16 décembre 2008
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Monsieur le Président,
Vous n’avez pas encore pris vos fonctions que, déjà, le ban et l’arrière-ban du monde diplomatique vous supplient, vous en conjurent, de faire du conflit israélo-palestinien votre priorité immédiate. A peine un peu décalée par rapport aux effets de la crise économique aux Etats Unis pour laquelle vous vous êtes engagé à assurer la création de plus de 2 Millions d’emploi en deux ans.
Tous ceux, acteurs ou intermédiaires, qui pendant des décennies n’ont eu que des échecs à mettre à leur actif ayant essayé de résoudre ce conflit, de Tony Blair à Gordon Brown, de Mahmoud Abbas au roi d’Arabie Saoudite, de l’Europe impuissante aux pays du Golfe profiteurs de la manne du pétrole et qui ne se soucient pas, vraiment, de leurs frères palestiniens, même Condoleeza Rice, tous ils vous demandent de vous impliquer, vite, avec force, dans la résolution de ce conflit.
Monsieur le Président, ne le faites pas. Vous et l’Amérique vous n’avez rien à gagner d’un nouvel échec car ce conflit ne peut pas être résolu.
On vous dira que le nœud gordien est l’occupation. Ceci n’est pas vrai et la création d’un état palestinien n’a jamais été la réponse à ce mensonge. Si les palestiniens (et avant eux les arabes car jusqu’en 1967 personne ne parlait du peuple palestinien) avaient voulu avoir un état ils auraient pu utiliser les multiples occasions qui leurs ont été offertes par l’histoire et la communauté internationale. Du partage de 1948 jusqu’à la guerre lancée par trois pays arabes en 1967 les palestiniens auraient pu avoir un état car pendant ces années-là il ne dépendait que des pays arabes que de le créer. Mais la résonance des trois NON de Khartoum en 1967 (non à la paix, non à la négociation, non à la reconnaissance d’Israël) s’est fait sentir jusqu’au moment quand l’Egypte a décidé de faire la paix avec ce pays et récupéré ainsi l’immensité du Sinaï. Ensuite, peu de temps après, la Jordanie. Mais tous les autres pays arabes ont refusé de légitimer Israël par une reconnaissance en tant qu’interlocuteur et ont repoussé toutes tentatives de solution. La plus pernicieuse pour Israël a été celle des accords d’Oslo suite auxquels on a installé en Cisjordanie et à Gaza des cohortes de terroristes ramenés par Arafat de son exil tunisien après avoir été expulsé du Liban.
Aucune négociation de donnera de résultats tant que les arabes n’auront pas accepté, réellement, l’existence d’Israël en tant qu’état juif. Ceux qui vous disent qu’il suffit qu’Israël rende les territoires disputés depuis 1967 pour que la paix soit possible ne sont que des marchands de rêves. Le but des arabes a été et est toujours de détruire cet état et c’est la raison pour laquelle aucune tentative de solution n’a pu donner des résultats. Réfléchissez : si les arabes en général et les palestiniens en particulier voulaient la paix et acceptaient Israël, ils auraient expurgé depuis des lustres de tous les cursus scolaires la négation de cet état et ils auraient donné la préférence à une éducation positive au lieu de promouvoir la haine du juif et sa négation comme israélien.
Monsieur le Président, Israël est un corps étranger fondé sur des valeurs devenues judéo-chrétiennes, dans un océan musulman. Regardez la carte du Proche Orient : Israël représente 0,43% (21000 km2) du Proche Orient (4.900.000 km2), qui peut croire que si les arabes voulaient accepter Israël (et les juifs mais sans statut de dhimmi) on n’aurait pas pu trouver une solution au conflit ? Quant aux populations … 6 Millions (le nombre de juifs détruits par la barbarie nazie en Europe) en Israël pour 180 millions d’arabes soit 3,3 % de la population du Proche Orient (en passant … une densité habitant/ km2) sept fois supérieure !
Ecoutez une actrice syrienne à la télévision de Damas : « la haine d’Israël est dans nos gènes et nous la transmettrons à toutes les générations futures ». Mais il y a, fondamentalement, une autre chose.
Les frontières du Proche Orient ont été fixées par les états coloniaux (France et UK pour l’essentiel) qui ont crée de nouveaux états à la disparition de l’empire ottoman. Ces états ne peuvent pas se considérer plus légitimes qu’Israël. A l’exception de l’Egypte et peut-être de l’Irak, aucun d’entre eux n’a d’identité propre trouvant ses racines dans des millénaires d’histoire. Sauf Israël, mais on la lui conteste. De plus, Israël est le seul pays non arabe, bien plus, seul pays où les arabes sont une minorité (certes avec des droits qui font pâlir les habitants majoritaires des autres pays), le seul pays où la langue majoritaire n’est pas l’arabe (comme c’est le cas depuis l’Atlantique jusqu’aux frontières turques) et c’est le seul état dont la culture politique (démocratie élective) est incompréhensible pour ses voisins. Israël est, donc, considéré comme un corps étranger dans l’océan arabe, il ne peut pas être accepté. Dès lors, toute tentative de « régler » le conflit est vouée d’emblée à l’échec. Sans parler de l’antisémitisme musulman qui plonge ses racines dans le coran.
Monsieur le Président, ne vous mêlez pas de ce conflit. De Nixon en passant par Bush 1 et ensuite par Clinton et Bush 2 ils ont tous essayé, vous connaissez le résultat. Encore une fois, non pas parce qu’ils n’ont pas consenti les efforts et les talents nécessaires mais, simplement parce que le conflit ne peut pas être résolu.
Faire croire que le conflit peut être réglé c’est ignorer un paradoxe qui est visible : tout le monde s’est accordé sur la solution « deux états » et tout le monde sait ce qui est nécessaire pour y arriver. Mais 8 ans après Camp David quand Arafat et Barak étaient « presque » sur le point d’avoir un accord, rien n’est réglé. Il faut bien reconnaître que le ver est dans le fruit : tout ce qu’Israël peut accepter se trouve en deçà de tout ce que les palestiniens veulent accepter.
Il y a à peine deux jours, Mahmoud Abbas, que tout le monde considère comme homme de paix, déclarait « le conflit israélo-palestinien ne sera pas résolu jusqu'à ce que toutes les terres palestiniennes conquises par Israël et Jérusalem ne seront libérés » …. Toutes les terres palestiniennes conquises, libérés, vous voyez ce qu’il veut dire ?
Et depuis 2006 voilà que la conquête de Gaza par les islamistes du Hamas crée un autre paradoxe : un « peuple », deux gouvernements et pas d’état. Comment ne pas comprendre que si par miracle le monde arabe acceptait Israël, la dichotomie palestinienne fera tout capoter. Certes, on a fait sensation depuis six ans avec « l’initiative » arabe qui, en clair dit qu’Israël sera accepté s’il rend les territoires conquis en 1967 et accepte que les réfugies de 1948 et leurs 4,5 millions de descendants reviennent dans l’état juif. Et pour faire bonne mesure il faudrait partager Jérusalem avec un état arabe que tout laisse prévoir devenir, comme Gaza, un nouvel état taliban. Passons sur le fait que demander à Israël de revenir à la situation géographique de 1967 devrait comporter la même obligation pour les pays qui avaient fait la guerre à Israël : l’Egypte devrait revenir à Gaza et la Jordanie en Cisjordanie … Ce que l’on demande, en réalité, à Israël, c’est de se suicider.
Monsieur le Président, ce qui sépare les deux camps -par delà l’impossibilité pour les arabes d’accepter un corps étranger et pour Israël de se suicider- c’est-à-dire Jérusalem, les frontières et les réfugiés, est trop important et inscrit profondément dans les narratives des protagonistes pour imaginer qu’une solution est possible.
Vous avez cru bon de vous entourer d’un groupe de conseillers qui ont tous touché au conflit et qui vous convaincront qu’il faut faire ceci ou cela. Rahm Emmanuel, Dennis Ross, Daniel Kurtzer, Martin Indik, Robbert Malley, David Axelrod, David Plouffe, Dan Pfeiffer, Dan Shapiro, Lee Rosenberg : trois quarts d’entre eux ont passé des années à s’occuper de ce conflit. Gardez-les, car le nombre y est, pour faire des prières mais ne les laissez pas vous entraîner à devenir partie prenante de ce conflit (Depuis qu'Abraham pensait que Lot avait trouvé dix justes pour que Dieu avec lequel il "négociait" ne détruise pas Sodome, la liturgie juive impose qu'une dizaine d'hommes soient réunis pour faire une prière). Et surtout ne faites pas l’erreur de Bush 2 qui a cru et fait croire que les arabes du Proche Orient adopteront la démocratie comme système de gouvernement.
Les 180 millions d’arabes du Proche Orient sont maintenant la cible d’un autre prédateur, l’Iran. 75 millions de chiites iraniens veulent assurer leur domination sur les arabes sunnites. Regardez bien la « banane » chiite qui s’étend du sous continent indien et jusqu’aux pays « prenables » de l’Afrique. Avec des têtes de pont bien achalandées, nourri avec l’argent payé par l’Occident pour son pétrole, l’Iran a réussi à s’infiltrer dans le monde arabe sunnite. Les milices Sadr en Irak, le Hezbollah au Liban, les (presque) pleins pouvoirs en Syrie, le Hamas à Gaza, le Soudan en train de basculer, voilà ce dont il faut s’occuper. Pendant que les troupes américaines essayaient de pacifier l’Irak et d’aider à sa reconstruction, l’Iran a réussi à se créer une sphère d’influence qui s’étend sur le pétrole irakien (le Sud chiite) et fort de sa position géographique vise obtenir le contrôle du détroit de Hormuz et, partant, de celui du pétrole des pays du Golfe. Si vous les laissez faire, dans moins de 20 ans ils seront les maîtres du Proche Orient. A moins de faire stationner là-bas plusieurs millions de troupes américaines … Ce qui par le temps qui court n’est pas vraiment envisageable.
Et c’est pour cela qu’ils veulent avoir la bombe. Et quand ils l’auront, ils auront tout ce qu’ils voudront de la part des états inconsistants (Arabie Saoudite, les pays du Golfe, même l’Egypte qui va basculer vers les Frères Musulmans). Autant dire, ils sont en train de reconstruire l’empire perse mais cette fois-ci fondé sur une idéologie politique tirée du culte du Mehdi qui sépare les sunnites des chiites.
L’Iran des mollahs est aujourd’hui un état brutal que rien n’arrête à l’intérieur ou à l’extérieur. A l’intérieur, c’est le deuxième pays au monde pour les exécutions, après la Chine. 230 iraniens ont été pendus pendant les 11 premiers mois de 2008. Non, vous n’entendrez pas les organisations « droithommistes » protester. A l’extérieur, les massacres de Buenos Aires ou le terrorisme à Paris, Berlin ou ailleurs ont montré de quoi ils sont capables car aucune autorité autre que celle des mollahs n’a de prise sur cet état.
La dure réalité à laquelle le monde - et l’Amérique la première - doit faire face aujourd’hui est simple et écrite sur les murs : l’Iran a enrichi suffisamment d’Uranium pour produire au moins une bombe.
Pendant sept années l’Europe, toute en essayant d’éviter les croche-pieds des russes et des chinois, a « négocié » avec l’Iran l’arrêt de son programme considéré militaire par tout le monde. En réalité, l’Iran a gagné sept années de tranquillité dans sa marche vers la bombe. Qui peut croire qu’Israël pourrait se résoudre à vivre avec un Iran disposant de la bombe et criant sur tous les toits sa volonté d’éradiquer « l’état sioniste » ? Qui peut croire qu’Israël restera de marbre quand les supplétifs de l’Iran -le Hezbollah, par exemple- pourront disposer de « bombes sales » sous-produits de l’enrichissement de l’Uranium par l’Iran ?
C’est pour cela, Monsieur le Président qu’il faut s’occuper de l’Iran et non pas du conflit israélo-arabe. Car la réponse aux questions précédentes est claire comme eau de roche : Israël n’attendra pas que l’Iran dispose d’une bombe une fois qu’il dispose, déjà, des vecteurs de transport. Et si vous ne faîtes rien, vous vous trouverez avec un conflit nucléaire sur les bras. Non pas dans dix ans mais tout de suite après votre installation à la Maison Blanche.
Mais avant de s’occuper de l’Iran il faudrait, Monsieur le Président que l’on détache la Syrie de « l’axe du mal ». Certes la Syrie est inféodée à l’Iran, certes la Syrie a suivi (suit) un programme nucléaire militaire caché avec l’aide de la Corée du Nord (qui fait tourner en bourrique les Etats Unis depuis 1994 -Clinton- et ses cinq autres partenaires dans les discussions visant l’abandon du nucléaire militaire coréen), certes la Syrie a tué et pillé ce qui pouvait l’être au Liban, directement ou par Hezbollah interposé. Pourtant, il s’agit du seul état arabe qui est tenu par un dictateur alaouite, plus proche des sunnites que des chiites. La première chose à faire, donc, c’est de trouver le moyen pour obtenir un traité de paix entre la Syrie et Israël. Ce ne sera pas facile mais c’est possible. Tandis que du côté Israël – Palestine c’est difficile et impossible.
S’occuper de l’Iran ne veut pas dire recommencer les palabres européennes qui durent depuis sept ans. Dialogue sans concessions avez-vous dit en pensant à l’Iran. Figurez-vous que jusqu’ici il y a eu un dialogue avec concessions …
Aucune chance d’obtenir quoi que ce soit des mollahs comme deux administrations américaines, pendant 16 ans, n’ont rien obtenu de la Corée du Nord. Sauf d’assurer la survie d’une partie de la population de ce pays avec une aide alimentaire tandis que ses ressources étaient affectées au militaire et à des coopérations plus ou moins occultes (Iran, Syrie, Libye).
Monsieur le Président,
Depuis la conférence d’Annapolis en 2007, l’actuelle administration a essayé de « tordre les poignets » d’Israël (et, partiellement, des palestiniens) pour qu’un accord de paix soit conclu. Peine perdue et c’est un non sens que d’invoquer la situation politique en Israël (élections dans deux mois).
Vous avez été contre la guerre en Irak. Sans doute, pensiez-vous, comme d’autres, qu’il valait mieux avoir affaire à un dictateur sanguinaire qui n’oppressait que son peuple et qui affaibli par deux conflits qu’il avait déclenché (avec l’Iran et ensuite le Koweït) pouvait continuer à faire œuvre laïque dans l’océan islamique. Très bien. Vous vous préparez à faire sortir les troupes américaines de l’Irak. Très bien. Vous pensez que l’endroit le plus dangereux aujourd’hui est l’Afghanistan. Très bien.
Pourquoi ne pas laisser vos alliés européens s’en occuper ? Au fait, cela les regarde plus car continuité territoriale oblige … de l’Afghanistan en passant par le Caucase musulman on arrive vite en Europe. Laissez-leur (ou imposez-leur) la défense de leurs territoires.
Et sans tarder, puisque vous avez toutes les options sur votre table concernant l’Iran, choisissez de suite la définitive. Et souvenez-vous des paroles de Nicolas Sarkozy (reprises par son ministre des affaires étrangères) « le choix pour l’Iran est entre la bombe et le bombardement ».
N’attendez pas la bombe, Monsieur le Président.
En attendant le moment propice pour la paix ...Tous ceux, acteurs ou intermédiaires, qui pendant des décennies n’ont eu que des échecs à mettre à leur actif ayant essayé de résoudre ce conflit, de Tony Blair à Gordon Brown, de Mahmoud Abbas au roi d’Arabie Saoudite, de l’Europe impuissante aux pays du Golfe profiteurs de la manne du pétrole et qui ne se soucient pas, vraiment, de leurs frères palestiniens, même Condoleeza Rice, tous ils vous demandent de vous impliquer, vite, avec force, dans la résolution de ce conflit.
Monsieur le Président, ne le faites pas. Vous et l’Amérique vous n’avez rien à gagner d’un nouvel échec car ce conflit ne peut pas être résolu.
On vous dira que le nœud gordien est l’occupation. Ceci n’est pas vrai et la création d’un état palestinien n’a jamais été la réponse à ce mensonge. Si les palestiniens (et avant eux les arabes car jusqu’en 1967 personne ne parlait du peuple palestinien) avaient voulu avoir un état ils auraient pu utiliser les multiples occasions qui leurs ont été offertes par l’histoire et la communauté internationale. Du partage de 1948 jusqu’à la guerre lancée par trois pays arabes en 1967 les palestiniens auraient pu avoir un état car pendant ces années-là il ne dépendait que des pays arabes que de le créer. Mais la résonance des trois NON de Khartoum en 1967 (non à la paix, non à la négociation, non à la reconnaissance d’Israël) s’est fait sentir jusqu’au moment quand l’Egypte a décidé de faire la paix avec ce pays et récupéré ainsi l’immensité du Sinaï. Ensuite, peu de temps après, la Jordanie. Mais tous les autres pays arabes ont refusé de légitimer Israël par une reconnaissance en tant qu’interlocuteur et ont repoussé toutes tentatives de solution. La plus pernicieuse pour Israël a été celle des accords d’Oslo suite auxquels on a installé en Cisjordanie et à Gaza des cohortes de terroristes ramenés par Arafat de son exil tunisien après avoir été expulsé du Liban.
Aucune négociation de donnera de résultats tant que les arabes n’auront pas accepté, réellement, l’existence d’Israël en tant qu’état juif. Ceux qui vous disent qu’il suffit qu’Israël rende les territoires disputés depuis 1967 pour que la paix soit possible ne sont que des marchands de rêves. Le but des arabes a été et est toujours de détruire cet état et c’est la raison pour laquelle aucune tentative de solution n’a pu donner des résultats. Réfléchissez : si les arabes en général et les palestiniens en particulier voulaient la paix et acceptaient Israël, ils auraient expurgé depuis des lustres de tous les cursus scolaires la négation de cet état et ils auraient donné la préférence à une éducation positive au lieu de promouvoir la haine du juif et sa négation comme israélien.
Monsieur le Président, Israël est un corps étranger fondé sur des valeurs devenues judéo-chrétiennes, dans un océan musulman. Regardez la carte du Proche Orient : Israël représente 0,43% (21000 km2) du Proche Orient (4.900.000 km2), qui peut croire que si les arabes voulaient accepter Israël (et les juifs mais sans statut de dhimmi) on n’aurait pas pu trouver une solution au conflit ? Quant aux populations … 6 Millions (le nombre de juifs détruits par la barbarie nazie en Europe) en Israël pour 180 millions d’arabes soit 3,3 % de la population du Proche Orient (en passant … une densité habitant/ km2) sept fois supérieure !
Ecoutez une actrice syrienne à la télévision de Damas : « la haine d’Israël est dans nos gènes et nous la transmettrons à toutes les générations futures ». Mais il y a, fondamentalement, une autre chose.
Les frontières du Proche Orient ont été fixées par les états coloniaux (France et UK pour l’essentiel) qui ont crée de nouveaux états à la disparition de l’empire ottoman. Ces états ne peuvent pas se considérer plus légitimes qu’Israël. A l’exception de l’Egypte et peut-être de l’Irak, aucun d’entre eux n’a d’identité propre trouvant ses racines dans des millénaires d’histoire. Sauf Israël, mais on la lui conteste. De plus, Israël est le seul pays non arabe, bien plus, seul pays où les arabes sont une minorité (certes avec des droits qui font pâlir les habitants majoritaires des autres pays), le seul pays où la langue majoritaire n’est pas l’arabe (comme c’est le cas depuis l’Atlantique jusqu’aux frontières turques) et c’est le seul état dont la culture politique (démocratie élective) est incompréhensible pour ses voisins. Israël est, donc, considéré comme un corps étranger dans l’océan arabe, il ne peut pas être accepté. Dès lors, toute tentative de « régler » le conflit est vouée d’emblée à l’échec. Sans parler de l’antisémitisme musulman qui plonge ses racines dans le coran.
Monsieur le Président, ne vous mêlez pas de ce conflit. De Nixon en passant par Bush 1 et ensuite par Clinton et Bush 2 ils ont tous essayé, vous connaissez le résultat. Encore une fois, non pas parce qu’ils n’ont pas consenti les efforts et les talents nécessaires mais, simplement parce que le conflit ne peut pas être résolu.
Faire croire que le conflit peut être réglé c’est ignorer un paradoxe qui est visible : tout le monde s’est accordé sur la solution « deux états » et tout le monde sait ce qui est nécessaire pour y arriver. Mais 8 ans après Camp David quand Arafat et Barak étaient « presque » sur le point d’avoir un accord, rien n’est réglé. Il faut bien reconnaître que le ver est dans le fruit : tout ce qu’Israël peut accepter se trouve en deçà de tout ce que les palestiniens veulent accepter.
Il y a à peine deux jours, Mahmoud Abbas, que tout le monde considère comme homme de paix, déclarait « le conflit israélo-palestinien ne sera pas résolu jusqu'à ce que toutes les terres palestiniennes conquises par Israël et Jérusalem ne seront libérés » …. Toutes les terres palestiniennes conquises, libérés, vous voyez ce qu’il veut dire ?
Et depuis 2006 voilà que la conquête de Gaza par les islamistes du Hamas crée un autre paradoxe : un « peuple », deux gouvernements et pas d’état. Comment ne pas comprendre que si par miracle le monde arabe acceptait Israël, la dichotomie palestinienne fera tout capoter. Certes, on a fait sensation depuis six ans avec « l’initiative » arabe qui, en clair dit qu’Israël sera accepté s’il rend les territoires conquis en 1967 et accepte que les réfugies de 1948 et leurs 4,5 millions de descendants reviennent dans l’état juif. Et pour faire bonne mesure il faudrait partager Jérusalem avec un état arabe que tout laisse prévoir devenir, comme Gaza, un nouvel état taliban. Passons sur le fait que demander à Israël de revenir à la situation géographique de 1967 devrait comporter la même obligation pour les pays qui avaient fait la guerre à Israël : l’Egypte devrait revenir à Gaza et la Jordanie en Cisjordanie … Ce que l’on demande, en réalité, à Israël, c’est de se suicider.
Monsieur le Président, ce qui sépare les deux camps -par delà l’impossibilité pour les arabes d’accepter un corps étranger et pour Israël de se suicider- c’est-à-dire Jérusalem, les frontières et les réfugiés, est trop important et inscrit profondément dans les narratives des protagonistes pour imaginer qu’une solution est possible.
Vous avez cru bon de vous entourer d’un groupe de conseillers qui ont tous touché au conflit et qui vous convaincront qu’il faut faire ceci ou cela. Rahm Emmanuel, Dennis Ross, Daniel Kurtzer, Martin Indik, Robbert Malley, David Axelrod, David Plouffe, Dan Pfeiffer, Dan Shapiro, Lee Rosenberg : trois quarts d’entre eux ont passé des années à s’occuper de ce conflit. Gardez-les, car le nombre y est, pour faire des prières mais ne les laissez pas vous entraîner à devenir partie prenante de ce conflit (Depuis qu'Abraham pensait que Lot avait trouvé dix justes pour que Dieu avec lequel il "négociait" ne détruise pas Sodome, la liturgie juive impose qu'une dizaine d'hommes soient réunis pour faire une prière). Et surtout ne faites pas l’erreur de Bush 2 qui a cru et fait croire que les arabes du Proche Orient adopteront la démocratie comme système de gouvernement.
Les 180 millions d’arabes du Proche Orient sont maintenant la cible d’un autre prédateur, l’Iran. 75 millions de chiites iraniens veulent assurer leur domination sur les arabes sunnites. Regardez bien la « banane » chiite qui s’étend du sous continent indien et jusqu’aux pays « prenables » de l’Afrique. Avec des têtes de pont bien achalandées, nourri avec l’argent payé par l’Occident pour son pétrole, l’Iran a réussi à s’infiltrer dans le monde arabe sunnite. Les milices Sadr en Irak, le Hezbollah au Liban, les (presque) pleins pouvoirs en Syrie, le Hamas à Gaza, le Soudan en train de basculer, voilà ce dont il faut s’occuper. Pendant que les troupes américaines essayaient de pacifier l’Irak et d’aider à sa reconstruction, l’Iran a réussi à se créer une sphère d’influence qui s’étend sur le pétrole irakien (le Sud chiite) et fort de sa position géographique vise obtenir le contrôle du détroit de Hormuz et, partant, de celui du pétrole des pays du Golfe. Si vous les laissez faire, dans moins de 20 ans ils seront les maîtres du Proche Orient. A moins de faire stationner là-bas plusieurs millions de troupes américaines … Ce qui par le temps qui court n’est pas vraiment envisageable.
Et c’est pour cela qu’ils veulent avoir la bombe. Et quand ils l’auront, ils auront tout ce qu’ils voudront de la part des états inconsistants (Arabie Saoudite, les pays du Golfe, même l’Egypte qui va basculer vers les Frères Musulmans). Autant dire, ils sont en train de reconstruire l’empire perse mais cette fois-ci fondé sur une idéologie politique tirée du culte du Mehdi qui sépare les sunnites des chiites.
L’Iran des mollahs est aujourd’hui un état brutal que rien n’arrête à l’intérieur ou à l’extérieur. A l’intérieur, c’est le deuxième pays au monde pour les exécutions, après la Chine. 230 iraniens ont été pendus pendant les 11 premiers mois de 2008. Non, vous n’entendrez pas les organisations « droithommistes » protester. A l’extérieur, les massacres de Buenos Aires ou le terrorisme à Paris, Berlin ou ailleurs ont montré de quoi ils sont capables car aucune autorité autre que celle des mollahs n’a de prise sur cet état.
La dure réalité à laquelle le monde - et l’Amérique la première - doit faire face aujourd’hui est simple et écrite sur les murs : l’Iran a enrichi suffisamment d’Uranium pour produire au moins une bombe.
Pendant sept années l’Europe, toute en essayant d’éviter les croche-pieds des russes et des chinois, a « négocié » avec l’Iran l’arrêt de son programme considéré militaire par tout le monde. En réalité, l’Iran a gagné sept années de tranquillité dans sa marche vers la bombe. Qui peut croire qu’Israël pourrait se résoudre à vivre avec un Iran disposant de la bombe et criant sur tous les toits sa volonté d’éradiquer « l’état sioniste » ? Qui peut croire qu’Israël restera de marbre quand les supplétifs de l’Iran -le Hezbollah, par exemple- pourront disposer de « bombes sales » sous-produits de l’enrichissement de l’Uranium par l’Iran ?
C’est pour cela, Monsieur le Président qu’il faut s’occuper de l’Iran et non pas du conflit israélo-arabe. Car la réponse aux questions précédentes est claire comme eau de roche : Israël n’attendra pas que l’Iran dispose d’une bombe une fois qu’il dispose, déjà, des vecteurs de transport. Et si vous ne faîtes rien, vous vous trouverez avec un conflit nucléaire sur les bras. Non pas dans dix ans mais tout de suite après votre installation à la Maison Blanche.
Mais avant de s’occuper de l’Iran il faudrait, Monsieur le Président que l’on détache la Syrie de « l’axe du mal ». Certes la Syrie est inféodée à l’Iran, certes la Syrie a suivi (suit) un programme nucléaire militaire caché avec l’aide de la Corée du Nord (qui fait tourner en bourrique les Etats Unis depuis 1994 -Clinton- et ses cinq autres partenaires dans les discussions visant l’abandon du nucléaire militaire coréen), certes la Syrie a tué et pillé ce qui pouvait l’être au Liban, directement ou par Hezbollah interposé. Pourtant, il s’agit du seul état arabe qui est tenu par un dictateur alaouite, plus proche des sunnites que des chiites. La première chose à faire, donc, c’est de trouver le moyen pour obtenir un traité de paix entre la Syrie et Israël. Ce ne sera pas facile mais c’est possible. Tandis que du côté Israël – Palestine c’est difficile et impossible.
S’occuper de l’Iran ne veut pas dire recommencer les palabres européennes qui durent depuis sept ans. Dialogue sans concessions avez-vous dit en pensant à l’Iran. Figurez-vous que jusqu’ici il y a eu un dialogue avec concessions …
Aucune chance d’obtenir quoi que ce soit des mollahs comme deux administrations américaines, pendant 16 ans, n’ont rien obtenu de la Corée du Nord. Sauf d’assurer la survie d’une partie de la population de ce pays avec une aide alimentaire tandis que ses ressources étaient affectées au militaire et à des coopérations plus ou moins occultes (Iran, Syrie, Libye).
Monsieur le Président,
Depuis la conférence d’Annapolis en 2007, l’actuelle administration a essayé de « tordre les poignets » d’Israël (et, partiellement, des palestiniens) pour qu’un accord de paix soit conclu. Peine perdue et c’est un non sens que d’invoquer la situation politique en Israël (élections dans deux mois).
Vous avez été contre la guerre en Irak. Sans doute, pensiez-vous, comme d’autres, qu’il valait mieux avoir affaire à un dictateur sanguinaire qui n’oppressait que son peuple et qui affaibli par deux conflits qu’il avait déclenché (avec l’Iran et ensuite le Koweït) pouvait continuer à faire œuvre laïque dans l’océan islamique. Très bien. Vous vous préparez à faire sortir les troupes américaines de l’Irak. Très bien. Vous pensez que l’endroit le plus dangereux aujourd’hui est l’Afghanistan. Très bien.
Pourquoi ne pas laisser vos alliés européens s’en occuper ? Au fait, cela les regarde plus car continuité territoriale oblige … de l’Afghanistan en passant par le Caucase musulman on arrive vite en Europe. Laissez-leur (ou imposez-leur) la défense de leurs territoires.
Et sans tarder, puisque vous avez toutes les options sur votre table concernant l’Iran, choisissez de suite la définitive. Et souvenez-vous des paroles de Nicolas Sarkozy (reprises par son ministre des affaires étrangères) « le choix pour l’Iran est entre la bombe et le bombardement ».
N’attendez pas la bombe, Monsieur le Président.