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6 janvier 2025 1 06 /01 /janvier /2025 19:26

La Nouvelle Année est là, nous avons un gouvernement  - on a déjà commencé à faire des suppositions quant à la date de sa chute - on fait semblant de croire que l’on réparera Mayotte en deux ans - puisque l’on a réussi Nôtre Dame en cinq - on nous fait croire que notre Président est bien à son poste et qu’il continue à mener (et avec quel bonheur) la politique étrangère du pays (voir ses succès en Europe, en Nouvelle Calédonie, au Liban ou en Algérie pour ne pas parler de l’Afrique ni de l'Ukraine), breftout va très bien Madame la Marquise, pourtant il faut que l’on vous dise…

 

Le constat est clair comme eau de roche : le Proche Orient - qui n’a jamais été un lieu tranquille - vient de subir de nouvelles convulsions déclenchées par une attaque barbare, ignoble, d’un suppôt de l’Iran dont la raison d’être n’est autre que procéder à la disparition d’Israël. Il espérait pour cela avoir le concours de deux autres suppôts de l’Iran, le Hezbollah et les Houthis. C’est qui est réellement advenu mais les résultats se sont révélés contraires aux espoirs. En effet, l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et la guerre qui a suivi, ont été les principaux catalyseurs des événements qui ont refaçonné la région au cours de derniers quatorze mois. Pendant cette période, les Forces de défense israéliennes (IDF) et le renseignement israélien ont démontré des capacités exceptionnelles - voir la détonation de milliers de bipeurs appartenant aux combattants du Hezbollah - et une énorme capacité d’adaptation de leur stratégie en temps de guerre pour décimer le Hamas, le Hezbollah et les dirigeants du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) en Syrie ou au Liban.

 

14 mois après les attaques du Hamas, on peut dire que la dynamique de pouvoir entre Israël et l’Iran au Moyen-Orient a changé de façon spectaculaire en faveur d’Israël. Sans sous-estimer la capacité du Hamas et/ou du Hezbollah à se réorganiser dans un avenir prochain, ou les Houthis qui continuent de causer des soucis sans savoir s’ils sont mineurs ou à caractère stratégique. Pourtant, ce qui s’est passé depuis est, en effet, un développement remarquable que personne (comme d’habitude) n’a pu imaginer.

 

Sans rappeler les moments marquants des 14 derniers mois, Israël a sérieusement affaibli l’Iran en neutralisant largement ses suppôts, le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban. Ces succès ont déclenché, d’évidence, la chute récente du régime de Bachar el-Assad en Syrie, l’allié clé de Téhéran au Proche Orient. Qui plus est, Israël a également décimé les défenses aériennes de l’Iran en deux séries de frappes aériennes, laissant Téhéran vulnérable à toute confrontation future.

 

C’est vrai, la guerre de 14 mois contre Gaza, de trois mois contre le Hezbolah, la destruction d’une partie des capacités de défense de l’Iran, la destruction des ports et d’infrastructures des Houthis au Yémen et, dernièrement, la destruction du régime syrien par des djihadistes et de l’essentiel de ses moyens militaires, terrestres, aviation, navales (par Israël en moins de trois jours…) nous amène à  nous poser la question : qui sont les gagnants de ce qui s’est passé depuis le 7 octobre 2023 ? Pour la Syrie c’est facile : la Turquie, le Qatar (sponsors des djihadistes, en partie, associés à Al-Qaida) et HTS. Mais régionalement ?Aucun doute, Israël vient de tirer son épingle du jeu d’une manière, presque égale aux résultats de la guerre de six jours en 1967. C’est vrai, cela a pris non pas six jours mais pas loin de 600 jours.

 

La chute du régime dictatorial de la Syrie a été rendue possible par, d’un côté, l’impossibilité pour la Russie (occupée comme elle est en Ukraine) de faire ce qu’elle a fait de 2015 à 2019 (bombardements des populations opposantes au régime, contribuant à la création de plus de 500.000 morts et plus de 5 millions de réfugiés – et pas une manif de protestation place de la République ou à Sciences Po) et, d’un autre côté, par le transfert des « soldats » du Hezbollah - élément essentiel du pouvoir syrien - vers le Liban où Israël venait de porter la guerre avec des procédés et des résultats qui ont laissé pantois les observateurs. Mais, jusqu’à récemment, Iran était sans doute le plus important acteur régional au Moyen-Orient, plus influent que l’Égypte, Israël, l’Arabie saoudite ou la Turquie. Pourtant, en moins d’une année, l’édifice de l’influence iranienne s’est effondré. L’Iran est plus faible et plus vulnérable qu’il ne l’a été depuis des décennies, probablement depuis sa guerre de dix ans avec l’Irak ou même depuis la révolution de 1979. L’influence régionale de Téhéran était due en grande partie au financement et à l’armement des groupes terroristes et des milices, notamment à Gaza, en Irak, au Liban, en Syrie et au-delà. Ses suppôts s’opposaient à Israël (et à toute conciliation entre Israël et les Palestiniens) et menaçaient les intérêts des ÉU  et de l’Occident. Pour l’instant il n’en est plus rien.

 

Mais, rendons à César ce qui lui est dû : les djihadistes qui ont détruit le régime syrien, tous anciens de l’État Islamique, Al-Qaida et autres ejusdem farinae ont bénéficié des faveurs (formation, armes, munitions, etc.,) de la Turquie. Ce qui fait que la Turquie est devenue le nouvel Iran en Syrie. Et le pays est réellement à prendre.  Le Qatar, l’Arabie Saoudite regardent de plus près.  Les islamistes sunnites qui se font appeler Hayat Tahrir al-Sham s’attribuent le mérite d’avoir évincé Assad, dirigé par un ancien terroriste barbu, Abu Mohammad al- Jawlani, qui indique à la fois Al-Qaïda et l’EI comme références sur son curriculum vitae.

 

L’Iran a soutenu Bachar el-Assad, la Turquie soutient Abu Mohammad al-Jawlani et comme on le sait, la Turquie n’est plus réellement un allié de l’Occident, graduellement, depuis l’accession au pouvoir d’un islamiste sunnite, M. Erdogan. La seule différence est que l’Iran n’était pas membre de l’OTAN et que la Turquie fait partie de l’OTAN. Pourtant, dans la poursuite de son double objectif de détruire les Kurdes et de construire un empire néo-ottoman, M. Erdoğan est de plus en plus attiré vers la Syrie. Ce qui le met lui-même et la Turquie sur une trajectoire de collision avec Israël, un pays qui a maintenant démontré de manière concluante qu’il n’a pas d’équivalent militaire au Moyen-Orient, que ce soit technologiquement ou opérationnellement. Il devrait faire attention car il pourrait que ce soit le commencement de la fin… A tel point qu’après qu’il se soit permis d’imaginer une conquête d’Israël, son fils a organisé un rassemblement massif appelant la Turquie à prendre le contrôle d’Israël. « Hier, Sainte-Sophie, aujourd’hui la mosquée omeyyade (Damas), demain Al-Aqsa (Jérusalem) » (X.com, 25.12.24).

 

Mais le Proche Orient a été, de toujours, un sujet de première classe pour les pays occidentaux. Ne serait-ce que pour le fait que l’existence d’un Etat (Israël), souhaitée par certains, considérées par d’aucuns comme « une erreur historique » et par d’autres comme une réminiscence de l’ordre colonial posait problèmes. Dès lors… placet experiri  des ministres des affaires étrangères (et non des moindres) comme ceux de la France et/ou de l’Allemagne se sont précipités à Damas pour rencontrer le nouveau satrape qui porte costume deux pièces et cravate nouée mais refuse de serrer la main de la ministre Baerbock, car femme.

 

La conquête du Damas a été dirigée par Hayat Tahrir al-Sham, que les États-Unis avaient désignée comme organisation terroriste. Son chef, Abu Mohammed al-Jawlani, avait rompu avec l’EI en 2012 et avec al-Qaïda en 2016 et il a dit qu’il voulait un gouvernement diversifié qui tolère les minorités. Les Etats Unis avaient promis une récompense de 10 millions de $ pour sa capture. Qu’ils viennent d’annoncer comme caduque. Malgré le fait que HTS, ancienne filiale d’Al-Qaida, soit inscrite sur la liste noire des organisations terroristes par les États-Unis, le Royaume-Uni, l’UE et l’ONU, de responsables américains, britanniques et européens se sont empressés de se rendre à Damas pour « casser la croûte » avec le chef de HTS, Abu Muhammad al-Jawlani. Ce n’est pas sérieux … Ont-ils pris, pour la comparer avec ce que HTS veut faire en Syrie, la mesure de leur politique d’identité radicale actuelle, de race et de genre, de leur programme d’autodestruction économique par une transition énergétique unilatérale, de leur engagement dans une utopie imaginaire sans frontières, où le reste du monde ne rêverait que d’atteindre son destin historique en tant que libéraux occidentaux ? En adoubant M. al-Jawlani, HTS et la Syrie actuelle, l’ordre occidental mourant choisit, disons-le, le suicide par manque non seulement de réflexion sur soi mais aussi de pragmatisme.

 

Pensent-ils vraiment que les choses vont aller mieux ? Disons que l’on a le sentiment que ce sera moins mal… car la chute du « Boucher de Damas »          (B. Asad) est une nouvelle « moins mauvaise » que bonne car, malgré la barbe garnie d’Ahmad al-Sharaa, sa cravate en soie et le sourire Colgate, personne ne sait vers où les nouveaux dirigeants amèneront le pays. Ne nous trompons pas, les célébrations prématurées de la chute de B. Assad - l’allié clé de l’Iran et un pivot de « l’Axe de résistance » pourraient bientôt laisser place à des désillusions. Israël pourrait avoir à faire face à des suppôts turco-qataris sur sa frontière Nord. Tout au long de la guerre contre le Hamas et le Hezbollah, M. Erdogan a alterné les critiques publiques d’Israël et une rhétorique extrême, l’accusant de génocide, l’appelant un "état terroriste" et comparant B. Netanyahu à Hitler, affirmant que le Hamas défend la Turquie, et même menaçant d’envahir Israël. Plus récemment, M. Erdogan a protesté contre l’incursion d’Israël dans la zone tampon syrienne (cessez-le-feu suite à la guerre de 1973) et a exhorté les États-Unis à intervenir. C’est le même M. Erdogan qui a envahi la Syrie à deux reprises et s’est emparé de territoires de dizaines de milliers de km2 pour combattre les Kurdes, ce que les Occidentaux savent parfaitement mais s’en accommodent. Comme ils savent pertinemment que la Turquie de M. Erdoğan aspire à dominer un nouveau Proche-Orient. L’affaiblissement du Hezbollah au Liban et la défaite de l’Iran en Syrie ouvrent, grande, une porte à l’influence turque, même au Liban. La semaine dernière, M. Erdogan a rencontré le premier ministre libanais Najib Mikati et s’est engagé à soutenir le Liban "par tous les moyens disponibles" en réponse à « l'agression israélienne » (L’orient du jour, 18.12.24). M. Erdogan qui veut, aussi, remplacer la France come protecteur du Liban. En quelque sorte « changer un bigle pour un bosco » (dicton de la royale). Faut dire que l’on n’est pas aidés : notre ministre des Affaires étrangères déclarait « Nos militaires forment l'épine dorsale de la FINUL » (Vie Publique, 14.11.24). Regardez la composition de la force de l’ONU :

 

Huitième contribution en nombre de soldats, la moitié de ce que l’Indonésie fournit, un peu moins que l’Espagne qui ne prétendent pas, elles, être l’épine dorsale de la FINUL.

En réalité si notre pays se veut LE protecteur du Liban en vertu de l’histoire de sa création, la vérité est moins élogieuse : les relations de famille du Secrétaire Général de l’Élysée « 2ème cerveau de M. Macron) avec la famille Saadé (CMA CGM) se sont élargies aux relations avec le Hezbollah. Un exemple : (a) l’ICC  annonce des mandats d’arrestation pour B. Netanyahou et son ministre de la Défense. (b) La France annonce qu’elle arrêterait l’individu s’il arrivait en France. (c) La France demande de faire partie du comité de surveillance du cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, Israël refuse. (d) La France annonce que… BN peut venir quand il veut en France, il ne sera pas arrêté. (e) Israël accepte la demande de la France. C’est-y pas beau ?

 

Si, mais dans le non-dit des relations entre les états notre pays est préoccupé par d’autres sujets d’inquiétude concernant Israël : l’Allemagne a choisi le Arrow 3 (au lieu d’un système anti-balistique français, inexistant pour le moment) comme système de défense a installer cette année et voilà que le Danemark …

 

Pourquoi le Danemark a-t-il remplacé les canons Caesar donnés à l'Ukraine par des canons Israéliens ? Idem Brésil. Le choix de l’ATMOS 2000 par le Brésil a été justifié par sa capacité à répondre à toutes les exigences techniques et opérationnelles fixées dans le cahier des charges. Ce choix n’est pas isolé puisque, après des acquisitions similaires par la Colombie et le Danemark, il marque la troisième fois en moins de deux ans où l’obusier d’Elbit Systems prend le dessus sur le CAESAR français. Ces préférences réitérées pour l’ATMOS 2000 soulignent la reconnaissance de sa supériorité dans sa catégorie au niveau international. (ARMEES 04.04.2024).

 

 

Israël concurrent de la France pour une pièce d’artillerie lourde ? Qui l’eut cru possible ?

 

Ben Gourion avait l’habitude de dire « ce qui est difficile en Israël ce n’est pas de croire aux miracles, c’est de les éviter » (ou "pour croire aux miracles, en Israël, il faut être réaliste" ...).


 
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