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12 août 2006 6 12 /08 /août /2006 16:35

La victoire du Hezbollah

Un mois, déjà, depuis que le Hezbollah a agressé Israël. L’exégèse des raisons qui l’ont poussé à faire cela a été faite par tous les éminents politologues et spécialistes autoproclamés du Proche Orient, de l’Iran ou de la Syrie et par tous les sondeurs de l’imaginaire de la « communauté internationale ». C’est Tony Blair, cependant, qui a résumé de la manière la plus claire ce qui s’était passé : « Le but de la provocation qui a commencé le conflit était clair. Il s’agissait de créer le chaos, la division et le carnage, pour provoquer la revanche d’Israël qui conduirait à enflammer l'opinion arabe et musulmane, non pas contre ceux qui ont commencé l'agression mais contre ceux qui ont répondu. » Ce qui correspond parfaitement à la définition de von Clausewitz pour qui l’agresseur était celui qui provoquait non pas celui qui répondait à la provocation. Et pour sourire, souvenons-nous que ce jugement a été partagé de toute la presse française quand il s’est agit de juger du geste de Zidane pendant la finale de la Coupe Mondiale.

 

Cela étant, pendant ces trente derniers jours, avec l’aide d’une presse soit aux ordres du Hezbollah (intimidation, « tours organisés » et commentaires ignobles – CNN, démentis ensuite mais seulement pour les téléspectateurs américains, falsification de photos – Associated Press ou de parti pris de longue date contre Israël) un lavage de cerveau à l’échelle planétaire instille deux « vérités » : (a) le Hezbollah a gagné et (b) Israël a subi un revers (le spécialiste de l'Express titre sa copie "La défaite d'Israël" ...).  

 

(a). Le Hezbollah a gagné – ayant pris en otage un état souverain et déclaré la guerre à un autre état souverain cette organisation terroriste a réussi à (i) transformer en réfugiés le quart de la population du Liban, (b) provoquer la destruction de, pratiquement, toutes les infrastructures routières, électriques, distribution d’eau et de quartiers entiers de Beyrouth quand il ne s’est agit de moitiés de villes (Tyr), (c) se faire dénier la présence dans un territoire qui constituait son « Etat dans l’Etat » (le Sud du Liban) par une résolution de l’ONU (acceptée par tous les Etats Arabes de la région …) et (d) mettre l’armée libanaise sous le contrôle d’une force internationale en vue de contrôler des zones et des frontières (en particulier celle d’avec la Syrie ).

 En réalité, le Hezbollah (et sa puissance tutélaire, l'Iran) n'a gagné rien. A la pluie de roquettes (cette fois-ci elles ne sont plus « artisanales » comme la presse bien pensante s’escrime à qualifier celles du Hamas tirées sur le Sud d’Israël) Israël a répondu d’une manière qui  restera comme inscrite en lettre de feu dans les mémoires de Téhéran, Damas et du Hezbollah. Certes, la réponse a été considérée comme « disproportionnée » par la même presse et par des chancelleries occidentales qui n’en pouvaient, mais. Certes, les « masses arabes » ont été enflammées et du Caire à Djakarta on a pu manifester aux habituels cris « mort à Israël, mort aux juifs ». Dans le silence gêné de certains gouvernements arabes qui, au départ tout au moins, ont condamné l’irresponsabilité du Hezbollah.

 Le Hezbollah a réussi, en réalité, à démontrer magistralement qu’il ne constitue pas une vraie menace pour Israël, qui a assez de force et de courage pour répondre d’une manière excessivement douloureuse à toute tentative pouvant créer une menace à caractère existentiel.. En revanche, le  Hezbollah a réussi à démontrer non moins magistralement qu’il constitue une menace existentielle pour le Liban. Ici et là, les voix s’élèvent dans ce pays pour appeler un chat, un chat : le Hezbollah est une organisation terroriste qui poursuit des buts dont le Liban n’a que faire et qui a réussi à provoquer la destruction de tout ce qui s’était construit dans la pays depuis la guerre civile (instillée, à l’époque, par la présence des organisations palestiniennes). Le Hezbollah a gagné ? Victoire à la Pyrrhus peut-être ...et encore ...

b). Israël a subi un revers – se trouvant en situation de légitime défense, Israël a suivi la stipulation de l’Article 51 de la Charte de l’ONU, « Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l'objet d'une agression armée … » Israël a prévenu l’Etat libanais que si les soldats enlevés ne lui étaient pas rendus, sains et saufs, cet Etat allait se retrouver vingt ou trente ans en arrière. C’est ce qui s’est passé, au grand dam de la presse bien pensante et de tous les amis du « peuple libanais ». Amis qui étaient, au moins par le passé, des proches du chef enturbanné du Hezbollah (voir sa participation, aux côtés de
 J. Chirac, au Congrès de la Francophonie , Beyrouth, octobre 2002) et qui se sont opposés, constamment, à l’inscription de cette organisation sur la liste de celles, terroristes, constituée par l’Union Européenne.

 

 La société civile israélienne, de l’extrême gauche à l’extrême droite (assimilable au radicaux-socialistes en France …) a fait front. Nonobstant les centaines de milliers de gens qui ont quitté le Nord du pays pour se réfugier dans des zones hors d’atteinte des fusées du Hezbollah elle a soutenu les actions militaires en regrettant, seulement, qu’elles ne puissent être plus meurtrières pour l’agresseur. Une centaine de morts (moitié civils, moitiés militaires) a été le tribut payé jusqu’ici dans un silence digne et douloureux. Sans manifestation produite pour les caméras de télévision, sans montrer les enfants tués ni leurs chairs déchirés (spécialité réservée aux morts palestiniens ou libanais et montrée complaisamment par toutes les télévisions mondiales friandes de spectacles pouvant démontrer la « barbarie » israélienne).

Et avant que son armée arrête ses actions dans le Sud du Liban, Israël a obtenu satisfaction pour l’essentiel de ses demandes : le Sud du Liban vide de toute force militaire autre que l’armée de l’Etat libanais et une force militaire internationale pourvue d’un mandat robuste pour faire face aux éventualités, la remise en selle de la résolution 1559 (désarmement de toutes les milices, donc du Hezbollah qui est la seule ayant gardé ses armes …), embargo sur les armes à destination du Liban et surveillance des frontières (surtout celle de la Syrie ).

 

Et tout cela, pour une fois, avec l’assentiment ouvert ou caché de tous les acteurs du Proche Orient. Car il y avait urgence … La victoire du Hezbollah nécessitait une « cessation des hostilités » tant elle était évidente !

 

 Revers israélien ? Voire …

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 La schizophrénie du comportement de la « communauté internationale » n’étant plus à démontrer (« Hezbollah agresseur, Israël a le droit de se défendre mais … Israël n’a pas le droit de se défendre comme il l’entend … »), on va se retrouver, d’ici quelque temps, dans la même situation que celle qui a prévalu avant le 12 juillet, date de l’agression du Hezbollah. Israël s’est retiré du Liban en 2000 disposant d’une certification de l’ONU et d’un document signé par le Président de l’Etat Libanais, E. Lahoud. Pendant les six dernières années l’Iran avec l’aide de la Syrie et en utilisant comme supplétif le Hezbollah, a transformé le Sud du Liban en place forte, « bunkérisée », réceptacle de moyens technologiques modernes et d’armes de destruction pour les populations civiles. A part une tentative avortée de punir la Syrie car à l’origine de l’assassinat de R. Hariri (ami, sponsor et confident de J. Chirac qui pour cette unique raison a pris la mouche …) la communauté internationale a laissé faire.

 

 Et tout reviendra comme par le passé sauf que le Hezbollah disposera sans doute de fusées de plus longue portée à tirer des nouvelles bases qu’il se ménagera dans la Nord du Liban. Le Hezbollah qui fait partie du gouvernement libanais … Quelle dérision.

 

 Mais, les masses arabes ont deux sujets de satisfaction : une nouvelle victoire a été obtenue contre l’ennemi sioniste et un nouveau leader se présente à son adulation.

 

Pour ce qui est de la nouvelle victoire, il est superflu de souligner qu’elle est du même acabit que celles de 1948 quand cinq pays arabes ont essayé d’empêcher la création d’Israël décidée par l’ONU, de 1956 quand Israël a conquis (et rendu ensuite) la totalité du Sinaï, de 1967 quand en moins d’une semaine elle a détruit les armées de trois pays arabes et conquit la Cisjordanie et reconquit le Sinaï (qu’elle a, de nouveau, rendu), de 1973 quand ses chars se trouvaient à 100 km du Caire et son artillerie à 25 km de Damas, ou de 1982 quand elle s’est trouvée à Beyrouth pour expulser l’organisation terroriste palestinienne de Y. Arafat. Pour les masses arabes, pour ceux qui les enflamment, pour une partie de la presse mondiale, Israël ne doit que perdre, ne peut qu’être vaincu. Tout les reste étant de la littérature …

 

 Pour ce qui est du nouveau leader des masses arabes, le chef enturbanné du Hezbollah, il n’est pas différent de tous ceux qui par le passé, auréolés de leurs « victoires » contre Israël sont devenus leur héros. Nasser (en oubliant la défaite de 1967), Saddam Hussein (et sa double victoire de 1991 et de 2003), Oussama ben Laden (et sa victoire en Afghanistan), Yasser Arafat (et sa victoire permanente qui a transformé en ruines Gaza et la Cisjordanie réussissant en même temps de réduire à l’état de pauvreté structurelle une population autre fois florissante …). Ce chef enturbanné, nonobstant les mille morts libanais, nonobstant la destruction d’un pays, va devenir valeur de référence pour les masses arabes car il a vaincu Israël !

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