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3 décembre 2024 2 03 /12 /décembre /2024 08:52

Vivre c’est mourir (Thomas Mann, La Montagne Magique). Nous vivons depuis 50 ans une tragédie annoncée, de plus en plus fortement, de plus en plus prochaine, avec une nonchalance pour le moins curieuse.

 

Le 20 décembre 1973 l’Assemblée nationale approuve le budget de 1974 présenté par Jean-Pierre Fourcade. Compte tenu de la crise du pétrole de 1973, le budget est seulement présenté en équilibre.

 

50 ans depuis, une vie d’homme. Vivre c’est mourir.

 

Décembre 2024 l’Assemblée doit se prononcer sur un projet de budget qui, nonobstant un surplus d’impôts de 40 milliards d’euros par rapport à 2024 (qui affiche un déficit de 7% du PIB soit env. 200 milliards d’euros) espère ne montrer que 5% de déficit en 2025. A ajouter à la dette comptable de 3.250 milliards d’euros la dette extra-comptable, hors-bilan, d’env. 5.000 milliards d’euros (Cour des Comptes, mars 2024).

 

Vivre c’est mourir.

 

Avant de rejoindre le cœur des pleureuses pour dire que tout est la faute de l’ectoplasme qui « dirige » le pays, je veux dire le Sieur Macron - tout en réalisant que je manque de respect pour sa personne - je me pose (comme tant d’autres) une simple question « comment est-on arrivé là » Car, tout puissant qu’il ait pu être, il n’était quand même capable d’amener, seul, le pays au bord de la cessation des paiements.

 

Non, il n’a pas été seul à présider à la dégringolade du pays qui, de 4ème puissance économique du monde en 1973 est en train de devenir la 8ème en 2025. Cinq présidents de la République ont laissé le pays dériver pendant 50 ans. Pour arriver à ce que nous connaissons aujourd’hui : « des milliers d’associations qui touchent des subventions et s’indigneraient d’une réduction de leurs dotations, persuadées que le fruit du labeur des actifs leur est dû. Les étudiants surnuméraires en sciences sociales, qui expliquent aux actifs qui les financent à quel point ils sont racistes, sexistes, homophobes et transphobes. Les employés disposant de régimes spéciaux de retraites, par exemple ceux de la SNCF, qui extorquent l’argent des salariés du secteur privé en menaçant de prendre le pays en otage par des grèves. Les milliers de fonctionnaires rémunérés pour siéger dans les comités Théodule. Et les oisifs, les inactifs et improductifs, les récipiendaires d’aides, les habitants des logements sociaux, qui n’éprouvent pas toujours de gratitude à l’égard de ceux qui les nourrissent, mais parfois, au contraire, du ressentiment » (FS – Figarovox, 25.11.24).

 

Tant est si bien -suivons le Père Marx - que la lutte des classes oppose aujourd’hui la classe productive à une nouvelle aristocratie subventionnée et rentière, disposant de privilèges et de l’appui de la superstructure culturelle et politique. Socialement il y a eu plus. Ceux qui nous ont dirigés ont permis que l’ancienne structure sociale, orientée vers les ouvriers industriels et principalement concernée par les droits des travailleurs et le niveau de vie, soit infiltrée et renversée par des intellectuels qui s’intéressaient avant tout à la promotion de nouveaux systèmes de valeurs, comme les droits de l’homme, le « politiquement correct » le féminisme progressif et, dernièrement, l’ensemble des principes connus sous le nom de wokisme. On a tout commencé avec « 80% d’une classe d’âge doit avoir le baccalauréat » (J-P. Chevènement, 1985) pour arriver à "donner" le bac à 95% en baissant son niveau. En clair, à trop de gens qui ensuite aspirent à diriger des choses et à donner des ordres. Ils veulent tous être politiciens, artistes, gestionnaires, essentiellement fonctionnaires ou émergeant à des budgets financés par l’état. Car tout ça ne nécessite pas toujours d’apprendre des choses intellectuellement complexes. Et cela en parallèle avec l'idée maîtresse de la technostructure "avoir un pays sans usines" ce qui conduisait, naturellement, aux délocalisations (par delà le justificatif du coût de la main-d’œuvre). Tant et si bien que de 1974 quand 8,3 millions d'ouvriers assuraient à la France plus de 20% de son PIB, ils n'étaient que 5,9 millions en 2019, 5,363 en 2022 et à peine 5 millions (19% du total salariés français en 2023 (Philisto 24.06.23 - INSEE, édition 2023).

Ayons le courage de le dire, à long terme, le progrès éducatif a entraîné un déclin de l’éducation, il suffit de regarder les résultats du système d’enseignement français (jadis un des meilleurs du monde) qui a conduit à la disparition des valeurs qui favorisent l’éducation. En faveur de théories du genre, du wokisme et d’autres ejusdem farinae. Mais il fallait, toujours, remplir les fonctions subalternes - soins aux personnes, hygiène villes, distribution produits, aides diverses, etc. Ce ne sont pas les générations de bacheliers qui devenaient des employés de guichet de banque ou des service postaux qui allaient le faire. Vu d’avion : population (essentiellement maghrébine et noire) en 1968 env. 610.000 (Michèle Tribalat), 2024 env. 6,5 millions. Dont  une moitié n’apportant rien au PNB du pays car inemployée (surtout femmes et chômeurs) et l’autre une contribution inférieure à ce qu’elle absorbe. Il suffit de regarder la courbe de progression du PNB du pays pour comprendre son tassement : le PIB/habitant de 20% supérieur à celui de l’Allemagne il y a 40 ans il est aujourd’hui de 20% inférieur. Il ne restait aux cerveaux d’acier qui ont dirigés le pays que deux voies : augmenter les impôts et endetter le pays.

 

Pour ce qui est des impôts la France est devenue championne du monde pour les prélèvements sur ce qui est produit en France :

 

Quant à la dette … 14,5% du PIB en 1974, 115% en 2024 soit presque 10 fois de plus. 30,4 milliards d’euros en 1964 (Giscard d’Estaing), 350 milliards d’euros en 2025. Vertigineux ! De plus, en 2022 la France empruntait en moyenne à 1,03%. Aujourd’hui le taux est de 3,05% par rapport à un taux allemand de 2,28%. L’écart, appelé « spread » de 0,87% - du jamais vu depuis 2012. Ajoutez que l’économie française a enregistré sa plus forte contraction depuis janvier 2024, entraînant une baisse de la confiance des marchés financiers. Et la société de notation Standard & Poor’s écrit :

Si je semble accorder des excuses à M. Macron, détrompez-vous : pendant les 7 ans de son éminente direction du pays il a augmenté l’endettement du pays de 1.000 milliards d’euros (je sais, circonstances atténuantes le COVID, encore qu’aucun autre pays en Europe n’ait fait de même).

Non. Ce qui se passe aujourd’hui en France n’a qu’une seule source/responsabilité : Emanuel Macron. Car on l’a élu deux fois sur sa promesse de mettre de l’ordre dans les finances du pays (ne souriez pas) et réduire le nombre de fonctionnaires de 60.000 (1% du total). Il a réussi à l’augmenter du même nombre.

Ne sachant plus quoi faire, il a dissous l’Assemblée Nationale en disant « Je leur ai jeté une grenade dégoupillée, qu’ils se débrouillent » (Le Monde 15.06.24). Devant le choix de 11 millions d’électeurs en faveur de RN (je n’en faisais pas partie) il a laissé (stimulé ?) se créer un « front républicain » destiné à empêcher le RN d’avoir quelque fonction que ce soit dans les affaires de la France. Et pour gouverner la France, selon la constitution de la 5ème République, il a choisi un 1er ministre, issu d’une famille politique qui a fait moins de 10% à des élections nationales et qui ne compte même pas 50 députés sur 577. Cerise sur le gâteau, il s’aperçoit seulement maintenant qu’il a donné au RN un pouvoir de vie ou de mort sur l’existence du gouvernement.

 

Vivre c’est mourir.

Cela étant, je ne puis pas ne pas insèrer dans la responsabilité des ceux qui nous ont dirigés celle du peuple qui a voté, librement, pour choisir ses dirigeants. Et, rappeler avec E. Cioran (De la France, 1941-1987) « France, ton peuple a commencé en épopées et finit en élégies » Quant à notre Président… il est parti pour quelque jours en Arabie Saoudite : l’Assemblée Nationale se prépare à voter la censure du gouvernement et faire plonger le pays dans un univers (dette, interdictions diverses, assauts sur l’épargne, menaces pour les remboursements Sécurité Sociale et/ou versements des retraites… j’en oublie et des meilleurs) semé d’inconnues. Et toujours E. Cioran - Paris, point le plus éloigné du Paradis, n'en demeure pas moins le seul endroit où il fasse bon désespérer (Syllogisme de d’amertume, 1987).

 

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