Si l’on regarde bien, on assiste depuis le 9 juin au spectacle, n’ayons pas peur des mots, d’un clown cataclysmique : acte premier, la dissolution de l’Assemblée nationale, deuxième acte, 51 jours avec un gouvernement démissionnaire et troisième acte, depuis le 5 septembre, la nomination d’un chef de gouvernement. Nous voilà, deux semaines après, toujours avec un chef de gouvernement mais toujours… sans gouvernement. Il me souvient (Adamo, 1965) :
Avez-vous vu un barbu sans barbe ?
Avez-vous vu un poilu sans poil ?
Donc, nous avons un chef de gouvernement sans gouvernement.
On nous explique que la difficulté vient du fait que les Français ont accordé leurs votes à trois tiers du monde politique, pratiquement à égalité. Il me semble que l’on oublie le quatrième tiers (sic) quand même de 33,3% des électeurs qui se sont abstenus. Peut-être. Mais le fait que le Chef du Gouvernement fasse partie d’une composante politique qui ne compte que 7,6% des députés ne me semble pas être un catalyseur raisonnable pour pouvoir fédérer des représentants des groupes qui ont, chacun, presque quatre fois plus de députés.
Soit. Au fond, la Belgique est restée sans gouvernement pendant 16 mois (2018/9) et ne s’est pas portée plus mal. On me dira que la situation économique de notre pays devrait nous imposer, vite, une gouvernance qui devrait essayer de nous sortir du magma de difficultés connues ce qui, pour l’instant, semble impossible.
Oui, ce n’est pas tous les jours dimanche. …la crise du Covid, qui nous a désinhibés. Elle a libéré l’étatisme délirant de notre président, tant dans la production de réglementations que dans l’arrosage automatique de crédits. Et elle a légitimé notre travers collectif à tout attendre de l’État. La désinhibition a été d’autant plus forte qu’il n’y avait plus de contrainte budgétaire, puisque la BCE achetait nos emprunts comme la baleine avale le plancton. D’un certain côté, pour les Français et leur président, c’était le monde idéal, l’achèvement ultime du projet national, avec une hydre étatique régnant sur des citoyens déresponsabilisés : une sorte d’Union Soviétique qui a duré un trimestre. (F. Lenglet, 17.09.24). La dette du pays a atteint des sommets auparavant inimaginables et elle nous impose de rembourser aux créditeurs tous les ans un peu plus de 80 milliards d’euros (P. Moscovici, Cour des Comptes, BFM-TV, 14.09.24) « Concrètement, on tangenterait les 3.800 milliards d'euros de dette en 2027 et ça veut dire qu'on devrait rembourser chaque année plus de 80 milliards d'euros pour financer cette dette et les taux d'intérêt qui l'accompagnent » Je me permets de noter, respectueusement, que les 80 milliards ne représentent que les intérêts du montant de la dette qui resterait constante si on ne remboursait pas aussi quelque chose. Et voilà que les experts commencent à susurrer que quelques augmentations d’impôt seraient nécessaires. Avec le niveau de prélèvement que la France connaît - sans précédent dans l’histoire du pays, sans équivalent dans le monde - il devrait y avoir une ligne rouge. (François Lenglet, Le Figaro 17.09.24)
Pour le Candide que je suis, il est quand même curieux que depuis le temps que l’on augmente les impôts et les taxes personne ne suggère de réduire les dépenses.
La France n’a jamais connu une telle position de faiblesse. Au-delà de l’état dans lequel Emmanuel Macron a amené le système politique français, la France, chacun le comprend, est devenue, en raison de la mauvaise gestion de ses finances publiques, tragiquement accentuée depuis sept ans, le maillon faible de la zone euro. Plus largement, la poursuite de la dissolution de la France dans l’ensemble européen est inscrite dans l’élargissement programmé de l’UE. Et nous qui croyions que vivre sous le parapluie de l’euro (en évitant les dévaluations qui nous étaient coutumières - Au cours du XX siècle, le franc français a connu dix-sept dévaluations, dont la plupart au cours des années 1950. La dernière a eu lieu en 1986 -Wikipédia) nous permettait d’être à l’abri du mauvais temps. Que nenni.
Et comme toujours… on a augmenté les impôts et taxes qui sont les deux mamelles de l’orthodoxie fiscale française depuis des lustres. Aujourd’hui, la France est le pays qui taxe le plus (au monde), qui dépense le plus et qui travaille le moins.
Dans l'ensemble, l'impôt sur les revenus perçus en 2022 (donc déclarés en 2023) repose sur un nombre de plus en plus restreint de contribuables. Aujourd'hui, les 10 % les plus aisés payent 76 % du total, un chiffre en augmentation régulière - la proportion était de 74 % pour les revenus perçus en 2020, puis 75 % pour ceux de 2021. Selon la DGFIP, les Français les plus aisés sont ceux qui perçoivent un revenu mensuel supérieur à 2 740 euros (pour un célibataire sans enfants). Sur les 40,7 millions de foyers fiscaux, moins de la moitié (44,7 %) payent les 82,1 milliards d'euros de recettes générées par l'impôt sur le revenu, selon un document du fisc. À titre de comparaison, en 2013, 52,3 % des foyers fiscaux étaient effectivement imposés.
Mais nous sommes appréciés : Stéphane Séjourné, diplômé de droit - qu’il n’a pratiqué nulle part - autant dire de l’ECC (École Communale de Clamart) a été nommé, par la grâce de notre Président, VP Exécutif de la Communauté Européenne, en charge de la « Prospérité et Stratégie Industrielle ». On croit rêver !
L’Europe. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2008, la zone euro et les États-Unis avaient un produit intérieur brut (PIB) comparable de 14.200 milliards de dollars et de 14.800 milliards de dollars en monnaie courante. En 2023, le PIB de la zone euro avait légèrement dépassé les 15.000 milliards de dollars, tandis que celui des États-Unis se situait à 27.400 milliards de dollars. Les Etats-Unis ont innové, l’UE a réglementé. Et tandis que la Chine et l’Amérique sont en avance, l’Europe est sclérosée. Ce n’est pas bon pour nous car on a déjà commencé à nous persécuter : une procédure pour déficit budgétaire excessif a été lancée contre la France, la pénalité étant 0,1% du PIB soit 3 milliards euros.
L’ancien commissaire français, Thierry Breton, a personnellement fait plus que quiconque pour freiner le progrès technologique dans l’Union européenne. Il est responsable de la loi européenne sur l’intelligence artificielle qui a rendu, pratiquement, impossible la création d’une start-up IA en Europe. Il est responsable de la loi sur les services numériques qui a été utilisée pour étouffer la liberté d’expression en Europe. Il a lancé une guerre contre X en Europe, menaçant Elon Musk. Mais il n’est plus là, remplacé avantageusement (pour ceux qui visent la réduction de l’influence de la France en Europe) par Monsieur Séjourné.
Mais quittons l’Europe et la France pour regarder, un peu, ce qui se passe au Proche Orient, surtout au Liban.
5.000 « biper » distribués uniquement aux membres (« combattants ») de l’organisation terroriste Hezbollah) ont commencé à exploser simultanément il y a deux jours un peu partout au Liban.
Comme par hasard à des endroits connus comme fiefs du Hezbollah.
Le bilan officiel des explosions de bipeurs du Hezbollah, mardi, est de 12 morts et près de 3.000 blessés. Israël est censée être derrière cette opération, qui constitue l’une des opérations antiterroristes les plus précises (car visant uniquement des terroristes) et les plus importantes jamais menées. L’(i)Monde : « Les explosions, attribuées à Israël, ont fait au moins 12 morts et 2.800 blessés, dont une majorité de combattants du mouvement chiite » C’est le « mouvement terroriste » qui a été visé et uniquement ses membres non pas une majorité… Cela étant, une partie de la presse bien-pensante (BBC, AP, CBS, AFP) « Les explosions simultanées mortelles déclenchées par des centaines de biper portés par des membres du Hezbollah au Liban » mais, quelques lignes plus loin on apprend qu’il y a 2.750 (ou « plus de 3.000 ou plus de 4.000 » selon les médias) : un biper pouvant difficilement blesser plus d’un possesseur (des dommages collatéraux sont toujours, regrettablement, possibles)… ce sont quelques milliers des cadres importants du Hezbollah qui ont été rendus inoffensifs. Le journal saoudien Al-Hadath a noté que parmi les blessés se trouvaient des commandants du Hezbollah et leurs aides. C’est quand même une performance…
Pourtant, le gnome de Bruxelles (antisémite notoire) en charge des affaires extérieures (encore quelques semaines) a tout de suite condamné la chose et réclamé une enquête. De plus le Conseil de Sécurité de l’ONU se réunira demain pour évoquer l’affaire. D’autant plus qu’hier, des radios portables (walkie-talkie) ont explosé aussi faisant 20 morts et presque 500 blessés (L’Orient-le Jour, 19.09.24). Pas seulement. Le chef des droits de l’homme des Nations unies, Volker Turk, a condamné mercredi les explosions des biper au Liban un jour plus tôt, a rapporté CNN. Turk a qualifié l’incident d’attaque en violation du droit international humanitaire et a appelé à une « enquête indépendante, approfondie et transparente ». Ni Bruxelles, ni le Conseil de Sécurité ni M. Turk ne se sont manifesté depuis le 8 octobre 2023, depuis que « Le mouvement chiite pro-iranien ajoute avoir tiré plus de 8.200 roquettes depuis le 8 octobre, dont 1.307 en août. (Le Monde 18.09.24). Est-ce à dire que cela n’est pas une violation du droit international humanitaire ? Si M. Turk considère que les membres du Hezbollah (terroristes selon USA, Europe et des pays arabes) doivent être protégés par la loi internationale qu’ils ne respectent pas, il oublie « Nemo auditur propriam suam turpitudem allegans » (Nul n’est censé se prévaloir de sa propre turpitude). Je l’ai déjà écrit, Israël ne peut pas s’en sortir : on l’accuse de bombarder d’une manière indiscriminée et on l’accuse aussi de neutraliser des terroristes d’une manière parfaitement discriminée. Un ami américain :
Pendant ce temps, l’Assemblée Générale de l’ONU a adopté encore une résolution anti-israélienne demandant au Conseil de la faire sienne pour avoir force de loi (« quitter les territoires palestiniens y inclus Jérusalem Est dans douze mois et faire arrêter les livraisons d’armes à Israël), à la demande, expresse, de « l’Autorité Palestinienne » qui s’est engagée par les accords d’Oslo (1993) de ne pas faire ce genre de démarche.
La France du Quai d’Orsay et de M. Macron a voté en faveur de cette résolution. Elle aurait pu faire comme l’Italie, l’Allemagne, l’Angleterre et plus de 20 pays en Europe qui s’en sont abstenus. Ou comme les trois qui ont eu le courage de voter contre (car moins de populations exogènes dans ces pays).
Chronique d’un quotidien pénible…