Contre “la cessation des hostilités”
Rappelons les faits : prétextant l’impossibilité de « libérer » les détenus libanais (au nombre de trois, tous ayant les mains couvertes de sang mais, à ce titre, héros de la « résistance ») comme les « Fermes de Shéba » (territoire conquis par Israël sur la Syrie mais qui s’est soudainement retrouvé libanais, à l’encontre de la définition par l’ONU de la « ligne bleu » en deçà de la frontière internationale, chose confirmée au Conseil de Sécurité en 2000 sous la double signature de Koffi Annan et du Président du Liban E. Lahoud) le Hezbollah lance une attaque contre Isarël.
La réponse de ce pays est inattendue, massive, excessivement douloureuse pour les populations civiles du Liban et considérée, rapidement, comme disproportionnée par la Communauté Internationale. A deux reprises J. Chirac la déclare « consternante » L’exégèse des raisons qui ont conduit le Hezbollah à faire ce qu’il a fait n’est pas simple à faire mais tous les grands esprits s’accordent à en considérer parmi les principaux : alléger la situation du Hamas à Gaza et créer une diversion à tiroirs face aux soucis liés au programme nucléaire iranien. Le déclenchement de l’attaque a lieu le 12 juillet quand le G8 devait traiter de ce sujet (première diversion) signaler aux Grands la capacité de nuisance de l’Iran par Hezbollah (et Syrie) interposés.
Dès le premier moment de la riposte israélienne, le Hezbollah semble avoir compris que les règles du jeu allaient changer et reconnaît ne pas s’être attendu à une riposte de l’ampleur révélée. Pourtant, Israël avait averti : si les soldats enlevés n’étaient pas rendus le Liban allait se retrouver 20 ou 30 ans en arrière. C’est ce qui est en train de se passer.
Et le cœur de pleureuses, Koffi Annan et Jacques Chirac en tête, s’est mis à réclamer, pour des raisons humanitaires, un cessez-le-feu immédiat faisant écho aux représentants de l’Etat Libanais sinon aux souhaits actuels du Hezbollah. Il est cependant facile de démontrer l’inanité d’une telle demande mais pour cela il est nécessaire de rappeler, sans complaisance aucune, qui a fait quoi quand.
1. Depuis six années, auréolé par la conviction auto insufflée (comme d’autres victoires arabes sur Israël) ce mouvement terroriste, à la solde de l’Iran et de la Syrie,contrôle le Sud du Liban et y réalise un réseau de bunkers, des centres « contrôle - commande» et des dépôts de munitions (12 à 15.000 Katiouchas, des fusées de modèle et calibre divers, un armement lourd y compris de ULV bourrés d’explosifs) uniques au monde ; avec l’aide indirecte de la Russie et de la Chine (vendeurs d’armes ou pourvoyeurs de licences de fabrication), celle directe de l’Iran (pourvoyeur de fonds, de matériel et de formation) et de la Syrie pour tout ce qui est logistique et encadrement politico-militaire. Aucun conflit territorial n’existant entre la Liban et Israël, ce que le Hezbollah a fait ne peut avoir d’explication que la transposition de son dogme, l’éradication de l’Etat d’Israël. Dogme identique à celui ayant cours dans le pays des mollahs. Accepter un cessez-le-feu avant de détruire, avec impossibilité pratique de se reconstituer, la capacité militaire du Hezbollah ne serait rien d’autre qu'une invite à recommencer une autre fois avec des moyens plus riches et plus perfectionnés.
2. Le Hezbollah se trouve dans la population chiite du Sud Liban comme un poisson dans l’eau. Cette population a voté pour lui aux dernières élections et lui a donné 12 députés et deux ministres qui siègent au Gouvernement libanais. Pendant six longues années cette population s’est complue dans un rôle de supplétif du Hezbollah et y a trouvé son compte : les travaux nécessaires pour toute l’infrastructure logistique et autre ont laissé des traces dans les portefeuilles des intéressés. Ainsi, dans la grande majorité des maisons construites pendant ces six dernières années, en contrepartie de l’aide du Hezbollah, les propriétaires ont accepté d’avoir une pièce réservée à un armement spécifique, d’habitude un lanceur de Katioucha. En clair, le Hezbollah s’est préparé a tirer des fusées contre les civils israéliens en s’abritant derrière les civils (consentants ?) libanais à leur dévotion. Accepter un cessez-le-feu pour la raison que les civils libanais souffrent conduirait a rendre acceptable l’ignominie du Hezbollah.
3. Du point de vue du droit international (mais qui s’en occupe ?) le Hezbollah n’est rien d’autre qu’une bande armée utilisant le territoire d’un Etat membre de l’ONU pour attaquer un autre Etat, lui aussi membre de l’ONU. La Charte de l’ONU proscrit de tels agissements qui peuvent être une cause d’expulsion de l’Organisation. De plus, l’Etat Libanais s’est vu imposer par le Conseil de Sécurité une résolution contraignante (1559) lui demandant le désarmement des toutes les milices et la prise en charge du contrôle de son territoire. Suivant un agenda qui lui est propre, cet Etat a préféré à ne rien faire laissant à une organisation terroriste le droit de faire des actes de guerre à un Etat voisin. Accepter sa demande pour un cessez-le-feu immédiat (toujours pour des raisons humanitaires …) vaudrait absolution pour son pêché majeur et possibilité de continuer la politique d’autruche qui lui réussissait si bien : démocratie libanaise suite à l’évacuation des forces syriennes, droit à la « résistance » pour le Hezbollah (Fermes de Shéba).
4. Le cœur des pleureuses, J. Chirac en tête, semble avoir oublié que pendant six longues années il s’est opposé à l’inscription de Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes même après que le Parlement Européen se soit prononcé dans un sens favorable. Car comment qualifier une organisation qui pendant de longues années s’arme pour tuer des civils (aucune installation militaire d’Israël n’a subi d’attaque jusqu’ici) tout en se faisant protéger par d’autres civils ? Stratégie évidemment "gagnante-gagnante" pour le Hezbollah : Israël s’abstient de frapper en vertu d’un chantage généralisé d’ordre éthique – le Hezbollah est gagnant ; Israël frappe et des décombres des immeubles (abritant les centres de contrôle-commande ou les dépôts de munitions du Hezbollah) on retire des corps d’enfants morts devant les caméras de toutes les télévisions du monde invitées à participer au festin, le Hezbollah gagne la bataille des images non seulement dans les pays arabes mais aussi dans ceux de l’Ouest civilisé. Mais sachant cela, J. Chirac se trouvait très bien en compagnie du chef enturbanné du Hezbollah au Congrès de la Francophonie de Beyrouth en octobre 2002. Accepter un cessez-le-feu avant que le Hezbollah soit désarmé ou avant que sa capacité militaire soit réduite autant que faire se peut vaudrait absolution pour l’attitude « consternante » de ceux qui semblaient ne pas voir ce qui se passait au Liban.
5. L’Iran a enclenché un engrenage qui, selon lui, devrait constituer une sorte de répétition avant une grande attaque contre Israël. L’Iran considère que le moment est venu pour utiliser ses énormes revenus tirés du pétrole, sa capacité militaire (bientôt nucléaire) et sa volonté réligieuse pour en finir avec Israël. Personne dans l’Occident ne s’est ému quand le « Guide Suprême » a annoncé clairement « une bombe nucléaire sur Israël, certes tuant aussi deux millions d’arabes mais qui deviendront des martyrs, réglerait le problème d’Israël une fois pour toutes ». Et fait savoir, en même temps, que toute action israélienne ou autre visant la destruction du potentiel militaire iranien s’accompagnerait d’une tentative de destruction d’Israël. Accepter un cessez-le-feu avant qu’une telle étape stratégique ne soit pas totalement mise à mal voudrait dire qu’elle pourrait être couronnée de succès, un jour.
6. La communauté internationale prêchant le dialogue (« il n’y a pas de solution militaire ») fait semblant de croire que les choses pourraient s’arranger si seulement les deux parties voulaient bien discuter. Ce qui tend une telle approche c’est soit l’incrédulité vis-à-vis de buts affichés par les deux bras armés de l’Iran (le Hamas au Sud et le Hezbollah au Nord) - l’éradication d’Israël soit la volonté d’apaiser (comme on a procédé avec Hitler …). « En tirant des missiles sur Haïfa, la troisième plus grande ville d’Israël, un seuil a été franchi. Dorénavant, l'issue n'est plus principalement une liée à un territoire territoire, ou à sa restitution. Au lieu de cela, l'issue principale est la menace stratégique concernant l'existence de l'Israël. Le front «du rejet » a sous-estimé la dissuasion fondée par la détermination et la capacité de l'Israël de riposter. Le conflit vient d’apporter la preuve qu’il ne peut y avoir aucun statu quo au Liban mais il explicite aussi au vu et au su de tous les aspirations hégémoniques de l'Iran. La folie de ceci est tout à fait évidente, parce qu'elle n'exige pas de beaucoup d'imagination de voir à quoi le Moyen-Orient ressemblerait si un parapluie nucléaire iranien protégeait les radicaux. » (Joshka Fischer, 28 juillet 2006).
Que l’on ne se trompe pas : ce dont il est question c’est d'une menace à caractère existentiel pour Israël. Lui demander de la retenue ou on ne sait pas quelle proportionnalité dans sa riposte c’est une plaisanterie de mauvais goût. Lui demander d’accepter un cessez-le-feu « immédiat » c’est de lui signifier que la vie de ceux qui l’ont attaqué, de ceux qui se sont rendus complices de ce qui se préparait pendant des années en tirant des avantages matériels et autres, vaut plus que celle de ses citoyens. Eux, qui de plus ont inscrit dans leur mémoire profonde non seulement la Shoah mais aussi le comportement des pays de l’Ouest, tous ou presque, héritiers des Lumières …
Bref, il faut s’opposer à tout cessez-le-feu qui ne règlerait pas d’abord les causes qui ont conduit à la situation actuelle. La population libanaise souffre ? Elle et son Etat savaient parfaitement que cela allait arriver un jour, ils n’ont que la monnaie de leur pièce. Certes, les bombes israéliennes ont une prédilection marquée pour choisir comme victimes les femmes et les enfants. Il a fallu que le Secrétaire Adjoint de l’ONU en charge des Affaires Humanitaires rappelle que s’abriter derrière des civils, comme le Hezbollah le fait, et annoncer fièrement que les « combattants » n’ont aucune perte mais qu’il y a des centaines de morts civils n’est pas nécessairement une preuve d’éthique ou de vaillance.
Et si toutefois J. Chirac veut vraiment un cessez-le-feu, pourquoi ne s’adresse-t-il pas à son invité au Congrès de la Francophonie, le Cheik Nasrallah ?