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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 15:39

« Gaza n’est plus occupée, mais il n'y a aucun investisseur et aucune prospérité. Nous avons rêvé que Gaza prospérera et que des douzaines d'investisseurs du monde entier allaient y venir. Rien ne s'est réalisé. Nous avons décidé qu'il valait mieux de tirer des fusées. Israël a quitté Gaza, a dit au revoir et au lieu de calme et de l'épanouissement, il y a ceux qui préfèrent toujours tirer des fusées » (Discours de M. Abbas, le 16.12.06, passage totalement occulté par les Agences de presse et/ou les journaux français).

 « Un groupe terroriste lié à Al Qaïda a appelé les sunnites irakiens ''à trancher la gorge des chiites et à répandre leur sang''. D'après l'Onu, les affrontements entre chiites et sunnites feraient une centaine de morts par jour en Irak »

Voilà deux informations qui, tout en étant occultées en France, ne sont pas de nature différente. Tout d’abord, il faudrait comprendre pourquoi on s’évertue avec des contorsions linguistiques (dont la dialectique ne peut qu’échapper au commun mortel) d’occulter ce qui se passe à Gaza. Certes, appeler « combattants, militants, activistes » les membres des deux organisations terroristes qui s’y affrontent, on l’a déjà vu et entendu. Le plus surprenant, cependant, c’est de voir qu’à demi-mot la presse occidentale (surtout française) semble prendre le parti des terroristes du Hamas car, comme on le sait, ils ont obtenu l’onction du suffrage des palestiniens au début de cette année. Il suffit pour s’en convaincre de voire les titres des journaux qui, pour l’essentiel, notent « le coup de force de Mahmoud Abbas ». Quel coup de force ? La communauté internationale, pour une fois unie, a décrété qu’elle ne fera rien avec un gouvernement du Hamas tant qu’il n’accepte les trois conditions qu’elle pose : reconnaissance de l’existence d’Israël, reconnaissance des accords signés par l’Autorité Palestinienne et Israël, renoncement à la violence. Et M. Abbas tente de recouvrer les subsides de la communauté internationale en lui donnant satisfaction en constatant après une longue attente que le Hamas ne voudra jamais faire siens les principes de la communauté internationale. Certes, il y en a qui commencent à regretter d’avoir posés ce conditions et, subrepticement, commencent (comme J. Solana ou des diplomates français) à faire savoir qu’une reconnaissance « implicite » de l’existence d’Israël pourrait aussi faire l’affaire … Heureusement, des psychorigides américains, allemands ou hollandais ne l’entendent pas de cette oreille.

Ce qui se passe à Gaza n’est qu’une dernière convulsion guerrière entre les « nationalistes musulmans » et les « musulmans nationalistes ». En réalité, l’objectif déclaré du Hamas (la destruction d’Israël) se trouve conforté par une présence de plus en plus forte de l’Iran (qui déclare avoir le même objectif) et cet objectif n’a pas besoin de la création préalable d’un Etat Palestinien. Tandis que la position du Fatah (M. Abbas) caractérisée depuis toujours par la volonté de détruire Israël par étapes (voir sa Charte, jamais abrogée nonobstant les multiples déclarations sur sa « caducité ») correspond mieux aux intérêts des Etats Arabes, dits « modérés ». De plus, il se trouve que l’Iran est chiite et que les dits Etats sont sunnites …

Bref, l’heure n’étant pas à la création d’un Etat mais à la destruction d’un autre, ce qui se passe à Gaza n’a pas beaucoup d’importance. Mais les journaux (français et autres) doivent paraître, de la copie doit être écrite, alors … vogue la galère.

Mais si les deux informations se relient entre elles c’est parce que leur tronc est commun. On tue des sunnites et des chiites en Irak tous les jours de la semaine. On raille l’échec des Etats-Unis qui ont vu mourir 3.000 de ses soldats, on s’en soucie comme d’une guigne des centaines de morts journaliers car ce sont des frères. A tout compter, cela doit faire dans les 150.000 irakiens des deux obédiences qui ont été les objets des luttes fratricides de leurs grands courants religieux. Pourquoi faire ? Bien sûr, pour disposer du pouvoir à l’intérieur d’un état qui cherche encore comment se réaliser, comment assurer la vie de tous ses sujets, comment utiliser au mieux les ressources pétrolières (troisièmes au monde). Mais aussi, mais surtout pour obtenir la prédominance chiite sur les sunnites ou l’inverse. Les cadavres ? Des martyrs qui arriveront tout droit au paradis.

Ce qui se passe en Irak c’est aussi la preuve irréfutable de l’inexistence d’une « nation arabe ». De la prééminence des sectes, à l’intérieur de masses dont l’obscurantisme entretenu par des régimes dictatoriaux disposant de la complicité de tous les états héritiers des Lumières, pour lesquelles (malheureusement pour toutes) la mort a plus de valeur que la vie. De rapts suivis d’assassinats, d’attentats « suicides » (une des grandes contributions de la « résistance » palestinienne ces dernières années comme le détournement d’avions inventé et pratiqués dans les années 70) suivis de la glorification des assassins, on va directement vers la disparition de l’Irak en tant qu’état. Naturellement, le responsable c’est l’Amérique.

A supposer, pour un instant de raison ( !?) qu’Israël n’existait pas et que le « conflit israélo-palestinien » non plus, croit-on que cela aurait changé quelque chose depuis trois ans à ce qui se passe en Irak ? Bien sur, la preuve du contraire ne peut pas être administrée. Il suffit cependant de se souvenir de la guerre Iran – Irak qui a durée huit longues années en faisant plus de huit millions de morts. Contre Israël ? Pour la Palestine ? Bien sur que non.

N’empêche, l’Europe toute en cœur considère que la résolution du conflit israélo-palestinien est la clé de voute de la solution de la situation du Proche Orient. Et pour ne pas être en reste, un rapport commis par un de ceux qui ont le plus de responsabilité dans la mise du Liban sous la botte syrienne (James Baker) est présenté comme un catalogue de mesures nécessaires à prendre pour sauver la paix du monde. Et les inconscients (Philippe Douste-Blazy en est un) qui parlent du rôle « stabilisateur » de l’Iran au Proche Orient ou poussent fortement à mettre entre les mains de l’Iran, l’Irak en laissant en même temps la voie libre à la Syrie au Liban sont légion. Leur inconscience est d’autant plus inadmissible que le prix à payer pour ce qu’ils recherchent sera à payer par Israël, le Liban ou l’Irak. Israël ? J. Baker et alea lui demandent de rétrocéder le Golan. Pour que le Hezbollah s’y installe comme dans le Sud Liban. Le Liban ? On lui demande d’accepter un « gouvernement d’union nationale » dans lequel le Hezbollah (toujours pas désarmé) disposera d’un droit de véto (et, donc, son désarmement ne se fera jamais …) qui servira ses sponsors iraniens et syriens. L’Irak ? L’Arabie Saoudite vient de conclure que l’Iran est en train de constituer un état chiite à l’intérieur de l’Irak. Pourquoi faire ? Ajouter un maillon à la chaîne de communautés chiites allant de l’Iran jusqu’aux confins de l’Atlantique. Oumma, communauté ouverte, qui attendra ensuite le Messie.

Et l’Europe ? Quand elle ne dort pas, peu ou prou, elle suit la France. La France ? Disposant d’une politique arabe qui fait ses preuves depuis 50 ans, d’un président autant anti-américain que possible et d’une population de plus en plus mixte (d’où certaines concessions au monde musulman que l’on a du mal à comprendre autrement) elle s’est toujours contentée des régimes autoritaires et/ou dictatoriaux du monde musulman. Mais pas seulement musulman, il suffit de voir son arrogance vis-à-vis de pays de l’Est Européen et la comparer avec sa sollicitude vis-à-vis de la Russie à laquelle M. Poutine fait faire le chemin inverse de celui parcouru depuis la disparition de l’URSS. Et les nouvelles que l’on occulte ne sont que la preuve du parti-pris du pays en faveur de tout ce qui va à l’encontre de ses propres valeurs.

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