gaziers jusqu’en  2030, reléguant le pays à une puissance énergétique de second rang. Et si la Russie est une puissance énergétique de deuxième ordre, le modèle politique et économique de M. Poutine («la Russie est une station-essence qui se fait passer pour un pays» - John Mc Cain) tiendra encore moins que ses fantasmes impérialistes qui n’ont plus de sens.

Les jeunes sont partis dans des pays où la vie a un sens et qui sont gouvernés, tant bien que mal, par des gens responsables devant leurs collectivités. Non pas par un autocrate maniaque qui s’est proposé de reconstruire l’empire du mal qu’a été l’Union Soviétique. En commençant ses agressions avec des petits pays (Ossétie, Géorgie) et devant la coupable indifférence de l’Occident, en continuant avec la Crimée et puis l’Ukraine.

500 jours après où en sont les choses ? Ce n’était pas prévu comme cela : la main sur le cœur M. Poutine nous avait annoncé, il y a juste 500 jours, qu’il avait décidé de lancer une « opération de police spéciale » qui allait se dérouler sur trois/quatre jours, pour rendre l’Ukraine sœur démilitarisée et dénazifiée. Les péripéties des seize derniers mois sont connues, l’inanité de la décision de M. Poutine ressort comme les yeux au milieu de la figure.

 En janvier 2022, les forces russes ont lancé une offensive à grande échelle dans le Donbass pour tenter de capturer Bakhmut et de réaliser une percée opérationnelle.

Malgré la perte de plus de 100.000 hommes tués, blessés et capturés en quelques semaines, les forces russes n’ont pas réussi à briser les lignes ukrainiennes, bien qu’elles aient capturé Bakhmut après beaucoup de sang et de sueur en juin 2023.  Néanmoins, à présent, semble possible pour l’armée ukrainienne de reprendre la ville dans un avenir pas trop distant.

L’offensive russe perdue, l’armée russe a passé presqu’une année pour construire des lignes de défense sur une partie de 1.200 km de long et sur une profondeur de 30 km, bien mieux que la ligne Maginot … Mais, en clair, depuis, l’armée russe à perdu l’initiative stratégique et elle ne fait que défendre les territoires conquis au début de 2022. Aucun des objectifs stratégiques du magicien du Kremlin ne semble plus atteignable. La Russie a cédé l’initiative stratégique à l’Ukraine, c’est sans doute la conquête la plus importante de ce pays martyre. Il est peu probable que la dynamique change de sitôt, car Poutine s’est empêtré. Son culot d’avoir annexé quatre provinces ukrainiennes, ainsi que les crimes de ses forces armées contre l’humanité et l’anéantissement de centaines de milliards de dollars d’infrastructures ukrainiennes, empêchent d’imaginer que l’une ou l’autre permettrait à la Russie un règlement qui la soustrairait aux sanctions et aux dédommagements.

500 jours après le début de la guerre, les bombes et les missiles de croisière de   M. Poutine n’ont pas brisé l’Ukraine. Un afflux de 300.000 nouveaux soldats au cours de l’hiver 2022/23 n’a pas fait grand-chose pour améliorer les combats des unités russes, et le déploiement de chars des années 50 a ajouté du carburant à la rumeur selon laquelle les munitions russes s’épuisent. En effet, les commandants militaires russes semblent avoir épuisé leur capacité de répondre efficacement à l’escalade ukrainienne. Il devient évident, à mon avis, que la seule façon pour la Russie de faire face à l’escalade, c’est d’introduire des armes nucléaires.

Nous devons donc supposer qu’il est prêt à les utiliser, très probablement en réponse à l’incapacité de son armée chancelante à s’intensifier suffisamment par des moyens conventionnels. En d’autres termes, le génie nucléaire pourrait sortir de la bouteille. C’est ainsi qu’il faut prendre la décision de la Russie d’installer des moyens nucléaires dans le pays limitrophe, la Biélorussie. Et de l’Europe aux Etats Unis et jusqu’à la Chine on commence à s’y préparer tout en essayant de dissuader le fou d'allumer un feu d’artifices.

Et, naturellement, comme au début de la guerre quand on ne faisait pas confiance aux ukrainiens, on recommence à parler d’un cessez-le-feu. En espérant qu’idéalement, le cessez-le-feu serait maintenu, ce qui mènerait à un statu quo comme celui qui prévaut dans la péninsule coréenne, qui est demeuré en grande partie stable sans pacte de paix officiel depuis 70 ans. Ou à, Chypre qui est divisée mais stable depuis des décennies. Les promoteurs de cette bonne idée [partition de territoires appartenant à l’Ukraine] ajoutent que ce n’est pas une issue idéale, mais elle est préférable à une guerre de haute intensité qui se poursuit pendant des années. En occultant le refus ukrainien de voir le pays démembré et l’agresseur récompensé sans qu’il ait à payer les centaines de milliards d’euros de destructions qu’il a, sciemment, causé. Ce faisant, on lui laisserait aussi un répit pour se refaire et … éventuellement, recommencer …pays baltes, Transnistrie, Moldavie. Car la Russie aura toujours les 6.000 têtes nucléaires, son fauteuil au Conseil de Sécurité et n’attendra qu’un autre illuminé pour recommencer. Et en attendant, elle utilisera les territoires qu’elle occupe en Ukraine pour attaquer le reste du pays et imposer un contrôle militaire russe sur la mer Noire. Son occupation de la péninsule de Crimée lui permet de réduire sensiblement ou d’interdire l’accès ukrainien et international aux ports ukrainiens, par lesquels transitaient 80 % du commerce international du pays avant la guerre. La possession de la Crimée permettrait également à la Russie de continuer à dicter ou à manipuler les conditions du transport maritime et aérien international dans une grande partie de la région de la mer Noire au détriment des pays riverains et non riverains ainsi que de l’Ukraine. Contrairement à la situation à Chypre, la Russie y régnerait en maître. Certes, la Russie de M. Poutine ne ressemble pas à la dictature stalinienne, mais ce qu’elle veut c’est de contrôler ses environs comme elle le faisait pendant le 17 ou 18ème siècle.

Une tragi-comédie en attente si, des fois, l’Occident renonce à  ce qu’il devrait obtenir : la mise au pas de la Russie de manière telle à ce qu’elle ne recommence plus. L’épisode que nous venons de vivre - pendant un seul jour, un seigneur de guerre, mercenaire, Prigozhine, semblait devenir un prétendant au trône à Moscou, incarnant les espoirs, les attentes et les griefs de pas mal de gens.

Alors que l’Ukraine continue de se battre pour libérer ses territoires occupés et expulser les envahisseurs russes, ses partisans occidentaux devraient arrêter de débattre de la fin probable de la guerre et de ses conséquences. La réponse internationale à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, demeure dangereusement chancelante. La menace systématique de la Russie, qui se veut impériale, à l’ordre international fondé sur des règles semble insuffisamment comprise.

Sauf de notre Président qui après avoir téléphoné à son ami Vladimir (invité à Versailles, à Brégançon …) moult fois, après avoir asséné à une Europe peureuse « l’OTAN en état de mort cérébrale » a changé de discours, veut que la Russie perde la guerre et s’approche (pendant combien de temps ?) des positions des pays de l’Est et/ou baltes qui ayant vécu sous la férule d’une dictature russe/communiste n’avaient jamais arrêté de prévenir l’Occident de ce qui pouvait arriver. Et ce qui est arrivé.

Les Ukrainiens qui ont, de plus, le sens de l’humour et de la repartie, annoncent qu’aujourd’hui, M. Zelenski s’est trouvé sur l’Ile aux Serpents, en plein milieu des navires de guerres russes,  en mer Noire, île récupérée depuis des mois. Quel pied de nez !

https://urlr.me/GsfP3 - mérite d’être lu !

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