A peine le texte « Les trois cercles de la haine » a-t-il été mis en ligne que plusieurs lecteurs ont réagi en exprimant, généralement, deux idées qui méritent intérêt. La première, «faire croire que tout le monde est antisémite » serait difficile à prouver et la deuxième «Israël peut arriver à un accord avec les palestiniens » (ou les arabes en général).
Le décryptage (certes subjectif mais ...) de deux événements récents permet de répondre à ceux qui m’on fait l’amitié de me lire et qui, de bonne foi, mettent en doute les thèses que je défends.
Tout d’abord la Conférence du Fatah, la première tenue depuis 20 ans et, surtout, après 15 années des accords d’Oslo, accords qui, pour un moment, ont pu faire croire à une solution définitive du conflit israélo-arabe (ou palestinien). Occasion pour remettre les pendules à l’heure car le monde a changé et, aussi, parce que trois tentatives nouvelles pour parvenir à la paix ont échouées entre temps : Camp David 2000, Taba 2001 et, surtout, la dernière négociation Olmert/Livni – Abbas/Qureïa.
Plus de 2000 délégués ont adopté, unanimement, de nouvelles résolutions fondatrices mais qui trouvent leurs racines dans la Charte du Fatah qui, à aucun moment (et contrairement à des farces acceptées par le monde occidental) n’a été modifiée. Primus inter pares Mahmoud Abbas a été reconduit et a présidé à leur adoption, toutes devant constituer autant de conditions préalables non seulement à une reprise des négociations de paix avec Israël mais, aussi, à la création de l’Etat Palestinien :
1. Gel de toutes les constructions d’Israël en Cisjordanie et à Jérusalem
2. L’expulsion de tous les « colons » de Cisjordanie avant la création de l’Etat palestinien ;
3. Retrait préalable d’Israël à l’intérieur des frontières de 1967 (lignes d’armistice de 1949)
4. Rendre Jérusalem (en totalité) libre de tous « colons »
5. Retour de tous les « réfugiés » palestiniens et des leurs descendants en Israël
6. Libérer tous les « prisonniers » palestiniens
7. Garder l’option de la « lutte armée » jusqu’à la libération du « dernier pouce de terre de la Palestine » et adouber comme bras armé du Fatah les Brigades des Martyrs Al-Aksa
8. Condamner Israël pour « l’empoisonnement » de Yasser Arafat
Ce faisant, Mahmoud Abbas qui préside en même temps l’Autorité Palestinienne qui, elle, négocie depuis 1993 (Oslo) la paix avec Israël, fait preuve soit d’une schizophrénie avancée soit d’une imbécillité totale, soit des deux, le cumul n’étant pas interdit. Chacune des huit nouvelles résolutions fondatrices adoptées par le Fatah (qui est la force dominante de l’Organisation de la Libération de la Palestine qui, à son tour, est la force dominante de l’Autorité Palestinienne qui ...) constitue un obstacle insurmontable placé sur la voie de la paix. Et les huit ensemble crient leur rejet de toute solution pacifique pour le conflit connu. Que l’on comprenne bien, il ne s’agit pas de sujets ouverts à la négociation, il s’agit de « lignes rouges » que personne représentant les palestiniens ne pourra transgresser. Autant dire que par ces nouvelles résolutions ils démontrent, d’une manière absolument claire, que la solution « de deux états » n’en est pas une et qu’ils n’auront de répit jusqu’à la disparition d’Israël (« libérer le dernier pouce de terre de la Palestine »). Stupeur de la communauté internationale ? Réaction des promoteurs de la solution « deux états pour deux peuples » ? Arrêt de la condamnation unanime et universelle d’Israël car fauteur de troubles, de guerres, deuxième pays le plus dangereux de la planète ? Vous n’y êtes pas, le silence des grands médias permet d’occulter ce qui s’est passé à Bethlehem et d’annoncer seulement que « Mahmoud Abbas a repris la direction du Fatah ». Ah, si, « les milieux autorisés » font dire que les propos entendus à Bethlehem ne sont que pour consommation interne et le général américain (K. Dayton, qui supervise la création de nouvelles forces de sécurité) renchérit « c’était une manifestation politique ». Il doit en savoir quelque chose, lui qui ayant supervisé, armé et entretenu les forces du Fatah à Gaza a constaté leur vaillance au moment de la prise de pouvoir du Hamas ...
Hamas ? Tiens ... Gaza vient d’être le théâtre d’une bataille rangée (24 morts, dont trois enfants, 150 blessés) résultat de l’attaque à l’arme lourde (mitrailleuses et RPG) d’une mosquée où des frères d’une obédience islamiste différente s’étaient réunis pour proclamer « le Califat islamique de Gaza ». Les caricatures danoises avaient enflammés les masses musulmanes il y a quelques années. Un obus israélien (visant une réunion de dirigeants terroristes) déviant de sa trajectoire ayant fait plusieurs morts, le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est réuni pour condamner Israël. Attaquer une mosquée ? Même les anti-réligieux de tout poil protestent ... Les organisations de la défense des droits de l’homme donnent tout de suite de la voix, chaque fois. Au fait, quand des palestiniens tuent d’autres palestiniens où sont-elles ? Pas la peine de rappeler (sauf peut-être pour B. Kouchner qui, en sous-main, veut ramener le Hamas au dialogue ...) tout ce que le Hamas est et a fait. Simplement se souvenir que le but consubstantiel à son existence c’est la destruction d’Israël.
Alors, la paix ? Les cerveaux des promoteurs de solutions diverses sont-ils mal faits ? Est-il possible qu’ils s’obstinent à demander à Israël de « prendre des risques pour la paix » avec les deux interlocuteurs, le Fatah et le Hamas ? Même le Roi de l’Arabie Saoudite (devant lequel BHO s’est incliné, presque, pour baiser sa main ...) écrit à Mahmoud Abbas "L'ennemi arrogant et criminel n'a pas été capable, durant des années d'agressions continuelles, de nuire à la cause des Palestiniens plus que les Palestiniens eux-mêmes ces derniers mois. Je peux vous dire honnêtement que même si le monde entier décidait de créer un Etat palestinien indépendant qui aurait un soutien total, il ne pourrait pas voir le jour tant que les Palestiniens resteront divisés. Cette lettre ne résume pas seulement mon sentiment personnel, mais celui d'un milliard d'Arabes et de musulmans qui considèrent que leur plus grande cause est celle des Palestiniens".
Ces deux événements éclairent parfaitement ce qu’ils veulent et ce qu’ils sont les partenaires d’Israël pour une paix durable. Voilà pour la première idée, la possibilité pour Israël d’arriver à un accord de paix en « rendant » des terres pour obtenir « la paix ».
Que peut-il y avoir derrière tout cela car il n’est pas possible de croire que toutes les chancelleries du monde sont sourdes et aveugles. Sauf de leur faire passer un test, analogue à celui de Turing pour s’en convaincre, il ne peut y avoir qu’une seule explication : sacrifier Israël sur l’autel préparé par la religion de tolérance et de paix qu’est l’islam (antienne si souvent répétée, que l’on devrait se poser la question pourquoi personne ne le croît plus ...). Et sacrifier Israël c’est aussi sacrifier les juifs. Enfin, la moitié seulement, ceux qui se trouvent en Israël. Ne peut-on (ne doit-on pas) croire qu’il s’agit de la nième manifestation de l’antisémitisme qui perdure depuis des lustres ?
Allez, faisons la différence entre Israël (et ses juifs) et les autres.
Eurabia pour l’Europe, l’islam conquérant pour l’Afrique, la pénétration de l’islam aux Etats Unis et en Amérique Latine ne sont-ils pas en train de s’activer pour en finir avec leurs juifs ? Mais restons chez nous. Croît-on que c’est par hasard que la France n’a pas fait les mêmes efforts pour Ghilad Shalit que pour Mme Bettencourt ou, maintenant, pour Clotilde Reiss ? Est-ce par hasard que les calicots pour la libération des otages de par le monde ne mentionnent plus le nom de ce franco-israélien à Paris ou dans les villes du Nord de la France ? Quand notre pays se permet de demander à Israël la libération d’un « franco-palestinien » convaincu et condamné par la justice d’un état de droit pour participation à la tentative d’assassinat d’un rabbin, que croire ? Comment ne pas voir que ce qui se passe au Venezuela est de l’antisémitisme à l’état pur ? Comment ne pas admettre que les dernières manifestations de la nouvelle administration américaine (Mary Robinson, observateur des actes antisémites, dialogue avec des organisations juives non représentatives, etc.,) suintent un antisémitisme larvé que son chef a probablement sucé avec les enseignements du révérend Wright ?
Que faut-il de plus pour démontrer que ce que j’ai appelé « le deuxième cercle de la haine » est le lien entre le premier (Israël) et le troisième (le jihad mondial) ?
Que les arabes n'accepteront jamais Israël, que l'Europe (et une bonne partie du monde) est empêtrée dans son antisémitisme, Eurabia aidant, et que l’administration de BHO intègre l'antisémitisme, désormais, dans sa politique ne suffit-il pas ?