Israël s’est retiré du Liban
Pour la deuxième fois …
Sauf à démontrer le contraire, l’armée israélienne a quitté entièrement le Liban. Certes, l’abcès des Fermes de Shebaa reste en place. Il appartient maintenant à l’ONU de se déjuger par rapport à sa certification de la « Ligne Bleue » (définie comme frontière internationale entre le Liban et Israël) et trouver autre chose pour satisfaire le Hezbollah, le Liban et la Syrie.
Le silence qui domine le Sud du Liban, assourdissant, est annonceur cependant de nouvelles confrontations. Israël n’a pas réussi à détruire en six semaines ce que le Hezbollah avec les ressources de l’Iran et la complicité de la Syrie et de l’Etat Libanais a construit pendant six ans. Naturellement, à la recherche de tous prétextes pour montrer les défaillances d’Israël, le monde entier, et surtout la presse occidentale, tirent la conclusion qu’Israël a perdu la guerre. Cela après avoir considéré (comme la France) que la réaction d’Israël était disproportionnée. Bien sûr, les tenants de cette thèse ne trouvent pas utile d’expliquer ce qui serait une réaction proportionnée devant une menace existentielle. Par delà le paradoxe auquel le monde libre est confronté : l’action préventive est-elle légitime devant une menace de mort ? La France, pour ce qui la concerne, a décidé positivement annonçant par la bouche de J. Chirac qu’elle utiliserait ses capacités nucléaires contre des états qui utiliseraient, directement ou indirectement, des moyens terroristes contre elle.
Comment faire pour échapper à la fatalité de la violence ? Le dicton latin si vis pacem para bellum est de totale actualité pour Israël. Compter sur l’aide de l’ONU ou de l’Europe serait irresponsable : l’Europe aura fort à faire pour elle-même et l’ONU même après le départ de l’ennemi d’Israël (K. Annan) sera toujours à la botte du groupe « arabo-musulman ».
Qu’est-ce-à dire que préparer la guerre ? Tout d’abord, comprendre que les résolutions 1701 et 1559 sont parties sur le fil de l’eau. Qu’en les acceptant, l’Etat Libanais n’avait aucune intention de les respecter. Que les acteurs masqués (Iran et Syrie) ont compté, et comptent encore, sur la tentation de l’apaisement de l’Europe, tentation érigée en Weltanschauung. Comprendre que les politiques menées avant et depuis Oslo se sont toutes enlisées dans les sables du refus, réel, des pays arabes et des palestiniens d’accepter l’existence d’un Etat Juif au Proche Orient.
Comprendre que tout ce qui a été fait ou est fait aujourd’hui pour tenter d’arriver à un accord pacifique est voué à l’échec. De reconnaissance mutuelle (mais la Charte de l’OLP n’a jamais été modifiée pour reconnaître l’existence d’Israël) en accords d’autonomie, de plan Mitchell en plan Tenet, de grande vision en feuille de route, rien n’a produit les résultats escomptés qui, pour un moment, ont fait illusion. Jusqu’à y compris décerner le Prix Nobel de la Paix à un terroriste véreux et corrompu.
Comprendre qu’à l’abri de la nouvelle FINUL, le Hezbollah refera ses capacités d’agression en les rendant encore plus destructrices. Deux exemples : des avions français volaient, semble-t-il, dans le ciel de Beyrouth pendant le meeting de la victoire du Hezbollah, des chars Leclerc interdisant (temporairement) l’accès de chars Merkava à un village où on a trouvé -et détruit- un dépôt d’armes. Et la vrai question, revient lancinante : comment faire la paix avec des gens qui veulent votre disparition ? Cette simple interrogation rend absconse l’incitation, répétée à satiété, « il faut négocier ». Avec l’élection démocratique des représentants d’une organisation terroriste pour les gouverner, les Palestiniens ont, enfin, montré que le roi était nu. L’impossibilité pour le Hamas de changer son credo (destruction d’Israël) reprise et amplifiée par un état aspirant à devenir puissance nucléaire rend les choses plus claires. Mais pas moins dangereuses pour Israël.
Pas moins dangereuses car une nouvelle alliance entre forces d’extrême gauche, fondamentalistes islamiques et/ou islamo-fascistes est en train de se créer au nez et à la barbe de tous les pays tolérants émus par les souffrances du peuple palestinien depuis soixante années. Mais, si les pays arabes ou les palestiniens avaient réellement voulu voir éclore un nouvel état, ce n’est pas les occasions qui ont manqué. 48, 67, 77, 93, 2000. Autant de points marquants sur la longue route vers l’abîme d’un peuple qui, fort de sa conviction religieuse qui lui promet la conquête du monde veut, pour commencer, celle d’Israël. Car, la chose est simple : comme les Iraniens qui ne cesseront pas l'enrichissement de l’uranium parce qu'ils veulent disposer de bombes atomiques, les Palestiniens rejetteront toutes les offres de création d’un Etat parce qu’ils préfèrent détruire l'état juif. Et ceux qui incitent Israël à la modération ou à la négociation, se couvrent les yeux pour ne pas voir ce qui est visible. Négocier ? Jusqu’à cette dernière guerre du Liban on avait convaincu le monde entier que le problème pouvait se résoudre simplement par « la paix contre la terre ».On devait, donc, négocier. Mais comment le faire avec une entité dont la majorité a voté démocratiquement pour un gouvernement qui refuse, à jamais, d'être en pourparlers avec Israël? Pourquoi la presse respectable du monde entier se complaît-elle dans ce genre de radotage ? Pour ne pas parler du « quartette », de la "communauté internationale" et autre billevesées.
Souvenons-nous : le départ d’Israël de Gaza a été unanimement salué par toute la communauté internationale. Un an après le territoire est devenu un deuxième Afghanistan dirigé par de talibans un peu plus évolués. Avec la complicité de l’Egypte, plusieurs milliers de tonnes d’explosifs, d’armes lourdes et de fusées ont été introduites dans un territoire où les populations ne vivent que des subsides internationaux. En espérant et en attendant la destruction d’Israël. Comme on pouvait s’attendre, c’est Israël qui est responsable de ce qui s’est passé. Elle ne laisse plus des travailleurs palestiniens venir travailler en Israël, elle bloque les passages dès qu’un nouvel attentat est commis ce qui rend impossible l’existence d’un flux continu de marchandises à exporter. Le territoire avec plus de 100.000 fonctionnaires pour 1.200.000 habitants est devenu une poudrière qui, sans doute, explosera un jour. Et le monde entier, le ban et l’arrière-ban de tout ceux qui plaignent les pauvres palestiniens, condamnent Israël à tour de bras, dans la presse, aux radios et télévisions du monde entier. Et à la Commission de l’ONU pour les droits de l’homme où siègent la Chine, Cuba ou l’Arabie Saoudite. Quand ils n’envoient pas pour « enquêter » un ennemi déclaré d’Israël, de très longue date, ancien député socialiste suisse, qui s’est fait un fond de commerce que d’accuser Israël de tous les pêchés …
Cela étant posé, on assiste en Israël à une sorte de psychanalyse collective autour, non pas pour savoir si la deuxième guerre au Liban a été gagnée ou perdue mais pour détecter, comprendre et corriger les erreurs qui ont permis que la guerre dure presque six semaines. Et sans qu’elle détruise, totalement, l’ennemi. La tentation est grande que de trouver les responsables soit à l’échelon politique soit parmi le haut commandement du Tzahal. Nous apprendrons, avec surprise, d’ici quelque temps tout ce que l’armée israélienne a fait et surtout a appris pendant les 34 jours de guerre. Jusque-là on se contente de considérer que le renseignement militaire n’a pas été à la hauteur du nécessaire. Et que l’échelon politique a pris, chaque fois, la décision la plus mauvaise. Il faudrait cependant se souvenir de la déclaration du G8 (12 juillet à Saint Petersbourg) quand pour la première fois depuis la création d’Israël elle a été reconnue comme pays agressé. Le gouvernement a cru obtenir une reconnaissance unanime de son statut de mal aimé et ne pouvait que tenter par tous les moyens de ne pas perdre le bénéfice d’un changement considérable de sa situation au plan mondial. Avec l’évident espoir de faire comprendre à tous ce que l’Iran, commanditaire du Hezbollah voulait en réalité. Et, peut-être, faire avancer un projet d’union, déclarée ou pas, des forces qui peuvent, encore, s’opposer à ses velléités. Mais on a vite déchanté : deux jours après le commencement du conflit, la France donnait le ton en assurant que la réaction d’Israël était disproportionnée et qu’elle visait la destruction du Liban. En quelques jours, avec l’aide de la presse occidentale, la « rue arabe » condamnait l’agression israélienne et les grandes puissances, Europe en tête, se mobilisaient pour arrêter la guerre.
Un bilan à froid des résultats contrastés de la guerre, montre qu’Israël : a considérablement réduit les capacités militaires du Hezbollah, que sa situation en rapport avec les multiples factions au Liban s’est détériorée, qu’identifiée sans réserve par les libanais et toute une partie de la presse arabe sunnite comme supplétifs de l’Iran il a perdu son statut de seul force de résistance arabe ayant fait face à l’invincible Israël. En Israël on estime que l’inconvénient le plus important serait la perte d’une partie de sa capacité de dissuasion. Si cela est, on met en réalité en exergue la nécessité pour Israël d’entreprendre des mesures préventives chaque fois qu’un danger existentiel se profile à l’horizon. Mais Israël a montré que toute sa population, de droite ou de gauche, laïque ou religieuse a été capable de supporter un choc auquel Tsahal ne les avait pas habitués : avoir la guerre sur son territoire. Ce qui augmente sa capacité de dissuasion.
Résumons : la guerre du Liban, déclenchée par le Hezbollah et arrêtée par l’ONU (et les grandes puissances) ne pourra qu’être reprise. Quand ? Quand l’Iran décidera que le moment est arrivé. La création d’un état palestinien ? Renvoyée aux calendes grecques par la volonté combinée des pays arabes et des palestiniens (qui, à chaque sondage, se déclarent à plus de deux tiers en faveur de la disparition d’Israël). Et l’Europe dans tout cela ?
Endormie sur ses contraintes créées par la volonté d’une monnaie unique, anesthésiée par les lois, règlements et conventions édictées par une commission d’autant plus lointaine de la vie réelle que vivant dans une tour d’ivoire à l’abri de vents et marées, l’Europe attend … Elle a renoncé d’affirmer ses fondements judéo-chrétiens quand elle a voulu se doter d’une constitution. Pour ne pas gêner ceux qui veulent que la Turquie y soit accueillie. La Turquie, dont la laïcité est garantie par son armée …
L’Europe, de l’Atlantique à l’Oural hésite … La dernière fois cela lui a coûté 30 millions de morts. Continuant de privilégier la vulgate dominante selon laquelle le conflit israélo-palestinien est le cœur de la situation actuelle du monde, elle ne veut pas reconnaître qu’il s’agit d’autre chose. Les 8 millions de morts de la guerre Iran-Iraq n’avaient rien à voir avec Israël. Les 300.000 soudanais, noirs, animistes ou chrétiens exterminés par les milices arabes du gouvernement légal du Soudan (avec la passivité complice de l’ONU et de toutes les grandes puissances) n’ont rien à voir avec Israël. L’utilisation d’armes chimiques par Saddam Hussein contre son peuple ou par l’Egypte au Yémen n’avait rien à voir avec Israël. L’Irak n’avait pas envahi le Koweït à cause d’Israël. Les troubles fomentés par des musulmans pakistanais en Inde n’ont rien à voir avec Israël.
Qu’Israël soit rayée de la carte, comme l’Iran le souhaite ouvertement et tant d’autres in petto, cela ne changera en rien la situation mondiale. Mais, ne voulant pas savoir la vérité, l’Europe attend … Godot ?