.... l’Irlande est le seul pays qui puisse s’enorgueillir
de n’avoir jamais persécuté les juifs. ... Savez-vous pourquoi ?
Parce que ... elle ne les a jamais laissé entrer.
James Joyce, Ulysse
Un spectre hante l'Europe : le spectre d’Israël. Toutes les puissances de l’Occident chrétien et de l’Orient musulman, se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le président des Etats Unis et le guide suprême de l’Iran, Zapatero et Carl Bildt, les gauches de France et d’ailleurs et les syndicats de Suède, Norvège ou Irlande. Pourquoi ? Les juifs ont réussi à créer une grande puissance, Israël, sur un lopin de terre de cette planète après avoir été deux fois dispersés de leur foyer historique. Le monde entier, réuni, ne peut accepter que la dernière tentative de les faire disparaître, qui a pourtant annihilé six millions d’entre eux, laisse prospérer les six millions se trouvant au Proche Orient. Ce serait la preuve que ce qui leur a été fait auparavant n’aura servi à rien. (Les connaisseurs reconnaîtront le pastiche).
Une tragédie (dixit BHO) vient de mettre à l’ordre du jour la nécessité de faire disparaître Israël. Une tragédie ? La mort de huit « militants de la paix » préparés, soit à franchir le blocus de Gaza soit à devenir des « martyrs », une tragédie ? 2.000 morts au Kirghizstan depuis le « coup d’état » du mois d’avril, 97 morts en Afghanistan dans les trois semaines de juin, 132 morts à Baghdâd la semaine dernière ? Des faits divers, sans importance, sans réunion d’urgence du Conseil de Sécurité de l’ONU, sans même pas une déclaration d’une chancellerie européenne ou d’une annonce de boycott d’un syndicat bien pensant. Pourtant tous ces morts étaient eux aussi des musulmans. Certes, mais ... leurs assassins aussi, ce qui change tout. En paraphrasant un musulman (Erdogan) qui tient le haut du pavé depuis quelque temps « les musulmans ont le droit d’en tuer d’autres mais personne n’a le droit de tuer des musulmans ». Ceci explique cela : avant de savoir ce qui s’est réellement passé sur un des six bateaux qui ont essayé d’aller à Gaza, toutes les chancelleries se sont précipitées, dans l’heure, pour demander une enquête internationale et, pour faire bonne mesure, aussi la levée immédiate du blocus de Gaza (Catherine Ashton ... qui connaît cette dame ?).
Non, la sinistre farce du Marvi Marmara n’est pas une tragédie. Il s’agit d’une action bien pensée, bien préparée, de longue date qui n’avait qu’un seul objectif : mettre Israël devant l’alternative « ouvrir une brèche dans le blocus ou prendre le risque d’un affrontement » dont chacun des deux termes ne pouvaient que lui être nuisible. Ouvrir une brèche dans le blocus : on fait semblant d’oublier que le blocus a été mis en place en 2006 et que depuis 2008 (action israélienne à Gaza) le Conseil de Sécurité de l’ONU a décidé de s’opposer à la contrebande d’armes pour le Hamas, par mer ou par terre. Et que deux pays, en particulier, plus ou moins d’accord entre eux (l’Egypte et Israël) ont sérieusement réduit les capacités de ceux qui veulent armer le Hamas (Iran) de pouvoir le faire. En clair, ce qui s’est passé, par delà la caisse de résonance servie par toutes les gazettes du monde et leur équivalents en nouveaux médias (TV, Internet, etc.,), par delà la tentative de « mettre le feu » dans les rues arabes, n’a strictement rien à voir avec les « souffrances du peuple palestinien » de Gaza ...
Non, cela n’a eu et n’a comme objectif que diaboliser, pour la délégitimer, Israël. Car ce que l’on ne veut pas c’est qu’il y ait une place propre aux juifs sur cette planète. Pendant la première moitié du dernier siècle, en Europe (mais pas seulement), on criait dans les rues « les juifs ... en Palestine ». Depuis, presque, cinquante ans on a commencé (en sourdine au départ, de plus en plus fort depuis), à crier « les juifs ... hors de Palestine ». Et quand la doyenne des correspondants de presse de la Maison Blanche (chouchou de BHO à laquelle il apportait des cookies pour son anniversaire ...) dit haut et clair « qu’ils fichent le camps de Palestine et qu’ils retournent en Pologne ou en Allemagne » et que le Président des Etats Unis n’en pipe mot, il n’y a plus besoin d’autre chose pour comprendre que l’on voudrait bien voir, assister, aider, provoquer, une nouvelle dispersion. On s’arrange mieux avec les juifs de la diaspora et puis ils sont malléables et corvéables à merci tant ils sont désireux de réussir (et de faire réussir leur environnement) partout où ils sont admis. Jusqu’au moment où il faut bien leur taper sur la tête pour comprendre qu’ils ne sont que tolérés ... Cela étant, conseiller aux juifs d’Israël de revenir dans les deux pays où six millions d’entre eux sont partis en fumée ... cela laisse rêveur. Même si celui qui conseille est de descendance libanaise et de présence récente aux States. Comme cela laisse rêveur que d’entendre les « militants de la paix » dire par radio aux marins israéliens « retourner à Auschwitz » dans le silence assourdissant de tous les moyens de communication et des gouvernants de la « communauté internationale » qui pourtant, condamnent Israël ensuite.
Mais, par delà les hommes de paix qui constituent maintenant le trio de choc de la paix et de la justice des peuples [Erdogan qui continue à tuer des « rebelles kurdes », Assad qui assiste (quand il ne les provoque pas) aux assassinats de ceux qui ne lui conviennent pas, Ahmedinejad qui n’a que la disparition d’Israël à la bouche] et qui ne font que « critiquer » Israël, on vous dit de toutes les manières possibles que cela ne veut pas dire faire de l’antisémitisme. Peut-être. Mais quand de toutes les occupations (moitié de Chypre par les turcs, l’Abkhazie et l’Ossétie par les russes, le Tibet par les chinois) on ne s’occupe que de celle de territoires disputés (selon la définition de l’ONU même) mais dont certains ont décidé qu’ils appartiennent aux palestiniens, on peut au moins se poser la question pourquoi elle est prioritaire ? Et pourquoi diable veut-on « partager » Jérusalem mais « réunir » Srebrenica ? Ou Nicosie ? Pourquoi accuse-t-on chaque fois Israël d’user d’une force « disproportionnée » et pas les russes qui ont rasé Grozny ?
A toutes ces questions il n’y a qu’une seule réponse : Israël incommode le monde et tant qu’elle n’aura pas disparu, le monde ne sera pas en paix. Mais tout de suite après, la paix régnera en Irak, l’Afghanistan deviendra un havre de paix, au Cachemire on ne fera qu’élever des moutons cachemire, les Frères Musulmans disparaîtront en Egypte comme les islamistes de tout poil. Et la paix du monde sera, enfin, réalisée.
C’est, donc, la lutte finale... Les bons contre les méchants qui ne laissent pas le monde tourner en paix. Un dernier effort de l’Iran, la Turquie, la Syrie dans l’indifférence approbatrice du président (initialement musulman) des Etats Unis et pendant l’attente pleine d’espoir des gauches européennes qui ont eu le courage de dire que la renaissance d’Israël a été « une erreur historique ». Si seulement Israël (et le juifs ...) allait enfin comprendre et disparaître.
En attendant il faut condamner Israël chaque fois que l’occasion se présente. Heureusement, Golda Meïr a enseigné aux israéliens, aux juifs, qu’une « condamnation vaut mieux qu’une épitaphe ».