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20 mars 2007 2 20 /03 /mars /2007 14:50

 

Plusieurs lecteurs (qu’ils soient remerciés pour leurs commentaires) me demandent d’expliciter la formule « Feuille de Vigne », je veux dire expliquer pourquoi le Fatah accepte de devenir le paravent du Hamas en participant à un gouvernement d’union nationale. 

- Le Fatah, adoptant une posture nationaliste « laïque » a réussi pendant des dizaines d’années à mystifier le monde occidental (avec l’aide de l’intelligentsia de gauche) en faisant croire qu’il était le fer de lance d’une lutte nationale d’indépendance. La libération de la Palestine , en apparence, se limitait pour lui (surtout après les accords d’Oslo) à l’obtention des territoires conquis par Israël en 1967 pendant la guerre de six jours. Le Hamas, en revanche, ne s’est pas embarrassé de faux semblants et a toujours prôné la « libération de la Palestine de la mer au fleuve » (c'est-à-dire de la Méditerranée au Jourdain, soit l’intégralité d’Israël). Et c’est ce qui sous-tend sa position actuelle -non à la reconnaissance, non au renoncement « à la résistance » (à la violence), non aux accords précédemment signés avec Israël. Accepter, dans ces conditions, de participer à un gouvernement « d’union nationale » avec le Hamas fait que le Fatah sert de feuille de vigne. Avec l’espoir que l’Occident (moins les Etats-Unis ?) se contentera de Mr Hide quand les pays arabes et l’Iran auront tout loisir à conforter Dr Jekyll.

 

- Le Hamas a approuvé les accords de la Mecque imposés par l’Arabie Saoudite sous la double condition de n’accepter aucune modification à « l’initiative saoudienne » (Beyrouth 2002) et de soumettre tout éventuel résultat d’une négociation de M. Abbas avec Israël à l’approbation du gouvernement par lui dirigé. Mais, le « non starter » de l’initiative saoudienne étant le retour de 4 Millions d’étrangers (baptisés réfugiés) sur le territoire d’Israël (en s’assurant ainsi soit de la création d’un système d’apartheid soit de la disparition du caractère juif d’Israël) le Fatah montre clairement que pour lui, non plus, le conflit n’est pas territorial mais existentiel. Et, partant, qu’il est partisan de la formule « deux états pour un peuple » (palestinien) et non pas de celle qui a la faveur du monde entier « deux états pour deux peuples ». Accepter, dans ces conditions, de participer à un gouvernement « d’union nationale » avec le Hamas fait que le Fatah sert de feuille de vigne.

 

- A la signature des accords d’Oslo et la création de l’Autorité Palestinienne le Fatah s’est engagé à reconnaître Israël, à renoncer à la violence, à ne pas créer des forces armées autres que de police et à œuvrer en vue d’une coexistence pacifique avec Israël. En vertu de ces engagements Israël a contribué à assurer à l’AP une assise internationale, lui a confié des territoires à administrer et lui a confié les impôts et taxes collectés sur les produits commercialisés dans ces territoires. Il n’a fallu que peu de temps pour que l’AP oublie, sur le terrain, tous ses engagements mais -moyennant un double langage usé à profusion- elle a continué de faire semblant pour l’Occident que de s’y conformer. L’arrivée du Hamas aux commandes de l’AP, après l’évacuation par Israël de ses ressortissants de la bande de Gaza, a changé la donne. Le Hamas n’avait accepté aucun des engagements du Fatah et le dit clairement aujourd’hui : « respect » des accords passé, oui, application conforme non. Accepter, dans ces conditions, de participer à un gouvernement « d’union nationale » avec le Hamas fait que le Fatah sert de feuille de vigne. Accessoirement, le Fatah démontre qu’il ne diffère du Hamas que par la nature du double langage.

 

- M. Abbas, Président de l’AP et primus inter pares du Fatah a paru, pour un temps, admettre que « le retour des réfugiés » par ses implications, ne pouvait constituer un élément de la solution du conflit, nonobstant le rêve d’une partie de la population palestinienne. Rêve qui se heurtait, d’ailleurs, à celui du Grand Israël auquel -par une révolution culturelle- les israéliens ont renoncé. A tel point il semblait convaincu qu’il est allé le dire dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban en 2001. Le Hamas ayant eu le dessus, la surenchère jouant à plein, M. Abbas a repris le sujet en le constituant -pour le bénéfice du Hamas- en condition sine qua non pour tout accord avec Israël. Pour le bénéfice du Hamas mais non pas celui du peuple palestinien qui ne verra jamais son état se créer si cette revendication n’est pas oubliée. Accepter, dans ces conditions, de participer à un gouvernement « d’union nationale » avec le Hamas fait que le Fatah sert de feuille de vigne.

 

- L’accord de la Mecque , comme la plateforme annoncée du gouvernement d’union nationale, ne fait aucune mention ni au concept « deux états », ni à Israël (autrement que « l’occupant ») ni à rien d’autre qui pourrait être interprété comme des pas communs vers une solution négociée. Au contraire, laissant la place libre à des interprétations différentes des mêmes paroles, tout semble être fait uniquement pour satisfaire l’Occident qui, espère-t-on se contentera de peu. Ce faisant, M. Abbas et le Fatah se sont fait rabaisser au rang de supplétifs du Hamas dont l’objectif déclaré est l’éradication de l’Etat Juif – Israël. Accepter, dans ces conditions, de participer à un gouvernement « d’union nationale » avec le Hamas fait que le Fatah sert de feuille de vigne.

Il n’est pas certain que la nouvelle manœuvre palestinienne (conçue et/ou imposée par l’Arabie Saoudite) ne satisfasse pas certains européens, adversaires de tout temps d’Israël. Trois exemples édifiants,  entre autres, valident cette hypothèse.

Quand le nouveau Secrétaire de l’ONU déclare, au sujet de la plateforme du gouvernement d’union nationale « La déclaration initiale de ce gouvernement d'unité nationale semble être un peu décevante.  Ils n'ont pas clairement déclaré qu'ils respecteront les trois principes  du quartet « reconnaissance d'Israël, renoncement à la violence et acceptation des accords précédents » que se passe-t-il en Europe ?

-         J. Solana (toujours lui … au cours d’une conférence de presse) « Nous espérons beaucoup que ce gouvernement… prendra les positions du quartet autant que possible et à la fin complètement » Autant que possible ... Et comme la fin peut être située aux Calendes grecques …

-         P. Douste-Blazy écrit à son homologue palestinien pour le congratuler suite à sa nomination et lui proposer de « le rencontrer pour des discussions à Paris ou dans les territoires palestiniens  »; en se désolidarisant, ce faisant, et de l’Europe (présidée actuellement par l’Allemagne et qui a fait admettre une déclaration qui rappelle, sans ambages, les principes à respecter pour une éventuelle coopération et du Quartet ;

-         La Norvège , toutes affaires cessantes, envoie un sous-ministre des Affaires Etrangères pour rencontrer le Premier Ministre palestinien (Hanyieh, Hamas) pour restaurer les relations avec le gouvernement palestinien (on se demande pourquoi elles ont été interrompues …).

La feuille de vigne que constitue le Fatah pour cacher la politique (et les objectifs) du Hamas pourrait, donc, apaiser l’Occident (moins les Etats-Unis ?). The worst is still to come !

 

 

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