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14 septembre 2008 7 14 /09 /septembre /2008 09:52

 

Pendant le temps que vous lirez ce texte la dette publique de la France augmentera de 1.900 € à la seconde : elle était de 1.150 Milliards d’euros à fin 2006 ce qui a fait dire M. Fillon (après l’élection de N. Sarkozy) « Je suis à la tête d'un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier …On a 1.150 milliards de dette à la fin de 2006. C'est une situation qui n'est plus supportable. » Et nous étions nombreux à croire qu’une fois le constat fait on allait, enfin, conduire le pays vers l’assainissement économique dont il avait besoin. Mais les déclarations passent comme passent les roses … et la dette publique en ce moment est de 1.252 Milliards d’euros. En moins de 18 mois la France a augmenté sa dette d’encore 100 Milliards d’euros ridiculisant les propos de M. Fillon et montrant qu’en réalité, le pays ne se trouve pas sur la voie de son assainissement économique, au contraire. De plus, on laisse de côté la dette « hors bilan » (selon les normes internationales) constituée par les engagements de l’Etat au titre des retraites des fonctionnaires ce qui ajoute environ 900 Milliards d’euros, soit un total de plus de 2.150 Milliards d’euros. Les deux grandes explications pour justifier cet état de choses : l’absence de la croissance et le différé dans le temps des effets des réformes entreprises.

Pourtant, il suffit de regarder deux graphiques -évolution de la dette publique et taux de croissance- pour comprendre, qu’en France,  il n’y a aucune relation entre les deux.

 

        
             25 années de 1981 à 2006 (source OCDE)

On observe que sur les 25 dernières années (à partir de l’élection de F.Mitterrand et nonobstant la couleur de la coalition au pouvoir ensuite) la croissance moyenne du PIB de la France a été d’environ 2%. Les hauts et les bas n’ont eu aucune influence sur l’évolution de la dette qui s’est vue augmenter de 20 % du PIB en 1981 à 64 % du PIB en 2006. Les années de forte croissance (1990 ou 2000-2002) ont seulement ralenti, un peu, le rythme d’augmentation, sans plus.

 

Dans ce qui va suivre je m’efforce de démontrer que les raisons de l’endettement faramineux de le France et de son accroissement implacable sont structurelles et ne pourront disparaître qu’avec un changement du modèle économique, politique et social du pays.

 

Il me semble que ces raisons structurelles se résument à trois : obésité de l’état, coût de l’immigration (acceptée=en situation régulière et/ou naturalisés, ou subie=sans papiers), « état providence ».

 

Obésité de l’Etat -

 

L’on décompte en France aujourd’hui environ 6,2 Millions de fonctionnaires (2,5 fonction publique d’état, 1,6 fonction publique territoriale, 1 fonction publique hospitalière et 1,1 entreprises publiques à monopole + enseignement privé sous contrat – source DGAFP, INSEE). D’un autre côté, le nombre de salariés des secteurs concurrentiels s’établit à environ 16,5 millions. Ce qui permet de constater qu’en France il y a pour chaque 2,5 salariés du secteur marchand, 1 fonctionnaire. Et on voit apparaître une tendance lourde à l’augmentation du nombre de fonctionnaires car  entre 1982 et 2003, l'emploi public a augmenté de 24% quand dans le même temps, l'emploi total a augmenté de 13%. La Fonction publique territoriale (FPT) a fait montre d’une croissance de 42%, les effectifs de la fonction publique hospitalière (FPH) ont progressé de 28% et ceux de la Fonction publique d'Etat de 14%. Chiffres qui montrent (a) que la France se transforme lentement en un pays de fonctionnaires et (b) que les questions à caractère rhétorique « faut-il diminuer le nombre d’infirmières » n’ont aucun sens car toutes les fonctions de l’état sont en augmentation continue. « Faut-il rappeler que la France compte 83 enseignants dans le secondaire pour 1 000 habitants là où l’Allemagne en compte 66 et le Royaume-Uni 60 ? 2,2 agents des impôts sur 1 000 habitants là où le Royaume-Uni en compte 1,3, la Suède et le Canada 1,2 ? Faut-il rappeler que la France dispose de 1 987 fonctionnaires pour soutenir les exportations alors que l’Allemagne, qui pèse le double de la France en pourcentage du commerce mondial, en compte 1 046, presque un sur deux en moins ? » (source Le Point)

 

En 2007, la France -selon les statistiques de la Commission européenne- a été le pays qui a dépensé le plus en dépenses publiques en proportion du produit intérieur brut, non seulement au sein de la zone euro mais au sein de l'Union européenne à vingt-sept. Quand la France dépense pour l’état 100, l’Allemagne dépense 83 (comme le Royaume Uni), l'Espagne 74 et le « meilleur de la classe » - Estonie 64 (source Eurostat). Actuellement nous « battons » les Suédois, les Finlandais et les Danois qui en 2000 étaient tous devant nous, mais qui ont fait de très grands efforts pour faire maigrir leur état. Notre pays est le premier en Europe pour les dépenses de l’état, et « c’est les enfants des élèves qui payent les salaires des enseignants » (J. Attali).

 

Coût de l’immigration (acceptée ou subie) – Selon ce que l’on ne sait pas (car on n’a pas le droit de le savoir, la République étant une et indivisible …) le nombre d’immigrés réguliers et des membres de leurs familles se trouve entre 5,0 et 8,0 millions (en laissant de côté et les « statistiques » des bien pensants qui situe ce nombre autour de 3,0 millions et celles des « mal pensants » qui vont jusqu’à 10 millions). Deux rapports font autorité pour ce qui est des coûts complets de l’immigration pour la France : « Essai d’évaluation pour la France des coûts de l’immigration » (Prof. J. Bichot, Lyon III-Jean Moulin) et « Le coût réel de l’immigration en France » (J-P. Gourévitch, expert international). Ces rapports considèrent que le nombre total de la population d’origine immigrée est d’environ 6,9 millions de personnes soit 11 % de la population métropolitaine (évaluée à 64 millions pour fin 2008). Parmi lesquelles (en soustrayant les moins de 18 ans et les plus de 65 ans) on considère qu’environ 3,0 millions de personnes  ont ou cherchent activement un emploi. Mais, tandis que le taux de chômage des immigrés européens est comparable à celui de la population autochtone (7,5%), celui des immigrés des pays tiers est de 21,5 %. Cette population ne contribue qu’à hauteur de 4 % des revenus de la France car leur revenu initial individuel se limite à 5 800 euros (moyenne nationale : 14 400 euros). En revanche, ils perçoivent 22 % des prestations sociales.

 

A très peu de choses près, les deux rapports cités concluent [après analyse exhaustive des dépenses totales (y compris les investissements divers) et des recettes totales, analyse fondée sur des hypothèses parfaitement recevables quand il ne s’agit pas de données officielles] à un coût annuel de l’immigration (non européenne) de 36 milliards d’euros, soit grosso modo 2 points de PIB ! C’est le moment de se souvenir que le déficit public français pour 2008 sera de 59,6 milliards d’euros. Autant dire que ceux qui nous assènent comme vérité d’Evangile « l’immigration est une chance pour notre pays » devraient peut-être consulter les statistiques pour vérifier si ce qu’ils disent correspond à la réalité. Non, ce qu’ils disent ne correspond pas à la réalité. De plus, la croissance beaucoup plus rapide de la catégorie des moins de 18 ans dans cette population (elle compte aujourd’hui 15 % de la population métropolitaine correspondante, soit 45 % plus que leur poids dans la population totale du pays) ne fait (ne fera) qu’accentuer les écarts, ce qui aura comme conséquence une augmentation continue du coût de l’immigration d’origine non européenne. Et cela permet de dire que 3/4 du déficit chronique des finances publiques de la France provient des immigrés d’origine non européenne. Dans ce tableau, deux autres composantes : « la France est le pays qui a le plus grand taux de natalité en Europe » (sans s’attarder sur le fait que 20 % des naissances sont d’origine immigration non européenne … soit le double en pourcentage par rapport à son poids dans la population totale) et « si cette population ne contribue pas aux comptes de la nation comme les autochtones c’est parce que nous avons raté leur intégration » (en laissant de côté le fait que le rapport entre le PIB du pays d’origine et celui de la France va de 1 à 25, par exemple, entre la France et le Mali ce qui constitue un formidable attrait même si l’on gagne en France le tiers ou le quart de ce que gagne un autochtone  ou un immigré européen).

 

Ce qui précède est illustré graphiquement ci-après :

 


Naturellement, la France est un cas particulier … Avant-dernier pays en Europe pour son déficit par rapport au PIB elle vient de prendre la présidence de l’Europe et … va donner des conseils à tout monde. Y compris au leader socialiste de l’Espagne : son pays flirte avec l’équilibre budgétaire et il n’hésite pas à tenir la promesse d'augmenter de 6 % le minimum retraite car "la sécurité sociale fait preuve d'une santé magnifique", (le ministre du travail, Celestino Corbacho, évoquant un fonds de réserve équivalent à 5 % du PIB). Mais le chômage restant préoccupant ajoute le chef du gouvernement socialiste, "il est logique que le flux de l'immigration se réduise"."Cela n'a pas de sens de faire venir des maçons du Maroc si ceux d'ici sont au chômage".

         Déficit annuel en % du PIB, Europe

 

 

Etat providence


Résultat de la transformation de la social-démocratie allemande, de sa rupture avec Marx et de son adhésion à l’économie de marché (Bad-Godesberg, 1959) l’état-providence s’installe, pratiquement, dans tous les pays de l’Union Européenne. Et peu importe la couleur des coalitions au pouvoir (exception : l’Angleterre). Partout, comme une sorte de reflet de la vulgate dominante apparue après 1945 « plus jamais de guerres » on a traduit la chose sur le plan économique et social : plus de « guerre de classe », apaisement du conflit fondamental du capitalisme tel qu’évoqué par Marx, « caractère collectif de la force de travail, possession ou appropriation individuelle des moyens de production ». Systèmes de retraite par répartition, réduction de la durée du travail (annuelle et totale avant la retraite), assurances maladie obligatoires à double financement, éducation gratuite, indemnisation (généreuse) du chômage, développement de l’état et de ses fonctions, etc., ont tous été mis en place pendant les « trente glorieuses » (pour certains années 50-80 pour d’autres 60-90, après 1900, naturellement …).

 

La France (qui n’a pas vraiment admis l’économie de marché) a vécu, sans soucis, pendant les trente dernières années comme si ses dépenses inconsidérées allaient pouvoir se maintenir pendant l’éternité. Elle a accueilli des masses d’immigrés sans ressources et sans capacités prouvées de pouvoir trouver un travail (voir plus haut, coût de l’immigration). Elle a créé, essentiellement pour cette catégorie, la CMU (couverture maladie universelle) ce qui a constitué un nouvel attrait pour ceux qui veulent vivre en France. Pour les autochtones, elle a réduit la durée du travail (35 heures) au-delà de tout ce que l’on pouvait imaginer (sauf par ceux qui n’ont jamais travaillé dans une activité marchande pour se rendre compte que l’on ne partage pas le travail …). Elle a mis en place de modalités de départ à la retraite qui font que certains pouvaient le faire à partir de 50 ans (et certains, encore aujourd’hui, peuvent le faire à partir de 55 ans …).  Elle a inventé de nouveaux mécanismes pour financer ses dépenses y relatives : CSG, RDS et dernièrement la taxe pour le financement du RSA. Bref, pendant que ses partenaires européens commençaient à se serrer la ceinture, à rogner sur les largesses de l’état providence et à trouver des moyens pour relancer leur croissance économique et la réduction de leurs dettes, la France, insoucieuse, continuait sur sa lancée. Pour comprendre l’absurdité, actuelle, du système de retraite par répartition il suffit de donner deux exemples : au début des années 60 il y avait quatre personnes au travail pour une à la retraite, aujourd’hui il y en a 1,8 personnes pour un retraité. Qui peut croire que les « mesures » prises (rallongement partiel du nombre d’années de travail ou les changements à la SNCF) sont autre chose que des cataplasmes sur une jambe de bois ? Un deuxième exemple : l’âge moyen du départ à la retraite en France est de 57,5 ans tandis que l’âge moyen pour le premier emploi salarié est de 24 ans. Autant dire que la durée moyenne de travail (avant la retraite) est de 33 ans. Mais, soit, regardons le cas d’un salarié non cadre qui dès son premier emploi et jusqu’au départ à la retraite disposerait du salaire brut moyen actuel (2.440 €). Sa cotisation « vieillesse » + complémentaire retraite lui coûte 547 €/mois soit une contribution au système de 269.000 € au bout de 41 ans (durée légale actuelle). Mais il aura 65 ans quand il partira à la retraite et, progrès médicaux aidant, il vivra (qu’il veuille bien m’excuser …) jusqu’à 85 ans (espérance mathématique de vie à la naissance pour les hommes, en France = 82 ans). Pendant ses 20 dernières années la pension qu’il recevra de la Sécu sera d’environ 333.000 € (maximum actuel 1.386 €/mois) mais il coûtera à la société, aussi, quelques 66.000 € en dépenses médicales (moyenne annuelle actuelle 3.318 €/habitant). Un système qui reçoit 270.000 € et qui doit rendre 400.000 € n’a pas beaucoup de chances de pourvoir exister longtemps autrement que par une fuite en avant : une des raisons de la progression de la dette de la France réside dans les comptes déficitaires de la Sécurité Sociale. Les graphiques qui suivent montrent clairement :

            Source : commission des comptes de la Sécurité sociale, avril 2008

 

a. la moyenne des déficits annuels sur les 14 dernières années a été d’environ 5,8 Milliards € avec un total de 81 Milliards d’euros (qui se retrouvent dans la dette de la France …) mais la moyenne annuelle du déficit des 6 dernières années a été de 9,8 Milliards d’euros !
 

b. le régime vieillesse (CNAV, salariés) qui a été excédentaire jusqu’en 2004 affiche une dérive croissante : le déficit double entre 2006 et 2008 (estimation) et, si l’on prolonge le graphique (en tenant compte de l’absence de tout correctif)  il va doubler encore en 2010 ; ensuite …

 

Voilà les effets de l’état providence en France, une partie en réalité. Une partie, car ses largesses (comme son impuissance à les arrêter) ne s’arrêtent pas là. On a cru un moment, avec les promesses du candidat N. Sarkozy que les choses allaient changer. Ce n’est pas le cas et le coût de ce qui a été entrepris comme réformes ne fait qu’augmenter la dette pour, au moins, les cinq/dix années à venir (universités, régime spécial, etc., uniquement celles dont on se gausse pour montrer que la France se réforme).

 

oooooooooooooo

 

Mais … la vie ne se plie pas toujours aux désirs de ceux qui gouvernent l’Europe. A partir du premier choc pétrolier (1973) et ensuite, à répétition, les « crises de croissance », d’un côté, et la prise de conscience de la nécessité d’une action commune à l’échelon de l’Europe (Maastricht, introduction de l’euro), d’un autre côté, ont conduit les gouvernants à revoir les fondements de l’état providence. Ainsi fût fait dans les pays nordiques, en Espagne en Belgique, en Allemagne. Avec, naturellement, l’exception française. Pendant 25 ans, d’alternance socialiste en pouvoir de droite, avec une constance permise uniquement par l’incapacité de ses partenaires européens de lui faire entendre raison, la France n’a en rien modifié les fondements de son état qui, individualisme exacerbé oblige, a démissionné devant les oppositions catégorielles aussi multiples que ses propres incapacités. Mais, comme la France est la France, c’est elle qui avait imposé (Maastricht) les deux critères principaux pour maintenir l’euro : un déficit annuel inférieur à 3%  du PIB et une dette totale inférieure à 60 % du PIB. Les années ont passé et les promesses de la France de respecter les critères mentionnés, aussi. On a promis aux partenaires européens de tout faire pour 2006 et ensuite pour 2008 et ensuite pour 2010 et ensuite, croix de bois croix de fer … pour 2012. Le ministre des finances parle maintenant de voir la France respecter intégralement ses engagements à  « l’horizon de 2012 fonction aussi de la croissance de l’économie ». On sait, cependant que croissance et dette n’ont rien en commun pour la France.

 

La même ministre des finances vient de mettre à l’ordre du jour de la rencontre des 27 ministres des finances de l’Europe un point majeur : « il est impératif de mettre en place des systèmes de contrôle financier des agences de notation ». Cela peut paraître curieux mais ce ne l’est pas. L’année dernière, la prestigieuse Standard&Poor, principale agence mondiale de notation de la dette des états (ou autres collectivités, grandes entreprises, etc.,) avait annoncé que si rien ne se passe jusqu’en 2010 les obligations d’état de la France seront décotées prenant la voie de « junk bonds » tandis que la notation de la dette ne sera plus AAA et elle sortira du groupe de 19 pays européens disposant de cette évaluation. Il s’agit, donc, d’un thermomètre qui, pour la France ne montre pas une température convenable. Que fait la France ? Elle va casser le thermomètre en voulant contrôler les sociétés de notation …

 

Réformes ? Peut-être … espoir d’obtenir des résultats ? Aucun … Comment faire ? Tant que le système économique-politique-social français ne changera pas, aucun espoir de réduire la dette ou le déficit. Alors … dormez-braves gens, ceux qui nous gouvernent pensent (surtout à eux) à tout !

 

Gentil lecteur, vous avez mis 10 minutes pour lire ce texte ? La dette de la France a augmenté de 1.140.000 € !

 

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