Le séisme politique créé par l’affaire Cahuzac suivie de celle du « trésorier de campagne» a tellement effrayé notre gauche gouvernante -car il montrait clairement qu’elle n’était pas (mais alors … pas du tout) au dessus de tout soupçon- qu’elle s’est précipitée dans des manœuvres de diversion, malheureusement pour elle, trop improvisées.
On a commencé par envoyer sur tous les plateaux de télévision et dans tous les studios des stations radio les « cogneurs » pour expliquer au bas peuple qu’il s’agissait d’une « défaillance individuelle », qu’un seul homme était en cause (avant le trésorier …) et que, dès lors, le parti socialiste et son gouvernement n’avaient rien à voir avec. Message concocté par les spécialistes en communication de l’Elysée et répété ad nauseam par des perroquets – les uns moins convaincants que les autres ! Se rendant, vite, compte du fait que cette ligne de défense ne défendait rien, on a sorti le grand tambour pour expliquer que ce qu’il faut faire c’est une « grande loi pour la moralisation ». Bien sûr, chaque fois que l’on a besoin, on fait « une grande loi », une « grande réforme », on nomme « une grande commission » car tout doit être grand. La justification « il faut moraliser la classe politique ». Tout d’un coup, ce n’est plus un homme qui a failli, c’est « toute la classe politique » - manière de mettre les socialistes ayant fauté dans le magma de tous les autres … Ce qui revient à dire (logique, n’est-ce pas ?) qu’en réalité … « ils sont tous pourris » !
Loi de moralisation ? Moraliser quoi ?
Peut-être le « cas Guérini » de la « fédé » de Marseille ? Peut-être le cas « Kucheida » du Pas-de-Calais ? Peut-être le cas Gérard Dalongeville d’Hénin-Beaumont ? Peut-être le cas « René Teulade » ? Voilà quatre cas dont le président, normal et lisse comme le tefal, a eu non seulement à connaître mais qu’il a couvert pendant qu’il était premier secrétaire du parti. Le « cas Guérini » est de tous connu, il ne mérite pas d’en rajouter.
En revanche, Jean-Pierre Kuchéida dont le procès pour abus de biens sociaux est en cours se rappelle à l’attention de notre président en demandant qu’il vienne témoigner à la barre.
En revanche, l'ancien maire PS d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) Gérard Dalongeville, qui sera jugé fin mai dans une affaire de fausses factures présumées, veut faire citer comme témoin le président François Hollande (selon son avocat) "pour qu'il fasse connaître au tribunal ce qu'il savait comme premier secrétaire du Parti socialiste pendant 11 ans, du financement de la fédération du Pas-de-Calais".
En revanche, René Teulade, condamné déjà en 2011 pour abus de confiance et dont le procès en appel s’ouvre ce mois, dispose d’une grande proximité avec François Hollande (dont il a été député suppléant). En octobre 2012, lors de son discours de clôture de la Mutualité française, le président lui a rendu un hommage appuyé avec ces mots : « René Teulade auquel je suis lié par une fidélité corrézienne. » Abus de confiance ? La Mutuelle Retraite de la Fonction Publique lui a versé des indemnités sans raison, lui a loué gratuitement un appartement Rue Solférino (quatre pièces et garage, à deux pas du siège du parti …) et tout cela parce que de 1974 à 1992, comme président de ladite mutuelle il a détourné des fonds de la mutuelle ! François Hollande est nommément cité dans les divers actes du procès, on lui demande aussi de venir témoigner (voir les documents publiés par Le Point du 10.04.13).
Moraliser ? Sans excuser les autres tricheurs de droite, du centre ou d’ailleurs, notre président devrait commencer par se moraliser lui-même. Et avant de faire faire de nouvelles lois, il devrait se soumettre, lui aussi, à celles existantes. Par exemple en acceptant de venir témoigner aux deux procès mentionnés (ainsi qu’il s’est engagé de le faire pendant sa campagne présidentielle).
Résumons : cas Cahuzac, trésorier de campagne, au moins quatre affaires venant devant les juges ce printemps et tout cela après avoir infligé au pays des punitions sévères sous forme de nouveaux impôts et taxes dont, en réalité, le but n’est pas de réduire l’endettement mais … surtout de pouvoir continuer l’irresponsable marche en avant des dépenses de l’état. Et, aussi, pour pouvoir remercier ceux qui on voté pour lui : retraite à 60 ans pour certains, pas touche au régimes spéciaux, 60.000 nouveaux enseignants, abrogation du jour de carence pour les fonctionnaires, en veux-tu, en voilà !
Quo vadis Domine ? « J’ai fixé la cap, l’objectif c’est la croissance » combien de fois avez-vous entendu cette calembredaine (baliverne, faribole, sornette) ? A part lui (et certains de ceux qui l’entourent et qui défendent leurs maroquins) personne ne croit plus ce qu’il raconte.
La première preuve : 73 % des français qui ne lui font plus confiance (dire, comme la presse aimable à son égard, que sa côte de confiance est de 27% -au dernier sondage- c’est fallacieux).
La deuxième preuve, au moins trois commissaires européens (Bruxelles) rappellent, pratiquement chaque semaine à la France (a) l’absence de réformes sérieuses et immédiates, (b) l’impossibilité de retrouver sa compétitivité si l’on ne réduit pas la charge de l’état et l’ampleur des distributions sociales financées par un endettement croissant, (c) le bilan inquiétant des experts européens quant aux déséquilibres macro-économiques de la France. Et lui disent carrément (Olli Rehn, cette semaine à Bruxelles) «La résistance du pays aux chocs extérieurs diminue et ses perspectives de croissance à moyen terme sont de plus en plus entravées.» Coût du travail, poids de l'impôt et résistance aux réformes ont fait de l'Hexagone le pays «où les marges bénéficiaires des entreprises sont les plus faibles de la zone euro, …. La faible profitabilité des entreprises, en particulier industrielles, couplée à leur endettement, est une menace pour la compétitivité de l'économie française tout entière.»
La troisième preuve - Dominic Moisi dans Financial Times (traduction MB) « Mais, dans la foulée du scandale Cahuzac, le président de la France ressemble de plus en plus à un Louis XVI moderne -le roi guillotiné par les révolutionnaires. Après des années de crise économique et sociale, et sans que l’on voit la lumière au bout du tunnel, les Français perdent patience, non seulement avec les politiciens, mais avec l'ensemble de leurs élites. M. Hollande, comme Louis XVI, pourrait se révéler être un homme qui n'a rien d'exceptionnel en des temps exceptionnels » (Financial Times, 09.04.13).
Aussi le graphique de The Economist qui montre clairement que les ménages se sont serrés la ceinture (comme les sociétés industrielles) tandis que l’état ne fait qu’augmenter sa contribution à la dette du pays en % du PNB !
La quatrième preuve : Der Spiegel (pourtant à gauche …) : « Les rumeurs qui circulent après le scandale (Cahuzac) ont déclenché la panique dans les différents ministères et à l'Elysée ; en même temps, elles empêchent le gouvernement de promulguer la réforme des retraites impopulaire, mais nécessaire. »
Résumons : la France semble être déboussolée, son gouvernement opère des diversions (loi de moralisation après la loi « mariage pour tous » après la mise à mal des mesures judiciaires prises par le gouvernement précédent, etc.,), bref, la maison brûle mais … Jeannette se coiffe !
Et, dans ce marasme politique et, surtout économique, tous ceux qui se réclament de Keynes (et d’autres – voir ceux qui pensent comme Von Schacht -de sinistre mémoire- mais n’osent pas le dire …), tous ceux qui n’ont de mots durs que pour l’Allemagne (premier pays en Europe à avoir commencé à raboter les contours de l’état providence) n’arrêtent pas de demander à la France de ne pas s’occuper de son endettement mais … de « produire de la croissance » en se lançant dans des aventures économiques avec des fonds dont elle ne dispose pas. Mais qu’à cela ne tienne … « les boches paieront » ou, à défaut, nos enfants et petits-enfants … jusqu’à la septième génération (comme dans l’Ancien Testament !).
C’est beau la France, c’est surtout généreux, la république socialiste irréprochable est en marche, on ne sait pas vers où mais on y va avec une grande conviction, foi de notre capitaine de pédalo qui a fixé le cap mais … sans savoir comment on va revenir.