Bonjour,
Dans le tohu-bohu provoqué par la préparation d’élections anticipées, le bruit d’un antisémitisme (en nette croissance, venant d’une gauche en cours d’islamisation) masque celui du lancement contre la France, par Bruxelles, d’une procédure de déficit excessif ...
Dans le tohu-bohu provoqué par la préparation d’élections anticipées (dissolution de l’Assemblée Nationale, encore une grande idée de notre omniscient Président), le bruit d’un antisémitisme (en nette croissance, venant d’une gauche en cours d’islamisation) masque celui du lancement contre la France d’une procédure de déficit excessif, parler de l’avenir du pays (démographie, économie, éducation, culture) peut paraître abscons : quand on a des dettes qui dépassent ce que l’on produit (du temps de Dickens, le Old Bailey enfermait les délinquants) proposer des programmes qui leur ajouteraient des centaines de milliards d’euros peut paraître, pour le moins curieux. Pas chez nous ou deux entités politiques qui représentent (sondages) deux tiers du pays le font. Pour ne pas ajouter à l’absurde ou tenter de démontrer l’inanité de ce que l’on propose compte tenu de l’irresponsabilité de ceux qui nous ont gouverné, je me propose de regarder de plus près quelques lignes de force des vulgates qui semblent s’installer, durablement, dans le contexte géopolitique actuel.
On parle beaucoup du conflit israélo-palestinien, à tel point qu’il était devenu un sujet principal aux élections européennes d’il y a deux semaines. En laissant de côté la barbarie qui a tout déclenché et, aussi, le lourd tribut en train d’être payé par ceux qui l’ont exécuté, approuvé, supporté, on se trouve maintenant devant la vraie question de fond : y a-t-il une solution pour ce conflit ? Le résumé auquel on est arrivé s’énonce, selon certains, « peut-on détruire le Hamas ». Curieusement, la réponse globalement admise est négative au motif que « Hamas est une idée » Et quand c’est un militaire haut gradé qui prononce cette proposition on est en droit d’essayer de mieux comprendre la chose. « Le Hamas ne peut être détruit. Le Hamas est une idée », a déclaré mercredi le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, dans une interview accordée à la chaîne israélienne Channel 13 – 19.06.24. Je crois que le contre-amiral se trompe. Toute idée devrait être neutre ; mais l'homme l'anime, y projette ses flammes et ses démences : le passage de la logique à l'épilepsie est consommé… Ainsi naissent les mythologies, les doctrines, et les farces sanglantes. E. Cioran, Précis de Décomposition (1949). Cioran avait parfaitement raison, le crédo (charte constitutive, activité réelle, buts poursuivis) mortifère du Hamas le montre parfaitement. Mais, je vais plus loin. Depuis le Moyen Age jusqu’au 20ème siècle on n’a pas arrêté de « détruire » des idées. En voilà quelques-unes : celle des races différemment dotées, celle de « l’homme nouveau » de Jean-Jacques Rousseau, celle de la suprématie aryenne des nazis. Il me semble, donc, que laissé à son œuvre de destruction du Hamas, Israël devrait pouvoir y arriver. En acceptant une des lois de Pareto « on ne peut améliorer la satisfaction d'un individu sans réduire la satisfaction d'une autre personne » Trouver le point d’équilibre, « l’optimum » est ce que l’on fait depuis cent ans, on peut continuer mais rien ne nous dit que l’on réussira à trouver autre chose que ce que l’on a proposé aux palestiniens, depuis les accords d’Oslo en passant par les offres de Clinton/Barak, Olmert ou Kerry. Bref, si on laisse de côté un intervenant étranger au conflit (Iran) dont la solution est simple et fait partie de son « weltanschauung », l’éradication d’Israël, il faudra s’habituer à des éruptions militairement conflictuelles faisant de plus en plus de victimes si l’on ne détruit pas « l’idée Hamas ». Et ceux qui pensent qu’un organisme mondial, inventé pour assurer la paix du monde, l’ONU, pourrait faire quelque chose, se trompent. Bien que l’on continue lui faire confiance car, on est priés de ne pas rire, « C’est vrai que l’ONU a beaucoup évolué. Il y a un comité des droits de l’Homme présidé par l’Iran, un comité des droits de la femme présidé par l’Arabie saoudite, un comité de décolonisation dont le rapporteur est le représentant de la Syrie de Bachar Al Assad, ce comité qui demande régulièrement d'ailleurs l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie » R. Karoutchi, Sénat, 22.05.24
Cela étant, on ne peut pas évoquer le conflit israélo-palestinien sans parler d’une puissance qui a, presque, tout fait pour qu’il ne soit pas réglé. Il s’agit, naturellement, de notre pays, en clair des élites qui depuis des lustres ont dirigé le Quai d’Orsay jusqu'à y concevoir « la politique arabe de la France » Je dois reproduire un passage de la 4ème de couverture du « Un siècle de trahisons » (traduction de Betrayal, David Pryce-Jones, 2008) : « Durant tout le XXème siècle et, encore aujourd’hui le Quai d’Orsay a mis en œuvre une « politique arabe » destinée à assurer « l’influence française ». Quitte pour cela à trahir non seulement les valeurs fondamentales dont la France aime à se prévaloir, mais également ses citoyens juifs perçus, au mieux, comme partagés entre deux allégeances, au pire comme traîtres en puissance »
Et voilà la note de présentation du bouquin (ETUDES, septembre 2020) : « Antisémitisme et amateurisme : tels seraient les deux fils rouges qui ont caractérisé la diplomatie française depuis au moins l’affaire Dreyfus jusqu’à la fin de la présidence de Jacques Chirac. L’analyse implacable et argumentée de l’écrivain anglais conservateur David Pryce-Jones vise à démontrer que le Quai d’Orsay, rongé par l’angoisse de ne plus remplir un premier rôle dans la politique mondiale, notamment au Proche-Orient, a affiché, presque en dilettante, des orientations stratégiques de tonalité nettement antisémite et anti-israélienne (après 1948), qui non seulement sont aux antipodes des valeurs proclamées par la République française, mais ont aussi conduit la France, au mieux au confinement diplomatique en Méditerranée orientale, au pire à un rôle de nuisance dans le conflit palestinien ou lors de la première guerre du Golfe entre 1980 et 1988. Deux axes singularisent ce « siècle de trahisons » de la Grande Nation : l’affichage d’une idéologie antisémite et la conviction d’un destin commun avec le monde islamique qui se traduit par une solidarité sans faille avec des responsables islamo-arabes dont le rejet de la France et l’antisémitisme sont pourtant les traits saillants.
Premier axe : ce qui caractérise les diplomates français est cette indifférence envers la condition des Juifs au Proche-Orient ou ailleurs : ils sont absents à Londres en 1940 ; ils ont exfiltré le mufti de Jérusalem Haj Amin al-Husseini, ordonnateur de la révolte de 1936, qui rejette la partition de la Palestine entre sionistes et Arabes, impliqué dans le coup d’État anti-britannique et pro-nazi en Irak en 1941, sauvé par des Français crédules d’un procès pour crime de guerre ; ils dénoncent les opérations militaires israéliennes contre le Hezbollah mais demeurent évasifs lors des attentats qui visent clairement des civils en Israël.
Second axe : le Quai d’Orsay forge l’idéologie d’une cause arabo-française (et islamo-catholique) qui ferait pièce au Levant à l’alliance anglo-sioniste (et judéo-protestante). D’où l’hostilité au sionisme, qui constituerait l’obstacle majeur à l’épanouissement de ladite cause, d’autant plus que les gouvernements américain et britannique seraient sous l’influence du « monde juif ». Ses diplomates se laissent donc convaincre par le mystique Louis Massignon (on aurait pu aussi citer Jacques Berque) qui les conforte dans l’idée que la France et le monde islamique ont un destin commun, qui autoriserait la Grande Nation à régenter l’avenir des Juifs mieux que ceux-ci ne sauraient y prétendre. N’est-elle pas le seul pays occidental à disposer d’une influence sur les Arabes ? Lubie que même l’assassinat de ses ressortissants au Liban ou de ses citoyens en France ne viendra pas affaiblir.
Avec une fougue jamais éteinte, les diplomates du Quai d’Orsay ont cherché à s’attirer les bonnes grâces et l’illusoire soutien de potentats arabes et iraniens notoirement antisémites et adversaires de la démocratie libérale. Au premier chef, se trouvent au 20ème siècle des dirigeants clandestins ou en fonction qui ont manipulé grossièrement l’obsession de grandeur de la France et son ambition de tenir un rôle dans les rivalités stratégiques au Proche-Orient. Ils cherchent à recueillir son appui officiel ou caché pour mener des opérations terroristes (Arafat, Assad) contre Israël, la seule démocratie de la région, ou œuvrer contre les intérêts de Paris voire assassiner ses ressortissants (Khomeiny, Kadhafi). La France ne soutient pas les accords de Camp David entre l’Égypte et Israël en 1977. Elle apporte inlassablement son soutien à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui a commis des attentats terroristes en Israël. Jacques Chirac plébiscite l’Irak de Saddam Hussein, qui a massacré les Kurdes et les Arabes chiites. Au mépris des Juifs et des Israéliens, que l’on découvre, au fil de l’ouvrage, étonnamment patients, le Quai d’Orsay a surtout réussi à marginaliser la diplomatie française dans les affaires moyen-orientales. « Du fait de ses fantasmes diplomatiques, assène David Pryce-Jones, la France a perdu dans la région ce qui pouvait lui rester de rayonnement. Mais elle est la seule à ne pas l’avoir compris. » Au cours du 20ème siècle, ses diplomates ne peuvent en effet même pas se targuer d’avoir été immoraux mais efficaces et compétents, puisque la France est plus affaiblie que jamais sur la scène internationale. »
Et puis, deux passages de la fin du livre : « Par le poids croissant d’une population issue de l’immigration, mal assimilée, en proie au racisme et flattée dans son « islamité » par la politique étrangère du pays où elle vit, la France est en train de devenir « une puissance musulmane » mais de façon bien différente de ce qu’envisageaient ceux qui ont forgé cette illusion conceptuelle, si dangereuse aujourd’hui pour les intérêts des français. » … « N’est-il pas temps que la « politique arabe de la France » laisse la place à la politique française de la France ? Que la France du 21ème siècle prenne conscience des propos de ses diplomates et leur apprenne en tenir d’autres est tout ce que l’on doit souhaiter à la nation qui a inventé les droits de l’homme, la liberté, l’égalité et la fraternité »
"Sourde inquiétude des diplomates face à une possible arrivée du RN au Quai d’Orsay. Un tract syndical et une pétition mettent en garde contre l’affaiblissement de la France et le risque d’ingérence étrangère, alors que la politique d’Emmanuel Macron a déçu nombre de professionnels". (Le Monde, 22.06.24). Raisons de l’inquiétude ? Trois : Ukraine/Russie, UE-Bruxelles et Proche Orient. Cette dernière est relative à ce que la France a toujours cru (nonobstant les multiples dénégations et professions de foi en faveur de son existence) et qui devrait rester inchangé : Israël est une « parenthèse » qui va disparaître un jour quand cela permettra l’union de la France avec le monde musulman. Il suffit de se souvenir de tout ce qui a été dit et fait par notre Président et par le Quai d’Orsay depuis le 7 octobre 2023 pour se rendre compte de la justesse de l’appréciation portée par D. Pryce-Jones sur la politique de notre pays seize ans auparavant.
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Encore deux semaines et on saura de quoi notre avenir sera fait. Le danger est-il constitué par l’arrivée au pouvoir du RN ? Par l’arrivée au pouvoir du « Front Populaire (2) ? Par la convergence (pas impossible) du clan « macroniste » et du Front Populaire ? On tourne en rond. En cercle ? « Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux.» (Rhinocéros) E. Ionesco. Ce qui est certain, c’est qu’il est peu probable que l’on puisse voir un « optimum » (selon Pareto).