France-Israël, géopolitique. Parler de la France en ce moment serait de l’outrecuidance car personne ne sait, vraiment, à quel saint se vouer. Parler ? « Choisir des mots pour ajouter à la pensée » (Francis Ponge, Nouveau Recueil) me semble impossible tant nous avons été obligés, tous, d’attendre que le pyromane/pompier descende de son Olympe pour nous dire à quelle sauce nous serons mangés. Mieux vaut, donc, attendre. Attendre que le cirque d’une pimbêche diplômée de l’ENA et complice de l’augmentation de la dette de Paris de 6 à 8 milliards d’euros (qui va être de 9,9 milliards l’année prochaine – Google, 14.03.24) qui, haut et fort, somme le Président de la nommer Premier(e) Ministre finisse. Attendre pour que l’on comprenne, enfin, que la 5ème république vient d’être détruite par impossibilité pour ses institutions de jouer leur rôle. Attendre qu’un Conseil Constitutionnel soumis plutôt aux contraintes imposées par la perte de souveraineté en faveur de « Bruxelles » et aux penchants socialistes de ses membres ratifie les tentatives du Président à faire feu de tout bois.
Mais dire un mot sur ce qui s’est passé depuis la démission du gouvernement Attal, on le doit. Après les prévisions cataclysmiques qui parcouraient le pays (et le monde) quant au déroulement des Jeux Olympiques, il me semble que l’on doive faire amende honorable : tout s’est passé au mieux possible au vu et au su du monde entier qui l’a unanimement apprécié. Certes, la cérémonie d’ouverture n’a pas plu à tout le monde (un euphémisme), les athlètes n’ont pas été tous contents de ceci ou cela, certes Paris - ses restaurants, ses boutiques, ses promenades, ses commerces - a joué le rôle de ville fantôme mais tout le reste (sécurité, transports, propreté) a enchanté non seulement les touristes, mais aussi ses habitants. La France a tenu son rang, la moindre des choses est de le souligner. Parlons donc d’autre chose.
Israël. Résumons : pogrome du 7 octobre 2023, réaction Israël (disproportionnée, pour faire comprendre que la prochaine fois ce sera pire), concentration des attaques inspirées, initiées, soutenues par l’Iran, assassinats ciblés des principaux dirigeants du Hamas et du Hezbollah, le tout en attente de la « réaction » du cerveau du désordre du Proche Orient, l’Iran. Cela étant, cela ne dérange personne que :
Qu’importe ? Entre le 8 et le 9 octobre, environ 360.000 Israéliens ont pris les armes pour défendre leur pays. Pas n’importe qui. Des chefs d’entreprise et des pères de famille, des enseignants, administrateurs, salariés du hightech, soldats de l’actif ou réservistes.
Ils savaient pertinemment que beaucoup d’entre eux ne reviendraient pas. Au prorata des populations les 360.000 Israéliens seraient égaux à 500.000 belges. Y a-t-il quelqu’un en Belgique qui soit prêt à prendre une arme pour se battre pour son pays ?
Qu’importe ? Depuis que tout a commencé on s’évertue à déverser sur Israël un torrent de boue : l’élévation au rang de preuves indiscutables des éructations mensongères d’une (plusieurs) organisation(s) terroriste(s) ; la montée d’un antisémitisme qui ne se cache d’aucune manière (les Israéliens sont à 75% juifs) ramené au rang de vérité imparable ; le déni du droit des juifs à la possession d’un territoire (sur lequel on trouve des traces de leurs ancêtres de la période de l’âge de fer – 3500 ans avant JC) ; les tentatives de destruction (5 guerres avec des états et une floppée d’actions des entités terroristes) pour arriver (depuis plus de 40 ans) à l’Iran qui clame haut et fort sa décision d’éradiquer Israël (sans que cela émeuve « la communauté internationale » ou les dirigeants des pays qui font des affaires avec) et à la Turquie, qui par la bouche d’un ancien rien du tout, mais qui est en train de réussir de re-islamiser le pays, fait savoir sa disposition d’envahir Israël, ne semble pourtant pas peser outre mesure dans la marche d’Israël vers un avenir que peu, dans le monde, soupçonnent. Vous verrez.
Hanieh, « cerveau » de la mainmise du Hamas sur Gaza, justificateur No.1 du pogrome du 7 octobre 2023 tué en plein Téhéran où il se trouvait pour assurer le nouveau président de la permanence de sa vassalité. Le bras droit militaire du satrape d’une organisation terroriste qui passe pour être armée mieux que des dizaines d’états, tué dans le quartier de Beyrouth qui est leur fief (terroriste dont les USA avaient mis la tête à prix pour 5 millions de $ - ils devraient les donner à Israël). 17.000 « militants » (ou « combattants ») du Hamas que la presse mondiale ne veut pas appeler « terroristes » tués à Gaza parmi lesquels les principaux dirigeants, y compris les numéros 2, 3… jusqu’à, au moins, quelques centaines de « chefs ». Et voilà que l’Iran et le Hezbollah se préparent à « punir » Israël (Hezbollah qui fait ce qu’il veut au Liban où notre Président s’est empressé d’aller pour prêcher la bonne parole - quand ? vous vous en souvenez ?). Comme il l’a, d’ailleurs, fait à fin octobre 2023, pour demander la création d’une coalition pour détruire le Hamas. Chose qu’il a oublié illico quand ses amis arabes (Égypte, Jordanie, et autres) lui ont fait savoir qu’il sera « une coalition à lui tout seul »
Résumons : l’Iran veut détruire Israël et la Turquie veut l’envahir. Regardons, donc, les choses de plus près. La Turquie passe pour être une puissance industrielle et militaire en croissance et l’Iran et ses 90 millions d’habitants est destiné (au moins selon le leadership américain depuis M. Obama) à être le maître du Proche Orient en faisant le pendant à l’arriérée Arabie Saoudite.
Iran, Turquie, Israël. Regardez :
L’Iran avec un territoire 80 fois plus grand que celui d’Israël et une population env.10 fois plus nombreuse. La Turquie, un territoire 40 fois plus grand qu’Israël et une population 10 fois plus nombreuse. Cela étant, les démographes des Nations Unies prévoient que d’ici la fin du siècle, la main-d’œuvre de la Turquie diminuera de moitié et celle de l’Iran de deux cinquièmes, tandis que celle d’Israël doublera son nombre (Asia Times, 15.08.24).
Le PIB par habitant d’Israël est maintenant d’environ 55.000 dollars, soit cinq fois plus que les 11.000 dollars de la Turquie et douze fois plus grand que celui de l’Iran (4.377$). On peut nier la pertinence du paramètre, mais il ne fait aucun doute que les Israéliens produisent plus que les Turcs ou les Iraniens dont les revenus sont essentiellement tirés des ressources minérales. Si ces tendances se poursuivent, le PIB d’Israël dépassera celui de la Turquie au milieu du siècle.
Israël est unique en ce qu’il a réussi à adapter la vie traditionnelle à l’économie moderne. Il est le seul pays industriel au monde dont le taux de fécondité est supérieur au taux de remplacement et il a réussi – quoiqu’avec des frictions considérables – à intégrer la plupart de sa population ultra-orthodoxe croissante dans des professions qualifiées. L’éducation des femmes (taux d’emploi 60%) et la fécondité ne s’excluent pas. Il est tout à fait possible qu’Israël émerge comme la plus grande économie de la région, ce qui aurait été considéré comme un résultat improbable pour un petit pays qui a commencé avec une population juive de seulement 600.000 en 1947 et qui a eu à subir cinq guerres et une floppée d’actions terroristes lui assurant une condamnation mondiale pour ses victoires.
Comparaison ? Israël et le seul pays à avoir connu cinq guerres meurtrières en 50 ans, tout en augmentant son revenu par habitant – pour les juifs comme pour les arabes – à un niveau supérieur au revenu par habitant de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de France ou de la Corée du Sud ou du Japon. Toute l’économie technologique américaine, qui représente environ 70 % de la capitalisation boursière mondiale des entreprises, dépend en grande partie des innovations et des laboratoires d’Israël (Microsoft ?Apple ? Google ? la dernière en date Nvidia - la plus grande capitalisation mondiale, plus de 3.000 milliards de $? toutes présentes en Israël). Pas moins de 100.000 citoyens israéliens travaillent dans la Silicon Valley et sont indispensables à ses capacités d’invention. Israël est une des sources principales de technologie militaire vitale pour l’Amérique et le monde libre. Plus de quarante ans après le lancement par Ronald Reagan de l’Initiative de défense stratégique, les États-Unis n’ont toujours pas de système sérieux de défense antimissile. Le système de défense aérienne des EU Patriot est plus coûteux et moins efficace que celui d’Israël, qui comprend non seulement le dôme de fer mais aussi les systèmes à longue portée David’s Sling et Arrow qui peut détecter et détruire des missiles balistiques au-dessus de l’atmosphère. A réfléchir : les États-Unis ne pourraient pas répéter à l’échelle quelque chose comme la riposte presque parfaite d’Israël à la frappe massive (300 projectiles) de missiles et de drones iraniens en avril de cette année. Et ce pays est non seulement le plus avancé au monde pour les systèmes anti-missiles – Iron Dome, David’s Sling, Arrow) - mais il fabrique, aussi, ses propres chars d’assaut ! En guerre depuis, presque, un an et… il est 7ème au monde pour son nombre de licornes (start up capitalisée au-delà de 1 milliard de $) mais de très, très loin le premier au prorata de sa population (2,75 par million d’habitants, France = 0,4).
Et bien qu’en guerre pour son existence, son attrait ne fait qu’augmenter : le site Web Startup Genome, qui fournit des données détaillées sur le monde des start-ups, vient de publier son rapport 2024 répertoriant les meilleurs endroits pour que les entrepreneurs essaient d’établir une start-up. « Tel Aviv occupe la quatrième place au monde, après avoir pris la cinquième place l’an dernier, et est actuellement à égalité avec Los Angeles. Il s’agit de sa deuxième année d’amélioration, après avoir passé de la 7ème à la 5ème place entre 2022 et 2023. » Paris est 14ème nonobstant la conviction de notre Président quant à l’attractivité de notre pays.
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L’Iran, après avoir encaissé l’assassinat du No.1 du Hamas dans sa capitale, tout en menaçant Israël d’une « punition à aucune autre égale » réfléchit depuis deux semaines car il a commencé à comprendre que la réponse d’Israël pourrait être abyssale : tout en restant conventionnelle elle pourrait (comme Israël l’a montré avec la destruction de la moitié du principal port des Houthis au Yémen, à 2.400 km de distance) détruire ses infrastructures pétrolières du bord du Golfe Persique ou s’attaquer aux sites de recherche/production de produits nucléaires comme elle l’a montré en avril 2024. Israël aussi réfléchit à ce qu’elle doit faire car continuer à batailler avec les « proxis » de l’Iran (et subir en permanence l’opprobre du monde entier qui vient de remettre au goût du jour l’antisémitisme) au lieu de s’en prendre à « la tête du serpent » n’est peut-être pas la meilleure stratégie. Car ne l’oublions pas : la République islamique d’Iran a aidé à financer, former et fournir le Hamas, et a également aidé à planifier et exécuter l’attaque du 7 octobre. Depuis sa création la République islamique d’Iran, s’est insérée dans le conflit israélo-palestinien, utilisant le terrorisme et la guerre par procuration comme outils d’élaboration de ses politiques, en se considérant comme seule puissance régionale capable de "libérer la Palestine"—alors qu’en fait ce prétexte n’est qu’un simple voile pour masquer ses ambitions expansionnistes et sa vendetta contre les États arabes sunnites pour le financement et le soutien de l’Irak pendant la guerre Iran-Irak des années 80.
Turquie. La volonté de son nouveau sultan de reconstruire « l’empire ottoman » se voit dans tout ce que ce pays fait au Proche Orient et au-delà : se mêler des affaires d’Israël, occuper une partie de la Syrie, avoir une armée en Lybie, construire une base miliaire en Somalie, j’en passe et des meilleurs. Principal support, « moral » du Hamas actuellement il se comporte comme les potentats orientaux. : « Cette semaine, il y a eu un différend entre Erdogan et @RTERdogan. Aux fils d’Ismail Haniyeh, qui sont venus réclamer les 3 milliards de dollars des comptes bancaires turcs pour leur père, Erdogan a refusé de leur donner l’argent. Comment Haniyeh, originaire du camp de réfugiés de Shati, a-t-il accumulé une telle richesse ? Combien de Palestiniens à Gaza pourraient vivre une vie de bien-être si l’argent leur parvenait ? Et surtout : qu’est-ce qu’Erdogan a à voir avec l’argent ? (Y. Katz, ministre des Affaires Étrangères d’Israël, 16.08.24).
La guerre à Gaza, nonobstant les prévisions américaines et autres concernant l’impossibilité d’une victoire pour Israël n’est pas loin de finir. Aucune autre armée dans l’histoire récente n’a affronté un ennemi de la nature du Hamas et/ou ses infrastructures. Il était ridicule et irréaliste de s’attendre à ce que l’armée israélienne démantèle complètement le gouvernement et les forces militaires qui se sont développés au Gaza pendant 20 ans en quelques mois seulement.
Sans le dire, ce que les USA et l’Occident veulent, en réalité, et c’est pourquoi la campagne implacable de Washington/Paris/Londres pour forcer un cessez-le-feu est si pernicieuse : garantir que le Hamas survivra et aura son mot à dire sur l’issue de la guerre. D’évidence, croire que tel ne sera pas le résultat d’un cessez-le-feu construit sur le dépôt des armes par le Hamas et le retour des plus de 100 otages encore détenus (dont la majorité sont morts) traduit une totale ignorance ou une perversion de l’esprit.
Ou les deux !
La conclusion ? Ghazi Amad (dirigeant Hamas qui avait promis « 7 septembre, encore et encore et … ») : « Talk about négociations, coexistence with the occupation, and peace is all lies," (JP, le 17.08.24).
« Tout bien considéré, si la guerre actuelle ou future avec l’Iran est inévitable, il serait beaucoup plus sûr pour Jérusalem de procéder pendant qu’elle est le seul combattant nucléaire. Par conséquent, ce n’est pas le moment pour la pensée stratégique israélienne de devenir confuse ou myope. Accepter à tout prix les diverses exigences politiques visant à éviter la guerre – même lorsqu’elles sont entièrement unilatérales – pourrait d’abord sembler raisonnable et faire respecter la loi. Cependant, à un examen plus approfondi, cette acceptation forcée supprimerait les possibilités qu’Israël a encore de combattre le terrorisme djihadiste et de maintenir l’Iran sans armes nucléaires. Aucun retrait ne pourrait être cohérent. » (LOUIS RENÉ BERES is Emeritus Professor of Political Science and International Law at Purdue University. Educated at Princeton (Ph.D., 1971).