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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 13:32

Texte publié par Liberty Vox

J’ai eu le privilège d’assister à la conférence de Bat Ye’or (Eurabia, dhimmitude) à Paris le 30 décembre et, par delà son analyse implacable du comportement de l’Europe vis-à-vis de l’islam, j’ai remarqué sa conviction selon laquelle ce comportement procède d’un dessein autodestructeur. On peut gloser sur ce qui a instillé dans le subconscient des masses et de leurs dirigeants cette volonté d’autodestruction en faisant appel à la psychanalyse, au religieux ou à des projets et conséquences économiques. Mais ce qui paraît incompréhensible, aujourd’hui, c’est le refus de ce continent de voir la réalité, c’est l’aveuglement induit par une décision délibérée d’occulter les causes ou les effets de la guerre qui lui est faite. Guerre, pour l’instant, sans d’autres moyens que quelques actes de terreur (Londres, Madrid, etc.) et, surtout, une natalité de plus en plus forte des populations dont on lui dit que son avenir dépend.

Trois évènements permettent de dessiller, en partie, les yeux de l’Europe. Trois événements qui se lient tous par l’intermédiaire du Guide Suprême libyen que la France a reçu en grande pompe et pour lequel l’Espagne a fait de même.

La chute de N’Djamena.

Depuis une vingtaine d’années, la Libye veut occuper le Nord du Tchad (elle l’a déjà fait entre 1983 et 1987). Présomption de ressources minières (uranium) ? Voie d’accès vers les richesses de l’Afrique Centrale ? Capacité de s’assurer un hinterland incluant le Soudan, tremplin nécessaire pour suivre la route des marchands d’esclaves arabes pour arriver dans l’Afrique sub-saharienne ? On peut se perdre en conjectures, mais une chose est limpide : la nouvelle guerre du Tchad a été décidée par Kadhafi qui contrôle, de loin, le Soudan. Soudan, qu’à part la Libye, personne ne peut influencer quand il s’agit du Darfour et de ses centaines de milliers de morts. Sauf la Chine … mais il s’agit là d’une autre histoire qui pourrait s’appeler «la nouvelle colonisation, jaune, de l’Afrique Noire».

Ce qui est hallucinant, c’est de voir qu’à une semaine de la mise en place d’une force européenne, destinée à stabiliser la situation de guerre à la frontière tchado-soudanaise et à commencer à peser sur le Soudan pour que ce pays change son comportement vis-à-vis d’une de ses populations (Darfour), un blitz krieg amène les «rebelles» tchadiens à N’Djamena.

 

tchad-map-aozou.gif
De la frontière du Soudan jusqu’à N’Djamena, il y a environ 750 km. Une armada de plus de 200 pickups, et autres 4x4, remplis à ras bord de dix à 15 «combattants» et de leurs armes, a fait le trajet en moins de trois jours, non seulement sans rencontrer de résistance, mais sans que personne ne s’en aperçoive. La France entretient depuis 1987 presque deux mille militaires sur le sol tchadien, dotés de tout ce que l’on peut imaginer comme moyens de renseignement et de défense. Dans le cadre du dispositif Épervier, elle dispose au Tchad d’importants moyens de reconnaissance aérienne, avec des Mirage F1CR et deux avions de patrouille maritime Atlantic II, et les accords entre les deux pays prévoient une aide française en matière de renseignement, de transport logistique et d’évacuation sanitaire, certes, sans implication directe dans les combats.

Personne n’a rien vu jusqu’au 1er février quand, à la hâte, on décida de rapatrier les 1.400 civils français vivant au Tchad ? En risquant, de plus, d’intervenir d’une manière intempestive dans la quiétude solennelle du troisième mariage du Chef de l’Etat ? Dur à croire… Mais ce qui est remarquable, c’est qu’alors qu’une famine endémique règne dans ces pays, on a trouvé l’argent nécessaire pour constituer une force de frappe qui, en trois jours, s’est trouvée dans la capitale d’un état disposant d’une armée, avec lequel la France a conclu un traité d’assistance militaire (1960/1976/1978) qui prévoit, entre autres, dans son Article 4. «Les personnels militaires français servent dans les forces armées tchadiennes avec leur grade. Ils revêtent l’uniforme tchadien ou la tenue civile suivant les instructions de l’autorité militaire tchadienne».

Que s’est-il passé pour que les «rebelles» soient si vite à N’Djamena ? Une promesse faite à Kadhafi, le Guide Suprême, au moment de l’obtention de la libération des infirmières bulgares ? Une autre -non tenue- faite au Tchad pour l’envoi en France, rapidement, après un simulacre de procès non moins rapide, des farfelus de l’Arche de Zoé ? Quoi qu’il en soit, Kadhafi vient de faire un pied de nez à la France après l’avoir ridiculisée par ses mascarades pendant sa visite à Paris. Guide Suprême qui a fait croire au monde entier qu’il a renoncé au terrorisme et dont le pays, disposant d’une nouvelle honorabilité, préside actuellement le Conseil de Sécurité des Nations Unies !

Et l’Europe ? Le clown qui lui tient lieu de «Haut Représentant pour la Politique Extérieure», Javier Solana, publie un texte programmatique dans Le Figaro. «L'Union européenne vient de décider de lancer une nouvelle opération de maintien de la paix en Afrique. Après une planification minutieuse, l'opération EUFOR Tchad-RCA est maintenant sur le point de se déployer au Tchad et en République centrafricaine. Cette opération cruciale, la plus vaste opération militaire conduite aujourd'hui par l'Union, va directement contribuer à l'amélioration de la sécurité des populations à l'est du Tchad et au nord du Centrafrique …/… Ainsi l'Europe aidera à jeter les fondations d'une paix et d'une stabilité durables au cœur de l'Afrique. Tel est son objectif aujourd'hui au Tchad et Centrafrique. Conformément à son ambition de contribuer à la construction d'un monde meilleur et plus juste». Trois jours après ces déclarations aussi fracassantes qu’ineptes, on apprend que les forces européennes -vu la situation avec les rebelles- ont trouvé urgent de rester en Europe. Mais ce continent à la dérive, n’a plus de preuves à donner pour démontrer son manque de sérieux, son incompétence, ni surtout le fait qu’il se couvre les yeux pour ne pas voir une réalité ne correspondant pas à sa vision du monde exprimée par un seul mot «apaisement». Naturellement, en se référant aux forces montantes de l’islamisme dit radical.

L’Irak

Libre à ceux qui se trouvaient mieux avec un assassin ignoble comme Saddam Hussein de continuer de pester contre la guerre faite par les Etats-Unis en Irak. Koffi Annan ne disait-il pas «I can do business with this man», en fumant un cigare offert par le dictateur sanguinaire, comme tous ceux qui se sont laissés soudoyés avec des «bons de pétrole», diplomates français de haut vol entre autres, toutes les gauches européennes dont une partie se constituait en «bouclier humain» pour le défendre, etc.

Cependant, selon la société de sondages Opinion Research Business, après avoir interviewé 2.414 irakiens, il y aurait eu 1.033.000 morts irakiens depuis 2003, non pas du fait de l’invasion américaine, mais du fait des organisations terroristes, au premier lieu desquels Al-Qaida et l’Armée du Mehdi (supplétifs iraniens dirigés par le petit imam El-Sadr). Comme il n’y a eu aucun enregistrement des décès (état civil détruit ou inexistant), la seule méthode de comptage est statistique.

Une nouvelle stratégie appliquée par l’armée américaine («Surge») réduit de plus de 90% les attaques terroristes contre la population irakienne ces derniers mois. Un répit ? Peut-on crier victoire ? Non, la lutte continue avec des acteurs différents.

On vient d’apprendre que Seif Al-Islam, l’ainé des fils Kadhafi, éduqué en Angleterre (London School of Economics), réformateur selon l’Occident, est soupçonné d’être un commanditaire d'Al Qaida au Nord de l’Irak. Il aurait fait envoyer plus de 150 «combattants», constituant le «régiment Seifaddin», via la frontière syrienne à Mossoul et voilà que les attentats aux voitures piégées ont repris de plus belle.

Selon de Services de Renseignement arabes, le fils est préparé pour la succession du Guide et se doit de se créer une réputation «sérieuse» dans le cadre du jihad. Ayant disposé en Libye de «combattants» préparés pour le terrorisme, mais sans emploi immédiat, et de ressources inépuisables (recettes du pétrole à 100$ le baril, plus les centaines de millions de dollars obtenus pour libérer les infirmières bulgares et dont l’essentiel est tombé dans l’escarcelle de son association «caritative»…), le voilà dans le Nord de l’Irak où il s’associe avec Al-Qaida. Selon les mêmes Services, la Libye n’a jamais renoncé à ses méthodes terroristes, elle a utilisé le fils quand il s’agissait de faire croire au monde le contraire et pour pouvoir obtenir la levée des sanctions qui l’étouffaient. C’est fait, on tourne la page et on s’occupe de choses sérieuses. Et pour faire bonne mesure, il vient de déclarer à l’intention de l’Europe «qu’elle ferait l’objet d’attaques d'Al-Qaida si elle ne retire pas rapidement ses troupes d'Afghanistan et d'Irak»… En ajoutant «Le seul moyen pour contenir le radicalisme est le départ rapide des troupes occidentales d'Irak et d’Afghanistan et une solution à la question palestinienne».

Les Libyens n’ont jamais vraiment cessé de soutenir le terrorisme. Seule l’Europe le croit parce qu’elle se cache la vérité. Par le passé, la Libye a utilisé des intermédiaires (Carlos ?), maintenant, puisque le Guide est assez confiant pour reprendre pied dans le jihad mondial, tout le poussait vers l’Irak et vers le Nord, car c’était l’endroit le plus tranquille, mais aussi le plus proche de la Syrie … L’Europe ? Elle attend un nouveau président américain, démocrate si possible, qui retirerait les troupes d’Irak pour marquer, enfin, l’échec de «l’aventure américaine», comme elle attendit l’échec au Vietnam, payé par la chape de plomb tirée sur plusieurs pays : le Cambodge, le Laos, les deux Vietnam … mais avec lesquels elle espère toujours faire des affaires ou au moins du tourisme. L’Irak ? Si c’est des musulmans qui assassinent des musulmans (un million …) c’est parce que les Etats-Unis s’y trouvent, sans comprendre qu’un échec américain, qu’un retrait rapide des troupes, libérera les combattants «radicaux» (ou les «militants» ou les «résistants») pour s’attaquer en priorité à l’Europe.

Le Zimbabwe

C’est loin … mais l’Europe reste silencieuse pendant qu’un autre dictateur, Robert Mugabe, âgé de 83 ans, détruit le pays avec l’aide, tiens, de la Libye. Qu’est-ce à dire ? Après avoir transformé le Zimbabwe, grenier de l’Afrique sub-saharienne, en pays assisté dépendant de la charité mondiale pour ses besoins alimentaires en spoliant des fermiers blancs, forcés à rendre leurs terres et à fuir vers l’Afrique du Sud, un paradis plus accueillant, il souhaite être président à vie. Mais pour pouvoir tenir avec une économie effondrée, une inflation galopante (record mondial, 8.000% par an), des infrastructures détruites et non entretenues, étant devenu la risée des autres dictateurs africains (ou de leurs équivalents dans les «démocraties» de la région) il a eu besoin d’un allié puissant. La Libye y a envoyé des troupes de choc qui tiennent le pays et rien ne s’y fait sans sa volonté. Regardez la carte … du Tchad et du Soudan en passant par la Centre-Afrique, on suit la route des marchands arabes d’esclaves. Disposer tout au Sud d’un relais, que demander de plus ? Et l’Europe ? Les pays des Lumières, la France à leur tête, se sont opposés à toutes sanctions sérieuses contre Mugabe et sa clique, car cela allait toucher la Libye à laquelle elle venait de redorer le blason … L’Europe s’est donnée comme objectif (sous l’impulsion de Tony Blair …) de sortir des ornières de la misère ce continent d’un milliard d’êtres condamnés par leur histoire, leurs conditions climatiques, leurs cultures à une régression imposée par une surpopulation évidente et des attitudes aberrantes vis-à-vis des fléaux des temps modernes. Comme le traitement du Sida en consommant des légumes et des fruits, suggéré par le ministre de la santé de l’Afrique du Sud et approuvé par le président éclairé du pays, Mbeki, avec le silence complice de Nelson Mandela. Que peut peser l’Europe et les derniers 500 millions d’euros qu’elle veut affecter à l’Afrique, face à la Libye (laissons de côté pour l’instant la Chine) ? Rien, mais elle se couvre les yeux pour ne pas voir une réalité qui ne correspond pas aux schémas inventés par ses élites de gauche qui n’ont même pas lu, probablement, «L’Afrique Noire est mal partie» texte écrit par René Dumont en 1962 …

Trois points de concentration nous montrant ce que les partisans des Talibans en Afghanistan, ou les pourfendeurs des Etats-Unis, qui avaient cru que la démocratie pouvait s’installer en Irak comme en Allemagne et au Japon après 1945, laissent faire sans réagir. Des millions de morts, déjà, et d’autres millions de morts à attendre car la valeur suprême de la vie pour l’islam est la mort.

Et presque dans le même chaudron, avec ce qui ne peut être qu’un humour britannique, Tony Blair vient de déclarer au Jerusalem Post «Le traité de paix qui consacrerait la création d’un état palestinien peut être conclu cette année. La chose la plus importante, est de répondre à la question si le Moyen-Orient peut devenir une région moderne et modérée ou dominée par une vision particulière, exclusive mais mal orientée de l'Islam, ce qui constituerait une menace importante. Il n'y a rien de plus important pour la paix du monde que de résoudre cette question».

C’est cela l’Europe : le sort des palestiniens est la chose la plus importante pour la paix du monde. Pas l’Irak, pas l’Afrique, pas l’islamisme de l’Indonésie, du Sri Lanka, de la Thaïlande ou du Cachemire. Comment peut-on aider à voir quelqu’un qui veut être aveugle ? On ne peut pas. Mais on peut regarder les trois photos qui suivent et qui ont été prises pendant des manifestations pacifiques à Londres.

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© Martin Birnbaum pour LibertyVox

 

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