La perversité de l’inversion
''Les Sionistes ont pris la pire décision de leur vie en attaquant le Liban.
Ils ont enclenché la procédure de leur extermination »
(Mahmoud Ahmadinejad)
Pour la première fois depuis la création de l’Etat d’Israël la communauté internationale, retenant son courage à deux mains, oublie de condamner Israël et fait savoir (Déclaration du Sommet G8) que « La crise actuelle résulte des efforts déployés par des forces extrémistes pour déstabiliser la région et ruiner les aspirations des peuples palestinien, israélien et libanais à la démocratie et à la paix. À Gaza, des éléments du Hamas ont tiré des roquettes sur le territoire israélien et enlevé un soldat israélien. Au Liban, le Hezbollah a, en violation de la ligne bleue, attaqué le territoire israélien depuis le territoire libanais et tué et capturé des soldats israéliens, inversant les tendances positives qui s'étaient amorcées avec le retrait syrien en 2005 et portant atteinte au Gouvernement démocratiquement élu du Premier Ministre Fouad Siniora. » La messe est dite ? Que non …
Tout en considérant qu’Israël se trouve en état de légitime défense, la même communauté – in petto, comme certains ou à haute voix comme la France- demande aux belligérants un « cessez-le-feu immédiat » (demande rejetée par le Hezbolah) et à Israël de « faire preuve de retenue. On remarquera qu’un des belligérants est absous de l’injonction concernant la retenue. Comment est-on arrivé là ?
En 2000 l’ineffable Koffi Annan (l’homme qui assurait pouvoir négocier avec Saddam Hussein, un gros cigare à la main…) certifiait au Conseil de Sécurité de l’ONU qu’Israël avait quitté la totalité du territoire libanais et que le Président de cet Etat avait accepté la « Ligne Bleue » (délimitant la frontière internationale entre les deux Etats. Certes, il restait le problème des Fermes de Shéba (territoire minuscule appartenant à la Syrie, selon l’ONU) transformé ensuite en cause nationale de libération par le Hezbollah qui en faisait son fond de commerce pour le compte de la Syrie (et ensuite ou simultanément) pour celui de l’Iran).
Le Hezbollah s’est constitué, pendant six longues années, un stock d’armes modernes inimaginable entre les mains d’une milice dans un Etat de droit en menaçant Israël -comme l’Iran et le Hamas à Gaza- d’une destruction prochaine. Toutes les tentatives de ceux qui, à juste titre, considéraient le Hezbollah comme une organisation terroriste, souhaitaient la voir stigmatisée en tant que telle ont échouées devant l’opposition, d’abord, de la France. En octobre 2002, au Congrès de la Francophonie tenu à Beyrouth en présence de J. Chirac le chef de cette organisation terroriste, Nasrallah, y était invité.
Après l’assassinat par les Syriens de l’ami (sponsor, homme de lige, intermédiaire avec les monarchies pétrolières et en premier lieu avec l’Arabie Saoudite) du même J. Chirac la France -avec les Etats-Unis- a fait adopter la résolution 1559 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Elle a conduit, avec la mobilisation de deux tiers du Liban (le troisième tiers étant d’obédience syrienne et maîtrisé par le Hezbollah) au départ des troupes syriennes du Liban mais pas au désarmement du Hezbollah. Ce qui devait arriver, arriva.
Soit pour ouvrir un deuxième front au Nord pour alléger la situation du Hamas à Gaza, soit pour détourner l’attention du G8 du problème du nucléaire iranien, soit pour que l’Iran puisse envoyer un signal au monde entier pour montrer sa capacité de nuisance soit pour les trois raisons ensemble, le Hezbollah a attaqué Israël. Il ne faut pas faire preuve d’une extrême sagacité pour comprendre qu’une telle chose -vu les capacités militaires d’Israël- ne pouvait pas être une décision autonome de cette organisation, certes, criminelle car terroriste, mais disposant d’une intelligence au moins égale à la moyenne des acteurs proche-orientaux. Il est permis de croire, dès lors, que si le G8 a appelé un chat, un chat ceci n’avait pas grande chose à voir avec Israël, il s’agissait en réalité de sa réponse à l’Iran, à son satellite, la Syrie et à son exécuteur de basses œuvres, le Hezbollah.
Agressé, Israël à fait savoir urbi et orbi que si l’on ne rendait pas les deux soldats enlevés, le Liban risquait de revenir 20 à 30 ans en arrière : ce qui s’est passé dans les douze derniers jours est, malheureusement, la preuve qu’Israël respecte sa parole. De l’autre côté, un état est pris en otage par une organisation terroriste. Mais qui participe à son gouvernement car y ayant des représentants démocratiquement élus (… on se souvient du Hamas) et qui, tout en déclarant haut et fort « une guerre totale » à Israël, fait savoir que l’acte commis est justifié par l’impossibilité de faire libérer autrement « le prisonniers » libanais qui croupissent dans les geôles israéliennes. Selon les informations officielles libanaises, il y en aurait moins d’une demi-douzaine (ayant du sang sur leurs mains, selon Israël).
Et puisqu’un mensonge d’autant il est gros d’autant il devient crédible, on risque pour cela une guerre qui aurait fait, jusqu’ici, quelque 400 morts du côté libanais. Naturellement, seulement des femmes et des enfants, Israël se battant -selon la formule de Libé- contre "une armée d’ombres" qui, comme Lucky Luke, tire tellement vite que les israéliens n’en touchent aucune.
Résumons. Un état membre de l’ONU permet à des bandes organisées (sous prétexte de résistance à une occupation que l’ONU ne reconnaît pas) d’attaquer un autre état membre de l’organisation. Selon la Charte de l’ONU il y a là sujet à expulsion de l’organisation dudit état. Que non, dit Koffi Annan, ce qu’il faut c’est « un cessez le feu immédiat et qu’Israël fasse preuve de retenue ». Et puis, comme d’habitude, les professionnels de la haine anti-Israël , font défiler autant de crédules que possible, de Paris à Berlin et de Madrid à Stockholm sans oublier les masses arabo-musulmanes ni leur meilleur représentant, M. Ahmadinejad qui non content de prôner la destruction d’Israël toutes les semaines, annonce sa fin rapide car « elle a agressé le Liban ».
Pour attaquer Israël le Hezbollah s’est armé avec l’aide de l’Iran et la Syrie pendant six longues années. Seulement la Syrie et l’Iran ? Pourquoi oublie-t-on la Russie ? Les 2.000 Katiouchas tirées sur Israël (et les 10.000 qui restent encore …) ont été soient vendues par la Russie à l’Iran (ou fabriquées sous licence par ce dernier). Pourquoi oublie-t-on la Chine ? Qui a transféré et vendu à la Syrie (et à l’Iran des technologies modernes permettant la construction de fusées de portées différentes. Et qui, comme la Russie l’année dernière (pour des ventes à la Syrie), a prétendu qu’il s’agissait de fusées défensives … La Russie qui des kalachnikovs aux programmes nucléaires fait semblant de croire que l’Iran est un pays pacifique. Et qui a réussi a transformer les tentatives de l’Ouest pour arrêter le programme nucléaire iranien en une pantalonnade qui devrait amuser le monde entier sauf si on réflechit aux conséquences.
Et c’est la qu’intervient la perversité de l’inversion du langage. L’agresseur n’est pas le Hezbollah (ou l’Iran). L’agresseur est Israël et, en tant que tel, elle doit faire preuve de retenue. Et doit accepter un cessez-le-feu immédiat : la France le demande. Et un autre représentant de l'ONU parle de "crimes de guerre" et menace les dirigeants israéliens. On se soubient d'un autre qui à Jenin, il a des années de cela, condamnait définitivement Israël pour avoir fait pire que tout ce que l'on avait vu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
Il faut se souvenir, cependant, que chaque fois dans le passé quand Israël était sur le point de gagner une bataille décisive, on lui demandait un cessez-le-feu immédiat. En 1956 la Russie menaçait d’une guerre nucléaire la coalition franco-anglo-israélienne ; en 1967 (heureusement la guerre n’a duré que six jours …) la France plaçait Israël sous embargo pour lui ôter la possibilité de se défendre devant une agression caractérisée (fermeture du détroit de Tiran) ; en 1973, la Russie de nouveau, menaçait Israël d’intervenir (à moins d’un cessez-le-feu pour sauver son satellite de l’époque, l’Egypte). Si Israël ne se conforme pas aux désidératas de ceux qui lui commandent un certain comportement elle est vouée aux gémonies par toute la presse bien pensante, de droite ou de gauche. De contorsions dialectiques à l’utilisation d’arguments sans valeur (Les Fermes de Shéba), rien ne manque pour vilipender Israël et justifier de la qualifier d’agresseur.
La suite ? Il faut espérer qu’Israël ne se laissera pas impressionner par l’inconséquence de l’Europe (ou de la France) et qu’elle fera la « sale boulot » pour mettre en application la fameuse résolution 1559 : la France devrait lui savoir gré, elle qui a pris l’initiative de la résolution.