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31 décembre 2005 6 31 /12 /décembre /2005 23:50

Tartuffe(s) –

 

commentaires sur la  politique arabe de la France

 

 

Dans un de se premiers prêches en rentrant à Téhéran, l’Ayatollah Khomeiny annonçait que « la destruction du régime sioniste de Tel Aviv » allait constituer une tâche primordiale pour le nouvel Iran.

 

Vingt-six ans après, le nouveau Président de ce pays musulman, proclame que « Israël doit être rayé de la carte ».

 

Le Pape et Kofi Annan, le Conseil de Sécurité de l’ONU, les gouvernements de la moitié de la planète, dans le silence naturel des pays arabo-musulmans, crient au scandale et, la main sur leur cœur, jurent que ce genre de diatribe est totalement inadmissible. 

 

Comment peut-on croire que pendant ces vingt-six dernières années tout ceux qui protestent aujourd’hui ont ignoré ce qui constituait non seulement une ambition religieuse maquillée en géopolitique mais, aussi, un fonds de commerce exploité chaque fois que l’occasion se présentait ? Les chancelleries, les services, les analystes, les politologues, les commentateurs des radios et des télévisions, personne ne savait ? Deux planètes -Hezbollah et Hamas- gravitant autour d’un soleil -l’Iran- personne n’avait rien remarqué ? Personne n’avait lu le préambule de la Charte du Hamas : « Israël existe et continuera d’exister jusqu’au moment où l’Islam le fera disparaître comme il a fait disparaître d’autres » ? Personne ne savait que le Hezbollah se destine « à la libération de toute la Palestine et l’instauration d’un Etat Islamique ?

 

Que Tony Blair déclare que « c’est inadmissible », que George W. Bush rappelle que l’Iran, comme la Syrie , sont des « Etats voyous », rien de plus normal, ils sont dans leur rôle. Mais la France  ? Jacques Chirac, si prompt à manifester sa présence sur tous les fronts, se tait et le Premier Ministre écrit, en catimini, au Président du CRIF ( ?!) pour lui dire son indignation !

 

La France. Le traumatisme de la deuxième Guerre Mondiale. La France , honteusement vaincue et collaborant avec le vainqueur, voyait son salut venir du monde anglo-saxon. Par delà les quolibets réciproques (Churchill – De Gaulle – Roosevelt) celui qui a incarné l’honneur de ce vieux pays, De Gaulle, n’a jamais pu admettre que pour une deuxième fois notre pays soit sauvé par les Etats-Unis. Deux pays affichant leur vocation universelle, messianique, au regard de l’évolution des sociétés, rivales dans l’influence que leurs deux révolutions fondatrices ont toujours essayé d’avoir sur les destinées du monde devaient, logiquement, arriver à une confrontation.

 

Le mérite historique de De Gaulle a été de comprendre que la France après avoir été sauvée deux fois dans le même siècle par l’Amérique, ne pouvait que devenir -à terme- son vassal. De Gaulle ne pouvait pas accepter une telle perspective. Faire pièce au géant américain devenait une ardente obligation pour celui qui se voulait, à lui seul, l’incarnation du pays.

 

Alternative pour une alliance globale. Nourri à l’école de Metternich et de sa Real Politik, De Gaulle ne pouvait orienter son choix pour la création d’une alliance globale que vers deux blocs de consistance différente : le bloc soviétique et celui des pays arabes. Chacun d’entre eux comprenait plusieurs centaines de millions d’individus et disposait d’énormes ressources minérales qui, d’évidence, devaient être mobilisées s’il s’agissait de contrer les ambitions mondiales de l’Amérique. Car pour De Gaulle l’avenir était défini par l’insoutenable prétention de l’Amérique de vouloir dominer le monde. Ayant un moment caressé le rêve d’un hinterland africain suivant la décolonisation, il avait compris (avant tout le monde) que ce continent n’allait pas beaucoup compter dans le développement mondial.

 

Mais le concept de « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural » ne semblait pas enthousiasmer les peuples d’Europe, dont un tiers vivaient sous la botte soviétique. De plus, en vrai nationaliste modèle 19ème siècle, De Gaulle était convaincu que le bloc soviétique allait se déliter devenant la proie des intérêts allemands, britanniques et, bien sûr, américains. La France de De Gaulle devait, inéluctablement, se rapprocher du monde arabo-musulman. Sans vision commune, sans institutions pouvant lui assurer une unité d’action, figé dans des schémas précoloniaux et mortifié par la création d’Israël, l'ensemble des quelques dizaines de pays arabo-musulmans offraient à De Gaulle un champ d’investissement illimité. Prendre sa tête s’était se doter de ce qui était nécessaire pour s’opposer à l’Amérique : le nombre et les ressources. La « politique arabe de la France  » était née, elle allait servir de Weltanschauungau pays pendant plus de cinquante années.

 

Trop souvent on a cru que la France ne poursuivait que des intérêts économiques en courtisant les pays arabes. C’est faire injure à la capacité de réflexion de ses gouvernants, qu’ils soient de droite ou de gauche. La vision géopolitique de De Gaulle est devenue bien commun pour les élites qui ont gouverné le pays depuis qu’il a  « quitté les affaires ». Armer jusqu‘aux dents l’Arabie Saoudite, doter l’Irak d’un réacteur nucléaire pouvant produire du plutonium pour un éventuel armement nucléaire, assurer  la formation d’armées et marines entières, s’opposer mollement aux mouvements terroristes islamiques, tout ce que la France a montré comme sollicitude pour le monde arabe n’avait (n’a) qu’une seule raison : être à la tête  de l’opposition à l’Amérique.

 

Pour y parvenir la France avait (a) besoin de la neutralité ou de l’incapacité d’agir du reste de l’Europe. De Gaulle avait accepté le Marché Commun non seulement parce qu’il donnait au agriculteurs français les moyens d’une survie largement financée par les autres pays mais parce qu’il pouvait ainsi contrôler tout mouvement réel d’unité du continent, forte que la France est de sa capacité nucléaire et de son siège au Conseil de Sécurité de l’ONU. Force est de reconnaître que la France a réussi à bloquer une marche rapide de  l’Europe vers son développement, soucieuse comme elle était (est) du risque  d'une éventuelle association de ce bloc aux destinées de l’Amérique.

 

Le prix à payer. Ce n’est pas par hasard que la France a pris la tête du « front de la paix » en s’opposant aux Etats-Unis au moment de la guerre en Irak. Ce n’est pas un hasard non plus qu’elle a apostrophé d’une manière méprisante ceux qui, en Europe, font plus confiance aux Etats-Unis qu’à la Russie , l’Allemagne et la France dont les agissements à partir de 1939 n’ont pas laissé que de bons souvenirs … Mais le vrai prix que la France paye (et veut imposer de payer à l’Europe) c’est sa transformation en premier pays musulman au Nord de la Méditerranée. Accepter la Turquie en Europe, comme J. Chirac le prône n’est que l’aboutissement de la vision géopolitique de la France léguée par son dernier visionnaire, Charles de Gaulle.

 

Familier des fausses analyses et des mauvaises décisions (voir la dissolution de 2002),
J. Chirac sera celui qui, sans le vouloir, aura mis en danger une vision géopolitique héritée du gaullisme : le NON que le peuple français a prononcé au referendum  traduit non seulement l’opposition (constante depuis 1957) de la gauche communisante et de la droite souverainiste à l’Europe mais aussi, confusément, la certitude que si on laisse faire, les mosquées seront, bientôt, plus nombreuses en Europe que les églises.

 

Devant la sortie, oh combien normale, d’un Président iranien qui ne fait que rappeler les buts de son pays (et d’une partie du monde arabo-musulman) la France se tait. Elle donne le change, actuellement, en jouant partie commune avec les Etats-Unis pour « punir » la Syrie  : on aimerait être certain que les relations plus qu’amicales ayant existé entre Hariri et J. Chirac n’en sont pour rien. On aimerait aussi être certain que sa présence dans la troïka qui essaye de retarder la marche inéluctable de l’Iran vers la bombe n’a pas comme objectif de contrôler une réaction qui pourrait nuire à ses intérêts géopolitiques et économiques (Total a été le premier « major » à contourner l’embargo américain sur les investissements pétrolier en Iran).

 

La France se tait. Comme elle s’est tue pendant des années en s’opposant à l’inscription du Hamas sur la liste des organisations terroristes. Comme elle s’oppose, encore aujourd’hui, à faire de même avec le Hezbollah : pourtant, où a-t-on vu un « parti politique de gouvernement » disposer d’une armée équipée, selon ses dires, de plus de 12.000 missiles ?

 

Iran, Hezbollah, Hamas : dans l’ordre, les trois avec le même objectif, la destruction d’Israël. Les tartuffes qui parlent, les tartuffes qui se taisent, la France qui suit cahin-caha sa politique arabe.

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