20 janvier 2009
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Et la Turquie ?
Dans le brouhaha provoqué par la riposte israélienne à l’agression permanente du Hamas, à partir de Gaza par des tirs incessants de fusées qui duraient depuis huit longues années, on n’a pas remarqué un événement d’importance : Michel Rocard a annoncé sa décision de quitter le monde politique. Curieux départ pour celui qui a inventé la CSG dont le RDS n’est qu’une suite logique ou qui s’est attiré les foudres des bien pensants quand il a dit que « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » Mais avant de laisser orpheline une certaine gauche (dite moderne …) il a commis un dernier bouquin « Oui à la Turquie » (Michel Rocard et Ariane Bonzon).
Voilà plus de quarante ans que le Turquie frappe à la porte de l’Europe. Si les choses vont bien encore quarante ans passeront avant que les nations européennes se décident à dire un non définitif à l’entrée de 70 millions de musulmans dans une Europe de moins en moins judéo-chrétienne. Pourquoi ?
Tout d’abord parce que la Turquie ne fait pas partie, à part une enclave équivalente à 5 % de sa superficie, du continent européen. Ensuite parce que depuis qu’elle existe elle a tenté, chaque fois que l’occasion s’est présentée, de détruire l’Europe par voie de conquête. Ses aventures guerrières (la Turquie du 14ème siècle a conquis la Hongrie, la Bulgarie, la Macédoine et la Roumanie) ne se sont pas arrêtées sous les murs de Vienne au 17ème siècle. Pour des centaines d'années après les Turcs ont opprimés et massacrés périodiquement leurs sujets chrétiens, les arméniens ayant été privilégiés pendant tout le 19ème siècle. Une longue histoire de massacres de chrétiens, maronites entre autres, en a suivi, jusqu’en 1922 (plus de 100.000 au Liban et en Syrie, ensuite les Nestoriens, les Chaldéens et tant d’autres avant le génocide arménien du 20ème siècle. Comme les massacres de Smyrne pendant lesquels on ne pardonnait même pas aux enfants de ne pas être musulmans.
Et les juifs ? La Turquie est entrée en guerre contre les pays de l'Entente le 1er novembre 1914, en tant qu'alliée de l'Allemagne à laquelle elle était liée par des accords diplomatiques, commerciaux et militaires, avec comme motivation principale de récupérer les Balkans. Mais en Palestine (territoire faisant partie de son protectorat), le gouvernement des Jeunes Turcs a commencé à expulser les Juifs de Tel-Aviv, au printemps de 1917. Un communiqué de presse Reuters, mentionne ce qui concerne l'expulsion que : "Le 1er avril [1917], un ordre a été donné de déporter tous les Juifs de Tel Aviv, y compris les citoyens des puissances centrales, dans les quarante-huit heures. Une semaine avant, trois cent Juifs ont été expulsés de Jérusalem : Jamal Pacha [ainsi que l'un des membres du triumvirat Jeunes Turcs, le ministre de la Marine, et le commandant de la quatrième armée du Levant] a déclaré que leur sort serait celui des Arméniens et huit mille déportés de Tel-Aviv n’ont pas été autorisés à prendre leurs avoirs avec eux et après l'expulsion leurs maisons ont été pillées par des foules de Bédouins ; deux Juifs yéménites, qui ont tenté de s'opposer au pillage ont été accrochés pendus à l'entrée de Tel-Aviv, afin que tous puissent voir tandis que d'autres Juifs ont été trouvés morts dans les dunes autour de Tel-Aviv »
Le dépeçage de l’empire turc par la France et la Grande Bretagne a eu comme sous-produit la transformation profonde de cet état sous la coupe d’un militaire, Atatürk. Qui ayant compris le rôle néfaste de l’Islam comme système politique disait en 1924 « Depuis plus de 500 ans, les règles et les théories d’un vieux cheikh arabe, et les interprétations abusives de générations de « prêtres » crasseux et ignares ont fixé, en Turquie, tous les détails de la loi civile et criminelle. Elles ont réglé la forme de la constitution, les moindres faits et gestes de la vie de chaque citoyen, sa nourriture, ses heures de veille et de sommeil, la coupe de ses vêtements, ce qu’il apprend à l’école, ses coutumes, ses habitudes et jusqu’à ses pensées les plus intimes. L’Islam, cette théologie absurde d’un bédouin immoral, est un cadavre putréfié qui empoisonne nos vies.”
De la vieille histoire ? Voire.
Suivent presque 70 ans pendant lesquels la Turquie laisse de côté, un peu, l’Islam et s’occidentalise. Le garant de la laïcité est l’armée turque ce qui pose quelques nouveaux problèmes de conscience aux promoteurs de l’entrée de la Turquie en Europe. Qu’importe, chassez le naturel … il revient au galop ! En 1974 la Turquie envahit le Nord de Chypre et, entre autres, commence à renommer les villes de l’île pour effacer les traces grecques chrétiennes. Comme les Romains l’on fait au moment de la dispersion de juifs d’Israël quand ils ont renommé le territoire « la Palestine ». Mais les turcs sont turcs et musulmans : ils détruisent les monuments chrétiens et remplissent les trous béants avec des excréments humains. Et ce n’est pas encore l’islam qui gouverne le pays.
Fallait attendre. Des musulmans « modérés » prennent le pouvoir par des élections démocratiques. On va voir vite qu’islam et démocratie en font deux. Un binôme (comme celui en Russie des années plus tard) Erdogan/Gül devient le vrai détenteur du pouvoir et l’islamisme sous toutes ses formes (voile, tribunaux appliquant la charia, etc.,) avance subrepticement mais surement. Avant son élection, Erdogan a été reconnu coupable d'incitation à la haine religieuse en raison d'un discours qu'il a prononcé à un rassemblement politique en 1998. Mais Erdogan devient premier ministre et Gül, après quelques soubresauts des laïcs, devient président de la Turquie. Erdogan et son parti deviennent avec le temps beaucoup plus proches du Hezbollah et du Hamas que de l’Europe ou des Etats Unis qui ont fait entrer la Turquie dans l’OTAN. Aujourd’hui la Turquie est en train de réviser ses alliances et privilégie l’Iran et la Syrie. Tout en postulant l’entrée en Europe, tout en bénéficiant des structures militaires de l’OTAN et … tout en se faisant moderniser une partie de son armée par des contrats passés avec Israël ! Et elle ne tient aucun compte des appels des États-Unis pour isoler l'Iran. On comprend que la présence de la Turquie dans l'OTAN a moins à voir avec une position pro-occidentale qu’avec le désir de bénéficier de la générosité de l'aide économique et militaire des États-Unis. De même, le désir de la Turquie d’adhérer à l'Union européenne n’a d’autre explication que l'espoir qu'une telle démarche aiderait l'économie turque.
Mais la Turquie se distingue depuis plusieurs années par d’autres faits marquants : le pays reçoit le président du Soudan, mis en examen par la Cour Pénale Internationale pour le génocide du Darfour, il reçoit les chefs du Hamas et, naturellement, l’ignoble Ahmedinejad.
Mais vouloir entrer en Europe c’est une chose, affirmer sa position sur le plan proche oriental en est une autre. Erdogan s’en donne à cœur joie : il accuse Israël de « crimes contre l’humanité » et propose que ce pays soit exclu de l’ONU. Naturellement, il considère qu’Israël a commis « un génocide » à Gaza mais il oublie les plus de 700 Kurdes que son armée à tué cette année seulement. En utilisant une force disproportionnée … avions, chars d’assaut et artillerie lourde visant les « combattants » kurdes qui se cachaient parmi une population de villageois. Cela vous rappelle quelque chose ?
Comme il oublie que depuis la renaissance d’Israël plus de 12 millions d’arabes et/ou musulmans ont été massacrés dans des guerres multiples et diverses : la « contribution » d’Israël n’a été que de 60.000 (Ben Dror Yemini, janvier 2009) soit 0,5% du total pendant les 5 guerres, deux « intifada » et l’action de représailles à Gaza.
70 millions de musulmans, islamisme rampant et gouvernement se rapprochant à grand pas de la constitution d’un nouveau front « Iran – Turquie – Syrie ». Et comme rien ne va sans une once d’antisémitisme Erdogan déclare à Bruxelles dans un meeting que « c’est la presse manipulée par des intérêts juifs qui déforme les positions de la Turquie ».
Mais Erdogan utilise la situation à Gaza et condamne Israël pour masquer le chômage et l'incroyable nombre de problèmes internes à la Turquie avant des élections locales de la fin de mars. Mais de quoi va-t-il parler si une trêve longue s’installe ? Israël avait fait confiance à la Turquie, par exemple, pour mener des négociations indirectes avec la Turquie. C’est une douche froide pour Ehud Olmert que de constater qu’il avait affaire à un ennemi déguisé.
Lorsque la paix sera négociée, un jour, au Proche Orient la Turquie en sera exclue comme pendant des années la France était hors jeu car « politique arabe ». Elle se rendra compte que n’avoir dans la région que l'Iran et la Syrie comme amis ce ne sera pas autre chose qu’une grande solitude. Une preuve explicite : la Turquie (par son président Gül) a participé au sommet de Charm-el-Sheik, invitée par Monsieur Moubarak mais n’a pas été invitée avec le cinq chefs d’état ou de gouvernement européens à Jérusalem … Qu’importe, la Turquie propose d’utiliser ses bonnes relations avec le Hamas pour obtenir une réconciliation entre cette organisation terroriste et son compère, le Fatah de Monsieur Abbas.
Mais, en réalité, Erdogan est le miroir de ce qu’est la Turquie aujourd’hui : un pays de plus en plus islamiste, tournant le dos au modernisme de l’Occident et qui ne peut plus être montré comme un modèle pour les autres pays musulmans. Les Turcs sont revenus, car musulmans, au nationalisme islamiste et, tout naturellement, à la haine contre les Juifs et l'Ouest. Accepter la Turquie en Europe quand la voie choisie par ce pays n’est pas compatible avec la modernité et la culture occidentale ce serait accélérer le suicide de l’Europe.
En 2004 Bat Ye’or (Eurabia) écrivait (Frontpagemagazine 16.11.04) « La terreur islamiste submerge l’Europe de l’intérieur et de l’extérieur. … Certains disent que l’Europe est morte, qu’elle n’a plus d’avenir car en train de devenir une civilisation islamo-chrétienne où les indigènes non musulmans sont, de plus en plus, privés de leurs droits fondamentaux sur fond de charia officieuse qui reconnaît des conditions de coexistence pacifiques seulement aux dhimmis qui respectent l’islam »
Admettre en Europe le Cheval de Troie turc serait signer l’arrêt de mort de l’Europe à un horizon beaucoup plus court …
L’escroc qui nous a servi de président pendant douze années a eu un mérite remarquable : il a fait modifier la constitution française de manière telle que la Turquie ne puisse, jamais, devenir membre de l’Union Européenne. Rien que pour cela il faudra lui accorder des circonstances atténuantes dans le cas où il sera, enfin, amené à justice.
Quant à Michel Rocard … il se retire sur la pointe des pieds, bon débarras.