« L’euro traverse la crise la plus importante depuis son introduction » dit notre Chef de l’Etat. Et avec l’aplomb que l’on lui connaît, …il assure, à la suite de Mme Merkel que « les politiques ne se laisseront pas commander par les marchés ». Et, surtout, que l’Europe ne va pas laisser tomber la Grèce. Voir …
Mais n’a-t-on pas vu déjà le film ? Faisons un effort de mémoire.
Argentine – au début du 20ème siècle est une des premières puissances industrielles, agricoles et économiques avec un niveau d’industrialisation qui dépassait celui de plusieurs pays européens importants. En 1908 l`Argentine avait un revenu per capita supérieur à celui de l`Italie et de l`Espagne. Seuls sept pays (dont les Etats-Unis et la Grande Bretagne) la devançaient. En 1928 avant la grande crise le pays était classé au 12e rang quant à son développement bien avant le Japon, la Suède, l`Autriche et bien sûr l`Italie et l`Espagne.
En 1916 Hyppolite Yrigoen devient premier ministre (parti « Radicals ») et devient le précurseur, le vrai inventeur de l’état providence : sécurité sociale, cotisation obligatoire à un système de retraite, aide aux plus pauvres pour accession à la propriété, etc. Pour financer ? De nouveaux impôts et taxes. Mais cela commençait à coûter cher ... voilà Peron, populiste/fasciste, promettant encore plus aux plus nombreux. Mais où trouver « d’autres ressources » (cela ne vous rappelle rien ?) ? Les classes moyennes furent mises à contribution ce qui aura l’effet normal, le désintérêt pour porter des projets, pour investir. Parallèlement, on embauchait des fonctionnaires à tour de bras pour contrôler les innombrables programmes sociaux visant, toujours, à aider les plus pauvres. Peron parti ... il fallait bien augmenter les impôts mais le pays continuait à dépenser au delà des ses moyens, en s’endettant (cela vous rappelle quelque chose ?). La guerre 39/45, économie survivant (mal) et voilà l’hyperinflation, protectionnisme industriel, hausses des salaires, l’état devenant le premier acteur économique. Inflation à 3000%, famine un peu partout, pays faisant face au chaos. En 1994 le système implose : après une taxe sur les salaires augmentant de 5 à 25 %, après l’introduction de la TVA, l’impôt sur la fortune (cela vous rappelle quelque chose ?), vente de biens publics, le tout détruit l’économie du pays. Tant et si bien qu’en 2001 le pays n’a plus pu faire face aux remboursement de ses dettes : en 2002 crise nationale de l’ampleur de celle des EU en 1929. En 1902 Argentine était un des pays les plus riches du monde. Ils ont inventé (bien avant les sociaux-démocrates européens) l’état providence et 100 ans après le pays s’est trouvé en faillite. Pour qu’en 2005 il soit obligé de « négocier » sa dette, en clair il refuse de rembourser 100 milliards de $ de dette extérieure.
La Grèce ? Sous le parapluie de l’Europe et de l’euro, en falsifiant ses comptes, ce pays accumule une dette extérieure évaluée aujourd’hui à plus de 300 Milliards d’euros à rembourser dans les trois années à venir. Par delà les comptes truqués, par delà la crise, le peuple grec a troqué un bien être immédiat contre une dette dont personne n’avait l’air de s’en soucier. Sauf les marchés …
Et on a vu ainsi un état (plus que) providence offrir à ses sujets la retraite à 53 ans, 14 salaires mensuels annuellement pour les fonctionnaires (15% de la population … soit plus qu’en France, record en Europe). Avant son adhésion à la zone euro, en 2003, la dette de la Grèce était de 98,6 pour cent du PIB du pays et son déficit, chronique déjà, était de 7,5% du PIB. On peut se demander, légitimement, comment de telles performances ont-elles permis son adhésion à l’euro. A la fin de 2009, la dette publique se trouvait à environ 115 % du PIB (149% selon le FMI ...) et se montait à 363 Milliards d’euros. En rejoignant l’euro les grecs ont pu s’endetter, sans limites, et dépenser itou.
Et, le temps que les marchés se réveillent (on oublie que les marchés c’est vous, nous, nos gestionnaires de fonds de retraites ou bancaires, des compagnies d’assurance, etc.) et commencent à mesurer le risque de voir la Grèce prendre la voie de l’Argentine. Effet immédiat : la prime de risque pour prêter à l’Etat grec fait pousser les taux auxquels ce pays pouvait emprunter de 3/5% à plus de 11%. Et la Grèce a besoin -pour rembourser ses dettes (capital et intérêts) et pour financer ses déficits budgétaires chroniques- de quelques 300 Milliards d’euros pour les trois années à venir. L’Europe, après quelques atermoiements allemands (depuis 1918 ... « les boches » paieront …) la voilà qu’elle met (avec la participation du FMI) à la disposition de ce pays en faillite virtuelle, 110 milliards d’euros. La France « c’est beau, c’est grand, c’est généreux » s’engage pour 22,5 Milliards d’euros. Et on entend son ministre des finances dire que « nous prenons de l’argent à 3% et on le prête aux grecs à 5%, ce sera un gain pour notre pays d’environ 500 millions d’euros ». Ce qu’elle oublie de dire c’est que la France n’a pas l’argent dont on parle (elle se le fait prêter …il faudra qu’elle le rembourse) tandis que la Grèce ne trouvera aucun prêteur privé (les banques, « ces pelés, ces galeux ») pour lui prêter l’argent, quelque en soit le taux, dont elle aura besoin soit la différence entre ce que l’Europe (et le FMI) lui prêteront et ce qu’elle devra rembourser. Remarquez, en affaires cela s’appelle de la cavalerie … j’emprunte pour rembourser …. Car le fameux plan de rigueur accepté par ce pays prévoit de faire des économies de 30 milliards d’euros sur les trois années à venir : à comparer ave sa dette de plus de 300 milliards d’euros.
Les « politiques » peuvent dire ce qu’ils veulent, les syndicats pourront faire autant de manifs qu’ils voudront, l’extrême gauche grecque (ou la nôtre) pourra lancer des cocktails Molotov contre des bâtiments publics et faire des morts, la Grèce sera obligé de « renégocier » sa dette. Si on a le moindre doute à ce sujet il suffit de se souvenir que le Portugal et l’Espagne attendent en ligne derrière la Grèce : l’Espagne à elle seule aura besoin de plus de 350 Milliards d’euros pendant les trois années à venir (sa dette, comme celle de la Grèce, est équivalente à 152% de son PIB). Mais l’Italie pourrait avoir besoin même de plus (dette totale = 110% de son PIB soit 1.300 Milliards d’euros ...). Bref, à la louche, l’Europe semble avoir besoin pour rembourser ses dettes pendant les trois/cinq années à venir de presque mille milliards d’euros. Mais, dormez tranquilles, bonnes gens, notre président a convaincu Mme Merkel pour que l’Europe crée un « fonds d’intervention » pour faire face aux éventuelles difficultés de ses états membres. Des cataplasmes sur des jambes de bois. Car, en réalité, l’état providence ne se laissera pas mourir et l’immigration massive ne s’arrêtera pas. Deux causes majeures, principales, devenues structurelles.
Et nous ? La France : dette totale qui va gaillardement vers 2.500 Milliards d’euros (dette publique + provisions retraites fonctionnaires), système de retraite par distribution implosant (1,8 cotisants pour 1 retraité soit 2,5 fois moins que pendant les années 60), déficit chronique commerce extérieur (désindustrialisation du pays, essentiellement due à l’augmentation des charges sur les salaires) état « coûtant 100 » (« obésité de l’état ») quand il coûte 80 en Allemagne, un déficit chronique depuis 30 ans dont une très grande partie (comme la destruction du monde ouvrier) est liée directement à l’immigration et à ses conséquences. Voilà en résumé ce qu’on peut voir de Sirius quand on nous regarde.
Mais on nous rabat les oreilles avec la double chance de la France : l’immigration et la poussée démographique. Pas besoin d’être grand clerc (lire « Les yeux grands fermés » de Michèle Tribalat) pour comprendre que les deux choses en sont une et que deux effets (pervers ?) viennent démontrer l’inanité de l’appréciation.
En effet, nonobstant la contribution démographique de l’immigration, le ratio « moins de 15 ans vs plus de 65 ans » ne fait que diminuer d’aujourd’hui à 2050 (voir graphique, source données Eurostat 2008) ; autant dire que la solution du problème des retraites ne viendra pas de la contribution démographique de l’immigration.
Telle qu’aujourd’hui (et il n’y a aucune raison d’espérer un changement significatif) la « contribution » économique de l’immigration non européenne (compte tenu du taux de chômage, absorption de contributions sociales, programmes d’investissement propres, d’un côté, et de recettes venant de l’immigration – cotisations sociales, impôts, valeur ajouté dans les entreprises du secteur marchand, etc.,) l’immigration (Prof. I. Bichot, Lyon III, Jean Moulin) est à l’origine de quelques 35% du déficit français soit plus de 30 Milliards d’euros. Et quand on sait qu’entre le PIB du Mali (per capita) et celui de la France il y a un rapport de plus de 25 on se rend compte que sauf mesures drastiques (qu’aucun gouvernement européen ne veut prendre …) la chute de la maison France est écrite sur les murs. Bien sûr, on peut ne pas regarder et attendre la croissance comme on attend Godot …
La chute ? Espérons que l’on se trompe car ce n’est pas pour cela que les rois de France ont mis mille ans pour bâtir ce pays. Malheureusement, depuis 2008 Eurostat plaçait la France juste avant la Grèce pour ses déficits structurels (bien avant la crise …).
Deux ans après et la crise aidant voilà la situation de la France :
Et voilà que, le ton grave, la mine fermée, notre premier ministre («je suis à la tête d’un Etat en situation de faillite » disait-il trois mois à peine après avoir été nommé) nous promet une réduction des dépenses de l’état et des niches fiscales pour arriver en 2013 en dessous des 3% de déficit budgétaire (promesse faite, à répétition, depuis 2006 …). Et pour cela, mesure phare, « ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. Sauf que … à bien compter cela pourrait faire (25.000 fonctionnaires, salaire annuel moyen + charges sociales, mettons 25.000 €) quelques 625 millions d’euros : comparer avec le déficit actuel de plus de 100 milliards d’euros.
La Gauche ? La Droite ? Bonnet blanc et blanc bonnet, personne, ni les gouvernements, ni « les partenaires sociaux » ni, surtout, le peuple de France ne veulent voir ce qui nous attend. En espérant, confusément, que … « les boches » paieront et qu’en attendant … on continuera à mettre des cataplasmes sur des jambes de bois !