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22 décembre 2024 7 22 /12 /décembre /2024 10:07

Les deux derniers textes du blog (Vivre c’est mourir et Le vaisseau fantôme) on conduit certains lecteurs à me suggérer de dire quelques mots, pas seulement sur la France mais sur la place de la France en Europe. Sous-entendu « on est mal mais l’Europe va nous aider » ce qui est, d’ailleurs, le message subliminal des péroraisons de notre Président concernant l’Europe.

 

Puisque l’on me demande de dire quelques mots sur ce qui se passe dans une partie du monde en cette semaine avant la fin de l’année, je vais essayer de le faire : songez à l’idiome du « silence assourdissant » ou aux sirènes de Kafka dont la menace est de ne pas chanter et soyez indulgents (autant que possible) avec moi.

 

Tout d’abord la France. Notre pays vient d’atteindre un record pour les pays de l’Europe : il vient d’installer un quatrième chef de gouvernement en moins d’un an. Quand on pense que « l’instabilité » des gouvernements de la 4ème République a été un motif majeur pour aller vers la 5ème on a le droit de regarder les choses avec une certaine distance. De plus, la France, qui fait face à un déficit budgétaire de 6% cette année et de 7% en 2025 -soit plus du double de la limite autorisée dans la zone euro-  rencontrera des difficultés à maintenir son État providence généreux. Mais nous dépensons actuellement plus de 30 % du PIB pour les dépenses sociales, ce qui nous place parmi les plus élevées (OCDE, 2024) au monde.

 

Si notre fortune économique ne s’inverse pas rapidement, le pays devra prendre des décisions difficiles — comme la Grèce en 2010 — alors que les coûts d’emprunt (puisque nous vivons à crédit) grimperont. La croissance de la France est supputée être de 1% l’année qui vient mais d’habitude nous nous trompons de 20/30%. Depuis fin 2019, le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a crû de 11,5 %. Dans le même temps, la zone euro s’est contentée de 4,6 % et la France de 4 %, Le Monde 16.12.24 … En fait, le décrochage français en matière de croissance serait plutôt à venir. Car avec 7% de déficit du PIB prévu pour 2025 le pays n’a pas les moyens d’investir dans ce que fait le progrès d’une nation : recherche et développement, technologies nouvelles, robotisation. En 2024, le besoin prévisionnel de financement de l'État atteindra 295,8 milliards d'euros, du fait principalement d'un déficit budgétaire de 144,4 milliards d'euros et de 156,4 milliards d'euros d'amortissement de dette à moyen et long terme venant à échéance en 2024. 144,4 milliards par rapport à un PIB de 2.825 = 5,1% – tout ça prévu MAIS on sait que le déficit est de 6,1% et qu’il sera de 7% soit env. 200 milliards € ! Conclusion : en 2025 la France devra emprunter plus de 300/350 milliards d’euros. Et je ne parle pas de ce qui est devenu impossible à « réparer » comme la catastrophe de Mayotte par manque de moyens et incurie inexcusable de l’État.

 

Pendant tout ce temps notre Président a initié une vraie folie dont il ne mesurait pas les conséquences. Les dieux rendent, d’abord, fous ceux qu'ils veulent perdre (Euripide). Et son antienne « L’essentiel c’est l’Europe » parlons-en.

 

Bien que l’Europe ait une riche histoire d’inventions remarquables, y compris des percées scientifiques qui ont beaucoup donné au monde, de l’automobile au téléphone, en passant par la radio, la télévision et les produits pharmaceutiques, elle s’est transformée en un véritable empire dirigé par des gens non élus des peuples qui la compose. Autant dire qu’ils n'ont des comptes à rendre à personne.

Autrefois synonyme de technologie automobile de pointe, l’Europe n’a pas aujourd’hui une seule marque parmi les 15 producteurs de véhicules électriques les plus vendus tout en imposant, aux pays qui la composent, d’arrêter de produire des véhicules à moteur thermique en 2030/35. Comme l’a fait remarquer l’ancien premier ministre italien, Mario Draghi, dans son récent rapport sur la compétitivité de l’Europe qui s’affaiblit, seules quatre des 50 plus grandes entreprises technologiques du monde sont européennes.

World University Ranking 2025 (Times Higher Education World University Rankings 2024 includes 1,907 universities across 108 countries) nous apprend qu’une seule université de l’Union Européenne se trouve parmi les 30 premières au monde, à la 30ème place (Technical University of Munich).

 

Europe ? Les cinq principaux pays (France, Allemagne, Espagne, Pologne, Royaume-Uni) font montre d’un certain degré de tourmente politique. Le gouvernement français s’est effondré lorsqu’il a tenté, sans succès, d’adopter un budget. Il en va de même pour l’Allemagne, qui aura des élections anticipées pour la première fois dans son histoire d’après-guerre. Le Royaume-Uni semble calme à première vue, mais la montée du parti réformiste de Nigel Farage a bouleversé l’équilibre des pouvoirs. L’Espagne et la Pologne ont toutes deux une politique fortement polarisée, qui finit souvent par impliquer le pouvoir judiciaire. Cela ne doit pas être étranger au  fait que le PIB/capita est de  43.000$ Zone Euro, et 81.700 $ Etats Unis (Banque Mondiale)

 

Mais puisque les gouvernements nationaux n’arrivent plus à diriger leurs pays, naturellement, les cerveaux d’acier de Bruxelles le font à leur place. Un exemple : depuis des années ils ont décidé d’arrêter la production d’électricité nucléaire en faveur des « renouvelables » Un seul exemple, récent, illustre la faillite de la voie choisie : La production éolienne allemande est tombée en dessous de trois gigawatts, contre dix-neuf gigawatts à cette période de l’année. The National Interest 18.12.24. Notre pays disposait de deux industries « phare » - le nucléaire et l’automobile. Un gouvernement socialiste (M. Macron ministre des Finances) avait décidé de réduire le nucléaire de moitié ce qui a fait que l’on a, pratiquement, détruit la filière industrielle (ingénieurs, techniciens, sous-traitants, etc.,) ce qui a conduit - vu les décisions de Bruxelles - à faire de l’EDF un pourvoyeur d’énergie à bas prix pour ses gros clients européens et d’énergie à un prix deux fois supérieur à celui des Etats Unis pour les clients industriels français. Quant à l’industrie automobile, on a fabriqué en France en 2023 950.000 voitures particulières, soit autant qu’en 1960. (Caradisiac, 14.06.24).

 

L’Europe ? A slow agony (Mario Draghi – septembre 2024).  Regardez la décroissance du PIB de l’Europe depuis 10 ans:

 

et la comparaison avec les Etats Unis pendant trois années :

 

Certes, notre pays profite du « parapluie » de l’euro mais, vu nos performances économiques et surtout nos perspectives, il est fort probable que Bruxelles commencera à pénaliser la France avec des amendes pour les déficits supérieurs à celui de Maastricht (3% du PIB).

 

Bon. On me demande aussi de dire quelques mots sur ce qui se passe au Proche Orient. D’abord la Syrie. 50 ans de dictature, nous dit-on, viennent d’être finis par une tornade de 12 jours effectuée par des djihadistes de diverses obédiences. Dont une partie financée et armée par un état membre de l’OTAN, la Turquie. Dont le Président, lors de la cérémonie de remise des prix du Conseil de la recherche scientifique et technologique (TÜBİTAK) et de l’Académie turque des sciences (TÜBA), au Centre national de congrès et de culture de Beştepe, a déclaré : "Chaque incident qui s’est produit dans notre région, en particulier en Syrie, nous rappelle encore ce fait ; la Turquie est plus grande que la Turquie. En tant que nation, nous ne pouvons pas limiter notre horizon à 782.000 kilomètres carrés ». Cela s’appelait « Lebensraum ». Terme allemand utilisé par A. Hitler et le Troisième Reich pour désigner « l’espace vital » nécessaire au peuple allemand (Wikipédia).

 

La chute de la Syrie est une perte importante pour Téhéran. Ils ne peuvent pas se consoler de la victoire du groupe militant sunnite qui a renversé Assad, le Hayat Tahrir al-Sham. Le chef de ce groupe, le présumé chef intérimaire de la Syrie, Abu Mohammad al-Jolani, a déclaré : « Nous sommes ouverts à l’amitié avec tous les pays de la région, y compris Israël. Nous n’avons pas d’ennemis, sauf le régime d’Assad, le Hezbollah et l’Iran ;  Ce qu’Israël a fait contre le Hezbollah au Liban nous a beaucoup aidé » Les principaux pays du monde occidental (Etats Unis, UK, France, Allemagne, Italie) ont envoyé des représentants à Damas pour rencontrer le nouveau -grand manitou du pays. Un islamiste tellement « modéré » que les Etats Unis ont annoncé qu’ils ne paieront plus les 10 millions de $ prévus pour sa capture.

 

Chat échaudé craint l’eau froide … Israël séparé de la Syrie depuis la guerre de 1973 par une bande de terre gardée par des troupes de l’ONU, devant la possibilité de voir les islamistes, fussent-ils modérés, s’approcher de sa frontière, a investi ladite bande de terre annonçant que la chose est temporaire en attendant voir ce qui se passera réellement en Syrie. Concert de condamnations d’une partie de la « communauté internationale » et de … Monsieur Poutine ! On le sait, Israël n’a pas le droit de faire quoi que ce soit qui ne soit pas « proportionnel » avec ce qu’un de ses adversaires aurait pu faire. Pour Gaza, il ne fallait pas faire la guerre mais assassiner, violer des femmes et bruler des bébés d’un nombre égal à celui des méfaits du Hamas et de la population gazaoui. En clair, si l’Iran détruit Israël avec une bombe nucléaire (« Mahmoud Ahmadinejad appelle à « rayer Israël de la carte » L’Orient-le-Jour 28.10.2005) Israël a le droit de répondre…

 

On en était, presque, à oublier qu’Israël avait, pratiquement, réduit à résipiscence le Hamas, le Hezbollah et - en partie - l’Iran. On vient de constater qu’un autre suppôt de l’Iran, à presque 2.000km des frontières d’Israël, les Houthis, disposent de missiles balistiques qu’ils envoient sans discontinuer. Ils se trouvent au YEMEN : PNB/habitant qui diminue depuis 2012, 975$ aujourd’hui mais ils tirent des missiles balistiques dont le prix se trouve (en fonction de la distance à parcourir) entre 500.000 et 1.500.000 $.

 

 

La France se trouve à Djibouti, 357 km – elle pourrait empêcher les Houthis de détourner la circulation marine via le Canal de Suez (ce qui profiterait à l’Égypte et à un tiers du transport maritime mondial qui passait par la Mer Rouge) mais  elle ne le fait pas. Pourquoi ? C’est Israël qui se charge, de temps en temps, d’envoyer ses avions pour détruire les installations portuaires de Al-Hodeïda ou d’autres objectifs de Sanaa (la capitale du Yémen).

La France est à Djibouti. Pas seulement la France. Notre Président, aussi, depuis hier.

 

L’Europe ? La France ? Je suis de ceux qui pendant les Trente glorieuses, ont contribué, modestement, aux deux aventures majeures du pays : la construction des centrales nucléaires et l’installation des premiers équipements médicaux d’imagerie électronique. Du temps où l’avenir ne pouvait être que synonyme de progrès.  Regardez bien Mayotte : il n’est pas exclu qu’elle préfigure la France de 2050. Au mieux… Si la France reste sur sa trajectoire actuelle, son avenir sera celui d’un musée à ciel ouvert, délabré, bien que beau mais endetté, pour des touristes américains et chinois. Notre Président, déboussolé comme il paraît, devrait jeter son anneau comme Polycrate de Samos en espérant qu’il ne lui revienne pas.

 

 

 

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