30 janvier 2006
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Hamas, inscrit sur la liste des organisations terroristes par l’Europe, accède au pouvoir par une voie démocratique prônée par les démocraties occidentales pressées qu’elles sont à démontrer que l’islam est soluble dans la démocratie. L’Algérie, il y a quelques années, craignant le pire, a interdit au FIS une accession au pouvoir ce qui lui a coûté quelques 250.000 morts.
Et voilà nos gouvernants, la main sur le cœur, jurant qu’il n’auront rien à faire avec une Autorité Palestinienne sous la coupe du Hamas tant que cette organisation ne renoncera pas à son but ultime -la destruction d’Israël, ne renoncera pas à la violence et au terrorisme et ne fera pas siens les accords signé jadis par les palestiniens et les israéliens.
Mais de qui se moque-t-on ? Comment peut-on dire que les élections se sont déroulées démocratiquement et ne pas admettre que le résultat traduit la volonté des participants ? Comment peut-on demander à ceux qui ont choisi le Hamas, donc la volonté de liquider Israël, de renoncer à ce qui était en filigrane l’essentiel du message ?
Et alors, on nous sort du chapeau la grande explication : les électeurs ont voulu se venger des treize années pendant lesquelles le Fatah de Yasser Arafat n’a fait montre que de corruption, népotisme et incurie amenant la société palestinienne à la ruine. Naturellement, il s’agit des mêmes qui se sont opposés par tous les moyens possible à faire des enquêtes pour savoir où allaient les centaines de millions d’euros que l’Europe leur accorde tous les ans. En fait, le Fatah de Yasser Arafat (on se souvient, celui auquel la France a rendu des honneurs de chef d’état …) s’est révélé inutile et malfaisant car son nationalisme n’a conduit qu’à la destruction du tissus de la société civile vicié comme il était par la corruption généralisée que l’Europe -premier bailleur de fonds pour les palestiniens- a tolérée pendant des années aveuglée comme elle était (est) par son indifférence au sort d’Israël. Le Fatah d’Arafat n’était pas un mouvement nationaliste, ce n’était qu’un gang à la dévotion d’un chef adoubé par toute la gauche mondiale bien pensante fort qu’il était de sa haine contre Israël.
Les spécialistes des contorsions dialectiques vont nous expliquer que vu qu’il ne faut pas laisser le peuple palestinien tomber dans le désespoir il faut espérer que le Hamas mettra de l’eau dans son vin et qu’une fois au pouvoir, ben, ils s’amenderont. Les mêmes espoirs formulé pour Hitler en son temps, pour les prises de pouvoir communistes ensuite ou, tout dernièrement, pour les ayatollahs en Iran (en oubliant au passage les talibans …). Dialectique ? Où est la logique dans tout cela ? Ne doit-on pas laisser un peuple choisir son destin ? Si les palestiniens ont choisi le Hamas et ses buts ultimes connus et répétés à satiété depuis quelques jours, eh bien il ne faut pas les contrarier. Non plus les aider.
Au fait, pourquoi c’est l’Europe et les Etats-Unis qui doivent, depuis plus de cinquante ans, faire vivre des millions de descendants des 650.000 (ou 750.000) habitants de la Palestine historique qui l’on quittée à la création d’Israël ? Pourquoi pas les frères arabes qui ont tiré des revenus du pétrole de trillions et des trillions de dollars ? Faut-il se souvenir qu’à la fin de la deuxième guerre mondiale l’Europe a vu 50 millions de réfugiés déplacés mais intégrés dans les pays d’accueil dont ils n’étaient liés en rien. Sauf par la volonté commune d’une vie meilleure créée par soi-même et non pas mendiée à la communauté internationale. Tel n’a pas été le cas pour les réfugiés palestiniens, il fallait se souvenir, en permanence, que les responsables de leurs souffrances étaient juifs !
Et maintenant ?
La France, premier pays musulman au Nord de la Méditerranée, disposant de trois partis trotskistes d’extrême gauche (record mondial) est sérieusement embêtée. Après avoir diabolisé Israël et Sharon (celui de « Bush, Sharon, assassins ») elle se trouve maintenant, elle, laïque, devant des islamistes qui prennent le pouvoir. Pas seulement la France officielle : les Bové, Laguiller et autres Krivine, les communistes et les alter-mondialistes du Monde Diplomatique, comment vont-ils s’accommoder de l’instauration de la charia en Palestine ?
Il n’y a aucune raison pour le Hamas (ou pour le peuple palestinien) de changer leurs buts ultimes. Ils veulent la disparition d’Israël, ils n’y renonceront pas surtout au moment où fiat irruption sur l’échiquier mondial un nouveau président iranien qui tranquillement appelle à l’éradication de l’entité sioniste et attend impatiemment la fin du cycle d’enrichissement de son uranium … Mais Israël semble avoir réussi à faire comprendre à l’Europe qu’il n’avait pas une vocation suicidaire marquée. Ce qui conduit à une constatation simple : les palestiniens (selon le mot d’Abba Eban) n’ont pas raté l’occasion de rater une occasion.
A qui peut-on faire croire qu’ils veulent un Etat ? S’ils l’avaient voulu les occasions étaient légion : en 1948, au moment de la paix israélo-égyptienne, à Camp David en 2000. En réalité, ce qu’ils veulent c’est la disparition d’Israël, c’est non pas deux états pour deux peuples mais deux états pour un peuple.
La conséquence est limpide : rien ne se passera pendant les dix ou vingt années à venir ou jusqu’au moment où la jobardise européenne alliée au mercantilisme russe et à l’indifférence planétaire chinoise auront donné la bombe à l’Iran. Ce jour-là (ou tout juste auparavant) le monde découvrira avec effroi que faute d’avoir mis le holà quand cela était possible il sera en train de basculer dans l’horreur finale. Comme la solution …