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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 12:59

 

Un cri de désespoir retentait sur les rives de la Seine. Un des grands intellectuels français écrivait « Etatcide », bien sûr, n’est pas génocide. Et les Juifs français qui ont donné leur âme à tous les révolutionnaires noirs, bruns ou jaunes hurlent maintenant de douleur pendant que leurs amis hurlent à la mort. Je souffre comme eux quoi qu’ils aient dit ou fait, non parce que nous sommes devenus Sionistes ou Israéliens, mais parce que monte en nous un mouvement irréversible de solidarité. Peu importe d’où il vient. Si les grandes puissances selon le calcul froid de leur intérêts laissent détruire le petit Etat qui n’est pas le mien, ce crime, modeste à l’échelle du nombre m’enlèverait la force de vivre et je crois que des millions et des millions d’hommes auraient honte de l’Humanité » (Raymond Aron, Le Figaro, 4 juin 1967).

Quarante années après on prépare de nouveau « l’Etatcide ». Après avoir demandé l’éradication d’Israël de la carte en 2005, après avoir provoqué la guerre du Liban en juin 2006, l’Iran annonce froidement que « le compte à rebours de la destruction d’Israël par le Hezbollah et les palestiniens à été déclenché ». Et son ministre des affaires étrangères encourage à Damas les factions palestiniennes qui se combattent à Gaza à ne pas arrêter la « résistance » contre Israël.

« Des capitales européennes » morigènent l’Iran : le ministre des affaires étrangères de l’Espagne annonce qu’il a demandé à un Directeur de son ministère de convoquer l’ambassadeur iranien et le ministre des affaires étrangères français (qui l’eut cru …) déclare que si « les propos évoqués ont été réellement tenus, ils sont inacceptables ».

On efface tout et on recommence. On oublie qu’au moment de la décision de partage de la Palestine en 1947, ce partage consacrait la revendication des populations juives à une résurgence d’un Etat Juif détruit déjà une deuxième fois vingt siècles auparavant.   Et le Conseil de sécurité de l’ONU stipulait qu’il allait considérer comme une menace contre la paix, selon l'article 39 de la charte des Nations Unies tout acte d'agression ou toute tentative de changer par la force le règlement a envisagée par la résolution de partage. Menace contre la paix, article 39 de la charte, chapitre VII qui prévoit l’utilisation d’une force armée contre les contrevenants.

Guerre de 48, guerre de 67, guerre de 73, guerre du Liban en 2006, intifada de 1988, intifada de 2000, guerre d’usure à partir de Gaza depuis 2006 : le Conseil de Sécurité est resté sourd à tout ce qui a été entrepris pour tenter de détruire Israël. Il reste sourd à ce qui se passe encore aujourd’hui : 360 fusées (ne jamais oublier, « artisanales ») tirées sur une ville israélienne pendant les deux dernières semaines.

Il se pourrait que la raison pour laquelle personne ne veut réellement comprendre ce dont il s’agit soit liée à « l’occupation » par Israël de territoires sur lesquels ne se manifestait aucune souveraineté en 1967. En effet, la guerre de 48 s’est terminée par des armistices imposés par l’ONU et les territoires affectés à un état palestinien ont été occupés par l’Egypte et la Jordanie mais leur annexion n’avait jamais été reconnue par la communauté internationale. Après pas mal de convulsions on est arrivé à la formule « la terre contre la paix » et « deux états pour deux peuples » Malheureusement, jusqu’ici la terre donnée (ou rendue) n’a produit même pas un armistice (voir Gaza – 2005) et quant aux deux états … 65 % des palestiniens (qui en majorité ont choisi par des élections libres pour les gouverner le Hamas qui annonce clairement sa volonté de détruire Israël) rêvent de disposer d’Israël comme de leur état. Pourquoi ? Deux lignes d’action se sont précisées : une revendication nationale ( la Palestine appartenait aux arabes) et une religieuse (terre d’islam elle ne peut être donnée aux infidèles, juifs de surcroît).

Pour ce qui est de la ligne religieuse il n’y a pas grand’chose à dire ni à faire. Tant que le monde ne comprendra pas qu’il s’agit là des prolégomènes de ce qui suivra (car la revendication de l’islam à la terre entière lui est consubstantielle) il n’y a rien à faire. A peine peut-on se souvenir du dicton « on commence toujours avec les juifs … »

En revanche, pour ce qui est de la ligne nationale, il semblerait que l’on se laisse berner trop facilement par des vérités qui n’en sont pas. En voilà une floraison :

·        la Palestine appartenait aux arabes – ce qui veut dire que l’on efface l’histoire (au moins pourrait-on se souvenir de David et/ou de Salomon, rois d’Israël ce qui voudrait dire que s’il y a eu des rois il y a eu, aussi, un royaume … juif) ;

·        puisque les Arabes ont vécu là – les juifs n’ont aucun droit pour y retourner même s’ils ont vécu là avant les arabes ; passé à la trappe le fait que des conquérants (colonisateurs) venus d’Europe, grecs ou romains, ont détruit le pays juif et expulsé sa population pour une deuxième fois en moins de 500 ans ; population qui s’est répandue en Europe avec le bonheur que l’on connaît : expulsion d’Angleterre au 13ème siècle, inquisition, destruction en tant que « race » par les nazis dont on oublie avantageusement qu’ils étaient des européens ;

·        la Palestine appartenait au « peuple palestinien » - personne n’en avait entendu cela ni avant 1948 ni avant 1967 ; au moment du partage les représentants arabes niaient l’existence d’une « Palestine » et soutenaient qu’il s’agissait de la province Sud de la Syrie  ; le « peuple palestinien » a été inventé après la résurgence d’Israël et, surtout, après la création de l’Organisation de la Libération de la Palestine en 1964 ; ce qui permet de remettre à l’endroit une autre « vérité » : avant 1967 il n’y avait pas de « territoires occupés » pour les libérer, mais la volonté de faire disparaître Israël, elle, était déjà présente ; et on aura du mal à nier que tout cela n’est pas le résultat aussi de la complicité européenne, complicité incompréhensible autrement qu’en se référant à la judéophobie (pour ne pas dire l’antisémitisme) devenue vulgate dominante sur le continent ;

·        les territoires « occupés » - résultat d’une guerre imposée,  du moment qu’il n’y avait pas de souveraineté exprimée, ces territoires devraient être considérés comme « disputés » surtout quand il s’agit d’une prise de guerre (1967), pendant une guerre de défense ; le Tibet conquis par la Chine  ? les Iles Kuriles « occupés » par la Russie  ? Okinawa – occupée par les US ? le « déplacement » de la Pologne de plus de 200km vers l’Ouest pour que l’ancienne Union Soviétique s’approprie des territoires ? Aucune analogie possible ?  

Bref, on commence par contester ses actes de propriété pour récuser ensuite les prises de guerre qui depuis le commencement des âges ont caractérisé toujours le statut de vainqueur et de vaincu. Mais que vaut une « ligne nationaliste » quand il s’agit de revendiquer ce qu’une autre nation détient ? Rien, nulle part dans le monde, sauf au Proche Orient. Pourquoi ?

Parce que ce dont il s’agit ce n’est pas un conflit territorial. Ce dont il s’agit c’est la « ligne religieuse ». Et parce qu’il n’y a donc, rien à faire. Quand une seule victime d’une bavure israélienne enflamme l’univers entier (y compris le Conseil de Sécurité de l’ONU) et 250.000 morts au Darfour n’impressionnent personne il y aurait (non ?) comme un « double standard ».  

Parce que ce dont il s’agit tient en réalité, quoi qu’on en dise, au complexe indélébile de l’Europe lié à la Shoah. Avoir fait ce qui a été fait et ne pas avoir réussi à faire disparaître une fois pour toutes ce peuple, ce n’est pas quelque chose de facile à vivre avec. Et le moins qu’elle puisse faire c’est de verser sa manne sur ceux qui essayent encore. Et la voilà donner des milliards d’euros au peuple palestinien tout en négligeant les Africains beaucoup plus pauvres mais qui ne souffrent que des agressions arabes (Somalie, Soudan). Malheureusement, les européens sont tombés sur plus voraces qu’eux, tous les fonds versés depuis 60 ans  (et encore plus depuis « Oslo ») n’ont pas servi à construire des maisons ou à développer une société palestinienne qui n’en pouvait mais. Non, ils ont servi à acheter des armes  pour « résister à l’occupation » quand ils n’ont pas finis dans les poches de dirigeants corrompus. Il suffit de remarquer que « l’aide » au peuple palestinien a triplé en 2006 par rapport à 2005. Pendant que l’Europe s’associait aux conditions du Quartette qui ne sont, en réalité, que le contraire des trois non de Khartoum de 1967 : non à la reconnaissance d’Israël, non aux négociations, non à la paix. Conditions que les palestiniens ne veulent pas accepter comme d’ailleurs aucun des pays arabes frères.

Et l’Europe ne peut des lors que s’inscrire dans la cohorte de ceux qui, peu ou prou, diabolisent Israël pour mieux préparer la «solution finale». Après les boycotts de la Norvège ou du Danemark visant des produits israéliens voilà venu le temps des boycotts plus substantiels. L’union des journalistes britanniques a lancé un mot d’ordre pour boycotter Israël. Pendant qu’un de leur membres est détenu otage par un groupe palestinien depuis plusieurs mois. Bien que le « journaliste » en question se déclare solidaire de la cause palestinienne et considère que la création d’Israël est le nexus de la situation du Proche Orient. Quelle leçon d’objectivité donnée par la BBC et la presse anglaise … Pour ne pas rester simple spectateur, une union de scientifiques anglais demande le boycott des universités israéliennes pour leur « complicité » à l’occupation. Et l’armée britannique qui «occupe» le Sud de l’Irak ? Ou les Iles Falkland à 6.000 km revendiquées par l’Argentine ? Perfide Albion, précurseur de l’Europe en toutes choses …

Quarante années et rien n’est résolu. Rien n’est résolu du côté des palestiniens non plus. S'ils n'avaient pas choisi la guerre et la non reconnaissance d'Israël peut-être que leur sort serait différent. Car il faut bien l’admettre, les Palestiniens sont les gens les plus opprimés du monde arabe. On leur dénie le droit à la citoyenneté dans les pays qui les ont accueillis il y a soixante ans quand les mêmes pays n’ont pas réussi à détruire Israël. Ils n’ont accès à aucun métier ou forme d’éducation. Mais ce n’est pas grave car les 650.000 palestiniens partis (ou expulsés) d’Israël sont devenus 4,5 millions aujourd’hui et la communauté internationale les a pris en charge : des milliards de dollars volés aux pauvres d’Europe ont été déversés sur des « réfugiés » dont leurs frères arabes n’ont que faire. Sauf de les utiliser, à répétition, comme fer de lance dans la lutte sans fin qui vise la destruction d’Israël.  

Depuis deux semaines, l’armée libanaise utilise l’artillerie lourde contre une faction palestinienne qui s’abrite dans un « camp de réfugiés ». 100 morts en quinze jours, les journaux en font état mais aucune des grandes autorités morales du monde ne se manifeste. Quand des chrétiens tuent des musulmans, c’est une croisade. Quand des juifs tuent des musulmans, c’est un massacre. Quand des musulmans tuent des musulmans tout le monde se tait. Ainsi va le monde, quarante années après la guerre de 1967. Quant au cri de désespoir de Raymond Aron il n’était que prémonitoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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