Le 8 novembre 2006, l’influent journal Jomhuri ye-Eslami édité à Qom (principal centre d’influence des mollahs iraniens) publie un éditorial dans lequel les menaces à l’adresse de la France sont explicitées ouvertement. « Paris sait qu'il a gagné une position préférentielle en Iran grâce aux 25 milliards d’euros que la France a investi dans l'économie de l'Iran au cours des 15 dernières années. Mais il est nécessaire d'expliquer aux chefs de Paris qu'elle ne peut pas « avoir le beurre et l’argent du beurre »… M. Chirac ne peut pas donner des gages à nos ennemis [c.-à-d. États-Unis] et nous faire des sourires, tout en pillant les ressources des iraniens. Dans ces circonstances, nous devrions considérer un changement des avantages accordés à la France …. tout en indiquant clairement aux autres partenaires économiques qu'il y a une limite à notre patience face à leurs mesures irresponsables, et que le jour viendra quand notre patience s'épuisera, et quand nous agirons ….»
Deux jours après, le Ministre français de la Défense se lançait dans une aventure diplomatique pour le moins curieuse : elle menaçait les avions israéliens qui survolent le Liban de se faire tirer dessus par les éléments français de la FINUL. Fait rare, le secrétariat en charge du sujet de l’ONU a publié un communiqué selon lequel les règles d’engagement (« tirer ») sont de son ressort. Mais pourquoi la France s’est-elle lancée dans une philippique pour le moins curieuse (et somme toute ridicule) en prétextant que les soldats français « étaient à deux secondes de la décision de tirer » ? On ne comprend pas ce qui les a empêchés.
Ce qui s’est passé en réalité c’est que la France veut donner des gages à l’Iran car ses positions économiques risquent d’être menacées si elle s’associe aux sanctions qui seront peut-être prises contre l’Iran. Et comme, de plus, ses militaires peuvent devenir la cible évidente du Hezbollah en cas de respect par la FINUL des missions qui lui ont été assignées (désarmement, interdiction de présence au Sud du Liban, interdiction de la contrebande d’armes, etc.,), il est urgent de s’en prendre à Israël, fut-il par des déclarations ridicules et irresponsables (car si on tire sur un avion israélien on risque aussi (a) une riposte et (b) un énorme « boum » diplomatique : la France n’aura plus a donner des preuves de son association aux forces de l’islam extrémiste et conquérant ….
Mais que veut la France d’Israël ? Un seul mot résume tout : apaisement. Rendre des territoires et accepter « d’aider » Mahmoud Abbas et les palestiniens. En espérant qu’ainsi l’Iran, peut-être, se montrera plus urbain et acceptera l’existence d’Israël (ou que ses supplétifs, le Hezbollah et le Hamas le fassent).
La dernière période pendant laquelle la France a prôné l’apaisement a été celle de la guerre froide. Il faudrait peut-être constater que toutes les ouvertures de « paix » vers l'Union Soviétique semblent aujourd’hui risibles. Quand le système communiste s'est effondré, il a implosé. Tous ce que l'apaisement et la « reallpolitik » de nos gouvernants avaient obtenu a été de retarder l’effondrement.
La « realpolitik » de la France la pousse à tenter de rallier à sa position tout ceux qui, en Europe, penchent depuis longtemps du côté des palestiniens, des pays arabes et, tout dernièrement, du côté de l’Iran. Dernière initiative en date, un nouveau « plan » dont on ne sait pas grand’chose pour régler le conflit sauf qu’il vient d’être concocté à l’occasion de la visite de J. Chirac en Espagne. Avec M. Zapatero qui après s‘être fait photographier avec un keffieh palestinien s’est empressé à condamner la bavure de Beth Hanoun. Plan qui prévoirait, naturellement, de faire la paix, une fois pour toutes. Mais la France et l’Espagne auxquelles s’est joint un autre ami d’Israël, M. Prodi, font partie de l’Europe. Et l’Europe fait partie du « quartette » qui s’échine depuis deux ans déjà à régler le conflit sur la base de la « feuille de route ». Et pendant que le quartette se réunit au Caire pour savoir quoi faire d’autre … voilà que trois pays de l’Europe (engagés par les travaux du quartette …) prennent une nouvelle initiative. Non contente de tout cela, la France de J. Chirac vient de voter en Assemblée Générale de l’ONU une résolution qui condamne Israël pour la bavure de Beth Hanoun mais qui ne fait aucune mention des 1.300 fusées (« artisanales ») tirées par les palestiniens de Gaza sur Israël. Le Canada s’est abstenu …
Mais comment peut-on faire la paix avec des gens qui veulent vous tuer ? Réponse : on ne peut pas. Et tant pis si l’Europe et le reste du monde font semblant de ne pas comprendre les objectifs de l’Iran, du Hezbollah et du Hamas qui se résument à vouloir la destruction d’Israël. On ne peut qu’être époustouflé par, soit, la crédulité de nos gouvernants, soit, par leur totale inconscience : il s’agit de l’existence d’un Etat qui, de plus est un avatar de la barbarie européenne. La France ? Le pays des droits de l’homme ? Comment peut-elle ne pas voir que ce qu’elle tente de faire conduirait à la disparition d’Israël ? La peur de perdre certaines de ses positions économiques en Iran ou le souhait (depuis De Gaulle) de s’associer au monde arabo-musulman pour faire pièce à l’empire américain, valent-ils le risque de la disparition d’Israël ? Et si la réponse (motivée par ses intérêts géopolitiques) est positive comment peut-elle croire qu’Israël se laissera faire ?
Israël, depuis quelque temps se trouve devant trois faux postulats : (a) la paix est essentielle à sa survie, (b) tout doit être fait pour l’obtenir sans tenir compte de ce que l’autre partie au conflit fait ou fera et (c) l’autre partie, de guerre lasse, voudra faire la paix. Ces trois postulats, faux en totalité, sous-tendent les positions prises par la France (et à son instar par d’autres pays en Europe). Et surtout leurs conclusions : « la paix contre les territoires » et « la fin du conflit israélo-arabe permettra la paix au Proche Orient, et partant, dans le monde».
Ce faisant, la France et une partie de l’Europe oublient (ou font semblant) que si Israël est voué à la disparition, si Israël est effacé de la carte de la terre (demande de l’Iran à laquelle le Hamas vient clairement rappeler son adhésion), c’est l’Europe qui aura ensuite « la tête sur le billot » Car l’Europe, territoire de conquête de l’intérieur ou de l’extérieur, est la deuxième cible des Ahmedinejad et consorts. On veut oublier que le conflit israélo-arabe fait partie, qu’on le veuille ou pas, de la guerre du Jihad global contre l’Occident, guerre que beaucoup admettent actuellement comme étant la quatrième guerre mondiale (si l’on compte aussi la guerre froide). Il n’est pas pensable que l’on ne comprenne pas dans les chancelleries qu’il ne s’agit pas d’un conflit territorial : de 1948 à 1967 les Etats arabes auraient pu créer un Etat palestinien, le retrait d’Israël du Liban en 2000 n’a fait que laisser le champ libre au Hezbollah pour créer une machine de guerre dont peu soupçonnaient l’importance, le retrait de Gaza ne s’est pas accompagné du calme mais de la transformation de cette terre (avec l’aide de l’Egypte « modéré ») en un formidable arsenal et base d’une guerre d’usure pendant laquelle les « bavures » ne pourront qu’être légion (occasions rêvées pour condamner Israël …). Aucun apaisement ne satisfera les Jihadists parce que ce qu'ils souhaitent, après la disparition d’Israël, c’est de détruire notre civilisation pour faire régner l’Islam. Et ils n’ont rien à faire de la politique étrangère que la France promeut pour s’attirer leurs sympathies ou celles de l’Iran qui est leur sponsor. Politique qui est traduite de la manière la plus inepte possible par le Haut Représentant européen pour la politique étrangère, J. Solana. Il vient de déclarer « Je ne pense pas que l'essence de Hamas est la destruction de l'Israël. L'essence de Hamas est la libération des Palestiniens, la libération de leur peuple, pas la destruction de l'Israël ». Six mois après que l’Europe n’a toujours pas obtenu du Hamas de reconnaître Israël, d’arrêter la violence et de se conformer aux accords conclus dans le passé entre Israël et l’Autorité Palestinienne. Et quand le Hamas (après le Hezbollah et l’Iran) demande tous les deux jours la disparition de « l’entité sioniste ».
Comme si tout ce qu’elle a fait jusqu’ici ne suffisait pas pour s’attirer les sympathies des « masses musulmanes » et de l’Iran, la France s’est mise à gesticuler. Le prétexte : les survols de reconnaissance de l’aviation israélienne au Liban. A qui veut-on faire croire qu’Israël sera tellement stupide d’utiliser ses avions contre la France ? Et à qui veut-on faire croire que la France (qui commande la FINUL, qui ne désarme pas le Hezbollah, qui n’interdit pas la présence de ses membres et de leurs armes au Sud Liban, qui n’empêche pas le réapprovisionnement massif en armes du Hezbollah par la frontière syrienne – autant de stipulations de la résolution 1701 qui a arrêté la guerre au Liban) pourrait se permettre de tirer sur un avion israélien ? Proclamer, comme elle le fait à chaque occasion, son attachement à la sécurité d’Israël et faire, chaque fois que cela est possible le contraire, ne peut pas être le résultat d’autre chose que d’une politique délibérée : la France, alliée du monde arabo-musulman, attentive à ses intérêts géopolitiques (et/ou aussi aux forces islamistes qui se développent sur son propre territoire et en Europe) est en train de tourner la page de l’existence d’Israël. L’Iran, les mollahs de Qom et les journaux qui prônent la destruction d’Israël peuvent dormir tranquillement. La France a épousé leurs intérêts.